Ah ! Le showcase de Noël ! Rien qu'en entendant ça, j'avais des étoiles dans les yeux. Showcase... n'était-ce pas un mot magique ? Ce mot peut accomplir tellement de choses, comme permettre à toute personne motivée de performer sur une scène. Mais surtout, et surtout, donner une chance de se faire recruter pour une carrière musicale ! De quoi faire me faire rêver, comme tout autre individu d'ailleurs. Mais pour ça, il fallait travailler ! Et ça, je n'allais pas y manquer. Le boulot, je l'avais fait pendant les deux semaines précédent le jour J. J'avais tellement joué que mes doigts me faisaient encore souffrir. Mais il ne fallait pas penser à la douleur, mais au plaisir que j'aurais sur scène. Enfin, celle que je voulais avoir.
Car même avec cette attitude positive que j'avais constamment, je stressais. Qui ne stresserait pas en même temps ? Se trouver devant un public avait de quoi mettre la pression, surtout quand on savait qu'un quelconque recruteur en faisait partie. Pourtant, moi, ça me terrifiais. Je n'avais pas forcément envie de m'enfuir en courant, mais j'avais bien souvent envie de me cacher. Je me sentais seul, très seul sous tous les regards des inconnus. Je me sentais vulnérable et assez fragile pour me fissurer au moindre coup de vent. Oui, sur scène, je me sentais comme ça. C'était d'ailleurs à cause de ça que je ne m'étais pas inscrit au dernier showcase. La peur de la scène et de se sentir seul m'avaient vaincu.
Je m'étais senti ridicule après m'être rendu compte que j'avais laissé une chance pareille juste pour ça, cette vulgaire excuse. J'avais ensuite essayé de travailler cette peur. Elle s'est peu à peu envolée, mais je sentais qu'elle était encore là pour me hanter. Malgré tout, je ne l'avais pas laissé m'effrayer. Je n'avais pas commis la même faute, et je m'étais inscrit au showcase. Maintenant, j'allais assumer ce choix.
J'entrai sur scène et saluai le public. Je n'osai pas regarder le public, au risque d'en avoir les larmes aux yeux. J'avais le coeur qui allait exploser et les jambes qui flageolaient. Je pus tout de même prendre place sur mon tabouret, en face de mon piano. J'essayais de me mettre à l'aise, mais je me sentais toujours comme un intrus sur cette vaste scène. J'aurais vonlontier voulu avoir une potion magique pour m'enlever toute la pression que je me mettais, mais j'allais devoir faire avec.
Je pris une inspiration, puis deux, et commençai enfin. Mes doigts glissèrent sur les touches, sachant exactement où, comment et quand il fallait appuyer. Mon corps se balançait légèrement au rythme de la musique que je créais. Petit à petit, le public disparut de mon esprit pour devenir une unique personne à qui je devais tout donner.
J'avais choisi un morceau triste que j'aimais beaucoup, pour pouvoir toucher le coeur de ce public personnifié. J'essayais, par le biais de mon instrument, de transmettre la tristesse de ce morceau. Je sentis une larme me couler sur la joue...
Mes trois minutes de prestations furent vite écoulées, et je laissai la dernière note durer jusqu'au murmure. Je me levai enfin de mon siège et m'inclinai devant le public qui m'applaudissaient. Pour la première fois, je levai la tête et souris. J'essuyai le chemin que la larme avait tracé d'un geste de la main et disparut derrière le rideau.
Finalement, c'était
Easy Girl ~
