Yoon Su Jin ✝ Be Strong (FINIIIIIIII)

• Il y a un avant et un après.
Avant, j'étais naïve, soumise, prête à me sacrifier pour n'importe qui, je perdais facilement pied quand je n'avais plus rien à quoi me raccrocher, j'étais terriblement têtue et je n'écoutais pas les conseils et les avertissements que l'on me lançait, j'étais si influençable, aveuglée par l'amour... J'avais une mentalité faible.
Aujourd'hui, j'ai gagné en confiance et en force grâce au Théâtre, mon caractère est devenu plus présent, moins effacé, je contrôle mieux mes émotions et j'ai commencé à acquérir une mentalité de battante. Mais je suis devenue profondément méfiante envers les hommes et devant certains, je redeviens faible et apeurée. Au fond, je suis toujours cette gentille fille, adorable et généreuse, marquée par une blessure profonde au coeur, qui ne semble toujours pas vouloir se refermer pour de bon.

En apparence, Su Jin est une fille relativement calme et douce. C'est dans sa nature. C'est rare de la voir extérioriser vraiment ce qu'elle est devant les autres, sauf sur scène où l'on découvre ses multiples facettes, ses multiples visages. Elle n'est pas discrète, elle est mystérieuse. On ne sait pas ce qui se cache derrière ce regard qui vous transperce. Ah depuis qu'elle fait du théâtre, elle n'a aucune peur à défier quiconque, elle fixe et observe à sa guise. Avec les gens qu'elle connaît, elle est joyeuse, libérée, souriante et même assez extravertie ! Elle est câline, affectueuse, prête à leur accorder toute son attention. Elle est l'oreille à qui se confier et l'épaule sur qui pleurer. Elle est rassurante, cette voix agréable et posée qui parle, qui chuchote même... Une vraie berceuse sur patte. Pour qu'elle soit elle-même, il faut juste qu'elle est confiance, lui donner le temps. Il faut l'apprivoiser en quelque sorte car on est étonné de découvrir à quel point elle peut être forte et sûr d'elle quand elle est à l'aise. Mais elle n'aime pas être trop brusquée, perdre pied, perdre le contrôle de ses émotions... Ce qu'elle ne supporte pas, c'est de se sentir à nouveau faible et désemparée. Elle hait ce sentiment, elle ne veut plus jamais le ressentir. Cette faiblesse, cette sensation de vide... Oui, Su Jin a toujours cette peur qui rôde dans son cœur, elle reste toujours méfiante, elle ne peut pas s'en empêcher, c'est même devenu un automatisme maintenant. Le théâtre est devenu en quelque sorte une arme, elle se maîtrise grâce au jeu. Pourtant, elle ne peut s'empêcher de se raidir, d'avoir le coeur qui se serre et les jambes qui fuient à la vue d'un garçon dont le caractère arrogant lui rappelle celui de son ex... Et elle reste plantée devant lui, inspire et expire, pour ne pas bouger, pour ne pas flancher, pour oublier. Et ça marche, tant que celui-ci ne va pas plus loin. Car la jeune comédienne peut très vite perdre son calme quand son traumatisme prend le dessus. Elle se montrera froide et impulsive, face au garçon qui l'aura un peu trop importuné à son goût. Avec elle, il ne faut pas se montrer trop entreprenant, elle ne supporte pas cela, d'ailleurs voilà pourquoi elle les fuit comme la peste ces types trop sûrs d'eux qui ne pensent qu'à la dévorer. Et après avoir laissé éclater sa colère, elle reste là, silencieuse, dos au mur, sa respiration transperce le silence, elle déglutit, le regard fixé dans le vide et les souvenirs remontent, et elle essaye de les refouler, comme à chaque fois qu'ils lui reviennent en mémoire. Les larmes lui montent et elle les ravale. Elle les ravale de rage, hors de question de pleurer. Elle aimerait tellement ne plus avoir peur... Avec le temps, elle l'a atténué, mais elle est toujours là et elle continue à s'amuser d'elle, à lui jouer des tours.

A l'âge de 17 ans, elle était amoureuse, follement amoureuse. Ça arrive à tout le monde, voilà ce que vous devez être entrain de penser. Oui c'était une histoire banale de rencontre, il est venu la voir, il l'a charmé et son cœur a fait « boum boum boum ». Il était plus âgé, il avait la vingtaine et terriblement peu fréquentable. Il n'était pas bien vu, il avait une mauvaise réputation, il côtoyait une bande assez violente du quartier, on disait qu'il était impétueux et impulsif. Mais elle n'écoutait pas les avertissements qu'on lui lançait, elle l'aimait, elle ne pouvait pas se défaire de lui. Et puis, il se montrait si gentil avec elle, en aucun cas il ne lui ferait de mal, elle en était sûr. Mais voilà, au bout de quelques mois, il se mettait de plus en plus à boire, il se battait continuellement contre une bande rivale et un jour, il l'a frappé car elle avait relevé quelque chose qu'il avait dit. Elle était restée sous le choc, une main sur sa joue. Il s'était excusé, mais elle était marquée dans son cœur à vie. Elle lui a pardonné. Une fois. Deux fois. Trois fois. Elle cachait ses bleus et prétextait à ses parents et ses amis qu'elle était tombée en danse, voilà tout. La quatrième fois, une amie avait compris, elle voulait la pousser à le quitter, à le dénoncer. Elle n'en était pas capable, elle se sentait si faible face à lui. Elle l'aimait malgré les coups qu'il lui donnait, car il lui montrait aussi ses bons côtés et elle se rattachait à cette part de lui-même. C'était l'alcool qui le transformait. Son amie qui avait de plus en plus peur pour elle, le dénonça à la police et il fût arrêté sous ses yeux. Ses mauvaises fréquentations avaient eu raison de lui. Elle était restée figée, elle tremblait, les policiers essayaient tant bien que mal de la rassurer et elle s'était mise à pleurer, pleurer de tristesse mais surtout de soulagement. Elle sombra. Elle a dû faire face à ses parents désemparés, choqués mais aussi en colère, pourquoi ne leur avait-elle pas dit ? Elle ne voulait pas les embêter, elle ne voulait pas qu'il soit arrêté, elle ne voulait pas qu'ils voient à quel point leur fille n'avait pas de fierté. Pendant des mois, elle s'enfonça dans une dépression, elle n'arrivait pas à s'ouvrir, elle se sentait fragilisée. Elle n'avait pas pu expliquer ce qui c'était passé à ses parents, tout ce qu'ils savaient c'était ce que les policiers leur avaient dits. Elle était bloquée, tout restait enfermée en elle. Elle allait exploser si elle gardait tout cela pour elle, lui assurait sa mère. Ils étaient fous d'inquiétude mais ne savaient plus quoi faire.. Elle avait perdue l'envie de danser, et pleurer sur la musique plutôt que faire des mouvements dessus, alors qu'elle en faisait depuis ses 7 ans. Tout l'a touché, elle était à fleur de peau. L'école l'a déprimé et elle développa une espèce de phobie, elle avait peur des hommes, ou en tout cas, elle avait peur qu'à leur tour ils lui fassent du mal.


Sous les conseils d'un psychologue, ses parents cherchèrent des moyens de la divertir, de la sortir de sa solitude. Un jour, ils l'emmenèrent à une représentation théâtrale, une comédie burlesque. Des hommes s'étaient retrouvés habillés en femme au cours de l'histoire, et elle ne sait pas pourquoi mais il fallait être totalement folle pour ne pas en rire. Et c'est ce qu'elle a fait, un sourire apparu enfin depuis des mois sur son visage, ses parents pleurés de joie en plein milieu du spectacle. Ils la serrèrent dans leurs bras à la sortie de la salle et elle leur demanda « Papa, Maman, je veux prendre des cours de théâtre. Je veux apporter autant de bonheur aux gens que ces acteurs m'en ont apporté. » et ils acceptèrent, évidemment. Elle prit donc des cours dans une petite école. Le premier jour commençait mal, le professeur et metteur en scène l'a trouvé trop fermé, il fallait qu'elle s'ouvre aux autres. Elle n'y arrivait pas. Elle avait perdu confiance et elle ne pouvait s'empêcher de se méfier, même de lui. Il lui fallut des semaines pour s'améliorer. Il avait appris son histoire et un jour, il l'a pris à part à la fin du cours. Il lui demanda de sortir de son esprit tout ce qui n'allait pas, de dire tout ce qu'elle n'osait pas dire devant les autres, elle devait faire comme s'il n'était pas là, il fallait qu'enfin tout sorte, que tout soit clair en elle. Elle se sentait mis à nu, elle avait peur. Mais elle savait qu'elle devait le faire, elle devait avancer. Elle s'est mise au milieu de la scène du théâtre, et elle a commencé par quelques murmures, des phrases, des pensées. Elle laissait des silences, de longs silences et son professeur patientait. Elle tremblait. Des gestes sont venus se mêler à sa voix. Puis son ton s'accentua, son volume augmenta, ses gestes ont commencé à devenir cassants et précipités, elle lança les mots avec fureur vers le public invisible, son regard était fixe, braqué vers le fond de la salle, elle cracha sa peur, sa honte, sa colère, elle criait, oui maintenant elle criait. Puis elle se stoppa dans une expression figée, des larmes coulaient sur ses joues, elle leva ses yeux en direction des balcons, s'effondra à genoux, épuisée et se mit petit à petit à sourire. Son professeur s'avança lentement, après quelques minutes, et lui demanda comment elle allait. Elle se mit à rire, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vraiment ri.


« Libérée. Je me sens libérée. »

Oui, elle se sentait libérée, mais à moitié, la blessure commençait à cicatriser, mais elle savait qu'elle allait se rouvrir régulièrement. Mais elle allait faire en sorte de l'oublier, de la combattre. Elle devait devenir forte. C'était tellement bon d'avoir pu se libérer comme cela ! Ce n'était presque rien pourtant, mais le fait d'avoir sorti tout ce qu'elle ressentait, ses sentiments longtemps refoulés qu'elle gardait en elle et qu'elle n'avait jamais vraiment su quoi en faire, c'était... incroyable. C'était un mélange d'émotions qui l'a troublé depuis des mois et voilà qu'en quelques minutes, juste sous les conseils d'un homme, elle a pu se vider entièrement. Et maintenant, elle va pouvoir se remplir de nouveau de bonnes choses, voilà ce qu'il lui a assuré. Sa phobie avait diminuée mais demeurée présente. Elle n'avait plus plus peur des hommes, mais se méfiait toujours des garçons de son âge, et fuyait ceux qui avait le même genre de personnalité que son ex : arrogant, impulsif, trop sûr de lui, quand quelqu'un de ce genre venait à sa rencontre, elle devenait froide, fuyante, désintéressée et priait pour qu'il s'éloigne d'elle. Mais elle s'est aperçue de quelque chose d'assez étrange : lorsqu'elle danse ou joue avec un partenaire, elle s'imprègne tellement de la musique et de son texte, qu'elle en oublie sa peur et devient le personnage. Une fois la danse et la scène finie, elle redevient elle-même et perd cette confiance qu'elle venait d'acquérir il y a encore quelques secondes. Pourtant, ce personnage, cette personne qui dégage autant de charisme sur scène, c'est elle. Mais une fois qu'elle n'y est plus, elle le perd. C'est pour cela que certains garçons la trouvent bizarres, elle change de visage. Pourtant, elle se montre très naturelle avec les filles, voir adorable et souriante, mais elle a toujours un peu de mal avec les garçons.

Elle reprit ses cours de danse avec fougue, son corps n'avait rien perdu de son talent. Cela faisait 8 mois que l'incident s'était passé, et 5 mois qu'elle pratiquait le théâtre. C'était vraiment une révélation. Et elle rêvait d'en faire son métier, oui c'était décidé. Mais elle voulait continuer la danse également. Ses parents la poussèrent à passer une audition à la célèbre Kirin Art School. Cette école des Arts du spectacle était située en plein cœur de Séoul. Se sentant encouragée, elle tenta sa chance, qui ne tente rien, n'est-ce pas ?

AUDITION

On appela son numéro et elle entra dans la salle, stressée mais confiante. Le jury releva la tête et la laissa s'installer. Un des membres lui demanda de se présenter :


Une femme lui demanda quelles étaient ses spécialités : « La Danse et le Théâtre, mais j'aimerais avant tout intégrer la section théâtrale. » Et elle commença. Elle voulait à tout prix montrer de quoi elle était capable, alors elle dansait, tout en clamant un monologue qu'elle avait elle-même inventée. Chaque mot était accompagné d'un geste qui venait le compléter et le rendre plus intense. Les jurys soulignèrent l'originalité de sa performance en mixant les deux sections ensemble et lisaient en elle une réelle émotion. Elle fût prise et elle les remercia chaleureusement, les larmes aux yeux, de lui donner cette chance inouïe d'apprendre à leurs côtés. Une nouvelle vie allait commencer.

LA VIE A KIRIN

Je suis souvent seule, mais je ne m'en rends pas vraiment compte. Je me sens bien.
J'ai eu d'heureuses retrouvailles avec Jae Sun, qui avait appris mon histoire bien après mon entrée dans le monde du théâtre. Monsieur est un trainee maintenant, je savais que sa voix le mènerait loin. Et j'espère qu'ils ouvriront enfin les yeux avec Hyo Seong ! Je m'intègre, mais comme on dit, je fais ce que j'ai à faire. Bon, il fallait s'y attendre, il n'y a pas que des gens sympas... il y a aussi les agressifs, les violents, les provocateurs, avec qui je ne me gênerais pas pour les remettre à leur place, si il le faut. Et je l'ai fait et ça leur plaît... mais qu'ils me laissent en paix, allez chercher un autre bout de viande ailleurs ! Je ne suis pas intéressée. Vous êtes ce que je fuis.


Je danse, je joue, je danse, je joue, je danse, je joue, je joue, je joue, je joue... Qu'est-ce que je peux aimer le théâtre. Cette sensation, ce silence sur scène, les respirations qui s'entremêlent, l'osmose entre toi et ton partenaire, ou ce plaisir de jouer seule, là, face au public, qui boit chacune de tes paroles et qui s'impatiente de tes prochaines répliques. La voix se porte au loin. J'en oublie tout, même mes cours de danse, j'ai dû tout rattraper... j'y ai passé des soirées et des nuits courtes. Ça m'apprendra à me laisser trop distraire, oui mais j'adore être distraite par le théâtre. Même si j'aime danser, me laisser dériver sur le rythme de la musique, rien ne vaut ce silence. Ce silence qu'il m'a imposé. Cette pression, cette tension, cette peur, cette envie... J'en voulais plus. Comment avait-il réussi à me rendre aussi tendue ? Aussi à l'écoute de l'autre ? Je n'avais jamais été aussi... attentive à mon partenaire... captivée. Koizumi Yûji. Il m'avait dominé si facilement, mais il m'avait fait une place, comme si il m'avait tendu la main, en me disant « Allez, je suis sûr que tu peux mieux faire, tu peux aller encore plus loin ». Oui, je supposais que je pouvais m'améliorer, mais un pas avec lui m'avait littéralement emporté ! Est-ce cela de jouer avec un véritable acteur ? Il ne l'était pas tout à fait, mais c'était tellement différent d'un élève de ma classe. On s'est souvent croisé à Kirin, c'était grand mais le hasard était là, une fois dans la salle de danse, surprise en plein solo de ma guitare électrique invisible *la honte* et une autre fois, pour la St-Valentin... Je ne savais pas vraiment quoi penser de lui, juste... je voulais rejouer avec lui. J'y pensais de plus en plus souvent et puis, il n'était pas de mauvaise compagnie. Il n'était pas arrogant, dans le sens « M'as-tu vu ?! ». S'il l'avait été aussi désagréable, je me serais dit que ça gâchait son talent. Au lieu de cela, il était...calme et mystérieux, avec un regard qui te transperçait. Je me surprenais à laisser aller mon regard à sa rencontre pendant les cours de théâtre et je me reprenais... une fois, deux fois... trois fois. Mais il est étrange, c'est le genre de personne qui n'est pas facile à cerner, je suis sûre qu'il cache bien son jeu, qu'il n'a pas encore montré toutes ses cartes comme on dit. Mais sont-elles bonnes ou mauvaises, ça... J'ai appris à me méfier maintenant, alors à moi de distinguer lorsqu'il incarne un personnage et lorsqu'il tombe le masque.


Les idoles reviennent à Kirin ? Hum... pourquoi pas. Pour moi, ça ne change pas grand chose, peu d'entre eux sont des acteurs, alors je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup qui assiste à notre cours. Les croiser ? Oui, j'en admire quelques uns bien évidemment, mais pas de là à leur sauter au cou, même si je suis super fan ! J'ai ma dignité tout de même, non mais ! Et puis de toute façon, ils vont déjà avoir de nombreux élèves à leurs pieds, Kirin est en effervescence depuis l'annonce de leur retour en cours. Même Jae Sun a été mis en suspens, le seul point positif, c'est que je pourrais le voir un peu plus souvent qu'avant. Mais pour les idoles, tous ne doivent pas prendre cette nouvelle avec le sourire. C'est vrai, quand on vient de débuter, on a pas envie de revenir sur les bancs scolaires ! J'avais entendu tous les remues ménages dans le groupe des Prayers, Yûji était devenu professeur et j'en avais été vraiment étonné ! Il devenait professeur, pendant que les deux derniers membres retournaient en classe. Je les avais croisé deux ou trois fois ces deux-là, et ils ne semblaient plus pareils, la preuve ils ne m'ont même pas adressé la parole alors qu'ils étaient le genre de personnes à vous bondir dessus. En fait, je plains un peu les idoles, une fois qu'on est en plein rêve, on a pas envie de retourner en arrière mais Yûji semble bien se débrouiller. Je ne sais pas comment il s'est retrouvé là, mais en tout cas, moi qui pensais que j'aurais dû mal à le revoir jouer, si il enseigne aux années inférieures, alors peut-être qu'il assurera aussi notre cours, qui sait ? Moi qui voulais apprendre de lui, j'aurais l'occasion de mieux l'observer, de mieux le connaître... Il me tarde d'assister à son cours. Il me tarde d'assister à son cours ou... il me tarde de le revoir ?