Lee Chinho 《Only an act of true love can thaw my frozen heart》

৩Dix-huit juillet 1999.

C’est à cet âge-là que m’est venue ma passion innée pour le théâtre. À cette époque, je n’avais que quatre ans, et le monde extérieur pouvait encore m’impressionner tant qu’il le voulait, Et une fois de plus, j’avais été submergé par ces adultes qui se donnaient en spectacle que je pensais totalement fou à première vue.
Aucun parent n’aurait été capable d’expliquer à leurs enfants ce que ces gens-là faisaient, et encore moins à un enfant de quatre ans. Nous devions simplement nous faire une idée, qu’elle soit bonne ou mauvaise, et grandir avec cet état d’esprit jusqu’à ce qu’on se rende compte par un pur hasard de la vérité. « Tiens, j’ai toujours cru que c’était pour faire ça, moi ».
À la fin du spectacle, ma main s’est détachée de celle de ma mère et je me suis rapproché du groupe d’adultes qui parlaient joyeusement. Joyeusement ? Ne devaient-ils pas être malheureux ? Ils dorment dans ces coins de rue et ont encore le courage de sourire et de rire ? Je trouvais cela étrange. Mais chaque enfant avait sa pointe de curiosité, et la mienne ne cessait de me faire tourner en bourrique.
Une jeune femme m’a aperçu et s’est retourné vers moi. Ses cheveux bruns tombaient sur sa poitrine lorsqu’elle fut à ma hauteur en s’accroupissant, et lorsque j’y repensais, elle était magnifique. Elle ne portait pas de maquillage, elle était jolie et ce au naturel. Elle avait de beaux yeux noirs, aussi. Je ne me souvenais d’aucuns gestes particuliers, juste un sourire éclatant qu’elle m’avait adressé avant d’entrouvrir ces lèvres.

« Tu t’es perdu ? Tu as besoin de quelque chose ? »

Et sa voix… J’aurais pu la décrire en faisant un roman entier dessus, parce qu’elle, je m’en rappelais parfaitement. Les premiers mots qu’elle m’avait adressé jusqu’aux derniers. Le son de sa voix sonnait comme cristallin, doux, faible. Quand elle avait joué, sa voix avait été différente, presque marquante dans mon esprit. J’aurais pu m’endormir d’un air paisible en l’écoutant seulement parler, sa voix résonnant dans mes oreilles sensible comme une douce caresse sur mon esprit entier.

« Dis… Je peux te poser une question ? »
« Je t’écoute. »
« Pourquoi vous souriez tous alors que vous êtes pauvre ? »

Mon extrême délicatesse l’avait fait rire. Et son rire faisait partit de son charme. De légères pommettes firent leur apparition, avant qu’elle ne passe sa main sur ma chevelure.

« Nous nous nourrissons de notre proche richesse. Notre talent, nos liens d’amitié, et notre joie de vivre malgré notre situation. Nous n’avons pas besoin d’argent pour être heureux, tu sais. »
« Mais c’est idiot… Pourquoi vous_ »
« Vous là ! »

La femme tourna la tête – tout comme moi, d’ailleurs – vers l’homme qui venait de nous adresser la parole. Il portait un uniforme noir, était assez imposant et ne souriait pas. Non, les traits de son visage étaient étirer mais plus par la colère qu’autre chose, et j’osai même frissonner lorsqu’il s’approcha vers nous, faisant un signe de main en arrière pour dire à ses coéquipiers qui étaient restés en retrait d’approcher. Cette situation était celle la plus marquante de ma vie.

« Pas encore… l’entendis-je murmurer. »

À ce moment-là, dans ma tête, tout s’embrouilla. Qu’est-ce que je pouvais m’imaginer ? Un enfant à toujours une imagination débordante, non ? Pourtant, là, c’est comme si mon esprit tout entier s’était arrêté. Je n’arrivais pas à réfléchir, ni à me concentrer, rien. Soudainement, je ne sentis plus mes pieds sur le béton, et je reconnu sans mal l’odeur de mon père. Il me déposa sur son torse et partit d’une marche rapide, alors que je regardais le groupe d’homme enlever les adultes vers lesquels je me trouvais il y a à peine quelques secondes.

৩ Vingt-huit octobre 2010.

Onze années. Dorénavant, c’était onze années qui étaient passées après ça.

Depuis la mort de mes parents, ma grand-mère m’avait accueilli chez elle, dans une petite maison à Incheon. Comment étaient-ils décédés ? Mon père était mort d’une crise cardiaque lorsque j’avais neuf ans. Ma mère est morte un an plus tard. Elle se droguait souvent depuis le décès de son mari, et son cœur s’était arrêté devant des milliers de personne, lors d’une représentation d’un ballet où elle était le rôle principal.
Oui, ma mère était une professionnelle de danse classique connue dans la Corée du Sud pour sa grâce et son talent « inhumain » comme les gens le disaient tous. Mon père lui, était violoniste. Quand il est mort, c’est moi qui ai hérité de son violon, ma mère me disant que même si je n’y jouerais jamais, il aurait aimé me voir reprendre sa carrière. Sa voix a explosé à la fin de sa phrase et elle a dû s’absenter dans la salle de bain, sûrement où elle a pris ces médicaments pour la première fois.
Leur mort… Ne m’avait fait ni chaud ni froid. J’avais forgé un caractère de fer avec le temps, et mon cœur était semblable à de la pierre. Je n’avais jamais eu cette douleur dans la poitrine comme certains la décrivaient, cette douleur de perdre un être cher qu’on aimait. Moi, j’ai toujours aimé mes parents, et pourtant, lorsqu’ils furent mort, c’était comme si je l’avais prévu depuis des années.

৩ Seize mai 2014.

Comment m’étais-je retrouvé là, déjà ?

Ah, oui. Ma grand-mère.

Secrètement, j’avais appris le violon. Grâce à des vidéos, commentaires, émission sur Internet. Pendant quatre ans, jusqu’à ce que ma grand-mère me trouve, en plein mois de décembre, en train de jouer un morceau préféré de mon père, son fils. J’ai pensé qu’elle allait m’engueuler, jeter cet instrument à la poubelle, me détester. Non. Tout ce qu’elle a fait, c’est me dire :

« Tu es un garçon merveilleux, Chinho. »

Je n’avais jamais pu décerner le sens de cette phrase. Peut-être en avais-je compris un mot lorsque le jury du concours s’est levé pour m’applaudir, impressionnée de la performance que je venais de leur offrir ? Peut-être connaissaient-ils mon père, même ? Je ne leurs en avait pas parlé, et je n’avais pas préféré. J’avais simplement joué, et mon cœur en pierre m’avait permis de ne pas être anxieux, de ne pas laisser la peur nager dans mon regard face à ces professionnels. Et finalement, je leur avais joué Bolero On Fire, une des toutes premières chansons que j’avais apprise lorsque j’avais commencé à m’attacher indirectement à ce violon.
Et finalement, j’avais réussi. Mon inscription était acceptée, et mon double cursus aussi. Théâtre. Et jamais je n’oublierais ce groupe de personnes qui m’a fait aimer le théâtre grâce à leur prestation, même si je n’ai découvert mon intérêt que quinze ans plus tard.



໙ Seras-tu capable de m’apprécier ?

Mon caractère ? Comme je l’ai évasement décrit, j’ai un cœur de pierre. J’aime appuyer là où ça fait mal, et même si je souris parfois – même trop souvent – je ne suis pas la personne que vous pensez. J’ai plusieurs facettes qui caractérisent mon côté lunatique, et à ce jour, je n’ai jamais eu le moindre sentiment pour quelqu’un. J’ai plusieurs charmes et j’en joue souvent, mais n’oubliez pas que si je suis là, c’est pour vivre de ma passion.