.Chapitre Un.
Ou la naissance d'une passion
"SOO HEE!" _ "SOO HEE, chérie où es-tu?" _ "SOO HEE!"
Il faisait très froid ce jour là. C'était l'hiver de mes cinq ans, et avec mes parents nous nous étions rendu en ville pour faire quelques courses. Je les avais suivi pendant près d'une heure et demi à travers les différents rayons des nombreux magasins et je commençais à m'ennuyer fermement. J'aurais bien préféré que mes parents me laissent seule à la maison avec le reste de mon coloriage à finir pour le lendemain... Pourtant je n'avais rien dit, me contentant de les suivre sagement. Mais, à cet âge je n'étais pas encore très attentive, et il fallut seulement cinq petites secondes pour que je me retrouve seule, sans aucun repère. Alors que mes parents venaient de tourner dans le rayon suivant, j'en étais encore resté au stade de contempler le néon qui clignotait de manière irrégulière au plafond. D'ailleurs en y repensant c'était plutôt irritant. Peu importe. Lorsque je m'étais aperçu que je ne connaissais plus personnes autour de moi, je me suis mise à paniquer un moment. Mais cela n'y avait rien fait : mes parents étaient bien trop plongés dans le débat de la carotte la plus orange ou la pomme la plus juteuse. Évidemment, je m'étais mise à les chercher, mais du bas de ma taille, je n'arrivais pas très bien à distinguer le visage des gens. Et je n'avais pas non plus remarqué que j'étais sorti du magasin pour me retrouver dans la galerie commerçante. J'avais marché pendant un petit moment, espérant retrouver mes parents au plus vite. A cet âge là j'avais déjà un peu le caractère que j'ai maintenant c'est-à-dire calme et le renfermée. Je n'avais donc pas osé crier pour les appeler. Et puis avec le brouhaha il ne m'auraient pas entendu, je suis sûr. Je crois que ça s'était passé à ce moment là... J'avais tendue mon oreille pour essayer de percevoir le bruit qui m'entourait. Il y avait beaucoup de monde et je n'étais pas très rassurée, cependant un son avait réussi à m'apaiser. Ce son je l'avais entendu à travers la foule. Il m'avait attiré, comme le chant des sirènes attiraient les marins. Maintenant que j'y pense, peut-être s'agissait-il vraiment d'une sirène? Quoi qu'il en soit, je me souviens clairement avoir suivit la douce mélodie jusqu'à m'arrêter devant un écran géant. Vous savez les écrans géants que l'on retrouve à tous les coins de rues dans les grandes villes coréennes? Et bien sur l'un d'eux, ils avaient diffusés des extraits d'un concert de la chanteuse en vogue du moment. Le spectacle m'avait captivé et je n'avais pas fait attention à la fuite du temps. C'était-il écoulé 10 minutes? 30 minutes? Une heure? A bien y réfléchir, je ne peux même pas le dire maintenant. Tout ce dont je me souviens après, c'est la manière dont mes parents ont accourus vers moi pour me serrer dans leur bras.
"Soo Hee! Où étais-tu passé? Ne me refais plus jamais ça!"
Je n'avais pas fait attention à ce qu'elle m'avait dit me contentant de pointer l'écran de mon petit doigt et de lancer ce qui allait déterminer ma vie :
"Je veux devenir comme elle maman."
.Chapitre Deux.
Ou mes premiers cours particuliers...
Blottie contre le tronc d'un arbre, à l'ombre de ses grandes feuilles vertes, je fredonnais mon air favorit tout en contemplant le ciel bleu. Il faisait très chaud ce jour-là, ce qui n'était pas très étonnant pour un mois d'août. Comme à mon habitude, lorsque j'étais en vacances, j'étais partie tôt le matin avec mon sac à provision sur le dos. Bon c'était en grande partie des pommes, mais peut importe. Je pensais me rendre dans un champs vide. Les propriétaires étaient partie pour un mois et m'avaient laissé le droit de l'occuper si je le voulais. Bien sûr j'avais sauté sur l'occasion! Un grand espace rien que pour moi? Ca me faisait rêver. J'étais libre.
Mais reprenons le fil de mon récit. J'étais donc appuyée contre l'un des seuls arbres du champs, à chanter des airs qui me tenaient à cœur, lorsque j'ai sentie une présence devant moi. N'étais-je pas censée être seule? J'ai donc relevé ma tête dans un sursaut d'étonnement lorsque j'ai entendu son rire. A l'âge de huit ans les jeunes filles rêvent souvent du prince charmant, moi je ne l'avais pas fait jusqu'à cet instant-là. Il était pourtant simple, mais je crois que ce qui m'avait charmé c'était simplement le fait qu'un garçon de son âge s’intéresse à ma passion comme il l'avait fait. Il avait 13 ans, j'en avais 8. La différence d'âge aurait pu en étonner plus d'un mais qu'importe.
"Tu chantes très bien, c'est ta chanson?"
Timorée, je n'avais pas osé répondre sur le coup. Je me contentai seulement de le décrire du regard de haut en bas, et de bas en haut. Mais ce qui m'avait le plus interpellé c'était l'instrument qu'il avait avec lui, dans le dos. Voyant que je fixai la guitare avec attention, il se mit à nouveau à rire puis il me l'a tendue pour que je puisse en jouer.
"Je ne sais pas comment ça marche..." avais-je répliqué naïvement.
Il s'était alors assis à côté de moi, avait repris sa guitare, et en avait gratté les cordes pendant un moment. La mélodie qu'il avait composé m'avait totalement envouté, et c'était certainement ce qui m'avait donné envie d'apprendre à en jouer.
J'avais passé le reste de la journée en sa compagnie à apprendre à faire de la guitare; j'étais même rentrée assez tard je me souviens. Si au début j'avais été maladroite, ma persévérance et sa patience m'avaient vite faite progresser. Depuis ce jour, et jusqu'à la fin de ces vacances-là, j'étais revenu dans le champs pour le revoir. Ça a été l'été le plus magique à mes yeux; un été que j'avais passé en compagnie de mes deux premiers amours : la musique et Jun, ce jeune garçon que j'ai, pour mon plus grand bonheur, recroisé chaque année.
.ChapitreTrois.
Ou l'audition pour Kirin
L'annonce de mon départ fut l'un des plus difficiles de ma vie. Ayant vécut toute mon enfance à la campagne, il était difficilement imaginable pour mes parents que je puisse vouloir aller dans la capitale à présent. Il est vrai que ça a été dur pour moi aussi : j'allais abandonner la tranquillité et la liberté pour pouvoir tenter de vivre de mon rêve. Mes parents avaient été réticents au départ, pensant que cela ne me mènerait à rien. Mais j'étais déterminée. Il fallait bien qu'il se fasse à l'idée que leur petite fille avait grandit et souhaitait maintenant pouvoir voler de ses propres ailes.
Ils avait finalement cédé et c'est avec un mélange d'excitation et d'appréhension que je m'étais retrouvé dans le bus pour Kirin; seule. Cette école, c'était Jun qui m'en avait parlé. Jun, mon premier amour, mon professeur de guitare attitré depuis mes huit ans. Jun qui avait toujours pris soin de moi et qui m'avait encouragé dans mes rêves. Jun... Il allait fortement me manquer pendant ces années.
J'étais heureuse de me dire que peut-être, mon rêve allait se réaliser grâce à ce départ. Maintenant je n'avais qu'une hâte c'était de réussir les auditions et de m'entrainer encore plus dur pour pouvoir réussir.
Assise sur une chaise dans le Hall de l'école, j'attendais patiemment mon tour. J'étais le numéro 333, et dans deux passages c'était à mon tour. Jusque là je n'avais pas vraiment réalisé que je me trouvais dans l'une des plus grandes écoles d'art de Corée, et quand la réalité me frappa de plein fouet, c'est à cet instant que je me mis à paniquer. Et si je n'avais pas le niveau? Après tout, tout le monde ici a dû prendre des cours avant de s'inscrire ici; moi les seuls cours que j'avais reçu c'était en guitare, par un de mes proches... Est-ce que cela serait suffisant?
"Numéro 332, Yoon Min Hee."
Et après c'était à moi... Devais-je m’enfuir en courant et retourner dans ma campagne? Ce que j'étais sur le point de faire était totalement fou, et je m'en rendais compte seulement maintenant. Alors, comme pour tous mes moments d'anxiété, je sortis le Mp3 que j'avais acquis très récemment et je me mis à écouter la musique relaxante que j'avais mise dessus quelques jours auparavant. Je ne pensais plus à rien, vidant mon esprit de tout ce qui pouvait me tracasser, dont cette audition. Je n'étais plus là. Non. J'étais contre cet arbre, tranquillement blottie dans les bras de Jun à jouer de la guitare. Il m'apprenait les derniers accords qu'il avait créé pour la chanson que j'avais écrite la veille. J'étais bien là. La douce chaleur du soleil me caressait la peau du visage, et l'air sentait bon la nature. Mon parfum de vanille venait s'y mêler d'ailleurs, c'était agréable. Mes pensées vagabondèrent pendant encore une dizaine de minutes jusqu'à ce que la voix dans le haut parleur me sorte de mes pensées.
"Numéro 333, Song Soo Hee."
Voilà, c'était à moi à présent, et j'étais détendue. Avec confiance, je m'avançais jusqu'à la salle d'audition entrainant la guitare que m'avait offerte Jun avec moi. Il avait toujours eu confiance en moi, et maintenant serait l'heure de vérité : avait-il raison de croire en mes capacités? Oui, il fallait que je m'en convaincs : J'en étais capable!
"Bien, qu'allez-vous nous présenter." demanda l'une des examinatrices de sa voix sévère.
Cela ne me fit pas peur, à mon plus grand étonnement. Et je lui répondis de ma voix douce et calme :
"J'aimerais vous chanter l'une de mes compositions."
Un petit silence pris place avant que cette même voix n'enchaine :
"Allez-y, nous vous écoutons."
Lorsque je chante, j'ai l'impression que plus rien autour de moi n'existe. C'est exactement ce qui s'était passé à ce moment là. Plus rien ne me faisait peur, j'étais confiante. Le son aigu et puissant de ma voix mélé aux notes douces et chaudes de la guitare résonnait dans toute la pièce, baignant les examinateurs dans mon monde. Ma passion avait alors pris le dessus sur tout, et qu'importe ce qui allait se passer par la suite : j'étais bien.
La chanson s'acheva bien trop rapidement à mon goût. Me ramenant brutalement à la réalité. Mon anxiété refit surface pendant les quelques secondes qui suivirent. Anxiété qui se métamorphosa rapidement en un bonheur total lorsque j'entendis ce mot de la part du Jury :
"Acceptée."
.Chapitre QUATRE.
Où mes premières années à Kirin
Il s'en est passé des choses depuis que je suis rentrée à Kirin, des bonnes comme des mauvaises. J'ai fais la connaissance de nombreuses personnes qui m'ont permis d'être à l'aise avec l'école et la ville... Des connaissances furtives que je n'ai croisé que quelques fois, tout comme des connaissances qui me sont devenues chères, comme Taiki, ce bassiste japonais passionné par son instrument ou bien Hyo soo. aaah, Hyo Soo... Il nous en est arrivé des choses depuis mon arrivé. D'abord notre rencontre quand mon moral était au plus bas, puis nos chamailleries, notre soirée au bal de la White entertainment, puis notre jeu (embarassant) au countdown... Et maintenant nous sommes en couple ! Elle n'est pas belle la vie ? Qu'est-ce qui pourrait ajouter un plus à ma situation ? Ah peut-être le fait d'être devenue une Trainee de la White Entertainment en à peine deux ans. J'ai de quoi être fière : mes efforts commencent à être récompensés. Enfin... Tout est bouleversé cette année avec ce changement de directeur et ses réformes. Voyons voir ce qu'il adviendra de moi dans les prochaines années...