Choi Ji Nah ღ Be brave

→ Je n’ai pas eut une enfance facile. J’ai du apprendre à m’endurcir, à ne pas me laisser faire. Mes parents m’ont toujours dit de faire attention. Depuis mon plus jeune âge, je reste sur mes gardes. Les risques d’agression étaient trop élevés d’après eux, ils ne voulaient pas me laisser sortir après la tombée de la nuit. Enfant je pouvais comprendre, mais adolescente, je les prenais pour des fous, complètement paranoïaques.  Et puis le soir ou un homme à tenter de m’arracher mon sac, j’ai compris que je ne serai jamais en sécurité. Mes parents m’ont appris à vaincre mes peurs tout en restant vigilante. Ils ne voulaient pas que je sois effrayée, mais que je comprenne où se situent les limites du raisonnable. Grâce à eux j’ai atteint une certaine maturité et beaucoup de sang froid. J’ai toujours été un peu inconsciente, sans jamais me préoccuper de rien.  Ce n’était pas une bonne chose. Mon voisin m’a apprit à me battre, juste au cas ou. Au début, je ne voulais pas, mais j’ai fini par craquer. Je ne suis pas Rambo, mais je sais me défendre et courir plutôt vite. J’ai un caractère difficile. Je suis têtue, voir carrément bornée. Quand j’ai une idée en tête, je veux aller jusqu’au bout, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Je ne fonce pas non plus tête baissée dans les murs, je réfléchis aux plusieurs éventualités avant de prendre une décision. Je ne sais pas si je suis attachante, mais le fait que je sois un peu trop franche limite mon cercle d’amis. Je ne fais pas beaucoup confiance aux autres non plus. Depuis quelques années, je me suis renfermée sur moi même, je n’arrive plus à aller vers les autres et j’ai tendance à rester seule, à repousser ceux qui voudraient m’aider. Je ne suis pas méchante loin de la, je suis aussi intelligente.
Il s’est passé quelque chose dans ma vie qui m’a beaucoup changé. J’ai perdu mon innocence et mon sourire de gamine insouciante. Je suis une femme forte et courageuse. Le théâtre m’a permit de m’en sortir, de tenir le coup sans jamais lâcher prise. J’ai l’impression d’avoir tout perdu. Je me reconstruis petit à petit sans laisser paraître ce que je ressens.

→ Je n’ai pas eu une enfance de folie. Mes parents n’avaient pas beaucoup d’argent, on ne manquait de rien, mais on ne vivait pas comme des rois. Je ne sais pas pourquoi ils ont voulu un enfant, mais je me sentais aimée. J’allais dans une école pas vraiment réputée mais j’adorais apprendre. Le matin, je partais avec mon voisin. Nos parents étaient rassurés que l’on soit tout les deux. On rentrait ensemble le soir, je crois qu’on est devenu inséparables très rapidement. On se cachait sous les tables pour se raconter nos secrets. Je jouais les princesses, coincée dans une tour et il venait me délivrer avec son bouclier et son épée. Je l’aidais pour les devoirs de maths et il partageait son goûter. On était si proche que je ne pouvais plus m’imaginer sans lui. Le temps passait, mais notre relation ne changeait pas. On disait qu’on était les meilleurs amis du monde, mais c’était beaucoup plus que ça, beaucoup plus fort que de l’amour. J’avais besoin de lui, un besoin vital. Je ne pouvais plus respirer lorsqu’il était loin de moi. Je suis vraiment tombée amoureuse de lui, mais je n’ai pas osé lui dire. C’est un soir en sortant de l’école, qu’il s’est penché vers moi pour m’embrasser, j’avais quatorze ans. Mon cœur s’est arrêté de battre et je me suis senti mourir de bonheur. Je ne pouvais pas rêver mieux.

Le soir où je me suis faite agressée, je me suis rendue directement chez lui pour qu’il me rassure et me console. Il m’a engueulé et m’a demandé de me lever et de le frapper. Ce jour là, il m’a apprit à me défendre pour que je ne sois plus jamais en danger. Grâce à lui je suis devenu forte. Je n’avais plus besoin de me reposer sur les autres. Je pouvais tout faire par moi même. Il m’a fait prendre confiance en moi. Je suis fabuleuse. Je le sais et je le revendiquais sans honte et sans crainte. Personne ne pouvait m’atteindre. C’est grâce à lui que j’ai commencé à m’intéresser à la comédie. Il me faisait jouer dans les pièces de théâtre de l’école et j’adorais ça.

Même si on vivait comme des gens modestes, je me disais que la vie était belle. Que j’avais tout ce dont je rêvais, pas besoin de plus. Je me suis décidée à veiller sur lui le jour où il s’est blessé en se battant contre un idiot du quartier. Il était tellement mal que j’ai cru qu’il allait mourir. J’ai juré de le protéger tout au long de ma vie. Honnêtement, on avait une belle vie malgré tout. Et puis un soir, il a sonné à ma porte. J’ai vu qu’il n’avait pas son sourire habituel. Il est entré dans ma chambre et m’a dit que tout allait bien. Il m’a fait répéter mon rôle dans la nouvelle pièce du lycée. J’avais le rôle principal, j’étais vraiment fière. Il m’a embrassé et est rentré chez lui

Depuis ce soir la, je l’ai vu de moins en moins, il ne venait plus en cours, je le voyais trainer tard le soir avec des jeunes que je n’avais jamais vu. J’ai tenté de le raisonner, mais il ne m’écoutait plus. J’avais l’impression de ne plus exister pour lui. Je ne le voyais presque plus. Et puis un soir, il s’est ouvert les veines dans un élan de folie. J’ai entendu sa mère crier, puis les sirènes de l’ambulance.
Mon amour, ma vie. Tu es parti sans me laisser une chance de t’aider. Tu m’as abandonné. Ce soir la, je suis morte avec toi. J’ai mit du temps à pouvoir sortir de mon lit le matin, à réapprendre à vivre. Je me suis plongée dans le théâtre, comme un échappatoire, je ne vivais plus que pour ça. J’en avais besoin pour tenir le coup. J’avais dix neuf ans. J’ai déménagé.

J’ai débarqué dans cette fameuse école, celle dont je te parlais sans arrêt, pour faire de ma passion mon métier. J’ai passé les auditions. Je deviendrai une grande star pour que tu sois fier de moi. Je te le promets.
Mes parents m’ont toujours soutenu dans ce choix, il ne pouvait rien faire d’autre, j’étais trop déprimée pour suivre un cursus scolaire normal.
J’étais stressée, j’avais prit mes médicaments avant d’entrer dans la salle pour garder mon calme, pour ne pas craquer. J’ai regardé les jurés dans les yeux. J’ai donné mon livre à la personne près du mur pour qu’il me donne la réplique. J’ai choisi la pièce que tu préférais. Hamlet. Et j’ai joué la folie d’Ophélie après la mort de son père et la perte de Hamlet. Dans le fond je n’avais même pas à jouer, juste à laisser transparaître ma douleur. Je ne savais plus si je hurlais pour la pièce ou pour moi. J’étais aussi folle qu’elle. J’étais vrai, sincère et je connaissais chaque mot par cœur. Je l’avais tellement répété avec toi. C’est pour toi mon amour que je suis la.
J’ai été retenue, je le méritais honnêtement. Aujourd’hui je donne tout ce que j’ai pour être la meilleure.