Himura Katsuo ♥ Let's the music play

Katsuo, un nom d’homme fort et viril par excellence. Il se compose de katsu, qui veut dire victoire, et de O, qui signifie Viril ou Héros. Mes parents m’ont d’ailleurs appelé ainsi pour ça, pour que je sois leur digne héritier, fort, puissant, viril, craint. Il fallait bien ça pour hériter d’un clan Yakuza non ? Mais tout ça n’est pas pour moi.

Mes parents sont les chefs d’un clan de Yakuza basé sur Tokyo. Depuis plusieurs générations, il se transmet de père en fils dans la famille de mon père. Mon père justement, est un homme fort, autoritaire, froid mais juste, respecté, et surtout craint, par tous ses subalternes et ses adversaires. La seule personne devant laquelle il plie, c’est ma mère. Elle n’est pas forcément dangereuse ou autre, mais elle a trouvé le truc pour le mener à la baguette, en fait je crois qu’il en est juste fou amoureux. Et bien-sûr, pour respecter la tradition ancestrale de la famille, ils ont toujours voulu que je reprenne les rênes du clan. Mais la vie de Yakuza ne me convient pas du tout, moi je ne rêve que de bohème, de musique, de chant et de douceur. Impossible que je devienne celui qu’ils attendent de moi.

Depuis tout petit déjà, ils ont essayé de m’apprendre les sports de combat, les sports virils, pour forger mon caractère et développer mon corps. Je n’étais pas trop mauvais en fait, mais je n’aimais pas ça du tout, dès que je pouvais, je m’enfuyais pour aller courir dans l’herbe, cueillir des fleurs, jouer avec les animaux, m’extasier devant les choses mignonnes, chanter. J’étais devenu de plus en plus doué pour trouver des cachettes, afin qu’ils ne me trouvent pas, mais j’allais le plus souvent chez les parents de ma mère. C’était des gens très gentils et adorables, à chaque fois que je venais, ils disaient que j’étais leur petit rayon de soleil. D’ailleurs, tous ceux qui me croisaient disaient la même chose, j’étais un petit ange mignon, adorable, petit rayon de soleil toujours en train de sourire et de chanter. Qualificatifs pas très appropriés pour un futur chef yakuza non ?

Mes grands parents sont des gens simples, gentils. Ils sont propriétaires d’une petite boutique d’objets traditionnels japonais, et bien qu’ils soient sous la protection du clan, ils vivent leur petite vie paisible, loin de ce monde dangereux. Musiciens à leurs heures perdues, c’est avec eux que j’ai appris la musique sur toutes sortes d’instruments traditionnels ou modernes. Cet univers m’a tout de suite envoûté, passionné, je boycottais ensuite toujours les cours sensés faire de moi le parfait yakuza pour venir partager avec eux ces moments de musique et de chant. Et j’étais doué selon leurs dires, même certains instruments plutôt difficile, il ne me fallait pas longtemps pour arriver à les maîtriser assez convenablement.

La musique complétait parfaitement ma passion pour le chant, j’avais enfin trouvé mon monde de sensations, de douceur, de mélodies, de rêves, celui où je me sentais enfin moi-même. Pour mes parents, la musique n’était que futilité inutile et ils essayaient par tous les moyens de me faire abandonner, mais qu’importe ce qu’ils essaient, jamais je n’abandonnerais ma passion. Je passais presque tout mon temps libre dans la musique et les chansons, soit chez mes grands parents, soit dans des coins isolés, où je me retrouvais dans ma bulle, à coucher des mots sur le papier, à les chanter ou à jouer des mélodies. De fait je n’ai jamais vraiment eu d’amis, même à l’école. De toute façon, un fils de chef de clan yakuza n’a pas souvent d’amis, il a des subalternes (les enfants de subalternes de son père), ou des lèche-bottes (qui veulent bien se faire voir). Donc la musique était devenue tout mon univers.

Mais en grandissant, mes parents ont encore voulu faire ingérence dans ma vie. Ils avaient espéré que cette lubie musicale me passe avec les années, que je revienne dans le droit chemin selon eux, mais je ne voulais pas lâcher. Ils m’ont rendu la vie impossible alors, m’imposant des cours longs et inutiles pour apprendre à gérer un clan, à me faire respecter, me traînant aux réunions du clan et même inter-clans, pour me présenter comme le futur chef. Ma vie était devenue un enfer. Tout ce à quoi j’aspirais alors était de m’enfuir pour retrouver mon univers.

Il m’a fallu attendre la majorité pour pouvoir mettre les projets que je préparais en secret depuis longtemps en exécution. Pour ne plus être sous leur coupe et vivre ma vie comme je l’entendais, je devais partir, vivre loin de Tokyo, du Japon même. J’avais tout de même expliqué une partie de ce que je voulais faire à mes grands-parents, j’avais eu leur soutien, même si j’allais leur manqué. J’avais également laissé une lettre à mes parents, leur expliquant les raisons principales de mon départ, et que, même si je les aimais, je ne pouvais plus rester avec eux dans ce monde de Yakuza qui ne me correspondait pas du tout. J’ai pris mes affaires, la guitare offerte par mon grand-père, un peu d’argent, et je suis parti, direction la Corée.

J’ai donc débarqué à vingt ans en Corée, seul, ne connaissant personne et ne parlant que très peu coréen. J’étais alors comme un enfant découvrant un nouveau monde, les yeux pétillants, un enthousiasme à tout découvrir rapidement, à goûter la cuisine de mon nouveau pays d’adoption. Et voir tant de monde… Au Japon j’étais cloisonné par le clan, toujours avec des gardes du corps à mes côtés, jamais je n’aurais pu me balader ainsi dans la rue, au milieu de tous. Je me suis même fait aborder plusieurs fois, certains me prenaient même pour une fille. Il est vrai que j’ai un corps assez fin et des traits assez féminins, mais un sourire d’excuse, une petite bouille adorable et ils me laissaient partir sans problème.

Il avait fallu ensuite que je trouve de quoi vivre ici, en Corée, trouver un toit et un travail, je n’avais pas les moyens de vivre à l’hôtel bien longtemps. Cette partie là fut plus difficile que je ne l’aurais cru, le travail ne tombe pas tout cuit dans le bec, et les loyers sont chers à Séoul… mais j’ai eu la chance de tomber sur le propriétaire d’un bar qui cherchait justement un serveur, il m’a donné ma chance, à moi qui n’avais jamais travaillé. Il était très gentil et parlait un peu japonais, quoi de mieux ? Il m’avait dit qu’avec ma bouille, j’allais attirer encore plus de clientes qu’il n’en avait déjà et que ce serait un vrai plus, il avait eu raison en fait. En plus il me laissait chanter tous les soirs, un petit show-case qui m’était réservé. Mais il y avait souvent d’autres chanteurs qui participaient avec moi, généralement de jeunes japonais fraichement débarqués en Corée ou seulement de passage. Le bar était un peu devenu un point de passage obligatoire pour tous les chanteurs japonais de passage. Ces moments là étaient absolument magiques pour moi, je pouvais enfin exprimer ma passion devant d’autres personnes, leur partager mon univers. Une de mes prestations préférée lors de ces show-case fut une chanson que nous avions chantée en trio avec deux japonais. Thunderbird. Rien qu’à repenser à cette chanson j’en ai encore des frissons, magnifique.


T.M.Revolution×テゴマス Tegomass

Un soir, environ un an et demi après mon arrivée, d’autres musiciens avec qui je partageais la scène, m’ont parlé d’une école, la Kirin Arts School. Bien sur j’en avais déjà entendu parler, certains artistes en étant sortis me fascinaient, mais je n’y avais pas trop fait attention, n’imaginant même pas pouvoir l’intégrer. Mais ils me dirent que je devais bien avoir le niveau pour le faire, que je devrais passer les auditions. C’était une chance à ne pas manquer. Les auditions avaient d’ailleurs lieu pas longtemps après cette discussion. Après avoir paniqué un moment, je me suis repris et j’ai essayé de me préparer pour le jour J, qui arriva bien vite selon moi.

Pour l’audition, j’avais choisi une chanson de style plus rock que j’avais faite un moment avant, avec l’aide de quelques amis. Comme maitrisais assez le chant à mon goût, chantant sans arrêt depuis mon enfance, je me suis inscrit à l’audition pour le cursus de musique, voulant parfaire mes connaissances dans ce domaine. Mais hors de question de ne pas chanter… Un double cursus serait alors l’idéal non ? Le passage devant le jury fut assez déstabilisant, bien plus que de passer devant un public, surtout que je ne maitrisais pas trop le coréen encore. Armé de ma guitare, je me lançais dans la chanson, pour stopper quelques secondes plus tard, je m’étais trompé, trop nerveux. Après quelques excuses, je recommençais, sans la moindre fausse note jusqu’à la fin.



Grâce à ça, je fus accepté en quatrième année du cursus musique, pour apprendre la guitare et le piano, avec double cursus chant. Mon petit appartement n’était pas loin de l’école, très pratique en fait, et grâce à mon boulot, j’avais pu m’acheter une guitare électrique et un piano électrique, en plus de la guitare acoustique que m’avait offerte mon grand père. J’étais paré pour bien évoluer dans cette école.