[Event St-Valentin] PLAY THIS GAME | Su Jin

La Saint-Valentin était synonyme de fête des amoureux. Le directeur de Kirin avait visiblement pallié à cette tradition en ne gardant que le concept de faire quelque chose « à deux ». C’est ainsi qu’il avait organisé une journée spéciale afin de fêter la transition entre les vacances de Février et le début des examens. Yûji n’avait rien de spécial à faire ce jour-là et vu à quel point le directeur avait insisté pour qu’un maximum de personne participe, il avait fini par décider d’aller tuer son ennui en se rendant dans l’amphithéâtre. Si on lui avait raconté la tournure que prendraient les événements, il n’y aurait bien évidemment pas cru.
Et pourtant, lorsqu’il avait tiré un papier au sort pour trouver sa « partenaire », il était tombé sur Yoon Su Jin. Décidément, le destin décidait de les réunir bien souvent ces derniers temps ! Un peu trop peut-être … Mais bon, il était rassuré de se retrouver avec une personne avec qui il pouvait considérer qu’il s’entendait bien. Il leur fallut ensuite choisir un thème. Ils tombèrent sur quelque chose de plutôt intéressant pour prouver leur talent de comédiens : faire semblant de passer pour un couple marié durant toute la journée. Ce ne serait pas bien dur pour eux, habitués à rentrer dans la peau d’un personnage au quotidien. Cela aurait été plus marrant que des novices en théâtre tombent dessus !
Enfin, pour le moment, Yûji marchait silencieusement avec Su Jin à ses côtés jusque dans la cour du lycée. Il n’avait pas tellement envie de rester cloîtré à l’intérieur, il le voyait déjà bien assez chaque jour. Malgré le froid glacial du mois de février, ils se retrouvèrent dans la cour et Yûji se laissa tomber sur un banc, réfléchissant à comment ils allaient mettre la scène en place. Devaient-ils laisser libre cours à leur imagination et improviser comme ils l’avaient fait la dernière fois, ou planifier un peu certains éléments pour paraître cohérent ? Parce que cette fois ce ne serait pas un jeu de silence. De plus, il n’était pas forcément des plus neutre lorsque la jeune fille était dans les parages, il avait bien fini par s’en rendre compte.

Aujourd'hui, c'était le jour de la St-Valentin, fête que tous les couples attendaient avec impatience. Fête qui, à l'origine, n'allait pas vraiment changer ma journée. Pour moi, c'était une journée comme une autre et j'en étais tout fait heureuse. Mais on était à Kirin ! Et le directeur de cette école était pourvu d'une imagination débordante et avait choisi que cette journée ne serait pas une journée que l'on passerait en amoureux, mais une journée que l'on passerait avant-tout à deux. Je trouvais le concept intéressant, mais c'était surtout Da Yee qui m'y avait attiré de force... Finalement, ça me changerait les idées, ça me fera peut-être du bien, m'étais-je dit.

Lors du tirage au sort, j'avais eu la surprise de tomber sur Koizumi Yûji ! Lui, de nouveau lui ! Le hasard nous aimait bien il me semble, mais ça ne me dérangeait pas vraiment. En fait, sans vraiment m'en rendre compte, je commençais à angoisser au moment de piocher les noms... Et si j'étais tombée sur quelqu'un comme Yoon Jae Hwa ? Mais il n'était pas là, à mon grand soulagement et je savais, qu'au moins, je pouvais me fier à Yûji. Je ne savais même pas pourquoi je lui faisais si confiance en si peu de temps... Tss c'était la faute de son si captivant jeu d'acteur, il avait réussi à me faire baisser ma garde si aisément... Il fallait que je me méfie, n'oublie pas Su Jin...

On avançait tous les deux en direction de l'extérieur. Il avait proposé de sortir dans la cour, au lieu de rester enfermé avec tout le monde qui zigzaguait dans tous les sens dans l'école. En effet, il n'y avait absolument personne dehors. On s'était retrouvé seul, tous les deux, assis sur un banc, à réfléchir à ce qu'on allait bien pouvoir faire. Le défi m'avait fait sourire, je devais bien l'avouer car ça nous correspondait parfaitement ! Enfin, parfaitement... je voulais dire que c'était parfait pour deux élèves en théâtre comme nous ! « Faire semblant de passer pour un couple marié durant toute la journée », c'était un rôle qu'on avait déjà esquissé sur scène et c'était ce que je lui avais dit.

« Il va falloir jouer un couple beaucoup plus amoureux que celui que l'on avait imaginé, lors de notre improvisation... Je sais que ce n'était pas précisé dans notre défi mais jouer un couple heureux, ce sera une nouveauté. Et puis, ce sera plus agréable pour nous deux ! »

C'était vrai, je n'avais pas envie de pleurer le jour de la St-Valentin, même si on était pas un véritable couple, j'avais envie de passer une bonne journée. Oui, j'avais envie de passer une bonne journée en sa compagnie...

Les deux protagonistes se retrouvaient donc assis sur l’un des nombreux bancs de l’immense cour. Déjà, la dernière fois qu’il avait croisé Su Jin, lorsqu’il avait quitté sa chambre d’internat pour aller errer dans les couloirs de l’école, il avait remarqué qu’elle était plutôt spacieuse.
Su Jin prit alors la parole, chose que Yûji n’avait pas fait lui-même. Elle proposa de jouer un couple plus heureux que celui qu’ils avaient interprété la dernière fois sur la scène. Elle n’avait pas tort. Rien n’était précisé dans l’intitulé de leur défi mais changer la donne les ferait travailler davantage alors que s’ils reprenaient les personnages déjà joués, cela manquerait d’originalité. Elle disait que ce serait plus agréable pour eux deux. Ca, il n’en était pas sûr. Le couple heureux, c’était un concept tellement éloigné du quotidien du nippon … La dernière fois qu’il s’était cru heureux avec une fille, cela remontait à sa première année à Kirin, avec cette demoiselle plutôt charmante. Ils étaient presque fusionnels. Mais elle se jouait de lui, il n’avait rien vu. Se sachant doué pour endosser un rôle, il n’avait finalement pas soupçonné qu’elle le menait en bateau et qu’il n’était qu’un amuse-gueule parmi tant d’autres. Il en avait tellement souffert qu’il s’était forgé une barrière avec les représentants du sexe opposé. Alors il n’était pas sûr que ce soit plus agréable.
« Très bien, jouons donc un couple heureux et amoureux. Allons-y. » Et comme pour illustrer qu’il se mettait dans la peau de son personnage, il farfouilla dans son sac à la recherche d’un livre et fit semblant de le lire, posé et tranquille, sur le banc de la cour. Il avait même croisé les jambes et pris une expression neutre. Dans sa tête, le décor se dessinait peu à peu. Une sortie en amoureux dans un parc, les deux amants tranquillement assis sur un banc, n’ayant pas besoin de se parler vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour se comprendre. L’homme qui lisait, la femme qui observait les alentours. Et la conversation serait engagée, naturellement. C’était plus simple pour Yûji de se mettre dans la peau d’un personnage que de rester lui-même et de se dévoiler, après tout.

J'avais finalement engagé la conversation, suggérant de jouer un couple heureux, puisqu'on avait déjà connu l'expérience sur scène, d'un couple déchiré par les années, lors de notre... intense improvisation. Et puis, d'une part pour notre jeu d'acteur et d'une autre, j'avais envie de jouer quelque chose de joyeux aujourd'hui, d'agréable. Je n'avais pas vraiment envie de partir dans du tragique, en plus le jour de la St-Valentin, je ne voulais pas vraiment penser à cela... Tout le monde rayonnait aujourd'hui, finalement en les regardant, j'avais aussi eu une soudaine envie de passer une bonne journée avec quelqu'un. Et ce n'était pas réservé uniquement aux couples amoureux grâce au directeur, même si ça faisait la seconde fois que moi et Yûji jouions un couple... ça commençait à devenir une hasardeuse habitude !

J'avais déjà joué plusieurs fois des couples sur scène. Après deux ans d'expériences théâtrales, je n'avais plus aucune appréhension. Que ce soit au théâtre ou en danse. Mais en dehors de l'amphithéâtre, ça, c'était tout de suite une autre histoire. La réalité était moins drôle et romantique, je l'avais très vite appris. Alors l'amour... je lorgnais parfois dessus, me surprenant à soupirer, et puis finalement, l'interpréter sur scène pour l'instant me suffisait. Je savais que j'essayais d'éviter de m'y confronter, plus je reculais l'échéance, mieux je me portais. Et pourtant, là, tout de suite, j'éprouvais de l'appréhension. Je n'étais pas sûre de moi. C'était sans doute parce-qu'il m'impressionnait, oui ça devait être ça...

« Très bien, jouons donc un couple heureux et amoureux. Allons-y. »

Il n'avait pas contesté, ni fait de remarque pour étoffer un peu ce que je venais de dire. Bon, alors que le jeu commence ! Trop tard, il était déjà parti avant moi. Je le regardais se mettre en place, surprise de le voir sortir un livre de son sac. Pendant quelques secondes, j'avais cru que finalement, ça ne l'enchantait pas tant que ça, et qu'il allait s'occuper autrement. Et puis non en fait, il s'était déjà mis dans la peau de son personnage, rapide ! Je le laissais s'installer, histoire de voir quel jeu il me proposait. Je voulais que mon jeu colle le plus possible au sien. Il lisait tranquillement, les jambes croisés, fixant avec calme le livre qu'il tenait. Je relevais le col de mon manteau, l'air chatouillait ma nuque. Et je continuais à l'observer en silence et mon personnage arriva tranquillement. Je ne bougeais que la tête, le regard passant du livre à son visage. La petite curieuse qui était entrain de se demander où en était son mari dans sa lecture et si elle pouvait entrer dans sa bulle de calme. Alors je m'étais rapprochée, passant la tête par-dessus l'épaule de Yûji, m'imaginant que je connaissais l'ouvrage en question, peut-être était-ce elle qui lui avait conseillé.

« J'adore ce passage... » murmurais-je doucement en souriant, pour ne pas le gêner dans sa lecture.

Puis, avec la même douceur, j'avais calée ma joue contre son épaule, pour profiter du passage avec lui et surtout, pour mieux voir sa réaction aux prochaines lignes. J'aimais ce silence, étrangement, je trouvais que ça lui correspondait bien.

Ca y est, les deux étudiants en théâtre avaient campé leurs personnages respectifs. Contrairement à l’ancien personnage que Yûji avait joué en présence de Su Jin, celui-ci était quelqu’un de calme et de serein. Rien à voir avec lui, quoi. Mais parfois ça ne faisait pas de mal de s’éloigner de son « moi » réel. Yûji savait que s’il rencontrait quelqu’un comme lui, il ne le supporterait pas. Autrement dit, il ne se supportait pas. Et se demandait comment elle, elle le pouvait.
Ceci dit, il s’était mis dans la peau de son personnage sans demander son reste une fois qu’elle eut proposé de jouer un couple heureux, et s’imaginait déjà assis sur un banc comme ils l’étaient en ce moment, mais pas dans la cour de Kirin mais bel et bien dans un parc municipal. Il lisait un livre, du moins il en donnait l’impression. Et puis Su Jin arriva également dans le rôle de son personnage. Elle s’était penchée au-dessus de son épaule, surprenant Yûji au passage mais il n’en laissa rien paraître, habitué à être surpris lors des improvisations théâtrales. Elle lui disait qu’elle aimait bien ce passage du livre. Yûji esquissa un sourire, enfin c’était son personnage qui souriait évidemment, mais voilà, il souriait dans tous les cas. « Je l’aime bien aussi, je ne regrette pas de t’avoir demandé de me conseiller niveau lecture ! » avait-il lancé. Oui, c’était sa femme qui lui avait recommandé cet ouvrage et elle avait eu raison, c’était plutôt plaisant.
Cependant, lorsque la jeune fille posa sa joue sur son épaule pour poursuivre le jeu, il fut tout bonnement incapable de retenir un léger frisson de surprise. Jusqu’ici, ils n’avaient jamais eu aucun contact physique, même dans leur jeu. Et c’était pour dire, vu le personnage qu’il avait interprété, c’était juste impossible. A part une gifle … Et encore. Mais là, elle venait de poser sa tête sur son épaule et Yûji était en train de se demander s’il faisait réagir le personnage ou si c’était lui qui se sentait bizarre. Les épaules un peu raides tout d’un coup, il se sentait légèrement mal à l’aise, mais fit comme si de rien était, et se reconcentra de nouveau sur le mari après ces quelques secondes d’égarement. Et fit semblant de reprendre sa lecture.
C’est ce moment que choisirent des étudiants de l’école pour traverser la cour et s’arrêter net devant eux. Yûji put entendre très distinctement l’un d’eux dire : « Mais c’est Koizumi Yûji et Yoon Su Jin là-bas ! Je ne savais pas qu’ils étaient en couple. Etrange, je ne savais pas que Koizumi était capable d’éprouver autre chose que de la froideur envers les autres. » Eeeet PAF. Yûji ne réagit même pas, il savait très bien comment il se comportait avec les gens et comment ceux-ci le voyaient, et ces étudiants n’avaient pas tort. Etait-il encore capable d’aimer ? Ici, ce n’était qu’un simple jeu pour cette fête de Saint-Valentin après tout.

HJ - 500 mots pile XD

Le jeu avait commencé, comme ça, en quelques secondes à peine. On était en section théâtre après tout, ce défi nous était en quelque sorte destiné. Le personnage que j'incarnais était douce, câline et observatrice. Elle savait rester calme, patiente et silencieuse. C'était le genre de femme qui avait gardé sa nature d'enfant, éblouie devant ce qui l'entourait, elle dévorait chaque chose qui passait sous ses yeux. Et elle ne s'en lassait pas, comme elle ne se lassait d'observer son époux et sa sérénité irréprochable. Une feuille pouvait tomber sur son nez, qu'il ne bougerait pas. Elle aimait l'observer, elle le connaissait par cœur depuis leur adolescence et pourtant, elle aimait ça. Elle essayait de le déstabiliser en le fixant longuement, mais il était aussi doué qu'elle à ce jeu. Cela me rappelait ce que je ressentais avec Yûji, ce sentiment de défi... C'était sans doute pour cela que j'avais choisi de caler ma joue contre lui, la seule façon pour mon personnage de déstabiliser son époux était de le toucher, un simple contact qui lui rappellerait qu'elle était là, à ses côtés. J'avais fait cela tout naturellement, c'était comme sur scène. Pourtant, je me sentais... bien. Et ce n'était pas que mon personnage, j'en étais sûre. Il faut dire que cela faisait bien longtemps que je n'avais pas eu à me comporter comme cela avec quelqu'un, en dehors de mes amis, mais ce n'était pas la même chose. Il m'avait remercié, ne regrettant pas de m'avoir demandé conseil en lecture. Je souriais de plus belle. Évidemment, elle savait ce qu'il aimait. Elle attendait, la joue contre son épaule, qu'il laisse échapper son rire bref, si satisfaisant à ses oreilles. Biensûr si Yûji le faisait, je serais assez surprise car on serait déjà très fusionnel sur notre vision de ce couple. Alors je patientais, balayant les pages et la cour du regard, quand des élèves avaient attirés mon attention.

« Mais c’est Koizumi Yûji et Yoon Su Jin là-bas ! Je ne savais pas qu’ils étaient en couple. »

Aaah le défi commençait à prendre forme, si des inconnus nous reconnaissaient en tant que couple, c'était que notre jeu n'étaient pas mauvais ! Bon, je n'avais pas douté de celui de Yûji, mais le mien pouvait parfois me jouer des mauvais tours, ou me laisser tout simplement en Su Jin, sans personnage et c'était là que j'avais le plus peur. Car j'avais l'impression de ne plus faire de théâtre mais d'être moi, à nouveau moi. Et au cours de ses deux années, j'en étais venue à préférer la Su Jin sur scène que la Su Jin de la vie réelle...

« Étrange, je ne savais pas que Koizumi était capable d’éprouver autre chose que de la froideur envers les autres. »

Hum... C'était comme ça qu'ils le voyaient ? Je ne l'avais jamais considéré comme quelqu'un de froid ou alors je ne l'avais jamais vu comme ils le décrivaient. Je ne le connaissais pas vraiment mais ces gars-là semblaient encore moins le connaître que moi. C'était leur première impression, la mienne était de voir un garçon silencieux et très observateur, qui dégageait un charisme et une confiance que je lui enviais. Son charisme d'acteur avant tout, et puis je m'étais rendue compte qu'il était tout aussi intéressant en dehors de la scène, il dépeignait sur son acteur ou son acteur dépeignait sur lui, qui sait...

Si j'avais entendu leur remarque, il avait dû l'entendre aussi. Et j'avais bien envie de leur répondre, de le défendre même. Voyant qu'il ne faisait rien, je m'étais redressée, enlevant ma tête de son épaule, et je lorgnais toujours dans leur direction. Sans le regarder, je m'adressa à Yûji, toujours plongé dans sa lecture.

« Excuse-moi... l'épouse revient dans deux secondes... » lui murmurais-je.

Les élèves allaient partir quand ma voix les arrêta.

« C'est un acteur ! Et les acteurs peuvent vous faire voir tout ce qu'ils veulent et vous ne saurez démêler le vrai du faux. Est-il vraiment froid ? Est-il vraiment amoureux ? Telle est la question ! Juger sans savoir, cela ne mérite pas de délier vos langues sans raison. »

Haha les têtes qu'ils faisaient ! Ils ne pouvaient rien me rétorquer ou alors ils n'avaient absolument rien compris à ce jargon théâtral ! Nous laissant de nouveau seuls, je laissa échapper un rire que j'avais si bien retenu devant eux. J'avais recalé mon dos contre le banc en soupirant de satisfaction.

« Ah excuse-moi, mais je n'ai pas pu m'en empêcher ! »

J'avais reposé ma tête contre son épaule, laissant mon sourire satisfait passé de moi à mon personnage. C'était drôle, j'avais défendu Yûji comme l'aurait fait une femme avec son époux. Finalement, je ne m'étais pas éloignée tant que ça de notre défi !

Spoiler:

L’intervention des deux étudiants manquant pour le moins de discrétion avait quelque peu dérangé Yûji, même si grâce à ses talents de comédien, n’avait pas sourcillé et continuait de faire mine de lire son livre avec Su Jin sur son épaule. Il s’était contenté d’entendre, à peine concerné par les paroles proférées. A quoi bon y prêter attention de toute façon ? Il préférait ignorer ce qu’il venait d’entendre, sachant à quel point c’était vrai.
Mais Su Jin, elle, ne sembla pas l’entendre de cette oreille. Elle se redressa et s’excusa auprès de lui avant de s’adresser deux protagonistes prétentieux. Ce qu’elle leur balança eut pour effet de surprendre Yûji et il ne s’y attendait tellement pas qu’il sortit complètement de son personnage pendant un court laps de temps. Une fraction de seconde tout au plus, seul lui pouvait s’être rendu compte qu’il avait quitté son personnage le temps de s’étonner de la répartie plutôt téméraire de la jeune fille. Mais à peine la surprise fut-elle passée qu’il était à nouveau ce mari calme et paisible. Elle s’était adossée au banc en lâchant un soupir satisfait avant de lui avouer qu’elle n’avait pas pu s’en empêcher. « T’aurais pas dû, ça n’en valait pas la peine, » rétorqua-t-il du tac au tac, mais il ne put cependant réprimer le léger sourire qui se dessiner sur le coin de sa bouche. D’un côté, il était content qu’il existe des personnes capable de le supporter tel qu’il était … maintenant. Puisque le Yûji d’avant avait pour ainsi dire, disparu.
Puis elle avait reposé sa tête sur son épaule et cette fois-ci le jeune homme ne tressaillit pas, comme s’il s’était habitué à ce contact au niveau de son épaule. Reprenant son semblant de lecture, le calme s’installa pendant une minute environ, avant que Yûji ne lance soudainement : « Ceci dit, merci. » Il était rare d’entendre ce style de mots venant de lui, mais il lui arrivait parfois d’éprouver une quelque reconnaissance envers son entourage. Il savait cette fille différente des autres, il avait la sensation qu’il pouvait se dérider un peu, en sa présence, qu’elle ne l’en jugerait point. Et ce n’était ni désagréable, ni négligeable.

HJ – désolé je fais rien avancer --’

Une chose que Su Jin n'appréciait pas, c'était bien de parler à tort et à travers, pour ne rien dire, pour parler de quelqu'un ou de quelque chose que l'on ne connaît pas mais surtout les rumeurs et les questionnements insignifiants, qui émanaient d'une vile curiosité. Non, ils n'étaient pas en couple, ils en jouaient un. Mais que l'on puisse se méprendre, prouvait qu'ils étaient parfaitement dans leurs rôles. Et non, il n'était pas froid, ou alors elle ne l'avait jamais vu cet aspect-là de sa personne. A moins qu'il ait l'habitude de jouer en permanence un personnage froid et distant... Il devait bien avoir ses raisons, pensa t-elle, tout comme celles qui la font fuir certains hommes. Chacun avait ses secrets, c'était pour cela qu'elle s'était levée et les avait fait taire. Faire taire leur ignorance et leurs réflexions inutiles. Sous sa tirade, les importuns n'avaient su quoi dire, et s'étaient rapidement éclipsés. Sa réputation de fille calme commençait à s'effriter, mais elle sourit de son intervention.

Elle s'était rassie comme si de rien n'était, essayant d'effacer ce sourire de satisfaction qui n'appartenait pas à son personnage. De nouveau adossée contre son épaule, elle se détendit, et se délaissa peu à peu, quand Yûji lui affirma que ce qu'elle venait de faire n'en valait pas la peine, la preuve il n'avait pas haussé un sourcil (même s'il l'avait fait dans le dos de Su Jin, sans qu'elle ne s'en aperçoive sous la surprise de son intervention). Toute défense était bonne à prendre, elle ne s'était pas forcée. Et puis, à force de le rencontrer, elle appréciait sa compagnie, elle ne savait pas si on pouvait dire qu'ils étaient amis, mais ils étaient plus que des connaissances. Alors le défendre un minimum était tout naturel. Elle se souvenait d'une fois, quand Jae et elle étaient enfants, un garçon plus âgé l'avait fait tombé et elle pleurait. Jae l'avait défendu mais le garçon proférait des méchancetés sur son ami et celle-ci se releva aussitôt, essuya ses larmes et donna un bon coup de pied à celui-ci, tout en attrapant Jae au passage pour déguerpir aussi sec ! Le courage lui venait toujours pour ses amis, pour elle, il demeurait encore un peu effacé. Ça dépendait. Ses réflexions furent interrompus par un « Ceci dit, merci. », qui lui fît lever les yeux dans sa direction, surprise pendant un bref instant. Elle accepta son remerciement, en hochant la tête contre son épaule. Le plaisir avait été pour elle.

Elle le regarda se replonger dans sa lecture. Elle ferma les yeux pour se reconcentrer. Quelques minutes passèrent, quand une musique attira son attention. Cela venait du bâtiment juste en face d'eux, sans doute d'autres couples qui s'affairaient à leurs défis. Elle écouta un peu plus, et s'aperçut que ce n'était pas quelqu'un qui jouait, mais un CD qu'on avait mis. Intriguée, elle se leva du banc, avança de quelques mètres pour mieux entendre le morceau. C'était lent, doux, un peu mélancolique. C'était beau, dommage qu'elle ne connaissait pas le titre.

Elle avait une idée ou plutôt, c'était son personnage qui avait eu cette idée. Elle tourna sur elle-même, revenant en trottinant devant le japonais. Elle se pencha assez près de son visage, fît semblant de prendre le livre de ses mains et le cacha derrière son dos. Elle inclina sa tête à droite, en souriant, comme une enfant qui demande une faveur.

« Danse avec moi... »

Son mari savait-il danser ou non, à lui de décider, si il le fallait, elle était prête à le guider. L'épouse était frivole et avait toujours des moments insouciants, qu'elle souhaitait partager avec celui qu'elle aimait.

Cela faisait fort longtemps que Yûji avait cessé de prêter attention aux réflexions des autres. Ca lui passait totalement au-dessus et il avait l'habitude de voir des gens hypocrites qui faisaient mine d'être gentils devant certaines personnes pour s'attirer leurs faveurs, puis qui leur taillaient un costume par derrière. Il avait toujours été agacé par ce genre d'attitude déplorable, mais le monde était malheureusement fait ainsi et on ne pouvait pas changé le côté vil de l'être humain. Toujours à critiquer son prochain, à vouloir faire mieux, être le meilleur. Entre la société de consommation et le côté toujours plus compétitif pour tout et n'importe quoi, l'être humain faisait vraiment partie des êtres vivants les plus pitoyables sur Terre, selon lui. Il n'y avait qu'à voir le système scolaire Japonais où l'on mettait les élèves en compétition dès l'école primaire. Il ne fallait pas s'étonner ensuite que les Japonais succombent au stress, à la pression, à la peur du regard des autres et autres caractéristiques typiques de cette population. Par je ne sais quel motif, que ce soit de la chance ou de l'adresse, Yûji avait réussi à passer outre tout ça et vivait au jour le jour sans trop se poser de questions. Il savait qui il était, ce qu'il avait fait et dans quelle direction il voulait se diriger, et ça lui suffisait amplement. Et s'il devait nuire à quelques personnes pour son propre bonheur, tant pis, ce ne seraient que des dommages collatéraux. Mais Yûji ne blessait pas les autres pour rien non plus, il ne fallait pas exagérer.

Il avait senti un hochement de tête contre son épaule quand il avait décidé de remercier Su Jin pour avoir pris sa défense un peu plus tôt face à ces langues de vipère qui ne s'étaient même pas regardé dans un miroir avant d'ouvrir leur grande bouche. Pour une fois qu'il remerciait quelqu'un, et avec sincérité en plus, ce jour serait presque à marquer d'une pierre blanche … Enfin c'était déjà la Saint-Valentin, il y avait déjà bien assez à fêter en ce quatorze février.
C'est alors que, tandis que leur petit jeu de couple calmé et posé se poursuivait, une mélodie se fit entendre. Quelqu'un avait sûrement lancé un CD dans le cadre de l'un des nombreux défis ridicules organisés par l'établissement. Le leur n'était pas trop mal, avouons-le, mais il avait entendu que des gens étaient tombés sur des défis comme « porter des talons de 30 cm pour un homme » ou des choses loufoques comme ça. Yûji n'aurait sans doute pas trop apprécié …

C'est alors que Su Jin -ou tout du moins, son personnage, se leva brusquement du banc sur lequel ils étaient assis et fit mine d'enlever le livre des mains de son mari. Le concerné joua le jeu et afficha donc une mine surprise en gardant les mains en l'air, comme quelqu'un qui s'attendait à ce qu'on lui remette son ouvrage entre les mains. Mais elle le « cacha » dans son dos, et lança un « danse avec moi » qui eut pour effet de déstabiliser Yûji au point qu'il faillit sortir de son personnage. Lui, danser ?! Il n'avait jamais appris, même pas des pas classiques pour accompagner sa cavalière durant les galas de riches auxquels son père le faisait assister. Il avait marché sur les pieds d'une fille une fois, et ça avait signé son arrêt définitif avec la danse. Mais bon, que devait-il faire, accepter ? Décliner ? Su Jin et son personnage se vexeraient-elles s'il refusait l'offre ? Et pourtant, même si tout son être lui disait de refuser catégoriquement, qu'il allait être ridicule devant la seule personne dans ce fichu lycée avec qui il s'entendait à peu près bien, à danser comme un pingouin au beau milieu de la cour de Kirin, il se leva et s'inclina poliment. « Guide-moi, dans ce cas-là, et ce sera un honneur de t'accorder cette danse. » Il se sentait déjà réellement ridicule, il n'avait pas du tout l'habitude de s'exprimer ainsi, mais il se fondait dans la peau de son personnage qui, pour une fois, avait un caractère bien différent de son propre caractère. Il pouvait donc se permettre quelques entorses à son quotidien monotone et froid. Allons bon, quand il lui aurait écrasé les pieds deux ou trois, elle renoncerait sûrement, non ?

La musique qui venait du troisième étage du bâtiment avait attiré son attention et lui avait donné rapidement une idée. Une idée qui, sur le coup, lui donnait envie de rire. Enfin, « rire » était un bien grand mot. Disons, qu'elle avait une soudaine envie de bousculer le japonais, juste un petit peu, comme il l'avait fait avec elle. Il était arrivé à la surprendre plusieurs fois, à elle d'essayer. Elle voulait le sortir un peu de son cocon, de son jeu si bien maîtrisé. Le mettre un peu en danger, comme on dit.

Elle se présenta devant lui, lui enlevant le livre invisible de ses mains pour le cacher dans son dos. Et comme une enfant qui demande une faveur, un petit caprice avec des yeux tout mignons, elle se pencha devant son visage pour qu'il lui accorde une danse. Elle attendait avec impatience de voir sa réaction mais, le connaissant, il se reprendrait très vite non ? Et qui sait ? Peut-être qu'il était trèèès doué en danse, et qu'elle n'avait finalement rien à lui apprendre ! Peut-être qu'il allait se lever, et la faire tournoyer, et elle serait vraiment surprise de le savoir si bon cavalier.

Non, elle avait raison. Avec plaisir, elle lut de la surprise dans ses yeux, et le doute ! Elle avait réussi à le déstabiliser durant quelques secondes ! Son sourire s'étendit, il disait clairement « Je t'ai eu ! ». Elle le fixait, patientant qu'il daigne prendre sa décision. Mais c'était une improvisation, et en improvisation, on dit toujours oui, on ne refuse jamais l'offre d'un partenaire, sinon c'est un refus de jeu. Alors, alors ?

Il avait tranché et avait repris très vite confiance. Il se redressa, s'inclina devant elle comme un parfait gentleman « Guide-moi, dans ce cas-là, et ce sera un honneur de t'accorder cette danse. » Il ne fallait pas lui dire deux fois, même si guider n'était pas facile, elle aimait apprendre aux autres. Combien de fois Jae avait pu être son cobaye enfant ? Et elle, lui servait de public, chacun aidait l'autre ! « L'honneur est partagé. »

Elle posa le livre invisible sur le banc et décida d'enlever son manteau pour être plus à l'aise dans ses mouvements. Même si elle n'allait pas bouger dans tous les sens, c'était important. Elle frissonna. Il faisait quand même froid mais bon, elle allait résister. Ce n'est pas après quelques minutes sans manteau qu'elle allait être malade hein ? Non, ça ne lui arrivait jamais à elle ce genre de choses. Elle était presque immunisée. Elle attrapa les deux mains de Yûji dans les siennes, et s'avança à quelques centimètres de lui. Elle garda une de ses mains dans la sienne, pendant qu'elle l'incita à poser la seconde dans son dos. Elle le sentit hésiter sur l'endroit où il devait la poser. L'épouse esquissa un léger sourire et dit doucement « Plus bas, juste au milieu. » Elle sentait la chaleur de son torse contre elle qui la réchauffait, et se recula légèrement, en posant sa main sur son épaule.

Elle réfléchissait maintenant à la façon de procéder. Su Jin aurait été un peu gênée et puis, la musique l'aurait rassuré, et se serait peu à peu laisser aller, guidé par son partenaire. C'était toujours comme ça, elle se donnait toujours à fond avec un partenaire, même si ce qu'elle partageait avec eux était faux. Cette passion, ce plaisir, ce désir... Tout ce jeu dans la danse, ce partage, il s'arrêtait une fois que la dernière note de musique retentissait. Là, c'était différent. L'amour devait s'en dégager, ça devait paraître encore plus réel. L'épouse devait prendre un réel plaisir à danser avec son mari et à lui enseigner. Ça devait être drôle et pas forcément parfait, contrairement à ses leçons de danse.

« Ne t'inquiètes pas, on va faire des pas simples », dit-elle en l'incitant à observer leurs pieds. « Je vais reculer mon pied droit, tu vas avancer le tien, en même temps. Puis, je reculerais mon pied gauche et tu l'avanceras également. Ensuite, ce serait à moi d'avancer »

Elle lui montra en même temps qu'elle lui expliquait, remarquant qu'il laissait un temps, entre le moment où elle reculait et le moment où il avançait. Elle sourit « Même si tu m'écrases les pieds, ce n'est pas grave, tu sais. Je te pardonnerais ! Il faut juste que tu me suives. » Elle poussa le bout du pied droit du nippon avec le sien pour le faire reculer et fît de même avec son pied gauche. « Regarde, si ça peut t'aider, laisse tes pieds collés aux miens, et sens le mouvement. »

La danse en couple était vraiment basée sur la confiance. Ce n'était pas facile de guider ni de se faire guider. L'homme devait savoir ce qu'il faisait et donnait les bons signes à sa partenaire pour qu'elle le suive et fasse les bons enchaînements. Si il faisait son boulot, elle devait alors réussir à anticiper ce qu'il voulait lui faire faire par la suite. Quant à la femme, elle devait suivre aveuglément son partenaire. Elle devait être détendue, ne surtout pas être crispée car on y lit tout de suite le doute dans un corps tendu. Soudain, Su Jin avait de nouveau une idée ! L'épouse arrêta de bouger et releva la tête vers le visage de son mari.

« Tu as confiance en moi, n'est-ce pas ? » Elle espérait que oui hein, sinon ils ne seraient pas mariés quand même. Bref. « Alors, ferme les yeux et suis-moi. Détends-toi et sois à l'écoute de mon corps, pour que le tien puisse s'accorder au mien. »

Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas guidé quelqu'un ! La dernière fois, ce devait être avec une amie du cours de danse, sinon ça devait être avec Jae ou avec son père. Oui, ce dernier était aussi un bon danseur. Tiens, et si Yûji/l'époux se sentait plus à l'aise, il pourrait peut-être prendre le relai. De toute façon, elle le sentira forcément. Elle inspira, recula son pied droit et sourit en sentant qu'on lui écrasait légèrement, mais la pression se retira aussitôt. Elle ne bougea pas, et ne fît aucune remarque. Sans réfléchir, elle caressa son épaule comme pour le rassurer et elle recula le pied gauche.

La danse. Su Jin venait d’imposer à Yûji un défi de taille. Il n’avait jamais particulièrement appris à danser, et c’était loin d’être une passion ou une vocation pour lui. Il n’y connaissait pas grand-chose. S’il avait été lui-même, il aurait catégoriquement refusé, prétextant un mal de jambe ou une fatigue passagère. Mais là, il jouait un rôle, il se devait de faire perdurer ce jeu d’improvisation et donc, d’aller dans le même sens que sa partenaire. Autrement dit, accepter le challenge.
L’épouse venait de dire qu’elle acceptait de le guider, que l’honneur était partagé. Elle posa ensuite le livre invisible sur le banc et retira son manteau. Yûji eut un air vaguement surpris sur le visage durant une fraction de seconde. On était en plein mois de Février et il faisait particulièrement froid en Corée du Sud à cette période de l’année, n’allait-elle pas tomber malade ? Mais il ne dit rien, si elle avait retiré sa veste, c’était qu’elle savait ce qu’elle faisait.
Lorsqu’elle lui attrapa soudainement les mains, Yûji eut un léger sursaut, et pendant un instant, les battements de son cœur s’accélèrent un peu. Cela faisait plusieurs années qu’il n’avait pas eu ce genre de contact aussi proche avec une fille, plus ou moins depuis sa première année à Kirin, quatre ans plus tôt. Il était donc un peu déboussolé, mais ne laissa rien paraître cette fois, se maîtrisant à merveille.
Il se sentit un peu gêné quand elle lui indiqua l’endroit exact où poser la main qui n’était pas dans celle de la jeune fille. A présent, il était également en contact avec le bas du dos de Su Jin, ou du moins de son épouse. Leurs visages et leurs corps s’en trouvaient rapprochés, comme le voulaient les règles de la danse en couple. Quant à elle, elle avait posé son autre main sur l’épaule du jeune homme et il sentait de la chaleur à ce niveau.

Puis la jeune femme se mit à lui expliquer tranquillement la procédure. Il avait déjà vu ces pas plusieurs fois, mais toujours effectués par d’autres personnes. Ce ne serait peut-être pas si difficile à reproduire finalement. Yûji faisait extrêmement attention à ne pas écraser les pieds de la demoiselle en exécutant ses gestes, et regardait plus ses pieds que sa partenaire, chose à éviter en général. Elle le rassura en lui disant qu’elle ne se fâcherait pas s’il lui écrasait un pied, et alla même jusqu’à coller son pied contre le sien pour le guider davantage. Elle était vraiment à fond dans ce rôle …
Ils s’entraînèrent ainsi quelques instants avant qu’elle ne s’interrompe, comme si une autre idée lui avait traversé l’esprit. Elle lui demanda s’il avait confiance en elle. « Bien sûr. » Il était de ce genre de maris qui avaient une entière confiance en leurs femmes, et il n’avait donc pas hésité une seule seconde avant de répondre. Cependant, suite à sa proposition, bien que l’époux ne semble pas intimidé le moins du monde, ce fut Yûji qui, en son for intérieur, commença à se sentir légèrement anxieux. « D’accord. » Il n’avait d’autre choix que celui de s’exécuter en ayant l’air naturel avec sa femme. Il ferma donc les yeux, complètement mal à l’aise mais ne montrant rien à l’extérieur. Les élèves qui devaient passer par là, s’ils ne savaient pas qu’ils étaient en train d’exécuter un défi de la Saint-Valentin, risquaient d’être fort surpris de la situation, et surtout de voir Yûji si sociable.

Les yeux clos, Yûji se laissa d’abord guider par Su Jin et ses mouvements, ayant parfois quelques ratés, puis au bout de quelques essais, il commença à imprimer le rythme et à s’y faire. Bientôt il pourrait guider la jeune femme, et mener la danse. Tandis qu’ils dansaient paisiblement en plein milieu de la cour de l’école, les battements du cœur du nippon continuaient de s’accélérer. Etait-ce le fait d’être en contact physique avec une fille ? De savoir qu’on l’observait alors qu’il avait les yeux fermés ? De danser en mettant sa fierté de côté parce qu’il était guidé par une fille ? Ou tout simplement parce que ce n’était pas avec n’importe qui qu’il faisait tout ça mais bien Elle ? …

Sujet: Re: [Event St-Valentin] PLAY THIS GAME | Su Jin

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