Im Chung ho # I have lost myself again. ~

Son père étant agent immobilier, sa mère musicienne, Chung Ho est né il y a 21 ans, un 13 décembre. Soit neuf mois après la saint valentin. Romantique n'est-ce pas ? Pour le jeune homme, ça l'aurait été plus s'il avait été seul... En effet, quand les parents repartirent de l'hôpital, ils se trouvaient en possession de deux enfants, des jumeaux, tandis qu'à la maison les attendaient déjà deux fils. Autant dire que la vie à six dans leur petite maison n'était pas facile. C'était la course, chacun tentant d'accaparer l'attention de leurs géniteurs, qui, malgré leur amour, étaient dépassés. Et tout devint encore plus difficile quand deux autres enfants débarquèrent dans la famille, deux ans, puis encore trois ans plus tard. Deux filles. Autant dire que la vie dans le foyer des Im n'était pas vraiment calme, bien au contraire, ce qui avait tendance à exaspérer l'enfant. Certaines familles nombreuses prônent la solidarité et l'amour ; mais chez eux, c'était plutôt la lois de la jungle. Oh, ils ne se détestaient pas. Mais ils ne s'adoraient pas non plus, ils n'étaient simplement pas très proches. Mais il y avait une chose qui les rapprochait : la passion pour la musique. Musiciens de génération en génération, c'était une tradition dans la famille Im, qui exhorta donc chacun de ses enfants à choisir un instrument. C'est à neuf ans que Chung Ho choisit le violon, cet instrument dont le son l'hypnotisait presque. Enfin ça, c'était une des raisons, l'autre étant qu'il voulait suivre les pas de sa mère, elle-même violoniste.

Néanmoins, avec maintenant six enfants dans la famille, compétition pour attirer l'attention des parents n'était toujours pas fini quand Chung Ho eut douze ans. Et c'est aussi à peu près à cette période qu'il développa deux traits importants de sa personnalité. Tout d'abord il se découvrit un côté bagarreur et plaisantin. Il n'hésitait pas à faire toutes les bêtises possibles et imaginables dans le seul but de se faire remarquer. A cause de sa famille, il était constamment en recherche de reconnaissance. Même s'il devait se faire détester par tout le monde, il voulait qu'on le voit. Mais si faire constamment le zouave, et chercher des ennuis à à peu près n'importe qui était efficace, ce n'était pas assez pour lui. Et c'est pour cette raison qu'il développa, en parallèle, une passion pour le théâtre, après avoir joué dans une pièce avec l'école, où, pour la première fois de sa vie, il s'était senti à sa place. Il trouvait ça fascinant de pouvoir s'inventer une autre vie, loin de tous ses soucis familiaux, d'avoir la possibilité d'être quelqu'un d'autre, ne serait-ce que l'espace d'un instant. Alors il demanda à ses parents de lui payer des cours de théâtre, mais n'ayant pas les moyens de tout se permettre, ils lui demandèrent tout d'abord de choisir entre le violon et le théâtre. Mais finalement, ils trouvèrent un compromis : il prendrait des cours de théâtre et sa mère, lui ferait travailler sa musique. Sauf qu'il ne jouait de cet instrument qu'en cachette, estimant que ça gâcherait l'image de "bad boy" qu'il tentait d'adopter.

Ainsi la petite vie de Chung Ho continua-t-elle relativement tranquillement. Mais plus le temps passait, plus les simples petites bêtises frôlaient de plus en plus les actes de délinquance. Quand il entra dans l'adolescence, le jeune homme devint ingérable, toujours dehors à traîner, se battre, pour ensuite rentrer à deux heures du matin. Mais, pensant que ce n'était que passager, ses parents, ses frères et soeurs ne prirent totalement conscience de la situation que quand, alors âgé de 16 ans, l'adolescent redoubla. Suite à ça, sa famille le surveilla de près, ce qui, au lieu de le rassurer, ne l'agaça que plus. C'était trop tard, et le fossé qui existait entre eux ne cessait de s'élargir au fur du temps. Alors, même si extérieurement il se montrait plus sage, il continuait pourtant de traîner avec ses mauvaises fréquentations.
Et tout ceci nous conduit deux ans plus tard. A 19 ans, Chung Ho se retrouva impliqué dans une bagarre entre lycéens et rentra chez lui avec de multiples blessures, à une heure du matin. Il pensait que tout le monde dormait, mais ce n'était pas le cas. Il entendit ses parents parler à voix basse dans leur chambre. Le jeune homme comptait passer ni vu ni connu, quand trois mots captèrent son attention... "déménager à Séoul". Il fronça les sourcils, colla son oreille à la porte, puis, constatant qu'il n'entendait pas grand chose, il débarqua comme une furie dans la pièce et demanda des explications. Sa mère cria, son père lui demanda ce qu'il faisait ici et pourquoi il était dans cet état, mais Chun Ho ne lâcha pas l'affaire. Et c'est comme ça qu'il apprit que sa jumelle était atteinte d'un cancer. Et que toute la famille allait déménager pour que la demoiselle puisse être soignée dans un centre spécialisé de Séoul. Le jeune homme sentit son monde s'écrouler autour de lui. Oh, il n'était pas proche de sa soeur, ce n'était pas là le problème. Le problème était qu'il n'avait rien remarqué auparavant. Alors que tout le monde avait plus ou moins découvert qu'il se passait quelque chose. La suite se déroula avec une rapidité déconcertante. Les parents s'occupèrent de tout : une semaine plus tard ils avaient emménagé à la capitale, Chung Ho avait débarqué dans un nouveau lycée, où il mit un moment à s'intégrer, malgré sa sociabilité. Petit-à-petit il tenta de réguler son caractère bagarreur, même s'il était toujours prêt à user de ses poings quand la situation l'exigeait.

On dit toujours que les drames rapprochent les gens. Et ce fut le cas. En partie. Alors que la famille Im devenait plus soudée, Chung Ho restait la troisième roue du carrosse. Il se renfermait sur lui-même sans trop savoir pourquoi. Peut-être par culpabilité, peut-être parce qu'il savait qu'il ne pouvait rien faire, peut-être parce qu'il pensait que même s'il tentait quelque chose, il ne ferait que gêner. Et une chose en entraînant une autre, plus il s'éloignait, moins sa famille arrivait à le comprendre et plus ils le mettaient à l'écart. Alors, pour compenser, le jeune homme recherchait l'attention et l'amour d'autres personnes. Notamment des jeunes femmes. Eh oui, c'est à cette période qu'il devint séducteur, reportant son manque affectif sur les demoiselles qu'il rencontrait.
Pour ce qui était du reste, il ne passait de toute manière pas beaucoup de temps chez lui, fuyant un maximum le contact avec les membres de sa famille. Ses entraînements au théâtre et au violon s'intensifiaient, Chung Ho ayant entendu parler de Kirin et, après s'être renseigné, voulant absolument y être admis après avoir fini le lycée. Mais ça, il n'en parla même pas à ses parents, qu'ils trouvaient de plus en plus lourds, et qu'il avait de plus en plus de mal à supporter.

Le lycée se termina lentement mais sans grands incidents. Et vint alors le temps des auditions. Chung Ho s'entraîna dur et sans relâche, n'hésitant pas à passer des nuits blanches. Il voulait faire un sans faute, dans le bu de compenser les points négatifs de son dossier. Etant d'un naturel détendu, il n'avait jamais autant stressé de toute sa vie. Et il n'a probablement plus jamais connu ce sentiment avec une telle puissance par la suite. Mais ce stress lui fut bénéfique et lui permit de fournir le meilleur de lui-même. Il s'inscrivait principalement en théâtre, mais grâce à ses dix années de violon derrière lui, il se savait suffisamment talentueux pour prétendre au double-cursus.
Même si ce fut tendu, son entraînement avait visiblement marché, car quelques temps plus tard il reçut sa lettre d'admission. Ce fut ce jour-là qu'il parla de Kirin à ses parents. S'ensuivit une des disputes les plus violentes verbalement qu'il n'a jamais eu.

Aujourd'hui cela fat un an qu'il est à Kirin et il a réussi à avoir une chambre à l'internat, sa situation familiale devenant de plus en plus compliquée. En effet, il a presque totalement rompu le contact avec eux, n'allant les voir qu’occasionnellement et ne rendant jamais visite - ou généralement en cachette - à sa soeur actuellement hospitalisée. Après la première guérison, le cancer s'était déplacé et la voilà qui reprenait tout du début.