Let's touch the sky [Hei Yung ♥]

Il avait toujours trouvé que le monde prenait une étrange tournure lorsqu'il se mettait à l'observer, son casque sur les oreilles et de la musique à fond. Evidemment il faisait attention à ne pas devenir sourd, mais il adorait observer ce monde qui se transformait, qui devenait soudainement plus terne ou au contraire plus joyeux en fonction du thème qui se jouait à ses oreilles. Il s'était toujours surpris à se perdre un peu trop dans les musiques au point où il se mettait tout seul à adopter une démarche joyeuse, un peu folle ou bien déprimée, il lui arrivait parfois d'être nostalgique rien qu'avec une musique et de réfléchir sur sa propre vie alors qu'elle n'avait rien de si déprimant. Aujourd'hui pourtant il avait choisi une musique entrainante, il était heureux de fouler les couloirs de Kirin, il n'avait pas l'intention d'afficher une mine dépité pour une simple musique. Cette façon dont la musique le don de le changer et de changer sa perception des choses, c'était pour cela qu'il vivait, c'était pour cela qu'il s'était lancé dans cette école artistique, parce qu'il voulait être quelqu'un qui pourrait faire changer la vision du monde aux autres avec sa musique. Plus il y avait pensé, plus il s'était dit qu'il allait probablement devoir apprendre à composer, que ce soir en cours ou bien tout seul.

Son regard noir parcourut les étudiants en cette heure de midi, certains dansaient, d'autres chanter -du moins il le supposait à leurs bouches ouvertes étrangement, d'autres encore mangeait ou bien lisait, étudiait. Tout le petit monde fourmillait et il avait bien raison, le soleil tapait fort aujourd'hui, signe avant coureur d'un printemps qu'il attendait avec impatience. Un sourire fleurit sur ses lèvres alors qu'il agitait doucement la tête au son de sa musique, laissant ses pieds l'amener là où ils le voulaient. Il avait dans son sac son repas qu'il avait rapidement acheté (hors de question qu'il le prépare lui-même, il tenait à rester en vie) et il devait trouver un endroit pour le manger avant de retourner en cours. Cela faisait à peine une semaine qu'il était là, mais il appréciait déjà cette école. Evidemment ce n'était pas facile et il avait été bien contraint d'admettre qu'il y avait beaucoup plus doué que lui, mais cela ne le désespérait pas, au contraire, un feu de défi s'était allumé dans ses tripes. Il allait réussir à tous les battre, il allait se démarquer et devenir trainee.

Encore une fois ses lèvres s'étirèrent plus alors qu'il regardait le ciel le coeur léger. Il avait un peu de mal à se lier avec des personnes, mais il était optimiste, il allait finir par trouver. Ici ils avaient tous le même rêve et même si la concurrence était rude et bien présente, lui se sentait à l'aise. Il allait bosser à fond. Et puis il ne pouvait s'empêcher de rêver un peu, imaginer ce qui allait se passer dans cette école et ce qu'il allait devenir, le genre d'idole qu'il voulait être.... Il fallait vraiment qu'il arrête les dramas et qu'il se concentre un peu plus sur la réalité. Après ce qu'il s'était passé avec Kai il avait tout intérêt à étudier avec attention toutes les stars issues de cette école. Encore une fois il s'égarait dans ses pensées. Il fallait vraiment qu'il arrête, en ce moment il réfléchissait plus qu'il n'agissait et c'était bien contraire à son caractère -il n'était pas non plus une tête brulée, mais il n'était pas tellement philosophe.

Soudainement il s'arrêta et leva les yeux, réalisant qu'il avait marché sans but et qu'il se retrouvait désormais devant la porte du toit. Il haussa un sourcil surpris, se demandant comment il avait fait pour trouver cet endroit et sourit en se disant qu'il avait eu de la chance, il avait toujours aimé les endroits élevés. Peut-être pour dire qu'il allait s'élever au-dessus des autres dans le monde du spectacle. Il rigola rapidement à sa modestie et ouvrit la porte pour pénétrer sur toit. Il laissa son regard s'habituer à la lumière aveuglante du soleil -il aurait dû prendre sa paire de lunette de soleil- et s'avança, laissant son regard parcourir le périmètre.
Un soupire de satisfaction s'échappa de ses lèvres alors qu'il s'avançait pour regarder un peu plus bas, fixant les élèves qui n'étaient pas encore des points indéfinissables, mais qui paraissait tout comme. Il sourit une nouvelle fois et se retourna. Immédiatement son regard fut attiré par un point rose... rose ? Il cligna des yeux pour affiner sa vision et voir plus précisément ce qu'était ce point. Des cheveux.

Un rire lui échappa involontairement. Un mec avec les cheveux roses ? Sérieux ? Bon, à bien y réfléchir il serait capable de le faire pour un pari, mais tout de même. Curieux, il s'avança vers la personne et se mit dos au soleil, lui faisant immédiatement de l'ombre.

« Salut ! Ça te dérange si je squatte ? »

Un nouveau grand sourire. De toute façon, quelle que soit sa réponse, il avait bien l'intention de rester, sa curiosité piquée à vif. Et puis c'était toujours plus agréable de manger en compagnie.

Depuis toujours, j'ai ce besoin d'avoir un refuge ou plutôt de me retrouver seul et de réfléchir, de me remettre en question un temps pour reprendre du poil de la bête et repartir de plus belle, comme quand, dans une musique les paroles ne sont plus et qu'il ne reste plus que le sont des instruments. Ce moment où, sans parole la musique nous fait vivre quelque chose de parfois plus fort que certaines paroles. Mais qu'après, les paroles reviennent, avec une voix plus forte, plus vibrante du chanteur... Actuellement, si on devait comparer ma vie à une mélodie, je pense que l'on pourrait dire que je suis à ce moment-là de la partition. Cet instant un peu incompréhensible pour certain, où les voix ne sont plus. Je suis seul. Voilà en réalité la seule chose qui importe maintenant. Seul et heureux de l'être. Non pas que je n'aime pas la compagnie, je serais fou de vouloir vivre de la danse et de la musique, si je ne supportais pas être entouré de personnes, mais plutôt que parfois, j'ai ce besoin d'être seul. C'est le cas maintenant. C'est pour cela que comme à chaque fois depuis que je suis arrivé à Séoul, je suis ici, sur ce toit à peine fréquenté. Il n'y avait d'ailleurs personne jusqu'il y a quelque minute. J'étais tranquille, à repensé à mon départ, aux larmes versées par ma petite sœur quand j'ai pris le train pour venir jusqu'ici. Un an que je ne l'ai plus vu. Je devrais peut-être l'appelée ? Cela fait d'ailleurs un moment que je n'ai plus entendu sa voix... Pourtant, je ne le peux pas réellement... Je dois attendre que ça soit elle qui m'appelle parce que sinon, je risque de tomber sur ma mère et d'entendre encore ces critiques suite à mon choix... Ne pourrait-elle pas me soutenir un peu au lieu de m'enfoncer encore et encore ?

Je sursaute légèrement quand j'entends ta voix. Je savais que tu étais aussi sur le toit, je t'avais entendu arriver, à cause de la porte, mais perdu ensuite dans mes pensées, je ne m'étais pas attendu à ce que tu viennes me parler de la sorte... Surtout pour me demander cela. Que je sache, il n'était pas marqué propriété de Shin Hei Yung partout sur le toit si ? M'enfin, soit, je devrais te répondre alors que t'a au moins la politesse de me demander cela, même si je me doute bien que peu importe ma réponse, ça ne changera rien au fait que tu vas te taper l'incruste ici. Je relève alors la tête pour te regarder, je plisse un peu les yeux, même si tu me fais de l'ombre, tu restes quand même à contre-jour étant donné que je suis assis. Pour décrire ma position, l'on pourrait dire que je suis en tailleur, sauf que ce n'est pas le cas étant donné que je n'ai qu'un seul genou qui est proche du sol, l'autre jambe étant simplement replié et passant par-dessus l'autre en étant encadré par mes bras.

« Vas-y ce n'est pas comme si c'était une propriété privée qui m'appartenait. »

Dis-je en soupirant un peu alors qu'en acceptant ta présence, j'acceptais aussi de ne plus être seul et donc, de ne plus pouvoir repenser à ma sœur et tout ce qui pourrait me tracasser. Bye le mec qui se prend la tête, bonjour le gars trop confiant en lui. Bon ok... Dis comme ça, ça fait un peu comme si je jouais la comédie, ou bien que j'avais deux facettes, mais disons plutôt que je n'aime pas me laisser aller devant les gens et leur montré que je ne suis pas spécialement en forme ou bien motivé. Je sais que tout le monde à des hauts et des bas, moi y comprit, mais je n'ai pas envie que les autres le voient. J'ai envie d'être le gars parfait en apparence, que tout le monde envie. Enfin, j'ai surtout envie d'être le gars qui ne passe pas inaperçu comme le montre ma coloration rose.

D'ailleurs, mon regard était toujours posé sur toi, me demandant dans un sens si tu étais un nouvel arrivant, car ta tête ne me disait rien du tout malgré que tu sembles plus âgé que moi. Enfin, si t'es dans une des classes plus hautes que moi, c'est peut-être pour ça que l'on ne sait pas encore croiser malgré le début de ma deuxième année ici. Je ne dirais donc rien sur ça, même si dans un sens, ça m'intrigue un peu... Car j'étais du genre assez observateur pour savoir que ton visage ne me disait rien... Faut dire aussi, comme je rentre jamais chez moi, j'ai déjà pas mal parcouru les couloirs de Kirin pour voir la plupart des élèves au moins une fois en théorie... Mais bon, peut-être que je t'avais loupé... Ouais non, faut que j'arrête de réfléchir à cela. Je cesse de te regarder, parce qu'à ce niveau-là, tu pourrais croire que je te dévisage vu mon insistance. Je détourne donc la tête et attrape ma bouteille d'eau agrémentée de grenadine pour boire un coup et commencer à faire comme si tu ne te tenais plus devant moi, même si là, encore, je faisais preuve d'une belle impolitesse à ton égard.

Min-Jae laissa tomber son casque autour de son cou avec un sourire avenant, l’air de montrer qu’il ne comptait s’enfermer dans sa musique. Tant pis si cela le faisait chier, il comptait bien sociabiliser et manger en compagnie aujourd’hui. Il fallait dire qu’il n’avait jamais vraiment aimé la solitude même s’il disait le contraire et puis il connaissait toujours peu de monde et ce toit lui plaisait. Si ce mec là était un habitué de cet endroit ils allaient se recroiser plus souvent que prévu et ils allaient donc se parler. Min-Jae accélérait juste un peu les choses, histoire de ne pas perdre de temps. CQFD. Entendant la réponse de ce gars aux cheveux roses, il lui offrit un sourire qu’il ne pouvait pas voir vu le soleil dans son dos mais il s’en foutait.

Lâchant un « Merci » rapide, il s’affala sans plus attendre à ses côtés, posant son sac de l’autre côté alors qu’il poussait une petite exclamation de joie. Le soleil dans la face ça faisait un bien fou même s’il n’avait jamais été un grand adepte des séances de bronzage. Il se positionna en tailleur et sorti sans plus attendre son sandwich qu’il avait acheté un peu plus tôt. Ce n’était pas une très bonne solution quand il y pensait, c’était le meilleur moyen pour prendre du poids et amaigrir son porte-monnaie mais il avait un peu peur d’aller au réfectoire tout seul. Son caractère était si changeant, s’imposer à côté de ce type aux cheveux roses alors qu’il y avait plein de place sur le toit ne le dérangeait pas le moins du monde, mais aller dans un réfectoire l’effrayait…. Il hausa les épaules et se concentra plutôt sur la barbe à papa qui lui tenait compagnie. S’était-il attendu, avec sa question, à ce qu’il vienne s’assoir directement à côté ?

« Alors, tu fais quoi ici ? Etudiant je suppose vu ton uniforme, mais dans quoi ? »

Il le fixa un instant, sa question pouvait paraitre stupide ou habituelle mais il était curieux, il avait envie de le connaitre parce que, comme à son habitude, il lui suffisait d’un rien pour qu’il s’accroche. Et puis des cheveux roses, il était sur de ne plus le rater lorsqu’il le croiserait. Maintenant qu’il y pensait, il se demandait comment il avait fait pour ne pas le remarquer, mais il était tellement dans son monde qu’il n’arrivait jamais à se souvenir des visages. C’était un peu un boulet il se l’avouait, et il se promettait de s’améliorer un peu. Quand il serait une idole, il avait bien l’intension de retenir tous les visages de ses fans…. Enfin au moins quelques unes. Pensif, il croqua dans son pain… avant de grimacer violemment et regarder son sandwich avec un air inquisiteur.

« Non mais ils sont sérieux ? Qui fout des putains de carottes dans un sandwich ?! » Râla-t-il soudainement, foudroyant le pauvre pain aux reflets orange. Il marmonna dans sa barbe, l’air désespéré.

« Tain, j’y crois pas… »

Il râla encore et ouvrit finalement son sandwich pour observer l’intérieur comme un médecin entrain de disséquer un humain. Il hésitait à sortir les bouts de carottes. Dieu semblait lui en vouloir d’avoir prit un sandwich et cela semblait être une punition pour qu’il se mette, aussi, à la cuisine, ou bien au réfectoire. Génial, grogna-t-il intérieurement.

Au final, je ne sais pas qui était le plus impoli de nous deux... Toi qui t'incrustais comme cela à côté de moi, alors que je ne te connais ni d'Ève ni d'Adam... T'agis avec moi comme si j'étais ton ami, un pote de longue date alors que je ne sais même pas qui t'est, que tu ne t'es même pas présenté encore. Je soupire légèrement, ennuyé de ta présence au final. C'est impoli cela aussi, mais bon, faut dire que c'est une réaction normale quand quelqu'un vient comme tu le fais... Après tout, il ne t'est pas venu à l'esprit que si j'étais sur le toit, assis dans mon coin, tout seul, c'était parce que je voulais avoir la paix ? Tu n'as pas pensé à ça ? Non... Surement pas sinon, tu ne serais pas là assis à côté de moi à me parler comme tu pourrais le faire avec ton meilleur pote. C'est ennuyant.

Ok... T'as d'abord cherché à savoir ce que je faisais ici, me questionnant sur mes études. Je te laisse d'ailleurs un vent sur ça, mais le pire, c'est après, quand tu te plains tout naturellement de ta nourriture. Je lève les yeux au ciel. Non seulement à cause de ton comportement sans gêne, mais aussi parce que tu critiques les carottes. Franchement, j'ai envie de te planter là, mais je n'ai pas envie de te céder ma place. Je suis comme ça, à toujours tout garder pour moi, quand j'ai quelque chose, mais également à toujours vouloir la meilleure place. Alors non, je ne partirais pas. C'est à toi de partir. Mais comment faire pour te faire partir ? Je n'ai absolument aucune idée...

Je me tourne vers toi et ton sandwich, arrachant celui-ci de tes mains alors que tu chipotes à cause des carottes. Sans gênes, j'agis comme toi, peut-être que ça te motivera à partir. Bien que dans un sens, est-ce que je ne te viens pas en aide là ? À sortir les carottes de ton sandwich pour les manger ? Pourquoi est-ce que je fais ça ? Ah oui... Parce que je raffole des carottes... Maudites carottes, vous me trahissez !

« Je fais un double cursus. Danse et chant. »

Finis-je par te dire en te rendant finalement ton sandwich délivré de ses maudites carottes que tu sembles détester. Peut-être que ça allait te dégoûter que j'ai foutu mes doigts dans ton sandwich pour te prendre les carottes, peut-être que c'est ça qui allait te faire, partir et regretter d'être venu à côté de moi ? Dans un sens, j'espère cela... Mais en même temps, j'en doute un peu... Je parie que t'es justement le genre de gars a n'en avoir rien à faire que l'on touche ta nourriture... Pourtant, je ne peux m'empêcher d'attendre ce moment où tu vas râler parce que je fais ça.