Tu connais la blague de ... [pv Koizumi Yûji]

Ce matin, en allant vers son casier de chaussure, Kai avait constaté qu’une lettre s’y trouvait. Etonné, il l’avait lu en allant à son premier cours de la journée. L’écriture lui était devenu familière depuis six mois maintenant, et un sourire se dessinait au fur et à mesure qu’il avançait dans les couloirs. Yûji lui proposait d’aller boire un verre en fin de journée. C’était une habitude que les deux protagonistes avaient prit lorsqu’ils étaient au sommet de leur gloire. Mais depuis qu’ils étaient à Kirin, ils n’avaient plus vraiment eu de temps de discuter. Sauf dans les couloirs où simplement quand le japonais décidait d’aller insister au cours de théâtre. En guise de signature, le guitariste avait écrit « Je suis clément, tu as trois chances pour me faire rire. »

La dernière phrase fit éclaté de rire le batteur. En effet, depuis leur rencontre, après que Kai est comprit qu’il est comprit que Yûji ne rêvait pas de gloire mais voulait simplement être acteur, il avait essayé de le faire rire. Mais il était tombé sur un coriace. Une porte de prison. Même ses yeux n’exprimaient pas l’hilarité que le plus jeune des Prayer recherchait tant. Sauf une fois où mais il pensait surtout avoir rêvé. Alors qu’il se prenait pour un super espion dans les couloirs de la White, Kai s’était fait attrapé par l’oreille par leur manager et tirer jusqu’à la salle de répétition. Et la première personne qui l’avait vu dans cette position hautement ridicule était le membre le plus vieux du groupe. Là, il avait eu l’impression de voir dans son regard, une étincelle, des paillettes. Cependant, l’espoir infime s’était vite dissipé. Car leur cher manager lui avait crié dessus en lui demandant d’une façon grossière d’arrêter de faire l’imbécile dans les couloirs. Et on n’avait plus reparlé de l’histoire jusqu’à la fois suivante. Pour finir, l’affaire Leight était survenue, la dépression de Taiki, le retour à l’unif pour les trois membres restant. Et plus personne n’avait essayé de faire rire ou simplement sourire celui qui risquait de devenir le Leader du groupe japonais à la mode en Corée.

Les cours se déroulèrent mieux depuis quelques temps pour Kai, et encore heureux. Il avait pensé un moment de retourner lui aussi au Japon, tellement il avait eu une pression énorme et personne vers qui se tourner. Puis, il s’était fait une bande de pote. Bon, il n’était pas encore allé à leur proposer de venir passer une soirée chez lui. Pour ça, il faudrait que Taiki les rencontres avant. En parlant de ce dernier, suite à la dispute qu’ils avaient eu, il avait reprit pied sur terre. Et Kai s’en sentait soulager. Et le pire dans tout ça, c’est qu’il savait qu’il était gay. Dans un soupir, Kai mit sa chemise en pensant à tous les jeux de mots débiles que son colocataire avait trouvés juste pour l’embêter. Mais au moins, il était redevenu lui-même. Et les instruments avaient tous retrouvés leur place. Deux chansons avaient même été écrites la nuit dernière. Et la maquette se trouvait dans son sac de cours, puisqu’à la base, il s’était dit qu’il y travaillerait durant la pause de midi, dans son coin pour trouver le rythme mélancolique qu’il manquait. Et puis, grâce aux cours de chant qu’il suivait, il arrivait à mieux poser sa voix. Lorsque les Prayer reprendront du service, Kai savait qu’il n’aurait plus le rôle de faire les chœurs, il réussissait à modeler sa voix assez facilement maintenant, même si il trouvait que c’était plus facile pour lui de rapper.

Lorsque la dernière sonnerie de la journée retentit, Kai fut le premier dehors de la classe. Finir par un cours théorique, ça pouvait avoir des avantages. Il ne serait pas fatigué et surtout ne puerait pas la transpiration. Il fit signe aux élèves qu’il croisait dans les couloirs, poussa la porte du bâtiment de danse pour se retrouver dans la coure. Après avoir passé la grille, il ressortit la lettre de son sac pour vérifier où il avait rendez-vous.

Depuis qu’il était arrivé à Séoul, Kai avait eu l’interdiction formelle de toucher au volant d’une voiture. Il avait donc prit l’habitude lorsqu’il n’était pas avec le groupe d’utiliser les transports en communs. Au début, ce n’était pas trop compliqué, puisqu’il n’était pas connu. Mais maintenant, au bout de six mois, surtout quand l’album du groupe était numéro un au hit parade, c’était un peu compliqué. C’est la raison pour laquelle, il ne se séparait pas d’une moustache et d’une paire de lunette de soleil. Chose qu’il mit avant de s’installer à l’arrêt.

Une demi-heure plutard, il arriva au lieu de rendez-vous. Il avait envie d’un verre d’alcool mais vu qu’il était en uniforme de Kirin, et qu’il avait interdiction de faire des vagues, il demanda un verre de jus de fruit adossé au bar. Maintenant, il restait plus qu’à attendre le prof de théâtre. L’attendant, Kai se mit à se rappeler la première fois qu’il l’avait vu.

Le jour de l’arrivé des japonais à Séoul, une voiture les attendait à l’aéroport pour les conduire à la White Entrainement. Durant le voyage en avion, Kai s’était fait remonté les bretelles car il avait faillit rater le vol, puis il avait fait son gamin en ne parlant plus aux deux autres préférant regarder des dessins animés. Il avait arrêté de bouder dans la voiture, lorsque leur manager leur expliquait qu’ils n’étaient pas obligés de vivre dans les appartements mit à leur disposition. Déjà, le batteur s’était imaginé vivre dans une villa avec piscine avec les deux autres. Mais la chose ne se fera jamais maintenant.

Quand ils arrivèrent dans le bureau du directeur de l’agence, un jeune homme à l’air las se trouvait assit, il ne dit aucun mot quand on les présenta. Rien, même pas un sourire. Et c’est à partir de ce moment là que Kai commença à se méfier de lui. Encore un qui allait croire qu’il était supérieur à lui car il jouait de la guitare. Bêtement, il se mit à garder un œil sur lui, méfiant comme il était devenu. Puis c’était un parfait inconnu ce mec. Les Prayer étaient un groupe d’amis et non pas un groupe de parfait inconnu. Et pour ne rien changer, le leader et le bassiste acceptèrent très vite le nouveau. Mais le batteur lui, il lui fallut un petit peu de temps pour comprendre que Yûji ne voulait pas faire parti du groupe, et qu’il était là car on l’avait obligé. Puis il y avait eu le jour où le plus vieux des membres prit sa défense lors d’une alternation avec des trainees. A partir de ce jour là, on peut dire que Kai l’accepta. Et le gamin se mit même à essayer de le dérider. Cependant les surnoms ou les phrases restèrent là. « Porte de prison » « tu as un baton dans le cul » « dis, tu peux sourire, tu vas pas en mourir. »

Maintenant, six mois après, ils pouvaient discuter, Kai s’amusait à lui faire des blagues, enfin, il en fait à tout le monde aussi. Mais, il restait dans l’optique qu’il y avait possibilité que Yûji rigole un jour. C’est donc avec son verre de jus de fruit en main, qu’il réfléchissait à comment pouvoir faire rire le nouveau professeur de Kirin.

Yûji avait changé depuis son arrivée à Kirin, quatre ans plus tôt. Alors qu’il était un être froid, dénué d’expression et incapable de se sociabiliser avec quiconque, sa façon d’être avait progressivement évolué. Sans doute qu’avec tout ce qui était venu chambouler son quotidien paisible et banal, il avait dû s’adapter. Mais tout de même, passer d’un simple étudiant en école d’art qui bossait comme Host pour payer la chambre du campus, à idole cumulé à professeur de théâtre, c’était un changement plutôt radical, et n’importe qui d’autre aurait pu en être chamboulé.

Même si à la base, Yûji avait été contraint d’intégrer les PRAYER pour leur sauver la mise suite au départ de leur guitariste juste avant leur envol pour la Corée du Sud, il avait fini par s’habituer à la présence des trois autres garçons, renouant peu à peu avec ses origines nippones. En quelque sorte, cela lui faisait du bien de pouvoir parler en Japonais, car à force de ne pratiquer sa langue natale que rarement au profit du coréen, il avait peur de la perdre. Il s’était petit à petit habitué au fait que maintenant, il était un membre officiel du groupe nippon, qu’ils allaient débuter sur la scène coréenne et qu’ils allaient devenir populaire, comme la plupart des groupes d’idoles. Yûji avait constaté avec joie que ses capacités à la guitare n’avaient pas totalement disparu, et en pratiquant un peu, ses repères étaient vite revenus. Tout comme Kai et Taiki, il faisait parfois les chœurs sur certains titres de leur premier album, mais c’était Leigh qui avait le rôle de chanteur. De toute façon, Yûji n’avait pas une voix faite pour la chanson, c’était indéniable. Il ne pourrait jamais remplacer Leigh au chant.

 

Depuis quelques temps, Yûji et Kai avaient pris l’habitude d’aller boire un verre en centre-ville de temps en temps. Aussi surprenant que cela puisse paraître, ces deux-là avaient fini par s’entendre. Alors qu’au départ, Kai semblait se montrer particulièrement méfiant envers la nouvelle recrue, et que Yûji se fichait éperdument de son existence –mais Kai n’était pas un cas à part, il était comme ça avec tout le monde, ils avaient fini par se fréquenter en dehors du boulot, autour d’un verre. Rien de très extraordinaire cependant, à la base c’était une idée de leur manager pour mieux s’intégrer au groupe, même si le concerné n’en avait rien à cirer, et puis c’était devenu une habitude comme une autre.

Ce soir encore, Yûji avait laissé un bout de papier dans le casier de Kai à Kirin. Cela faisait encore un peu bizarre au jeune homme d’être prof tandis que son camarade retournait sur les bancs de l’école, mais il se faisait petit à petit à son titre. Et, comble de l’événement, il avait lancé un léger défi à Kai. Le faire rire. En trois essais. Y parviendrait-il ? Yûji était légèrement curieux. Il était tellement difficile de réussir à décrocher une quelconque expression chez le jeune homme, ne serait-ce qu’une once d’intérêt, que le faire rire relevait de l’exploit en soi. Pour l’instant, seule Su Jin avait réussi le pari, mais il s’était bien gardé de le dire à Kai qui se serait senti vexé de ne pas être « le premier ».

 

La journée s’était déroulée normalement, banalement. Yûji avait quitté le studio dans lequel il s’était installé depuis la fin de ses études et son début de contrat en tant que prof, avait passé la journée à donner cours à des étudiants tantôt super motivés, tantôt complètement désintéressés. Mais il fallait savoir qu’avec Koizumi Yûji-sensei, il ne fallait pas avoir un poil dans la main. Il était très sérieux dans son enseignement, et essayait de transmettre sa passion pour le théâtre à ses élèves. Il n’avait pourtant aucune expérience ou diplôme pour être prof, mais il était très compétent en théâtre, et avait bien compris comment les enseignant s’y prenaient. Il avait un peu observé certains d’entre eux avant d’accepter d’en devenir un également. Certains élèves avaient du mal avec lui, parce qu’il ne laissait que rarement le droit à l’erreur, et refusait de voir des gens paresseux dans son cours. Mais tout le monde se devait de reconnaître qu’il ne faisait perdre son temps à personne, qu’il savait ce qu’il faisait et qu’il était passionné. C’était un fait.

 

Sa journée achevée, il quitta Kirin tranquillement, les mains dans les poches. Il devait se méfier quand il se baladait dans la rue car maintenant qu’il était célèbre et que sa belle gueule était placardée un peu partout sur des spots publicitaires de la ville, il ne passait plus vraiment inaperçu, et avoir perdu cette liberté le rendait fou. Il se demanda d’ailleurs si c’était une bonne idée d’avoir donné rendez-vous dans un quartier aussi fréquenté que Gangnam. Mais bon, maintenant c’était fait et il n’allait pas changer le lieu au dernier moment. Ce n’était pas son genre. Yûji revenait rarement sur ses décisions, c’est pour cela qu’il n’était pas retourné au Japon, qu’il ne reparlait plus à son père, qu’il ne sortait avec personne –même si cela risquait fort de changer tôt ou tard, et suivait sa voie d’avenir sans se retourner.

Un chapeau sur sa tête, des lunettes de soleil, et un look passe-partout, et il put prendre le bus incognito sans avoir d’ennuis. Eh oui, depuis son arrivée à Séoul, il n’avait pas eu l’occasion ni les moyens de se payer une voiture. Il avait passé son permis au Japon sous la demande de son père, mais cela faisait donc quelques années qu’il n’avait pas touché à un volant. Enfin parfois il conduisait la voiture des autres mais sans plus. Maintenant, avec le salaire qu’il touchait en tant qu’idole et prof, il pourrait s’en offrir une, mais ce n’était pas dans ses projets les plus proches. Il n’en n’avait pas réellement besoin pour le moment, habitant près de Kirin, et Séoul étant bien desservie par les transports en commun.

 

Ce fut donc sans encombre que Yûji arriva au lieu de rendez-vous. Les mains dans les poches, il reconnut Kai de dos, assis au bar, à travers la vitrine du café. Il entra sans plus de cérémonie et alla prendre place à côté de son camarade, retirant les lunettes mais gardant le chapeau. Bien que ça ne soit pas très poli de garder un couvre-chef en intérieur, ce n’était pas la première fois que les protagonistes venaient ici et le serveur savait qu’ils devaient être discrets. Il commanda alors un café frappé. Le temps se faisait de plus en plus chaud à Séoul avec l’arrivée imminente de l’été, et Yûji n’était pas très emballé à cette idée, n’aimant pas cette saison trop peu clémente selon lui. Tout autant que l’hiver séoulite était rude, l’été était des plus coriaces.  « Alors, prêt à relever le défi ? » lança-t-il à Kai en guise de bonsoir. La soirée risquait de s’avérer … prometteuse.

 

HJ : ça faisait un bail que j’avais pas écrit un rp si long tiens ! x)

Le temps de porter son verre à ses lèvres, une personne s’installa à côté de lui. Pas besoin de jeter un coup d’œil, Kai connaissait la personne qui se cachait derrière le chapeau. Il eut le temps de boire deux gorgées avant que l’intrus se tourne enfin vers lui, et lui demander de sa voix si calme «  Alors, prêt à relever le défi ? ». C’était le bonsoir de Yûji vers le plus jeune. Le tokyoïte, déposa son verre calmement sur le bar, pencha sa tête sur le côté, fit un sourire au coin tout en réfléchissant. Etait-il près à relever le défi. Bien entendu qu’il était près. Il  n’attendait que ça depuis pratiquement toujours. C’est à croire qu’il était né pour ce jour. Faire rire, une tombe. C’était le plus grand défi qu’il lui était donné de faire, et Kai allait le relever.

Regardant le plus vieux, Kai se mit à tourner ses yeux vers le plafond en bois. C’était peut être un bar à la mode pour les humains mais aussi pour les araignées vu le nombre de toile qui pendaient entre les lampes et et l’immense ventilateur collé au plafond. Il fit une grimace en voyant une mouche prit dans les filets. Puis il repporta son attention sur l’adulte à coté de lui. Celui-ci avait toujours son chapeau sur la tête et les lunettes de soleil sur son nez. Ce qui fait rire Kai.

Nabeshima Kai Le but est que je te fasse rire. Pas que tu te ridiculises en portant ça et ça.

Kai venait de lui montrer le chapeau et les lunettes. Franchement, ils étaient dans le bar qu’ils fréquentaient une fois par semaine, les gens avaient prit l’habitude de les voir. Puis, les serveurs et le patron étaient là, s’il y avait un souci. Pour montrer qu’il était de bonne fois, il enleva lui-même son déguisement. Adieu la fausse moustache et ses lunettes de soleil. De toute manière, des fans l’avaient reconnu avec l’accoutrement ridicule que la styliste lui avait passé un jour où il était allé lui apporter une veste que des fans lui avaient déchiré.

Et là, à la place de les placés dans son sac, il se pencha vers Yûji avec un grand sourire sur les lèvres. Il se permit de lui mettre la moustache sous le nez, appuya un peu pour que celle-ci colle à la peau du guitariste. Et sortit son téléphone portable et prit une photo avant qu’il ne l’enlève. Il allait bien se marrer si la photo tombait entre de mauvaise main, enfin, il passerait certainement un mauvais quart d’heure. Mais vu la tête que le professeur remplaçant faisait, c’était plutôt drôle. Il garda son portable en main au cas où l’idée d’effacer la photo lui passerait à l’esprit avant la fin de la petite soirée.[/i]

Nabeshima Kai Voyons voir, comment réussir à te faire rire. Tu m’as déjà vu dansé, non ? Imagine maintenant, j’arrive à rester sur mes jambes durant plus de trente secondes…. Et ce n’était pas pour le défi. Je réfléchis encore comment faire apparaitre un sourire sur ton visage. J’y arriverai avant qu’on quitte le bar.[/b]

Kai fit signe au serveur pour ravoir la même chose, et puis commença à poser des questions sur la semaine de cours. Comment étaient les élèves, les professeurs.

Nabeshima Kai Au faite, j'ai vu que tu avais une fan qui te tournait autour dans les couloirs. Elle ne t'embête pas trop? En plus, elle est jolie. Tu en as de la chance.[/b]

Il venait de mentir, il n'avait pas vu de fille tourner autour de Yûji. Loin de là, il n'avait pas vraiment fait attention à ce qu'il se passait autour de lui cette semaine. Entre les cours, les cours, les cours, les courses, les répétitions, manger, et de temps en temps dormir. Il n'avait pas eu le temps de faire de s'occuper du monde autour de lui. Mais il attendait le prochain cours de son collègue, pour s'incruster et pouvoir l'embêter comme il faut durant l'une de ses leçons. Surtout que si il enseignait comme lorsqu'il asseyait d'expliquer un truc au studio, les pauvres élèves risquaient de lui répondre avec des ronflements.

A l’annonce de Yûji dès son arrivée dans le bar, le plus jeune posa tranquillement son verre sur le comptoir et sembla se mettre à réfléchir intensément. Quoi ? Depuis le temps qu’il était là, il n’avait pas encore réfléchi à la manière de le faire rire ? Rhaaa, décevant en quelque sorte. Puis Kai se mit à observer le plafond un court instant, comme s’il en étudiait les détails. Yûji en bâillerait presque d’ennui. Puis ce dernier reporta enfin son attention sur son collègue et fit une remarque concernant son accoutrement pour le moins ridicule. C’est vrai qu’il n’avait toujours pas enlevé son chapeau et ses lunettes. Bah … Tant pis, il se fichait pas mal du regard des autres, et encore moins dans un endroit pareil. Kai ôta son propre déguisement, composé de lunettes de soleil dans le même style que les siennes, et une épaisse moustache noire qui ne ressemblait à rien. Et contre toute attente, il vint lui coller ladite moustache sur la figure, appuyant bien pour qu’elle adhère à son visage, et avant même que le professeur n’ait pu esquisser un mouvement pour l’enlever, le batteur avait déjà pris un cliché souvenir de sa tête moustachue. Ô joie … Yûji fixa le téléphone portable avec dédain et ôta la moustache, devant tirer un peu fort pour qu’elle se décolle. Si ça se trouvait, il avait des résidus de colle sous le nez tiens. « Et tu comptes faire quoi de cette photo ? » maugréa-t-il. Avec Kai et ses farces de mauvais goût dignes d’un collégien, il fallait s’attendre à tout et le nippon restait toujours méfiant en sa présence, comme s’il sentait qu’il allait lui arriver une tuile. Puis il soupira.

Finalement, Kai se mit à réfléchir à voix haute, se demandant comme il allait s’y prendre pour faire rire son aîné. C’était une tâche difficile en soi, Yûji ayant perdu depuis longtemps tout envie de rire ou de se défouler. Et encore que comparé à quatre ans plus tôt, il avait fait des progrès, parce que Su Jin avait tout de même réussi à le faire rire avec sa guitare invisible. Mais justement parce que c’était involontaire et que c’était le comique de situation qui avait déclenché le rire du nippon. Là cela risquait d’être provoqué, et il serait donc très difficile de faire rire Yûji. C’était l’un de ses points faibles au théâtre, son rire passait devant le public, mais sonnait faux pour ceux qui le connaissaient. Rire de manière insouciante, ça n’était pas arrivé au jeune homme depuis ses années lycée au Japon, sans doute. « C’est beau de rêver tu sais … Et sinon c’est bien si tu as progressé en danse. » Toujours aussi bref et taciturne quand il s’exprimait, se contentant seulement d’aller à l’essentiel. Mais concernant les talents en danse de Kai, Yûji savait qu’ils étaient quasiment inexistants, et donc c’était un énorme progrès pour lui de pouvoir tenir sur ses jambes pendant plus de trente secondes.

Le batteur commanda un autre verre, et le professeur en profita pour reprendre un café frappé, ayant déjà vidé sa première tasse. La chaleur s’étant bien installée à Séoul, il avait souvent soif et ne prenait même plus le temps de savourer ce qu’il buvait.
Lorsque Kai annonça qu’une fan plutôt jolie lui tournait autour depuis quelques temps, Yûji arqua un sourcil légèrement surpris. Il n’avait pas remarqué de tel comportement récemment, il se demandait donc quand est-ce que Kai avait pu constater un truc pareil. Yûji étant quelqu’un de relativement attentif, il savait quand on l’observait, le suivait ou autre. Et en général il remballait plus ou moins sèchement la personne qui se comportait ainsi. « Je sais pas où t’es allé chercher ça toi … T’es sûr que c’est pas toi la victime qui se fait poursuivre ? Ou peut-être un des KLUV, ils ont l’air particulièrement populaires à Kirin. » Yûji pensait notamment aux garçons du groupe, plus particulièrement Jae Duk qui lui avait avoué qu’une fan particulièrement hargneuse et tenace était toujours à le suivre partout. Le pauvre … Yûji avait acquis une certaine popularité en tant que guitariste, mais cela restait léger parce que quand les gens voyaient comment il était distant et discret même devant la caméra, ils préféraient se tourner vers des membres plus expressifs comme Taiki ou Kai. Avant son départ, c’était Leigh le plus populaire, mais maintenant la place se disputait entre le batteur et le bassiste, et il était juste derrière.

Kai haussa les épaules en regardant son téléphone. Y avait possibilité de chantage avec la photo. Une multitude de possibilité qui s’ouvrait à lui. Comme l’obliger à le laisser conduire une voiture. C’est vrai que ça faisait longtemps qu’il n’avait pas conduit. Ou juste pour rigoler, mettre la photo sur le site du groupe. Le japonais était sur que beaucoup de fans apprécierait de voir ça. Ou simplement de poster la photo sur twitter en mettant comme légende. Yûji passe incognito. « Et tu comptes faire quoi de cette photo ? »Avec un regard de conspirateur, Kai murmura un simple « Souvenir au cas où tu nous abandonnes aussi. » Il n’y avait plus d’amertume dans sa voix depuis quelque temps. Cet épisode douloureux était passé. Maintenant, le batteur avait comprit que l’avenir du groupe résidait juste sur eux trois. « Si tu es pas sage, la photo finira comme cible pour notre jeu de fléchette. » En gros, ça voulait dire, je la garde en souvenir, c’est très rare de te voir ridicule comme ça. Je suis sur que Taiki rigolera bien quand je lui montrerai ce soir. Mais y avait toujours moyen d’échanger cette photo contre une information ou n’importe quoi.

Un silence s’installa entre eux. Kai se mit à réfléchir à voix haute sur comment le faire rire. Et se mit à lui expliquer qu’il pouvait rester plus longtemps sur ses deux jambes que d’habitude. Le compliment que Yûji lui fit, le fit sourire. C’est vrai que c’était sa bête noire la danse. Le jeune homme ne comprenait pas pourquoi est-ce qu’on l’obligeait à danser lors d’un tournage d’un clip. Ils étaient un groupe jouant d’instrument. Ils n’étaient pas un groupe de chanteur/danseur. Eux, c’était la musique et le chant, et plus la musique que le chant. Mais non, ils devaient quand même danser (et chanter mais ça c’est une autre histoire).

Tout en discutant avec lui-même, le clown de service recommanda un nouveau jus de fruit. C’était dur de trouver un truc qui pouvait faire rire le plus vieux. Il lança la conversation sur la mystérieuse fan, qui était bien entendu un gros mensonge. Kai ne passait pas son temps à espionner les autres membres du groupe, loin de là. Il avait déjà assez de peine avec ses cours et les activités. Et surtout les cours de rattrapage en danse. Juste à penser à ça, il se mit à sourire bêtement. « Je sais pas où t’es allé chercher ça toi … T’es sûr que c’est pas toi la victime qui se fait poursuivre ? Ou peut-être un des KLUV, ils ont l’air particulièrement populaires à Kirin. » Où était-il aller chercher ça. Juste un bruit de couloir mais comme dit plutôt, il n’avait pas spécialement le temps ni l’envie de vérifier les on dit. Par contre, il ne pouvait pas être une victime. Myope comme il pouvait l’être, il n’avait jamais constaté que dans ses cours, une élève passait son temps à l’épier, qu’elle lui donnait tout ce qu’il demandait comme un crayon ou une gomme sans rechigner. Pour lui, il n’avait pas de fan à Kirin, loin de là. Il n’était que le batteur et le bébé du groupe. Peut être que c’était Taiki, avec sa gueule d’ange, son côté sociable et marrant. Et Yûji aussi avait des fans. Avec son côté, je suis une tombe vivante.[/i] « Les KLUV ont toujours été populaires dès leur début. Il me semble que la plupart des membres viennent de Kirin…. Jae Duk a fait ses études à Kirin, j’en suis sur puisqu’il me l’a dit lors de l’annonce de notre cher directeur tant aimé. »

L’amertume s’entendait dans sa voix. Bien entendu, Kai avait été plus que ravi d’apprendre qu’il allait retourner suivre des cours, il en avait même fait des bonds et des jeux de mots tout pourrit. Mais quand il avait apprit qu’il allait devoir suivre le cursus danse avec un double cursus en chant, son bonheur s’était transformé en cauchemar. Et puis, le cas Leigh était toujours présent avec le zombi qui vivait avec lui. Et ça, il en voulait au directeur. Il avait demandé pour rentrer au Japon. Le rêve avait été beau mais il fallait se rendre à l’évidence, ils n’étaient pas fait pour ça. Et on lui avait bien fait comprendre qu’il avait signé un contrat, et qu’il se devait de le respecter. Point Barre.

« Tu sais quoi ? J’ai envie de jouer, de montrer qu’on est pas mort. Que ce n’est pas parce que tu es devenu prof, et qu’on a reprit les cours. Que le groupe est mort. J’ai envie de montrer au monde entier que les Prayer sont toujours là, et plus solide que jamais. » Tout en parlant, Kai s’était levé et avait commencé à faire des mimiques pour arriver à monter sur sa chaise en lançant un grand sourire à Yûji. Il s’arrêta pour savoir si l’idée était bonne avant de se rassoir en soupirant. « Et sinon, tu connais la dernière ? Taiki me tromperait avec une élève de Kirin. »

Yûji observait le téléphone portable de son collègue d'un air sceptique et suspicieux. Il n'avait d'ailleurs pas perdu de temps pour demander au plus jeune ce qu'il comptait faire de la photo ridicule qu'il venait de prendre à l'instant, avec sa fausse moustache collée sur le dessus de sa bouche. Comme si ce genre de pilosité lui allait … C'était bien connu, les Japonais – et les asiatiques en général – étaient réputés pour être imberbes et c'était sûrement mieux ainsi. Bien sûr, quelques spécimens dérogeaient à la règle et portaient une barbe ou une légère moustache – les vieux surtout – mais ce n'était pas le cas de Yûji. Il avait récemment essayé de se raser moins autour des lèvres, mais finalement le résultat ne lui avait pas convenu. On verrait quand il atteindrait la trentaine.
La réponse de Kai ne se fit pas trop attendre, il lui dit sur un ton neutre qu'elle faisait office de souvenir au cas où il abandonnerait le groupe lui aussi. Bah, Yûji n'avait pas encore cette intention. Si c'était quelques mois plus tôt, il en aurait très certainement eu envie, mais désormais il s'était habitué à son quotidien de musicien et cela lui convenait plutôt. Il était multifonctions après tout. Ou plutôt, multi-talents. Puis le plus jeune rajouta que s'il n'était pas sage, il deviendrait la cible d'un jeu de fléchettes. Yûji eut un sourire en coin, sans rire pour autant, il ne tenait pas à donner de la facilité à Kai pour le défi lancé un peu plus tôt.  « Ne t'inquiète pas, je tiens mes engagements. C'est le cas pour PRAYER. Et je ne tiens pas à finir en charpie pour jeu de fléchettes ! » dit-il avant de porter son verre de café frappé à la bouche.

Par la suite, la discussion s'était temporairement orientée sur les progrès en danse du batteur, ce qui avait valu un léger compliment de la part du professeur, de qui il était pourtant difficile d'arracher une parole gentille ou compatissante.
Peu après, Kai avait tenté de détourner la conversation en inventant une fan à Yûji. Ben voyons, il ne manquait plus que ça. Il n'avait pas besoin de fans hystériques à ses pieds, lui demandant des autographes ou je ne sais quoi. Ca ne l'emballait pas le moins du monde, pour être honnête. Il était ravi que jusqu'à présent, personne ne lui ait fait une requête de cet acabit. Un soulagement, vous dis-je. Kai renchérit sur le fait que les KLUV étaient visiblement populaires depuis leurs débuts. Yûji ne s'était pas trop attardé sur leur cas, les autres membres de l'agence ne l'intéressaient guère, bien qu'il ait « sympathisé » avec Jae Duk récemment. Mais il ne doutait pas une seule seconde qu'ils étaient populaires, vu le remue-ménage que leur entrée dans son cours provoquait chaque jour auprès des élèves lambda.  « Il n'y a pas cette fille qui n'a pas étudié à Kirin ? La fille du directeur ou un truc comme ça. » Etonnant de la part de Yûji de retenir un truc aussi insignifiant à ses yeux, mais voilà il avait retenu quelques bribes du discours du nouveau directeur et il avait mentionné sa fille, membre des KLUV. Et bizarrement, il s'en était souvenu. Par contre ne lui demandez pas son nom, il n'en avait strictement aucune idée.

Un mince silence s'était installé entre les deux protagonistes respectivement plongés dans leurs pensées. Ce ne serait peut-être pas ce soir que Kai remporterait son défi pour faire rire son aîné, vu le sérieux apparent de leurs conversations. Mais cette soirée ne faisait que débuter après tout. Le jeune homme but une gorgée supplémentaire de son café qu'il savourait mieux que la première tasse, attendant que le batteur se manifeste à nouveau. Il semblait chercher ses mots, ou réfléchir à une annonce quelconque à faire. Et ce fut rapidement le cas. Il voulait se remettre à jouer, avec Taiki et lui, montrer que les PRAYER étaient toujours d'actualité malgré la promotion de Yûji au grade de prof et la rétrogradation des deux autres au statut d'étudiants. Certes, mais il leur manquait un chanteur, et puis pour le moment l'agence ne voulait pas faire reprendre leurs activités aux groupes ayant fait du grabuge, autrement dit PRAYER et KLUV. Même s'il avait eu vent par Jae Duk que leur album japonais n'allait pas tarder à sortir, vu qu'ils n'avaient rien sorti depuis un an et qu'ils étaient en stand-by depuis trop longtemps, agaçant les fans.  « C'est vrai que je n'ai pas touché à ma guitare depuis un moment avec tout ça. Mais le directeur l'entend d'une autre oreille. Ou alors tu veux faire un concert de rue amateur, juste comme ça ? Même si on va se faire tuer. » L'idée était bonne. Malgré tout ce qu'il avait pu clamer, la guitare manquait à Yûji. Il avait envie de se défouler, que ce soit sur scène ou ailleurs, il s'en fichait bien. Il avait besoin de relâcher une certaine pression.

Mais Kai renchérit alors sur un nouveau sujet, à croire qu'il n'aimait pas parler de la même chose pendant plus de cinq minutes. Et il lui balança que la dernière nouvelle était que Taiki le trompait avec une élève. Yûji faillit s'étouffer dans son verre et balança :  « Parce que Taiki et toi, vous êtes gays et en couple ? » Bien sûr, Yûji n'était pas un adepte de l'informatique et Internet et n'avait pas encore eu vent du blog qui circulait sur la toile depuis quelques temps. Enfin il en avait vaguement entendu parler dans les couloirs mais ne s'était jamais demandé de quoi il en retournait au final.  « Et ça sort d'où cette histoire ? Une étudiante ? Je la connais ? » s'enquit-il finalement.

La fille du directeur n'avait pas étudié à Kirin? Kai n'en savait absolument rien et franchement, il s'en foutait un peu beaucoup. C'était pas vraiment le genre de chose auquel il s'intéressait d'habitude. Il barrait donc mentalement que l'histoire de la fan, ne pouvait pas faire rire Yûji. Ca allait être long, même très très long.

Il se tut, cherchant ce qu'il allait pouvoir dire pour essayer d'au moins faire apparaitre un sourire sur le visage du plus vieux. Trop concentrer qu'il était à jouer avec son téléphone portable, il n'avait pas vu la trace d'un sourire naitre peu de temps avant lorsqu'il lui dit que la photo lui servira de cible pour son jeu de fléchette. Pour ça, il faudrait déjà qu'il est une cible et des fléchettes mais ça, le guitariste n'était pas sensé le savoir. Non?

La musique qui passait en bruit de fond était leur tube coréen, Kai se mit à taper le rythme sur le comptoir. Ca le démangeait de rejouer de nouveaux. Et c'était une des deux raisons pour laquelle, il en voulait à Leigh de les avoir abandonner. La première était pour avoir réussit à faire péter un câble à Taiki, l'envoyer dans un univers que son meilleur ami ne connaissait pas. L'abandon, un cafard, la tristesse. Puis, mi février, le directeur avait convoqué le groupe pour leur annoncer qu'ils allaient à Kirin pour les deux plus jeunes. Et le vielle homme avait même lancé avec un regard en coin en direction du batteur qu'il aurait le temps comme ça d'apprendre à danser. Maintenant, c'est sur, il avait le temps de danser. Il ne faisait que ça du matin jusqu'au soir, avec un cours de chant. Mais c'était surtout les cours de danse qui prenait de leur temps.

Entendre leur musique, sur le succès, celui qui avait fait connaître les Prayer en Corée du Sud. C'était leur chanson, leur musique, leur parole. Bon, peut être pas leur parole mais ceux du déserteur. Mais la guitare était Yûji, la base son lapinou et le rythme derrière était simplement lui. Il continua à taper sur le barre avant de se lever et de dire qu'il voulait montrer au monde entier que le groupe existait toujours et plus souder que jamais. Enfin, plus souder, c'était trop vite dit. Ca devait faire quand même plus de trois mois presque que quatre qu'ils n'avaient plus répété ensemble. Ils avaient encore les activités lier à leur groupe comme se rendre à une conférence, faire des shooting photos ou autres. Mais jouer ensemble, non, plus rien. Et c'est simplement ce qu'il lui manquait.

Son aîné lui répondit et le bébé du groupe chassait la réponse d'un coup de main. Bon, le directeur toujours lui et encore lui. Il n'avait pas autre chose à faire que de décider de ce qu'ils devaient faire. Puis, Yûji aussi avouait que l'idée lui plaisait, à demi mot. Et l'idée de faire un concert de rue amateur était fort alléchante, très alléchante. Mais Kai se réinstalla sur son tabouret en râlant dans sa barbe inexistante.

Il changea de conversation pour ne pas se mettre à déprimer. Et la rumeur qui circulait comme quoi Taiki le trompait avec une élève le fit sourire, il décida donc de lui faire partager l'information. Et bien entendu, le résultat ne fut pas ce qu'il espérait. Même pas un sourire, juste un regard neutre, un ton neutre. C'était décidé, la prochaine fois, il refuserait le défi. La question qui lui fut poser, le fit regretter d'avoir lâcher ça comme information. Il se mordit la langue. Etre en couple avec Taiki, y avait pas moyen. Absolument pas moyen. C'était son frère. Il ferma ses yeux essayant de s'imaginer avec son frère de cœur. Et une grimace apparut sur son visage d'ange. Y avait pas moyen. Heureusement que Yûji posa une nouvelle question. Ce qui lui permettra de ne pas répondre à cette histoire de couple gay.

"Je ne sais pas si c'est une élève mais y a un blog qui fait grande sensation à Kirin en tout cas. Et les journalistes en parlent depuis la Saint Valentin. La pauvre fille se fait harceler par nos fans... Je crois que notre manager est au courant mais il ne fait rien. Ca nous fait de la pub."Il faut dire que les bêtises qu'il disait à Sung Hyo ne devait pas aider la jeune fille avec les fans. Mais il disait ça sur le ton de la plaisanterie. Hier matin, il avait vu deux élèves qui étaient près à s'en prendre à elle et était passé à côté d'eux en leur faisant des grands yeux noirs, les menaçants de faire de leur vie un cauchemar si ils s'en prenaient à elle. Il bu une nouvelle gorgée de son verre de jus de fruit. Avant de reprendre d'une voix plus amuser."et Sinon, au dernière nouvelle je ne suis pas en couple avec Monsieur j'ai du mal à me lever du matin dégage de ma chambre."Et là, il fit un oh avec sa bouche, il venait d'avouer à demi mot qu'il était gay.

Malgré les efforts surhumains de Yûji pour faire tenir la conversation, le silence revenait toujours en maître. Les rôles s'inversaient. D'ordinaire c'était Kai le plus bruyant, à faire mouliner ses bras dans tous les sens, à parler fort, à rigoler tout seul ou à taquiner le reste du groupe, et il était fort difficile d'extorquer un seul mot au guitariste. Et pourtant là il répondait patiemment à chaque phrase du batteur sans spécialement se forcer comme un fou. Il s'était un peu adouci, et avait accepté la présence de Kai dans sa vie après tout. Il fallait qu'il redevienne un peu sociable, parce qu'il en devenait très … Ours. Enfin bref, quoi qu'il en soit, il ne finirait pas en charpie pour jeux de fléchettes. Enfin il l'espérait. Il fallait s'appelait Seung Leigh pour avoir ce privilège.

Kai avait parlé de cette fan qui suivait soi-disant Yûji, mais ce dernier avait tout de suite senti la supercherie, et lui avait rétorqué qu'il devait confondre avec lui-même ou les KLUV. La conversation avait un peu dérivé sur le côté adulé du groupe, et le professeur avait évoqué la fille du directeur qui n'avait pas étudié à Kirin, d'après ce qu'il avait entendu dire. Pas que ça l'intéresse, mais lors de son entretien d'embauche, le directeur avait évoqué le cas de sa fille et de fil en aiguille il avait fini par retenir le fait qu'elle avait étudié dans une autre école d'arts de la scène privée. Au final, il s'en tamponnait l'oreille avec une babouche, un peu comme Kai quoi. Mais c'était histoire d'avoir quelque chose à dire, aussi inutile que cela soit. Ce n'était pourtant pas le genre de la maison.

Cependant, là où la conversation prit un tournant intéressant, c'est lorsque le batteur se dressa sur sa chaise et clama qu'il voulait montrer que les PRAYER étaient toujours de la partie. Ce à quoi Yûji avait répondu, très terre à terre comme à son habitude, que le directeur ne l'entendait pas de cette oreille. Mais il n'avait pas pu s'empêcher de rajouter que ce serait cool de faire un concert de rue à l'ancienne, comme les anciens groupes nippons qui débutaient comme ça, à partir de rien. Tout en concluant qu'ils allaient se faire tuer. Visiblement le directeur avait été trop présent dans sa phrase et Kai ne prit même pas la peine de répondre, même si l'éphémère lueur dans ses yeux laissait penser que l'idée l'avait intéressé, ne serait-ce que quelques secondes. Enfin, vu sa mine dépitée, il devait avoir le cœur gros vis-à-vis du départ de Leigh et de la pause forcée des activités du groupe. Un peu comme lui, mais en plus violent sûrement, puisque Yûji avait un autre échappatoire avec le théâtre, sa première passion.

Finalement la conversation bascula sur une histoire d'étudiante qui soi-disant avait piqué Taiki à Kai, ou un truc comme ça. Il n'avait pas tout suivi, il avait juste retenu les mots « Taiki me trompe avec Sung Hyo », en définitive. L'idée que Kai et Taiki soient gays et en couple ne lui avait jamais effleuré l'esprit, tant et si bien qu'il avait failli s'étouffer avec son café. Enfin bon, quand il demanda des explications, le cadet lui expliqua la fameuse histoire du blog qui circulait sur le Net et connu de tout Kirin – sauf lui, bien évidemment.  « Bah, je connaissais pas ce blog. J'irai faire un tour tiens. Rien que pour voir les conneries qui y sont débitées. Sinon, j'avais pas la télé à Kirin et je l'ai toujours pas dans mon studio, donc j'ai pas suivi votre histoire de Saint-Valentin. Un miracle qu'on m'ait foutu la paix avec ça d'ailleurs. » En y repensant, il avait été très proche de Su Jin ce jour-là, juste pour une mise en scène théâtrale, mais cela ne l'avait pas laissé de marbre. Enfin, ne pensons plus à ça. Il n'avait pas recroisé Su Jin depuis un bout de temps de toute façon, elle avait sûrement zappé son existence banale et inutile. Et donc Kai n'était pas en couple avec Taiki, mais était-il gay quand même ?  « Tu as quelqu'un d'autre en vue alors ? » Ca c'était histoire de faire la causette. La vie privée des autres n'avait jamais vraiment intéressé Yûji mais il fallait bien changer ses habitudes de temps à autre s'il ne voulait pas devenir un papy rabougri à même pas trente ans.