You're in for it now [PV Susu]

   
   

Jun Su était en cours, mais pas par envie. En fait, aujourd’hui il avait une grosse répétition pour le projet qu’il partageait avec le secteur de stylisme et il de pouvait pas la louper : après tout, la pièce se devait d’être prête en temps et en heure, tout comme les costumes ou les décors. Il avait simplement déposé son frère chez sa baby-sitter, sachant très bien qu’il devrait payer plus cher car elle n’avait pas été prévenue avant. Bref, son début de journée avait été catastrophique et pendant tout son trajet, il ne pensait qu’à faire des calculs dans sa tête pour savoir combien d’heures en plus il devrait faire plus tard pour être capable de payer toutes ses factures. Et tous ces chiffres lui donnaient un mal de crâne horrible, ce qui l’irrita encore plus. Assit dans le bus, il jeta un regard mauvais en direction d’une grand-mère qui arrivait pour lui demander sa place, ce qui la fit fuir vers un autre jeune homme plus loin. Tant mieux, il n’était pas d’humeur à papoter pendant un quart d’heure avec une personne âgée qui n’entendrait pas la moitié de ce qu’il lui disait.

Il arriva quelques minutes plus tard à Kirin, et rien qu’en voyant l’énorme immeuble il était totalement découragé. D’un pas lourd il entra ensuite dans le bâtiment puis dans l’amphithéâtre pour être accueillit par ses camarades et un de ses professeurs. Les répètes commencèrent rapidement et normalement : pourtant plus le temps avançait, et plus Jun Su souhaitait tuer quelqu’un ; lentement et en savourant chaque moment de son acte. Lorsqu’un de ses camarades lui fit une remarque sur son humeur, il l’envoya paitre, s’attirant ensuite les foudres de son professeur et de quelques camarades. Excédé, il quitta l’amphithéâtre à grande vitesse, se dirigeant vers une salle qui semblait être vide, et qui, par chance, l’était. Il prit place sur une des chaises, posa sa tête dans ses bras et ferma les yeux, tombant rapidement dans les bras de Morphée.

Un bruit soudain le fit sursauter et une douleur au niveau de son oreille le fit grimacer et lâcher un petit cri. Il croisa le regard d’une jeune femme… ah mais c’était la folle furieuse qui avait faillit l’abandonner avec une cheville foulée ! « Mais lâche-moi ! » dit-il en la repoussant pour qu’elle lâche sa pauvre oreille. « Mais t’es folle ou quoi ? Tu te prends pour qui là, franchement, salle folle va ! » cria-t-il, ne sachant pas s’il était réellement énervée contre elle ou contre le monde entier. « Et quoi mon petit-frère ? Ça te regarde pas, alors laisse moi tranquille et va dans une autre salle ennuyer quelqu’un d’autre, merde. » Cela faisait surement des années qu’il n’avait pas sortit une insulte direct à quelqu’un. Et bon dieu, cela faisait du bien !


   

   
   

C'était décidé, c'était une vraie folle furieuse. Non pire, se dit Jun Su, elle devait être une psychopathe à la recherche de sa nouvelle proie. Elle allait le kidnapper, l'enfermer dans sa cave, le torturer avec des chansons russes, le forcer à manger ses propres ongles de pieds et ensuite elle le jetterait dans les caniveaux. Il le voyait bien à travers son visage de fille toute innocente : c'était une vraie hystérique qui semblait bouloir tuer tout le monde. Bon, peut-être que sur le moment, Jun Su n'était pas forcément mieux, mais il avait ses raisons, lui. Et pas que de petites raisons genre ''j'ai beaucoup de travail à faire et en plus il pleut oh mon dieu mes cheveux vont friser !'' Folle furieuse va.

« Euh, oui mais non, je crois pas. Tu vas respirer par la bouche et pas par ton derrière, déjà, et ensuite TU vas sortir, parce que J’ÉTAIS là en premier, madame l'hystérique. Alors reprends tes affaires et ton humeur de psychopathe et trouve toi une autre salle ! » dit-il sans réellement crier mais avec une forte voix quand même. Si des gens avaient cours à côté, ils devaient très certainement tout entendre, mais bon, la dispute devait leur plaire puisque personne ne venait les arrêter ou autre. C'était tous des psychopathes ici, en fait.

« J'étais là avant, alors laisse moi déprimer tranquillement nom de dieu ! J'aurais préféré être trempé par la pluie si je devais choisir, si tu veux, on échange hein : je suis mouillé et tu vas bosser à ma place pour payer une saleté de baby-sitter qui va me demander le double ou plus parce que je ne l'ai pas prévenu avant, comme si MOI, j'étais au courant du fait que je devais venir ici pour aider des incapables ! » Ou comment baptiser une pauvre salle de cours avec tous leurs problèmes. C'était une espèce de gueuloir à celui qui avait la plus grosse vie de merde, et même si c'était totalement enfantin et immature, ça faisait un bien fou ! « Maintenant, si tu veux bien sortir ton humble fessier, la porte est par là-bas, et oublie pas de la refermer derrière toi surtout, tu seras gentille. » conclut-il, presque boudeur.


   

   
   

Jun Su n'avait pas l'habitude de se prendre la tête avec quelqu'un. En fait, la seule personne avec qui il s'engueulait parfois c'était son petit-frère, un gamin de huit ans qui n'avait aucuns arguments à part les larmes et les grands yeux de chiots battus. Bref, même lui ne savait pas qu'il avait ça en lui. An Hi l'avait énervé et c'était rare, très rare. Mais au moins, se dit-il, ça fait un bien fou. C'était peut-être ce dont il avait besoin en fin de compte ; de se défouler sur quelqu'un qui apparemment souhaiter aussi se défouler sur une autre personne, innocente ou non. Surtout qu'en fin de compte, le sujet de leur dispute n'était pas tellement important, ils auraient très bien pu se la partager cette salle de classe vide, mais non.

« Fait comme tu veux. »

Fut tout ce qu'il lui répondit alors que la jeune femme avait arrêté de crier et s'était maintenant installée par terre, vers le bureau, sortant petit à petit ses affaires. Curieux, il reposa sa tête entre ses bras, regardant en même temps du coin de l’œil ce qu'An Hi faisait en essayant d'être discret. Soupirant après quelques minutes, il ferma les yeux et se laissa tomber doucement dans le monde des rêves, fatigué de sa journée et de sa dispute avec la jeune femme.