Espèce de maladroite ! [PV Ae Ran]

Tchoubadoubidou, c’est les vacances !
C’est les vacances, mais Shiro était tout de même allée à Kirin. « Pourquoi ? », me direz-vous. Ben, pour danser, bien sûr ! Tout le monde sait que Kirin reste ouvert même en période de vacance, non ? Maintenant, c’est chose faîte. Son père aussi avait été étonné quand elle lui avait annoncé qu’elle allait à l’école. Et sa sœur avait avancé l’hypothèse d’une sortie entre copines pour se bourrer, ce à quoi Shiro avait répondu d’un air agacé que la personne désirant se bourrer à dix heures du matin et dans l’enceinte d’un lycée était sacrément cinglée. Non, mais franchement, quoi. Du coup, sans plus prendre le temps de leur donner des précisions sur ce qu’elle allait faire là-bas, elle s’en était allée, toute guillerette. A son arrivée, elle était frigorifiée, et s’était glissée sans attendre à l’intérieur du premier bâtiment pour tenter de se réchauffer un petit peu. Malgré ses collants épais noirs et son short en jean passé par-dessus, ainsi qu’un t-shirt, un sweat, un long manteau noir boutonné jusqu’au cou et une écharpe en laine, elle tremblait de tous ses membres. Heureusement, à l’intérieur régnait une douce chaleur qui eut vite fait de lui faire enlever son manteau, puis son écharpe, puis son pull. Un peu comme on enlève ses diverses couches à un oignon – comparaison peu flatteuse, j’en conviens.
Comme elle s’en doutait, de nombreux élèves venaient aussi à Kirin pour réviser durant les vacances, ou juste pour se retrouver en prétextant réviser. L’étudiante remarqua un professeur de chant qu’elle ne connaissait que de vue dans un recoin du hall principal, probablement ici lui aussi pour régler des affaires personnelles. Elle exécuta un petit salut respectueux à son encontre, et traversa le hall, avant de tourner à droite pour filer vers son casier. Là, elle échangea ses chaussures contre ses chaussons de danse beiges, attrapa une chevillière et referma son casier doucement pour faire le moins de bruit possible. En gambadant, elle continua sa petite course à travers les couloirs, toute joyeuse d’être ici. Elle aimait bien ces bâtiments, les briques anciennes constituant les murs, l’odeur de sueur et de travail mêlée à la joie des élèves, tout cela lui faisait forte impression et la mettait de bonne, voire même d’excellente humeur. En passant près d’une salle où s’entraînait une de ses camarades à la danse, Shiro lui adressa un petit signe de la main, que lui rendit la fille. Puis elle se dirigea vers la première salle de libre qui lui apparut, une petite pièce d’environ vingt mètres carrés, au mur adjacent à la porte tapissée de miroir en pied, une barre de danse accroché dessus. Quelques pas de plus et elle arriva près des haut-parleurs auxquels elle brancha son IPod, avant de se retourner pour aller fermer la porte. Elle dansa jusqu’à midi et quart, heure où son exigeant estomac se rappela à son bon souvenir avec une série de couinements qui se transformèrent rapidement en grognements affamés. « Message compris, j’ai faim. »
Récupérant son baladeur et son sweat, elle fila vers les casiers pour remettre ses baskets et se rendit à la cafétéria, qui était elle aussi en activité durant les vacances. La première chose que fit Shiroyuki fut attraper un plateau, prendre le premier plat et le premier dessert qui lui passèrent sous la main… et se faire percuter de plein fouet par une autre fille. Son plateau alla s’écraser par terre, répandant de la sauce et de la viande partout, et badigeonnant ses jolies baskets noires de crème à la vanille. Un juron en Japonais échappa à l’Etudiante, qui fusilla l’autre du regard. Non seulement elle l’avait percutée, mais en plus, le grand verre d’eau qu’elle avait était allé s’écraser sur elle… transformant son sweat en un morceau de tissu trempé. Manquait plus que ça !

« Rah… tu peux pas faire attention ?! »

Shiro se baissa sans quitter l’inconnu du regard, pour ramasser les morceaux de son déjeuner. A bien y regarder, cette fille avait l’air plus âgée qu’elle, et Shiro se souvenait l’avoir croisé plusieurs fois dans les couloirs sans vraiment y faire attention, ne lui ayant jamais parlé. Quelle maladroite !
Plantée devant elle, Shiro ramassa les débris de son repas sans la quitter des yeux, un air de total reproche sur le visage.

Les vacances.

Je n'aimais pas les vacances, je m'ennuyais pendant les vacances... Enfin, oui, bien sûr, j'allais voir grand-mère, mais j'allais de toute manière passer tout mon temps à Kirin, donc ça ne servait pas à grand chose les vacances. Bon d'accord, ça permettait de relaxer et surtout, de moins me faire humilier, il y avait généralement moins de monde à Kirin et donc moins de monde pour assister à mes incroyables exploits qu'étaient mes maladresses. Grand-mère savait déjà que j'allais me lever de bonne heure, manger un petit quelque chose vite fait, prendre à peine le temps de me préparer et sortir pour aller m'entraîner. Je comptais faire un petit peu de ballet pendant les vacances, ça faisait longtemps que je n'en avais pas fait pour le plaisir, alors j'allais essayer de travailler sur quelques mouvements et puis, grand-mère n'arrête pas de me dire de m'entraîner plus à cette danse. Elle dit que je suis loin de lui arriver à la cheville ! Du moins, de son elle quand elle était jeune. Mais personne n'arrivait à la cheville de grand-mère quand elle était jeune alors je me vois mal m'y comparer... Elle y prenait plaisir par contre ! Bah, ce n'était pas grave, je la comprenais, j'étais sa petite fille, elle voulait me voir réussir dans ce qu'elle a réussi... Donc voilà, ma résolution pour les vacances, c'était de faire du ballet, j'en avais fait 2 ans avant de m'inscrire à Kirin, mais depuis que j'étais ici, je me concentrais surtout sur le piano alors je voulais me dérouiller un peu. Bien que je savais très bien que de toute manière, à la fin de cette journée, j'allais me retrouver au local de musique en train de jouer avec les touches du piano, travaillant sur mes partitions.

Donc bref, je sortis de chez moi habillé comme si j'étais au pôle nord et me rendis à Kirin, n'ayant hâte qu'à une chose et c'était d'être au chaud ! L'hiver était une saison que j'aimais bien, mais il faisait toujours trop froid et il fallait que je regarde partout où je marchai sinon il était quasiment certain que j'allais trébucher en glissant sur une plaque de glace quelconque. Pourtant, j'adorais la neige et ça surpassait tous les inconvénients. Je devenais une enfant lorsqu'il neigeait !

Bref, c'est un sourire aux lèvres que j'entrai dans Kirin, heureuse d'être enfin au chaud. Il y avait quand même pas mal de monde à Kirin, malgré que ce soit les vacances. Mais c'était parce que la plupart de ceux qui étaient ici avait un rêve et de l'ambition. Ils voulaient se faire remarquer par une agence plus que tout et donc, ils faisaient tout pour que ça arrive et s'entraînait en permanence, enfin, nous étions à Kirin, cette école était basé sur ce fait. Tout le monde voulait être meilleur, toujours meilleur, dépasser ses propres limites, enfin, presque tout le monde. La plupart, en tout cas. C'était pour ça que Kirin existait, enfin, je crois...

J'étais en train de me diriger vers les vestiaires lorsque je passai devant la salle de musique. Je revins sur mes pas, fixant la salle de musique quelques secondes, le piano, plus précisément. Au et puis c'était les vacances, je faisais ce que je voulais, bon ! J'allai donc porter mon manteau et tous mes trucs à mon casier, prenant mes partitions pour finalement me diriger vers la salle de musique et m’installer devant le piano, le regardant, un sourire aux lèvres. Voilà ! Maintenant j’étais satisfaite ! Je regardai cette partition, sur laquelle je travaillais depuis quelque chose et la jouai… puis m’arrêtai. Comment ça se faisait qu’il y a quelques jours, elle sonnait bien à mes oreilles et qu’aujourd’hui… aujourd’hui elle me semblait si médiocre ? Il fallait vraiment changer quelques trucs, quelque chose ne fonctionnait définitivement pas avec cette partition…

C’est ainsi que je passai toute la matinée à essayer désespérément de donner à cette partition le son que je voulais qu’elle aille. Sauf que mon estomac me rappela que de vivre sans manger était chose difficile à faire et pour le moment, j’avais faim. Je ramassai donc mes affaires, allai les porter dans mon casier et me dirigeai vers la cafétéria où je pris un repas tout ce qu’il y a de plus normal et mangeai tranquillement, seule et en silence. L’histoire de ma vie… mais ça m’allait de toute manière. Après avoir mangé, je m’apprêtai à sortir, pour me dépêcher de retourner à la salle de musique, mais il était bien évident qu’une journée ne pouvait passer sans que je fasse d’énormes gaffes… Je ne sais plus par quoi j’avais été distraite, peut-être Taiki qui mangeait avec Kai, oui, probablement que c’était ça, mais bref, le fait était que parce que j’avais été distraite, je fonçai tout droit dans une fille et cette fille… n’avait pas l’air contente et elle en avait tout les droits !!

« Rah… tu peux pas faire attention ?! »

Dit-elle alors qu’elle se penchait, pour ramasser son plateau qui était allé s’écraser par terre. Le verre d’eau qu’elle avait s’était renversé sur elle et elle était désormais tout trempée… et moi je me sentais horriblement mal ! Argghh j’étais un monstre !! Elle me regardait, ses yeux remplient de reproche et elle avait le droit… J’avais les yeux ronds et j’étais embarrassée. Je baissai donc la tête, avant de m’incliner à 90 degrés.

Je suis désolé !! Je suis vraiment, vraiment, vraiment désolé !

Je me relevai et fronçai les sourcils, inquiète.

C’est de ma faute, j’étais distraite et… ah… T-tu veux que je te rembourse ton sweat ?? E-et tes baskets ?

Elle devait tellement m’en vouloir…

Spoiler:

Shiro fronça les sourcils en regardant la jeune fille s’incliner en angle droit pour s’excuser. Elle avait une bonne bouille de maladroite, les yeux ronds mais visiblement consciente d’avoir fait une énorme gaffe. Sa tête semblait dire « Eh mince, j’ai encore fait une bêtise ». Probablement que c’était son quotidien. D’ailleurs, la danseuse fouilla dans sa mémoire quelques secondes : elle avait l’impression d’avoir déjà vu cette fille. Après quelques secondes de recherche intérieure, la mémoire lui revint : en effet, elle avait déjà croisé cette élève dans les couloirs de Kirin, sans rien lui avoir dit, et sans non plus lui avoir prêté grande importance. Mais alors pourquoi s’en souvenait-elle … ? Elle n’aurait dû être qu’un vague souvenir dans sa mémoire de gruyère. En réfléchissant un peu plus, elle réalisa qu’elle se rappelait bien de sa tête, et que sa supposition première – à savoir que la fille en face d’elle était une habituée des gaffes – était juste, puisque la première fois que Shiro l’avait vue, l’adolescente avait éparpillé toutes ses partitions par terre. La danseuse se souvenait avoir pensé qu’elle l’aurait bien aidé, mais sur le coup elle était en retard en cours d’anglais. Du coup, elle ne l’avait pas plus regardée et avait filé.
Et maintenant, c’était elle qui était victime de cette gaffeuse. Etait-ce un tour du destin, parce qu’elle ne l’avait pas aidé à ramasser ses feuilles ? Peut-être, peut-être pas. Ca paraissait tout de même peu probable. Enfin, là n’était pas vraiment la question. Ce qui était le plus important désormais, c’est comment elle devait réagir. Obéissant à son instinct premier – instinct de bourrine n°1 : gueuler sur tout ce qui bouge – elle avait grogné sur la jeune femme sans même la regarder. Et maintenant, son second instinct – instinct de bourrine n°2 : s’excuser – lui soufflait de se bouger de s’incliner à son tour pour lui présenter ses plus plates excuses. Shiro avait cette sale manie de crier à tout bout de champs et de s’énerver facilement, mais il lui arrivait également de se calmer immédiatement après si la personne en face d’elle était calme elle aussi.
Et en effet, celle qui lui faisait face avait l’air totalement embarrassée, perdue, désolée, et semblait vouloir se faire assez petite pour pouvoir rentrer dans un trou de souris.

« C’est de ma faute, j’étais distraite et… ah… T-tu veux que je te rembourse ton sweat ?? E-et tes baskets ? »

Et puis en plus, c’est pas souvent qu’on rencontre quelqu’un qui vous propose de vous rembourser sweat et chaussures pour un peu d’eau renversée dessus. Le visage de Shiro s’adoucit, et inconsciemment elle posa ses petites mains sur les épaules de la jeune fille.

« Mais non, ce n’est pas si grave. »

Elle retira ses mains et réfléchit quelques secondes avant d’ouvrir la bouche de nouveau.

« C’est plutôt à moi de m’excuser. Tu ne l’as pas fait exprès, et ça arrive à tout le monde. Je n’aurais pas dû crier ainsi. »

Eh ben ouiiii, contrairement à ce que pense sans aucun doute la majorité des connaissances de Shiroyuki, elle sait se montrer douce et agréable ! N’allez pas penser qu’elle ne sait pas non plus se montrer raisonnable ou réfléchir de façon rationnelle, car c’est tout le contraire. Elle, violente ? Pas du tout, bande de mauvaises langues !!
Bon, ok, là, j’exagère un peu. C’est bien cette même personne qui dit être gentille – par moment – et calme – très peu souvent – qui a balancé un CD dans la tête d’une idole, et lui a par la même occasion balancé la tranche de sa main dans la gorge. Quoi que dans les deux cas, il l’avait mérité. Enfin bref, ceci est une autre histoire. Comment allait réagir l’inconnue ? Allait-elle rester calme, ou allait-elle – comme une certaine folle qu’avait rencontrée Shiroyuki dans les couloirs de Kirin – lui gueuler dessus. Au vu des quelques bribes de caractère que lui avait montré, la jeune femme, la première option était la plus envisageable. Tant mieux.

[HRP : désolée désolée désolée pour le retard ^^'

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