To be Or not to be [PV : KOIZUMI YÛJI]

C'était une journée des plus banale pour notre forte tête, son programme était une routine qu'il suivait à la lettre. Son emploi du temps lui suggérait d'aller à l'amphi histoire de se requinquer avant de s'attaquer aux cours chiants et lassants ! A vrai dire aujourd'hui il s'en foutait un peu de savoir ce qui lui attendait et c'est par sa propre intuition qu'il se dirigeait mains dans les poches sur le chemin de l'amphi. Notre ami pouvait remarquer l'établissement très désert sans doute parce qu'il était encore très tôt pour mettre son nez dehors. Shin était matinale bien que son lit lui manque parfois, c'était le premier debout chez lui et sa soeur quant à elle que dire... une vraie starlette exigeante adoratrice du plumard. Le jeune homme avait pour habitude de ne rien manger le matin et filer directement en cours. Ce matin là, le chemin de l'amphi lui paraissait si écourté qu'il ne réagissait guère lorsqu'il se pointait devant la porte ! Pas très réveillé notre Shin ? Personne à l'horizon, son regard si minutieux se posait sur la poignée, un soupire des plus déconcertant se fit entendre et voilà notre ami qui entre dans la salle tête baissée. Aucune personne et c'était sans doute mieux ainsi, Chin Hwa détestait la compagnie d'étrangers et reste dans l'idée qu'il est mieux entouré par ses proches ou par une certaine Ae Cha...

On entendait des claquements de talons au sol, mais qui aurait cru qu'ils venaient de Shin ? En effet le jeune homme portait des chaussures style italiennes la classe quoi, un étudiant qui aime prendre soin de lui sans totalement se vanter de son look vestimentaire ! Certains pourraient se moquer d'entendre des claquements venant d'un garçon et d'autre pourrait se montrer fasciné. Hélas Chin Hwa était bien seul à cette heure si et un sourire des plus coqué se dessinait sur son visage, il faut avouer que c'est rare de le voir avec cette humeur au visage... car voyez vous, notre ami est plutôt du genre à tirer la moue ! Shin descendait le couloir séparant quelques sièges de l'amphi pour se diriger vers la scène. Tout en décollant les mains de ses poches, le jeune homme se mit à s'asseoir sur le parquet en bois qui s'offrait à l'horizon ! Chin Hwa était fière d'être arrivé quelques minutes plutôt pour profiter ainsi du silence et se laissa emporter par la fatigue en s'allongeant tranquillement sur la scène. Le plafond lui faisait office de spectacle et le berçait de plus belle qu'il se mit à fermer les yeux sans trop songer aux minutes défilant sous son nez. A cet instant, Shin profitait de sa sieste pour oublier sa faim, on pouvait voir son sourire apparaître de nouveau sur son visage et juger que notre ami était embarqué dans un délicieux rêve. Seule le bruit de son appel du ventre retentissait dans l'immense amphi prouvant que ça grève de faim du matin n'allait sans doute pas l'aider à tenir toute la matinée !

Quoi de plus banal qu’une journée de cours ? Quoique, Yûji savourait limite ses journées posées et d’une lenteur incroyable depuis qu’on l’avait fait intégrer la White Entertainment. Mais quel avait été l’énergumène assez illuminé pour engager le nippon dans leur agence de poupées préfabriquées ? Et pourquoi avait-il été assez bête pour accepter ? Non, pas bête, juste fin stratège, il avait besoin d’argent pour payer le loyer du campus de Kirin qui, sans être un prix exorbitant, représentait quand même une certaine somme qui ne tombait pas du ciel. Il avait aussi besoin d’argent pour toutes sortes de frais annexes, comme quand l’école décidait subitement de faire un voyage scolaire comme l’été dernier au Japon, justement. Mauvais souvenir. Et peut-être qu’il serait tellement occupé qu’il devrait finalement abandonner son job à temps partiel de Host, ce qui ne serait pas plus mal, il commençait à en avoir sa claque de devoir faire des sourires mielleux à des quinquagénaires en voie de décomposition imminente. Bref, Yûji était devenu idole, contre son gré.

Actuellement, il sillonnait les couloirs de l’école d’arts dans le seul et unique but d’aller dans l’amphithéâtre. Dans quelques heures, il devait présenter un texte sur lequel il s’entraînait depuis pas mal de temps en cours avec ses professeurs afin que ceux-ci leur précisent ce qui n’allait pas dans leur jeu de comédien. Avec l’approche des examens, les enseignants mettaient les bouchées doubles en ce moment et Yûji le sentait passer. Quoi qu’il en soit, il s’était levé tôt dans l’idée d’avoir la salle pour lui tout seul et de s’entraîner avant son passage pendant le cours d’expression scénique. Tout de même, ces modifications du système scolaire qui avaient un peu déboussolé tout le monde avaient été bénéfiques pour lui : il ne devait plus suivre de cours de danse. Par contre il s’était retrouvé contraint à ajouter la musique en option à son cursus car, maintenant qu’il était guitariste dans un groupe, il fallait qu’il se remette un peu à niveau parce qu’il s’était légèrement rouillé avec le temps.

Bref, le jeune étudiant arriva bientôt à hauteur de la salle derrière laquelle il retrouverait son habituelle scène et tout le reste. Il n’attendit pas pour ouvrir la porte et eut une pensée pour Han Ri Ah en regardant les lieux. Récemment, il s’était disputé avec une élève du secteur de Danse dans ce même amphithéâtre et ça n’avait pas été tendre ! Il ne fallut cependant pas longtemps à l’étudiant pour comprendre qu’il n’était pas seul. Déjà, les lumières étaient allumées, et puis il suffisait d’un coup d’œil vers la scène pour voir qu’une silhouette allongée s’y trouvait déjà, en plein milieu. Franchement, qui était assez bête pour venir taper une sieste ici ? Il se le demandait bien, et avait la ferme intention de le virer d’ici, à coup de pied aux fesses s’il le fallait. Yûji n’aimait pas être dérangé, et surtout que des gens squattent l’amphi pour ne rien y faire. D’abord la danseuse, qui avait plein de salles spécialisées pour ses cours et qui venait dans un endroit réservé aux élèves de théâtre, puis cet énergumène qui avait eu une mauvaise nuit … C’était quoi leur problème à tous ?

Légèrement agacé, Yûji descendit rapidement les petites marches le long des sièges et gagna bientôt le pied de la scène. Il l’escalada sans même prendre la peine d’utiliser les escaliers prévus à cet effet et se rapprocha assez rapidement de l’inconnu. N’ayant aucune patience, surtout envers les impolis dans son genre, il s’apprêtait à l’empoigner par le col de sa chemise d’uniforme et de le relever sèchement avant de le virer, mais alors qu’il tendait la main vers le cou du jeune homme, il se stoppa net dans son mouvement, constatant que, contrairement à ce qu’il pensait, le visage ne lui était pas inconnu du tout. Sauf que, si sa mémoire était bonne, la dernière fois qu’il avait vu ce visage, c’était au Japon. Une hallucination ? Une confusion ? Malgré tout, la ressemblance semblait plutôt frappante. Ce type, si ce n’était pas lui, ressemblait à s’y méprendre à un ancien kôhai de son lycée à Tôkyô, à l’époque où il fréquentait ces fichues écoles privées. Heureusement qu’il avait quelques amis à l’époque avec qui se défouler, parce que niveau ambiance, à part gratter le papier ce n’était pas très joyeux. Bref, ce visage, il en était certain, c’était ce type, et ça ravivait pas mal de souvenirs brusquement. Il renonça finalement à l’attraper par le col et se contenta de s’accroupir à côté avant de lâcher un sonore « Shin ?? »

On pouvait remarquer son sourire se redessiner sur son visage lorsqu'il se met à rêver et c'est sans doute le seul instant où notre ami devenait le plus adorable des anges. Un teint doux et soigné, les yeux fermaient comme la belle au bois dormant, on ne pouvait pas nier que le jeune homme possédait un charme très séducteur. Pourtant il ne s'en vante pas et préfère ne pas aborder le sujet, disons que ça le frustre énormément lorsqu'on lui répète sans cesse qu'il est ici à cause de sa bouille dévastatrice ! Bien qu'il préfère faire sa sourde d'oreille au sein de l'académie, se sont ses poings qui réagissent en dehors de l'établissement. Il est vrai que notre Shin s'est fait connaître sur la toile en tant qu'ulzzang, mais sa gloire ne l'a pas emporté jusqu'aux portes de Kirin loin de là... A vrai dire, il ne songeait pas à venir dans cette école et son dégoût pour son idole ne l'aidait pas à faire le grand pas ! Ce n'est autre que sa chère et tendre cendrillon "sa soeur" qui le poussa à auditionner... Chin Hwa était tout de même conscient et savait pertinemment que le seul moyen d'obtenir la gloire ou plutôt réaliser son rêve, il fallait endosser des heures d'entraînements et de cours intensifs. Tout cela ne lui faisaient guère peur et il en rigolait plutôt que de voir sous un point de vue pessimiste, il détestait plutôt ce genre de personnes relâchant leurs efforts !

La belle au bois dormant était étendue sur la scène, un cliché qui inciterait un jeune homme pour venir le réveiller ! En effet, Shin était bel et bien emporté par le charme irrésistible de Ae Cha... cette fille qui l'obsédait depuis son premier jour à Kirin. Comment ne pas penser à elle dans un moment pareil ? Son sourire, sa naïveté et toute la grâce de la demoiselle le rendait juste dingue et parfois, elle l’agaçait. Allez savoir c'est peut être parce qu'il ne veut pas se voiler la face devant elle ! Le visage de sa tendre se reflétait dans un rayon lumineux, on pouvait guère la distinguer et pourtant, Shin était sûr de l’apercevoir en train de lui sourire... Entraîné dans cette ambiance des plus chaleureuse, le jeune homme ne pouvait entendre l'ouverture de la porte de l'amphi et ces quelques pas qui s'approchaient de plus en plus de lui. Chin Hwa n'était plus seul désormais et devait s'attendre dès à son réveil voir quelqu'un en face de lui ou peut être bien à ses côtés. Était-ce un élève de sa promotion ? Ou sa tendre Ae Cha ?

Une voix très familière se mit à réveiller notre belle au bois dormant laissant ses yeux s'ouvrirent d'une extrême lenteur. C'est son nom se répétant à tue-tête dans son esprit qui le faisait réagir détournant son regard sur l'interlocuteur ! A cet instant Shin ne pouvait qu'être de mauvais poil face à ce réveil si soudain, un goût amer parcourant sa bouche. Il avait horreur d'être dérangé et encore mieux d'être réveillé par un étranger... et pourtant, il fut bien surpris voir même ne s'attendait pas à cette découverte. Son idole se dressa à ses côtés, l'homme qu'il avait toujours admiré était bien là. Comment ne pas oublier son visage ? Ou plutôt sa manière d'incarner un personnage dans une pièce de théâtre ! Chin Hwa était très attentif voir même admiratif à chacune de ses prestations... Yûji, son nom qui lui parcourrait l'esprit. Hors il l'oublia pendant quelques années face à une grande déception. En effet, celui-ci quitta son pays natale pour intégrer Kirin sans prévenir son admirateur... pour notre ami c'était un coup de théâtre ! Croyant que c'était pour devenir architecte, notre jeune homme coupa en quelque sorte les ponts avec son idole ne songeant pas qu'un jour et précisément ce jour-là, il le retrouverait dans cette école !

Sans exprimer sa plus grande surprise face à son idole ou plutôt sa colère par un haussement de voix, Chin Hwa se redressa avec l'aide de ses bras, se posant ainsi sur ses coudes il se mit à regarder du mauvais oeil Yûji. On pouvait ressentir dans son regard glacial toute la haine qu'il possédait envers celui qu'il a toujours admiré. Seul un sourire moqueur se dessinait sur son visage... puis vint son fameux tic à serrer les dents lorsque quelque chose n'allait pas tarder à surgir ! - Mais dis moi... c'est le grand et loyale Yûji ! Tsss... Il dévia son regard un instant puis le déposa à nouveau sur son aîné ! - Je vois que tu arrives à me reconnaître après toutes ces années sans savoir que j’existais ! Shin hocha délicatement sa tête sur le côté que l'on pouvait entendre un craquement des cervicales ! Il se mit à rire discrètement puis se redressa pour de bon afin de s'asseoir convenablement. Il se jouait de cette situation et se montrait bien sagement avant de savoir quelles excuses allait lui fournir Yûji face à ses paroles provocatrices ! Une chose est sûr... Shin pouvait se montrer très rancunier surtout après ce qu'il s'est passé !

Yûji n’était malheureusement pas le beau prince ni même la princesse pour venir réveiller la Belle au Bois Dormant. Non, même s’il mettait du rouge à lèvres, du fard à paupières et du fond de teint à outrance, il ne ressemblerait pas à une fille et ne souhaitait encore moins qu’on n’ose le lui dire. Jamais si on le lui demandait, il ne jouerait le rôle d’une fille dans une pièce de théâtre ou dans un drama. Et puis quoi encore ? Il avait une fierté, non ?
Tout ça pour dire qu’au lieu d’un réveil tout en douceur, l’étudiant avait eu droit à l’appel de son prénom, qui plus est celui qu’il employait quand il était au Japon, parce que c’est clair que Shin était plus facile à prononcer que Chin Hwa pour les Japonais, surtout que Shin était déjà un prénom Japonais. Autant faciliter les choses, non ? Bref, il n’avait plus qu’à attendre que son appel plein de surprise réveille l’endormi de service et qu’il réagisse. Cela ne se fit d’ailleurs pas attendre, puisque l’interpellé se mit à remuer avant d’ouvrir lentement les yeux. Sa réaction ? Il se redressa légèrement en se posant sur ses coudes et lui jeta un affreux regard noir. Yûji ne cilla même pas, avec le temps il avait appris à bien dissimuler ses émotions face à autrui et bien qu’un peu désarçonné par le regard mauvais que lui jetait un ancien camarade, il n’y laissa rien paraître. Il ne rata pas son geste qui fut de serrer ses dents avant de se mettre à parler. Quelle ironie dans son ton, c’en était désolant. Il s’arrêta quelques secondes avant de reprendre, toujours sur le même ton sarcastique. Cette fois, Yûji lâcha un soupir. « T’as grandi mais t’es toujours aussi immature, toi. » Bon, ok, il fallait avouer que les deux protagonistes avaient tout de même cinq années d’écart, si la mémoire de Yûji calculait bien. Toujours est-il que l’aîné en avait déjà vingt-trois et le cadet, dix-huit logiquement.

Le plus jeune se redressa alors pour finir en position assise. L’étudiant en théâtre, en ayant marre de rester accroupi et commençant à ressentir des picotements dans ses genoux à force de rester dans cette position, décida de faire de même et s’assit en croisant les jambes. C’était quoi cette scène, là ? « Tu sais … »Mais Yûji se stoppa net. Il ne savait pas trop par où commencer. Il était vrai que depuis qu’il avait posé les pieds à Séoul, il n’avait donné de nouvelles à aucun de ses anciens amis de Tôkyô. A la base, c’était juste parce qu’il était complètement perdu dans une ville qu’il ne connaissait pas et dans un pays dont il ne parlait pas la langue, et qu’il lui fallait un temps d’adaptation et trouver quelques repères. Mais les événements s’étaient enchaînés et le jeune homme avait tout simplement mis son passé au Japon entre parenthèses. Il ne s’attendait donc nullement à rencontrer Hwang Chin Hwa entre les murs de Kirin, comme il ne s’attendait pas lui-même à pénétrer dans cette école quatre ans plus tôt. Déjà, quand il était encore au Japon, ce n’était pas l’homme le plus bavard, plongé dans ses pénibles études à cause du bon vouloir de son père, mais il avait au moins le mérite d’être sociable et souriant. Depuis qu’il était ici, ce sourire, il l’avait complètement perdu, c’était à peine s’il se souvenait comment faire. Les rictus méprisants, il savait y faire, mais ça … La sincérité, très peu pour lui ces derniers temps, il s’était enfermé dans une telle bulle épaisse que même Shin ne le reconnaîtrait sans doute pas.

« Franchement, je ne sais pas par où commencer. Je sais que t’es en colère, c’est normal. Enfin je pense que c’est légitime, oui. Mais, je n’ai pas tellement eu le choix. » Il soupira à nouveau. Comment lui expliquer qu’il avait juste cherché à fuir la pression familiale et ne s’était jamais rendu à ce rendez-vous pour errer dans les rues et finir à Kirin, son actuel foyer ? Devait-il lui raconter les galères qu’il avait subi pour en arriver là ? Devait-il lui dire qu’il avaitle mal du pays mais ne voulait pas recroiser son père pour le moment ? Devait-il lui dire qu’il n’aimait pas Séoul, le monde de l’idoling et cette école oppressante, et cette foutue agence dans laquelle on l’avait placé tout récemment, alors qu’il allait bientôt terminer ses études et se chercher sincèrement un job en lien avec le théâtre ? Il ne savait pas quoi dire et que ne pas dire. Il ne s’attendait vraiment pas à devoir faire face à un « fantôme du passé ». Il pensait pourtant que ses anciens amis japonais l’avaient oublié, depuis le temps qu’il n’avait jamais donné signe de vie. En plus, il n’était pas forcément proche de ce petit gars, mais il lui était reconnaissant de toujours admirer son travail de comédien, même si c’était amateur. « Tu t’attendais pas à me trouver ici j’imagine, dans une école pareille. T’as raison, j’ai rien à faire là. » Enième soupir. Si sa place n’était pas ici, où était-elle donc ?

Le regard de Shin se perdait dans l'immense salle de l'amphi et songeait sérieusement à cet instant, tout jeter sa rancœur envers son aîné, mais il resta bien silencieux au point de laisser une atmosphère lourde et pesante. Chin Hwa attendait plutôt de pieds fermes, les excuses pitoyables de Yûji afin de rétorquer avec véracité c'était dans son habitude. Oui un rancunier qui n'a pas la langue dans sa poche et d'une méchanceté extrême au point d'être totalement agaçant ! Combien d'occasions ce sont présentées à notre ami où tous les coups étaient permis pour lui faire fermer son clapet ? Mais ce jeune homme avait plus d'un tour dans son sac, il aimait serrer les poings. Quand serait-il de Yûji ? Jamais il n'oserait et il n'y songerait même pas ! Bien qu'il a beau détester les actes infâmes de son aîné, Shin sera toujours très respectueux envers celui-ci. Certes il émit des piques assez mal placés pour faire réagir Yûji, mais il saura en rester là !

Un regard noir se déposa à nouveau sur le jeune homme osant avouer que notre ami faisait preuve de grande immaturité. Shin serra les dents afin de garder son self contrôle... à vrai dire, son regard en disait long. Il le retira tout de suite avant de s'exclamer comme une femme trahie par son mari ! Yûji finit par dresser que deux petits mots avant de se plonger dans un grand moment de silence laissant perplexe Chin Hwa. Une chose qui l'agaçait du plus au point qu'il se mit à rire ironiquement tout en levant les yeux au plafond ! Il se leva sans dire le moindre mots, sans balancer un autre regard des plus voraces, Shin se perdait tout simplement dans une vague d'incompréhensions. Le jeune homme mit ses mains dans ses poches et fit quelques pas sur la scène ignorant totalement la présence de Yûji. A vrai dire, Chin Hwa avait tout simplement honte d'avouer son intimidation face aux retrouvailles avec son aîné ! Bien qu'il montre son côté bad boys à la plupart des gens qu'il rencontre voir même à ses proches, il possède une touche de sensibilité qui lui est propre.

Yûji brisa le silence et toujours aucun regard ne se portait sur lui ! Shin avait bel et bien décidé d'ennuyer son monde ou plutôt son aîné... mais il s'arrêta brusquement lorsque les paroles si stupidement prononcés par Yûji l’interpellaient. Chin Hwa se tourna face au jeune homme puis leva la tête en l'air en riant ironiquement de plus belle puis la dirigea vers celui-ci avec un autre regard bien fixe. - Ba alors qu'est-ce que tu fais encore ici ? Les paroles de notre ami n'étaient pas des plus douces, bien au contraire, Shin le rancunier, l'immature si bien prononcé par Yûji n'en faisait qu'à sa tête qu'il se montra totalement infâme avec son aîné. Comment pouvait-il être aussi idiot ? On se le demande...

Shin s'approcha finalement de Yûji pour se mettre accroupi bien en face de lui. Ses yeux directement dans les siens, il le fixait comme s'il avait la ferme intention de lire en lui et savoir ce qu'il pouvait bien se passer dans la tête de son aîné. Pourquoi il aurait abandonné son envie d'être acteur ? Pourquoi il a quitté le Japon ? Ou tout simplement... pourquoi n'avait-il pas prévenu Chin Hwa ? A cet instant, Shin se remémorait du premier jour où il avait remarqué pour la première fois les talents de Yûji. Ce jour-là il a vu en celui-ci une sorte de déclic qui le poussait sur la voix de devenir un jour un grand acteur de renommé ! Depuis ce fameux jour, il ne cessait de croire à son aîné et d'éprouver une grande admiration malgré qu'il cache cette part de sentiments au fond de lui. Yûji le savait pertinemment ce que notre ami ressentait. Alors pourquoi avoir tout abandonné pour la Corée ? Et pour couronner le tout, le retrouver ici à Kiriin... - Ou plutôt devrais-je dire... qu'est-ce que tu fais ici ? C'est sur ces dernières paroles que notre ami émit une nouvelle fois son rire agaçant !

La rancœur de Hwang Chin-Hwa se faisait cruellement ressentir dans sa façon de s’exprimer mais aussi son attitude. D’ordinaire, le jeune homme était toujours en joie, sautant partout et clamant les talents de Yûji, si bien que le jeune homme était parfois agacé de tant de bruit de la part du jeune homme. Yûji était peut-être jaloux de ne pas être capable d’être aussi expressif que lui, après tout. Dans tous les cas, le jeune homme qu’il avait connu bien des années plus tôt au Japon avait drôlement changé. Un rire ironique émanait de lui et il arpentait la scène de théâtre de long en large sans se préoccuper de son aîné, qui venait de se plonger dans un long silence, cherchant ses mots pour s’expliquer, expliquer la situation.
Tout ce qui était sorti de sa bouche était qu’il ne savait pas vraiment par où commencer pour raconter son histoire, et que de toute façon il n’avait pas eu le choix. En même temps, il était normal que le jeune nippon ne sache pas vraiment par où commencer, étant donné que c’était la première fois en quatre ans qu’il était dans la nécessité de justifier sa « fuite » en Corée du Sud. Il ne s’attendait pas à revoir de vieilles connaissances, surtout qu’en arrivant à Séoul il ne connaissait strictement personne. Et maintenant voilà que Chin-Hwa resurgissait dans sa vie et qu’il devait justifier son abandon de sa terre natale. En plus, il faisait face à une personne emplie de rancune à cause de nombreux non-dits. Yûji était quelqu’un qui n’avait de compte à rendre à personne, et même si c’était Shin, il ne pensait pas en avoir non plus. Avec ce caractère froid qu’il s’était forgé depuis qu’il vivait ici, il aurait tout aussi bien pu l’ignorer platement et repartir dans une autre direction au lieu d’aller le réveiller de sa sieste matinale. Mais il avait cette sensation que ça lui faisait du bien de revoir des visages connus, que c’était … important ? « Ecoute. Est-ce que tu te souviens que mon père voulait que je sois architecte ? » Il marqua une pause. Comme au théâtre, il lui fallait capter son auditoire et il attendrait donc que Shin cesse d’arpenter la scène de long en large pour poursuivre son discours. Il s’était alors planté devant lui en le fixant avec insistance, mais Yûji ne se laissa pas déstabiliser pour autant, restant ferme.

« Mon père m’a envoyé en Corée du Sud juste après l’obtention de mon diplôme de prépa, et avait la ferme intention de me laisser là-bas pour être son représentant en Corée. » Il soupira. Sérieusement, pourquoi devait-il expliquer cela ? C’était ennuyeux et lui rappelait un passé qu’il avait enfoui depuis quatre bonnes années. Mais bon, Shin ne serait sans doute pas satisfait tant qu’il n’aurait pas eu un concentré d’explications plausibles et bien solides, alors il devait poursuivre son raisonnement jusqu’à son terme : « Je ne suis jamais allé voir ces architectes coréens et ai utilisé l’argent de mon père pour me trouver un logement d’appoint et un job. Puis j’ai trouvé Kirin, et comme c’était mon seul moyen de poursuivre mon ambition de devenir acteur, j’ai auditionné. » Oui, c’était aussi simple que ça, il n’avait trahi personne, il avait juste suivi son instinct, sentant que s’il ne saisissait pas cette échappatoire, il ne le pourrait jamais et deviendrait un architecte renommé comme l’avait souhaité son père. Il en était tout simplement hors de question. « il ne me reste que quelques mois avant d’être diplômé de l’université de Kirin, alors j’espère bien réussir ma vie en tant qu’acteur, même si je dois rester en Corée du Sud pour ça actuellement. En plus, on m’a placé dans un groupe d’idoles de la White Entertainment. Et les idoles sont souvent recrutés dans des dramas et films car ils font de la pub. Alors, peut-être que je pourrai enfin toucher du bout du doigt mon rêve. »

C’était tout. Il n’avait plus grand-chose à dire. Pour la première fois depuis fort longtemps, Koizumi Yûji s’était montré sincère et honnête, une grande première. D’ordinaire, il se montrait toujours d’une froideur implacable et ne laissait rien paraître. Personne ici ne pouvait prétendre connaître ne serait-ce qu’un peu le nippon. Il ne disait rien, c’est à peine si on savait pour son job de Host. Il avait fallu que certains élèves le surprennent à exercer ce job pour le deviner. Peu importe. « Ne te sens pas trahi parce que je ne t’ai rien dit, je n’ai prévenu personne. Et je ne pensais pas retrouver des anciens amis du Japon. » C’était la vérité, il avait décidé de fuir l’avenir réservé par son père sur un coup de tête. Enfin, pas réellement, il mûrissait son abandon de cet avenir qu’il ne désirait pas depuis fort longtemps, mais il n’avait jamais eu l’opportunité rêvée pour le faire. Et là qu’il l’avait eue, il n’avait pas eu le temps de revoir chacun de ses amis un par un pour leur faire ses adieux. Cela aurait été un peu suspect aux yeux de son père. Finalement, la seule à qui il avait écrit une lettre était sa mère, et il lui avait demandé de la brûler pour ne pas que son père tombe dessus et accuse sa femme d’être complice de son fils et de sa décision immature. Il ne voulait pas apporter plus d’ennuis à sa mère. « Tu comprends maintenant ? »

Chin Hwa avait tendance à embêter son monde, à énerver son entourage par de simples gestes. Il n'avait pas besoin de paroles pour horripiler le poil de ses interlocuteurs et ne pouvait que jouir voir même être fière de son trait de caractère ! Oui il pouvait se montrer affreusement détestable parfois... Pourtant on sait toujours que l'on peut compter sur lui du moins ses amis. Quand est-il de Yûji aujourd'hui ? Il l'ignore... A vrai dire sa rancœur s'est toujours amplifié d'années en années, mais lorsqu'il est question de parler de ses capacités à jouer sur scène, Shin se montre très admiratif devant Yûji. Mettre sa colère de côté ? Il n'en a pas vraiment envie têtu comme il est. Hors, il attend précieusement de voir les prétextes de son idole face à son absence des plus au moins suspects ! La seule chose qu'il pouvait le maintenir ici dans la même pièce que son aîné n'était autre que les excuses qu'il attendait, mais aussi sa fâcheuse habitude de s'impatienter en se promenant sur la scène sans même jeter un seul regard sur Yûji. Toutefois, il mit ses mains dans les poches et s'arrêta lorsque celui-ci adressa un mot ! Il remit sur le tapis l'histoire de son père et son envie impérieuse de voir son fils devenir architecte. Shin comprenait le désarroi de son idole, car si ses parents auraient dédaigné à ce qu'il empreinte le chemin différent de celui du théâtre, il serait totalement opposé à leurs envies tout en suivant ses ambitions à devenir acteur sans leur laisser le choix. Pourtant par sa plus grande déception, Yûji finit par céder aux exigences de son paternel et pour couronner le tout, il partit du pays sans dire un mot à son admirateur... Shin se sentait vexé rien qu'en repensant au fameux jour où il le planta sans aucunes nouvelles... mais notre ami laissa son idole continuer ses explications en beauté. Bien qu'il soit très désagréable, il pouvait se montrer très respectueux envers celui-ci et ne pas oublier qu'après tout c'était grâce à lui que notre Shin possédait l'ambition de devenir acteur.

Par sa plus grande des surprises, Chin Hwa fut stupéfié de ce qu'il avait entendu, voir même très abasourdi ! En effet, il venait de découvrir le fameux fin mot de l'histoire sur son idole... devait vraiment-il lui 'en vouloir au final ? Le jeune homme cachait sa surprise par un regard interrogateur. Il était bien trop fière de lui pour exprimer sa joie de voir qu'au final il s'était trompé sur son cas ! Il finit par prendre appui sur le bureau en y déposant son postérieur puis croisa les bras sans quitter le regard de Yûji. Quand à lui, il continuait ses explications ainsi que ses ambitions à devenir aussi un acteur ! Il annonça à notre jeune homme le moyen d'y parvenir qui n'était pas totalement approuvé par Shin. Le jeune homme laissa échapper un petit rire caustique laissant ses yeux se perdre dans le vide ! Il se demandait si c'était vraiment la seule solution pour arriver à ses fins ? Pour lui c'était carrément stupide voir absurde, en quoi être "idole" nous poussait sur les devants de la scène du théâtre ? Chin Hwa décroisa les bras pour poser ses mains sur le bureau et laissa son regard se fixer dans celui de son idole !

Il rigola de nouveau lorsque Yûji aborda la trahison... Comment ne pas se montrer totalement trahi par la fuite soudaine de son idole ? N'est-il pas culotté d'annoncer ce genre d'âneries à Shin ? Le garçon se laissa emporter par la colère, à vrai dire il bouillait à l'intérieur, mais il ne pouvait que rire stupidement afin de ne pas venir se montrer violent ou blessant dans ses dires ! Chin Hwa se devait d'être "patient", il prit surtout l'occasion de s'exprimer à son tour lorsque Yûji lui demanda s'il comprenait...

Shin se décolla du bureau en soupirant le sourire aux lèvres, il se frotta quelques instant son cuir chevelu en tournant le dos à son interlocuteur puis le regarda de nouveau ! - Si j'ai compris ? Un autre rire s'emparait de ses lèvres ! - Je te trouve remarquable d'avoir fui devant le choix de ton père, mais... ne pas me sentir trahir pour ne pas m'avoir donné de nouvelles ? C'est une blague n'est-ce pas ? Le regard déterminé, Chin Hwa était bien décidé d'exprimer son désarroi face à son idole ou plutôt se ridiculiser pour sa peine d'avoir vue s'en aller son aîné !

Le scénario dramatique se poursuivait. Chin Hwa ne dissimulant nullement sa rancœur envers Yûji, ne lui témoignant même aucun réel intérêt en arpentant la scène de l’amphithéâtre de long en large sans jamais croiser le regard de Yûji. Cela devenait particulièrement agaçant pour le jeune homme, et si ce n’était pas Shin en face de lui, il serait déjà parti de la pièce sans demander son reste, détestant perdre son temps comme il le faisait en ce moment. De plus, ce n’était pas vraiment agréable d’expliquer les raisons douloureuses de son départ précipité du Japon à un ancien ami qui avait confiance en lui, surtout quand ce dernier faisait les cent pas juste pour emmerder son aîné. Et pourtant le nippon avait senti qu’il devait des explications à son camarade et c’était pour cela qu’il avait tout déballé sans rien épargner. Le fait que son père ait voulu l’envoyer en Corée du Sud pour qu’il le représente en tant qu’architecte, qu’il se soit servi de l’argent prêté par ce dernier pour se trouver un logement et un job, qu’il ait fini par intégrer Kirin par dépit et puis qu’il se soit retrouvé guitariste au sein d’un groupe d’idoles, chemin qu’il essayait d’éviter le plus possible.
Mais Chin Hwa ne semblait pas convaincu pour un sou. Il avait un instant cessé ses aller-retour incessants sur la scène pour se poser sur le bureau, et une fois le discours de Yûji terminé, il s’était levé pour lui tourner le dos et puis juste après l’observer. Franchement, il avait dit tout ce qu’il avait à dire et si malgré tout Shin s’entêtait encore, il ne pourrait décemment plus rien y faire.

Visiblement, il acceptait et admirait même le fait que Yûji soit allé à l’encontre de son père pour vivre son rêve et ne pas devenir l’ombre de ce dernier, mais il refusait de croire qu’il n’avait pas été trahi. Yûji était un peu interloqué. Il tenait vraiment à lui en vouloir ou quoi ? Il ne comprenait pas vraiment l’intérêt de Chin Hwa à faire cela. Pourquoi se bloquer sur les rancoeurs du passé ? C’était … stupide ? Enfin, Yûji était mal placé pour dire ou penser ce genre de choses, lui-même était particulièrement rancunier envers tout le monde et ce n’était pas pour rien qu’il préférait rester seul. Au moins, ni déception ni trahison ne pouvaient l’atteindre. « Tu m’expliques comment j’aurais pu te donner de mes nouvelles ? Mon père m’a coupé mon abonnement téléphonique et je n’avais pas les moyens de me payer une connexion Internet ! Tu crois que c’était volontaire pour moi d’abandonner ma vie au Japon, mes amis, mes habitudes ? » Yûji commençait à perdre patience. Il comprenait que Chin Hwa ait pu lui en vouloir jusqu’à maintenant, ne connaissant pas le fin mot de l’histoire, mais maintenant qu’il savait tout, pourquoi il persistait à le tenir pour responsable de tout ça ? « Je ne comprends pas pourquoi tu t’entêtes à t’en vouloir. Je suis pas fier de ce que j’ai fait, t’es pas obligé d’en rajouter une couche. De toute façon, si tu préfères, on peut faire comme si on ne s’était jamais revus. » Cela avait beau être Shin, si ce dernier était devenu aussi mauvais que ça, Yûji n’avait plus envie de le fréquenter davantage. Il passait son temps à être déçu par les gens et cette rencontre n’avait pas échappé à la règle. Malheureusement, c’était comme ça. Yûji était devenu asocial et solitaire. Il fuyait tout ce qui touchait à l’amitié, l’amour et autre sentiments, il ne voulait plus souffrir de s’être attaché à quelqu’un. Et là, il faisait quoi ? Il souffrait d’avoir retrouvé et perdu son ami en l’espace de quelques minutes. Alors il rassembla ses affaires, et commença à descendre de la scène pour atteindre la porte. Il ne pensait pas que Shin le retiendrait, ils n’avaient visiblement plus rien à se dire.

Hj – désolée du retard, en plus c’est court et c’est nul ! T-T