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 OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)

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MessageSujet: OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)   OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI) EmptyLun 31 Déc - 19:15

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KOIZUMI YÛJI & YOON SU JIN

«  OK, Play together ! »

Applaudissement général.

Les groupes d'élèves se succédaient sur le plateau pour présenter leur scène. Le professeur voulait que nous y apportions notre propre mise en scène (déplacements, intonation de voix, gestuels...). Après l'avoir de nouveau joué devant lui, on devait justifier nos choix. J'aimais bien notre professeur, il était drôle, intelligent et savait nous éclairer sur notre jeu, là où ça allait et là où ça n'allait pas. Il savait aussi se montrer dur et impatient, surtout quand certains ne connaissaient pas leur texte ou qu'ils n'arrivaient pas à appliquer ses directives. Il fallait être attentif et je tentais de le rester en permanence. Et attention si quelqu'un osait parler pendant que quelqu'un joué ! « Toi ! Garde ta langue pour le Théâtre ! Si la scène que tes camarades présentent ne te convient pas, tu n'as qu'à prendre leur place et on verra bien si ce que tu as à proposer est meilleur ! Alors ? » Direct, effet garantie, plus personne n'a ouvert la bouche ce jour-là. J'étais déjà passée avec mon groupe pendant la séance précédente. Notre scène était basée sur une situation comique basique : une femme qui tente de cacher son amant aux yeux de son mari, qui vient juste de rentrer du travail. Même si le rôle était à l'origine pour un homme, je voulais jouer l'amant, véritable empoté, qui faisait trop de bruit et faisait tomber trop d'objets pour ne pas se faire remarquer ! Se moquer de moi, c'est un rôle qui me va comme un gant ! Du coup, on s'est amusé : j'ai joué le rôle d'un homme (l'amant) et un autre garçon un rôle de femme (l'épouse), quant au 2 ème garçon, il était tout simplement l'époux qui rentrait. Tout le monde a ri en me voyant m'habiller en homme et le garçon en robe ! Notre professeur a trouvé cela original, la situation était un grand classique mais avec ce changement de costume et de sexe, on avait rendu la scène encore plus burlesque qu'elle ne l'était déjà au départ ! On était content de nous.

La scène qui se déroulait sous mes yeux était tirée d'une pièce de théâtre de Shakespeare, dont je n'avais pas retenu le nom. Je n'aimais pas spécialement Shakespeare, pourtant fortement reconnu dans le monde du Théâtre. C'était beau, très bien écrit mais pourquoi cela devait toujours finir mal ? Pourquoi y avait-il toujours des morts à la fin ? Soit les héros mourraient, soit la tristesse les rongeait jusqu'à les rendre fou. Non, je ne voulais pas jouer cela, il y avait trop de destinées tragiques à mon goût. Ce que je préférais en réalité, c'était les comédies, surtout les comédies de Molière ! Je n'en ai lu que quelques unes parmi toutes ses œuvres, mais je n'ai pas arrêté de sourire tout le long de ma lecture. Des quiproquos en pagaille, plus les gens s'enfoncent dans leurs mensonges, plus on s'en moque, les tirades incompréhensibles, des gens qui deviennent fous et voient de drôle de choses... Ah c'était vraiment des chef d'œuvre ! Et puis, c'est tellement drôle de se moquer de soi-même et de faire ainsi rire les autres. Il me semble que faire rire est plus facile que de faire pleurer, mais ce n'est que mon avis. Moi, je pleure facilement, il suffit que le comédien est une gestuelle et un regard qui s'accordent, et alors, je ferme les yeux et une larme coule. Si on arrive à m'arracher cette larme, alors vous avez réussi à me toucher. On doit éprouver une telle fierté à réussir avec son propre jeu, à faire pleurer quelqu'un ! Cela prouve que vous avez réussi à convaincre le public, à le convaincre que vous étiez le personnage et que tout ce que vous aviez dit était vrai. J'aime cette relation de confiance qui règne entre nous et le public.

- « Allez, assez de scène pour aujourd'hui, on passe à l'improvisation ! »

Du théâtre d'improvisation, ils en avaient déjà fait en cours mais en complément de leur scène respective. Le théâtre d'improvisation consiste a improviser sur un thème donné, parfois cela se passe en équipe, en duo ou seul. Comme en danse, on a des battles d'impro avec deux équipes qui s'affrontent face à face. J'en avais souvent fait à Busan et je trouvais que c'était plus difficile que le théâtre classique car tu n'as plus le support du texte. C'est toi qui le crée.

Le professeur survola du regard la classe, assis sur les fauteuils en velours des spectateurs. Comme par hasard, il s'arrêta sur moi.

- « Su Jin ! Prête pour un monologue authentique ? Allez, monte ! »

J'ai opiné de la tête, me leva et me dirigea vers les marches sur le côté du plateau. Le stress commençait peu à peu à monter. L'improvisation en elle-même ne me déplaisait pas, ce qui m'ennuyait, c'était le thème. Parfois, tu n'étais pas du tout inspiré ! En équipe, c'était plus simple, car même si tu n'avais pas d'idées, les autres en avaient toujours une et ça t'aidait à la réflexion mais là, tu te retrouvais vraiment seule. C'était un vrai défi. Arrivée au milieu du plateau, j'attendais que le professeur choisisse un thème parmi toutes les feuilles qu'il avait entre les mains. Je patientais en regardant les autres élèves qui bavardaient, profitant de l'inattention du plus âgé. Une amie me faisait des gestes d'encouragement, je la remerciais d'un mouvement de la tête. Je continuais à observer la salle, quand soudain je suis surprise d'apercevoir Koizumi Yûji, assis comme à son habitude au dernier rang. Je ne l'avais même pas vu. Était-il là depuis le début ou était-il rentré plus tard ? Pourtant, je n'ai pas entendu la porte claquée. Ce garçon était un mystère, même dans le fait d'apparaître comme par magie dans un cours de 2 ème année.

- «  Ah ça y est, je t'ai trouvé un bon thème : la Solitude ! Après t'avoir vu dans un registre comique tout à l'heure, j'aimerais te voir dans quelque chose de plus dramatique, plus sensible. Ça te va ? »

- « Oui, je vais essayer de vous convaincre. Par contre, laissez-moi quelques minutes de préparation s'il vous plaît. » lui dis-je. Et il accepta.


Comme on me l'avait appris à Busan, j'ai commencé à marcher en rond sur le plateau, laissant mon corps se détendre en faisant de grands gestes. J'inspirais et expirais afin de mieux me concentrer. Tout cela dura à peine deux minutes. Puis, je suis redevenu « neutre », c'est à dire normale, sans exagération des mouvements du corps. Et j'ai marché, encore et encore, à la recherche d'idée de personnage, car il fallait tout d'abord trouver un personnage et à partir de lui, je créerais le sentiment de solitude. Tout d'un coup, un personnage fît son apparition. Ma démarche était décortiquée par des petits pas pressés et gracieux, la tête s'était relevée, la bouche en avant, un sourire poli et aimable. Les mains faisaient des gestuelles délicates et lentes. C'était une femme. Une épouse. D'après ma démarche, je pouvais dire qu'elle ressemblait à ces femmes au foyer des années 50, attendant leurs maris tranquillement à la maison. Elle était calme et douce. Sa voix résumait les deux traits de sa personnalité. D'un ton courtois, j'ai demandé au professeur si je pouvais prendre exceptionnellement une table et deux chaises (car normalement on a droit à aucun accessoire en improvisation). Il m'accorda cette faveur, curieux de ce que j'allais en faire. Il ne fallait pas que les objets prennent plus de place que mon jeu. J'ai placé la petite table juste devant le plateau, et mis les chaises face à face. Tout était parallèle aux rangées des fauteuils, de sorte qu'une fois assise, on me voyait de profil. Je trouvais que c'était intéressant de m'amuser avec mon profil, puis me retourner de temps en temps vers le public pour leur montrer tout mon visage. Je verrais au fur et à mesure de mon improvisation. Je me suis installée, les jambes élégamment croisées et j'ai regardé droit devant moi, pour montrer que mon personnage n'était pas seule. Sur cette chaise, elle allait s'adresser à quelqu'un et j'étais persuadée que ce quelqu'un serait la cause de sa solitude.
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MessageSujet: Re: OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)   OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI) EmptyMar 1 Jan - 23:54

Yûji ven ait de sortir de son cours de théâtre, et également le dernier de sa journée. Aujourd’hui, les exercices avaient été longs et complexes, voire même fatigants pour lui qui se passionnait pour cet art. Les professeurs préparaient leurs étudiants aux examens qui auraient lieu de façon imminente, le mois prochain. Il fallait donc redoubler d’efforts, de précision et d’habilité. Bluffer l’enseignant, être meilleur que les autres. Cela n’était pas bien difficile pour Yûji, l’un des meilleurs éléments de sa promotion. Il le savait et n’hésitait pas à le rappeler quand on le titillait sur son jeu d’acteur. Enfin, qu’importe. En ce moment, s’il était épuisé, ce n’était pas uniquement à cause de la préparation des examens. Depuis qu’il avait intégré contre son gré la White Entertainment et le groupe PRAYERS, son temps libre était de plus en plus limité. Il avait hésité à attendre sa première paye avant de démissionner de son job de host, mais en voyant le peu de temps libre qu’il avait déjà entre les cours et l’agence, il allait finir par tomber dans les pommes s’il enchaînait également le soir avec son job à temps partiel. Il avait donc quitté son travail en expliquant sa nouvelle situation à son ancien employeur, surtout que cela ternirait son image d’artiste que d’avoir un tel job en plus de son rôle d’idole. D’ailleurs, il s’était bien gardé de révéler la nature de son emploi au directeur de l’agence lorsque celui-ci avait pris contact avec lui.
Quoi qu’il en soit, son emploi du temps était de plus en plus chargé, laissant place à la fatigue traduite aisément par ses cernes sous les yeux, mais ça ne l’empêchait pas de continuer son scénario d’aller dans les cours des années inférieures afin de voir si des jeunes talents y étudiaient, et s’il devait se méfier. Tu parles, il serait bientôt diplômé et il quitterait cette école bizarre qui formait des idoles niaises se pavanant à la télévision. Yûji se demandait si ce n’avait pas été une erreur de passer par Kirin et non pas par le conservatoire ou un école spécialisée dans le théâtre par exemple. Bof, maintenant c’était fait, il avait moisi pendant quatre ans ici et dans deux mois il serait libéré.

Durant ses petites visites dans les cours des autres années, Yûji avait enfin repéré LA personne qui pouvait le faire vibrer. Il n’avait encore jamais trouvé à Kirin quelqu’un qui ait réussi à l’émouvoir sans qu’il ne doive simuler un peu d’intérêt, et pourtant, ce jour-là, il l’avait vue. Comment avait-il pu la rater jusque-là ? Comment ? Il n’en savait fichtrement rien, mais depuis qu’il avait vu son jeu, il assistait au cours des seconde année dès qu’il le pouvait. C’était d’ailleurs son intention, en cette fin d’après-midi. Comme d’habitude, il se faufilerait dans l’amphithéâtre tandis que le cours aurait déjà commencé. Son cours à lui avait eu lieu dans une autre pièce, avec plus de matériel spécifique au cinéma, puisque c’était son option d’initiation aux métiers d’acteur.
Lorsqu’il arriva à hauteur de l’amphithéâtre, au rez-de-chaussée du bâtiment de cours de Kirin, il poussa la porte le plus doucement possible. Heureusement, les bâtiments de Kirin étaient récents et modernes et la porte ne grinça pas trop sous son mouvement. Le nippon pénétra donc dans la pièce le plus discrètement possible et s’installa comme à son habitude au fond de la salle. Il ne vit pas Su Jin sur la scène, il en conclut donc qu’elle faisait partie des élèves « du public » qui observaient les prestations jouées en ce moment-même. Soit il avait raté le passage de la jeune fille et il risquait d’être frustré, soit elle n’était pas encore passée et c’était tant mieux, comme ça il ne manquerait pas une miette de sa prestation. La dernière fois il avait vu sa scène avec son groupe, et c’était la seule qui se démarquait vraiment aux yeux du jeune homme. Les autres jouaient bien, certes, mais rien d’extraordinaire ne se dégageait. Il avait bien ri de voir le rôle de l’amant et de l’épouse intervertis, un homme et une femme travestis, c’était une bonne idée. Il se demandait si c’était la sienne. Qu’importe. Arracher un sourire à Koizumi Yûji était déjà un exploit en soi, alors un rire, imaginez … !

Enfin bref, il regarda d’un air distrait la scène qui se déroulait sous ses yeux et qui ne l’intéressait guère. Et alors qu’il allait piquer un roupillon, il entendit le prénom de Su Jin être appelé par le professeur. Ah ! enfin quelque chose qui allait intéresser notre blasé de la vie. Yûji se redressa un peu dans son siège et vit la jeune fille monter sur l’estrade. Elle devait faire une improvisation, d’après les consignes qu’il venait d’entendre de la bouche de son enseignant. Intéressant. Son sujet ? La solitude. Yûji n’était pas sans avoir remarqué que la spécialité de la jeune coréenne était la comédie, il était donc curieux de voir comment elle allait pouvoir se débrouiller avec un tel thème.
La jeune fille demanda un délai pour réfléchir à son improvisation, ce qui fit sourire le jeune homme. Puis elle demanda également si elle pouvait exceptionnellement prendre des meubles avec elle. Le professeur semblait curieux de savoir ce qu’elle préparait dans sa tête puisqu’il accepta sans émettre davantage de conditions. Yûji se pencha dans son siège, décroisant ses jambes et appuyant ses coudes sur ses genoux tout en posant son menton dans ses mains. Il était sans doute tout aussi curieux que le professeur en ce moment même …

Et puis il la vit s’asseoir à sa chaise, face à une autre chaise vide de l’autre côté de la table. Il fronça les sourcils. Non mais … Là il lui fallait un partenaire d’improvisation, c’était tellement évident ! Il allait bien y avoir un étudiant qui allait s’en rendre compte et se lancer spontanément sur la scène, non ? Et pourtant, quelques minutes passèrent et le silence régnait toujours. Yûji était agacé. Il se leva brusquement, prêt à s’élancer, mais se ravisa. Il n’allait quand même pas interrompre l’improvisation par caprice, si ? Oh, il en était capable le fourbe, s’il pouvait surprendre la troupe avec son intervention imprévue. Au moins ce serait de l’improvisation à cent pour cent ! Mais bon. Il attendrait d’abord de voir ce qu’allait dire Su Jin dans son monologue. Parce qu’après tout c’était un monologue, et il changerait la consigne s’il intervenait. En espérant qu’ils n’étaient pas notés quand même. Attendant de voir son interprétation, il resta là, debout, les mains tendues sur le siège en face de lui, prêt à bondir dans les escaliers et sauter sur l’estrade.

HJ - c'pas grave ! ^^
Koizumi Yûji
Koizumi Yûji
♫ DC : Kang Jae Sun ─ Yoon Min Ho
♫ AVATAR : Mukai Osamu
♫ ÂGE : 27 ans
♫ POINTS : 146
Théâtre

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MessageSujet: Re: OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)   OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI) EmptyMer 2 Jan - 19:52

En observant les autres, on apprend beaucoup de choses. Comme me le disait mon professeur de théâtre et metteur en scène de Busan, Mr Lee, il faut observer ce qui nous entoure, observer les gens et s'en servir sur scène. « Regarder leur façon de marcher, leur façon de bouger, leur gestuelle, leurs mimiques, leur intonation... et inspirez-vous en pour vous créer vos propres personnages ! ». Nous, sur scène, on ne sait pas vraiment à quoi on ressemble, on joue, on clame notre texte comme on pense qu'il doit être clamé, on s'agite sur le plateau, alors l'avis des autres élèves et plus particulièrement celui de notre professeur étaient essentiels. Nous avons été certes assez doués pour rentrer ici, mais on ne devait pas oublier que nous n'étions encore que des amateurs, il fallait être ouvert à toute critique constructive, car toute critique est bonne à prendre si elle est bien argumentée, sinon elle ne sert strictement à rien. Notre professeur nous demandait régulièrement nos avis sur les scènes qui se jouaient, et on donnait des suggestions, qui parfois aboutissaient ou non. J'aimais beaucoup cette liberté de dire ce que l'on pensait et surtout le fait de partager nos idées librement. Notre professeur n'était pas le seul à parler, on avait le droit de donner nos avis et j'aimais cela, car cela permettait de voir si notre instinct, notre regard théâtral était bon ou non.

Mr Lee disait que l'on devait être capable de montrer plusieurs personnages différents au public, c'est comme ça que l'on pouvait devenir un bon acteur. Par exemple, tel ou tel personnage ne réagira pas forcément de la même façon à la tristesse, l'un va pleurer, l'autre va rester neutre, un autre va crier au désespoir... Quand on a dans notre répertoire plusieurs personnages qui ont leur propre histoire et leur propre ressenti, les palettes de sentiments sont infinis. Moi, je n'avais pas encore beaucoup de personnages en magasin, comme on dit. J'ai toujours tendance à faire des personnages gentils, souriants ou naïfs. Les personnages intenses, ceux dont on lit la folie dans les yeux, j'avais encore du mal à les incarner. Soit je m'égarais, soit je ne tenais pas le coup et décrochais au bout d'un moment. C'était agaçant de ne pas y arriver, la patience n'est pas toujours mon fort, mais au fil du temps, j'y arriverais bien. Je travaille beaucoup là-dessus, sur ces personnages noirs. Pourtant, moi-même j'ai incarné dans la vraie vie un personnage noir, je devrais savoir le jouer, alors pourquoi je les fuis ? Peut-être parce qu'ils me prennent trop à cœur, peut-être parce-que l'émotion du personnage submergerait la mienne. Je ne sais pas, mais j'y travaille en tout cas. Je dois réussir à les incarner, coûte que coûte et je sais que c'est ici que j'y arriverais. Kirin m'aidera à surmonter mon blocage, mais je ne sais pas si cette école pourra m'aider pour tous mes problèmes... Aaah si je pouvais être aussi à l'aise avec tout le monde dans la vraie vie comme sur scène !

Je reportais mon attention sur la scène qui se jouait sous mes yeux. Certains élèves, comme de véritables acteurs étaient méconnaissables sur scène. Ils se transformaient littéralement. Ils étaient comme possédés. Moi je suis dans cette catégorie, et je pense que cela vaut de même pour la danse. Je pense que je n'ai pas spécialement de... charisme en dehors de la scène. Je ne sais pas en fait. Mais je ne pense pas. Par contre, sur scène, je ne dirais pas que j'ai du charisme mais... je me sens plus forte, capable de tout et de défier n'importe qui. Je me sens plus sûre de moi, même si j'ai toujours peur de facilement perdre pied. Oui, ça doit être ça mon défaut, j'ai peur d'être déstabilisée et de ne pas pouvoir me raccrocher à quelque chose. Les improvisations en étaient un bon exemple. Sans texte, sans lieu (en général), sans objet... c'est ce qu'on appelle jouer sans filet ! C'était excitant et effrayant. Et voilà qu'on m'en proposait une, et en solo ! Bien-sûr, il était hors de question de refuser. J'ai pris ma confiance à deux mains, et je suis montée sur le plateau. Sur une scène vide, il y a de quoi se sentir seule, mais ça ne me dérangeait pas tant que ça. Je m'étais même habituée aux regards des élèves. Non, être sur scène ne me gênait pas, j'adorais ça ! C'est là que j'ai crié pour la première fois toute la rage que j'avais en moi... Ma voix résonnant jusqu'aux balcons. C'était un des moments les plus marquants de toute ma vie. Ce n'était pas non plus le fait d'improviser, non c'était juste le thème. Allait-il m'inspirer ou non ?

La Solitude.

Le professeur m'avait bien fait comprendre qu'il voulait me voir dans un autre registre que celui de la comédie. Le drame alors ? Il m'accorda le temps de la réflexion. Il fallait que je me détende, j'ai commencé à marcher de bon pas, dénouant mon corps rythmé par le battement de mon pouls qui accélérait. J'ai inspiré et expiré, calme-toi. Tout d'abord, le personnage, c'est lui qui est arrivé en premier pour créer mon histoire. Je ne voulais commencer sans être sûre de lui. J'ai changé ma démarche, qui est devenue plus calme, des petits pas, les jambes serrées, un petit sourire aux lèvres, politesse et élégance. Une femme. Si je devais lui donner un âge, je dirais autour de 40 ans. Elle est mariée, femme au foyer et tient beaucoup à son mari. Elle tient à lui faire plaisir. Elle l'attend, presque désespérément chaque soir, le dîner déjà prêt. Le scène sera dans la cuisine.

On m'a accordé deux chaises et une table, que j'ai installé face à face. Je me suis assise sur l'une d'elle, de profil par rapport au public. C'était plus intéressant de profil, je voulais que ça soit plus intime, au lieu d'être face au public. Je fixais la chaise en face de moi, imaginant l'époux en question. C'est l'heure du repas, le silence règne. Elle l'a préparé durant toute l'après-midi, elle attend qu'il lui dise quelque chose. Juste quelque chose. Je suppose déjà qu'au bout d'un moment, la femme va s'énerver contre lui. Je fais semblant de couper quelque chose, je jette discrètement des petits coup d'œil à son assiette, puis à lui et je reviens toujours à mon propre plat. Je m'essuie la bouche, repose la serviette, mes mains se rejoignent contre ma poitrine, je suis toujours dans l'attente. J'imagine qu'il relève la tête vers moi de temps en temps, mais il continue à manger. Et moi je souris quand il me regarde et le perd quand son regard se repose sur son assiette. Je continue de manger, puis après maintes hésitations, je finis par lui parler.

- « ça te plaît ? *il relève légèrement les yeux* Oui, ça te plaît ? *Il opine d'un signe de tête et recommence à manger*. Ah tant mieux, je m'y suis mise toute l'après-midi, ça m'a pris beaucoup de temps, mais si ça te plaît, alors c'est l'essentiel. Je suis contente que tu... *Il l'interrompt* Hum ? Des olives ? Oui j'en ai mis, ça donne... Tu n'aimes pas les olives ? Ah bon ? Mais tu ne me l'a jamais... Oui, il y en a dans tout le plat, même dans le principal. Tu n'en veux plus ? Mais j'y ai passé toute... ah. Bon d'accord, je suis désolée, c'est ma faute, je ne savais pas. Non, ne te force pas, ce n'est pas grave... »

Je me lève, fais semblant d'enlever l'assiette du conjoint, me dirige vers le fond et la dépose. Je suis dos au public, la tête légèrement baissée, je reste là quelques secondes sans bouger, instant de solitude. Je soupire, me redresse, prend un autre plat et me redirige vers la table, un sourire sur mes lèvres. J'ai fini par me rendre compte que j'avais installé au fond du plateau un espace où elle exprimait ses vrais sentiments, même si on me voyait de dos, on pouvait comprendre ma tristesse. Puis, je passais de l'autre côté d'un miroir où j'étais parfaitement souriante. Un contraste étonnant que j'imaginais tout de suite avec un jeu de lumière différent pour l'avant et l'arrière de la scène, mais pour l'instant, je n'avais que mon jeu sur lequel compter.

Le mari l'ignorait, ne lui parlait guère ou approuvait d'un « hum » et l'interrompait quand elle parlait, en demandant quelque chose de totalement hors-sujet.

- « Tiens, heureusement j'avais fait une salade et il n'y a aucune olive ! Oh tu peux tout prendre, je mangerais un peu de mon plat, j'en avais fait bien assez... » (Il ne s'excuse ni ne la remercie pour le mal qu'elle s'est donnée pour lui faire plaisir)

De nouveau un long silence. J'adorais installer des silences. Il ne fallait pas se presser, ne pas avoir peur des silences, ils sont parfois beaucoup plus intéressants que les mots. Je m'adresse de nouveau à lui et il ne cesse de m'interrompre.

- « J'ai vu la voisine aujourd'hui ! Elle recevait ses petites filles pour Noël. Oh tu aurais vu comme elles étaient mignonnes, surtout la petite dernière. Elles se lançaient des boules de neige et leur grand-mère a bien failli en... Un peu plus de sauce ? Au frigo. *Il se lève et je me tais. Il revient* Enfin, elles étaient mignonnes. *Je regarde mon assiette tout en mangeant, cherchant quelque chose à dire pour briser un nouveau silence* Tout à l'heure, j'ai bien failli tomber dans la rue, je n'ai pas fait attention au verglas et j'ai glissé, mais je me suis rattrapée inextremiste à la voiture ! Et étrangement, je n'ai pas pu m'empêcher de rire, j'aurais pu me faire mal mais j'ai ris ! Et puis, j'ai pensé à toi, qu'est-ce que tu aurais fait si je m'étais fait mal hein ? Tu n'es rien sans moi n'est-ce pas ? » *hum*

Je perds peu à peu mon sourire. Il n'a pas vraiment réagi, ni négativement ni positivement. J'aimerais qu'il me parle plus. Je le fixe dans l'attente de quelques mots, au moins me parler un peu de sa journée. Non rien. Alors je pose la question.

- « Et ta journée ? Ça c'est bien passé ? Est-ce que Min Ki est revenu aujourd'hui ? Alors, ce voyage en France ? Aaah la France, tu sais on devrait y aller un jour, mon amie Jung Soo y ait déjà allée, elle m'a dit que c'était splendide ! Il paraît que tout est à voir, que chaque rue et chaque place est un plaisir des yeux. Par contre, elle s'est méfiée de la nourriture, haha un jour, elle s'est retrouvée avec les célèbres pattes de grenouille dans son assiette, elle a bien failli s'évanouir ! Elle m'a tellement faite rire avec... *Tais-toi. Choquée.* Pardon ? Tu... tu viens de me dire de me taire ? » *Petite voix hésitante*

Son mari venait de lui dire de se taire. A elle. Elle avait mal entendue, ce n'était pas possible... Après tout le mal qu'elle se donnait pour lui, elle l'attendait chaque jour, il était sa seule compagnie, il ne pouvait pas lui avoir dit ça, non, ce n'était pas possible. Et pourtant, il venait de le faire, et le visage de mon personnage se décomposa, du rire au choc. Mon sourire s'est figé, ma bouche s'est entrouverte, mes yeux se sont arrondis de surprise. Avec deux mots, il avait réussi à me blesser. Et je priais pour qu'il ne les ait pas vraiment prononcé.

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Dernière édition par Yoon Su Jin le Mar 12 Fév - 3:18, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)   OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI) EmptyMer 2 Jan - 21:39

Yûji était toujours debout, planté comme un piquet au fond de l’amphithéâtre, ses sens en alerte, prêt à entendre ce que Su Jin allait jouer. Il ne l’avait encore jamais vue jouer quelque chose d’un registre différent de la comédie, alors forcément que sa curiosité était piquée à vif. Yûji marchait beaucoup aux impulsions du moment. Lorsqu’il avait posé le regard sur cette comédienne d’environ dix-huit ans, l’étudiant avait été comme submergé par diverses émotions. Le rire, un sentiment apaisant, et des tas d’autres émotions encore dont il se souvenait encore très précisément. Pour la première fois un élève de Kirin avait réussi à le marquer, à lui faire éprouver autre chose que de la pitié ou de l’indifférence. Il se sentait seul quand il jouait devant ses enseignants ou qu’il donnait la réplique à un camarade de classe. Il n’avait encore trouvé personne à la hauteur de son propre talent – selon lui-. Il s’entraînait depuis si longtemps qu’il en était frustrant de devoir s’abaisser le plus souvent au niveau des autres. Il avait cette désagréable sensation si souvent durant ses propres cours. Pourtant, depuis qu’il avait vu le jeu de cette fille et décelé quelque chose de différent dans ce qu’elle dégageait sur la scène, il avait la certitude qu’il fallait qu’il lui donne la réplique, qu’ensembles ils pourraient briller et bluffer le public. C’était en partie pour cela qu’il s’était si brusquement levé en voyant que personne n’avait l’intention de jouer l’improvisation avec elle. Certes, le professeur avait parlé de monologue, mais il fallait parfois savoir détourner la consigne et s’approprier les règles, les enfreindre, afin d’épater, de surprendre. Le public ne recherchait jamais la banalité. Il aimait l’originalité. Une pièce pouvait être jouée des dizaines de fois, il suffisait d’en changer un acteur pour modifier tout l’effet. Car chacun avait sa propre vision d’une scène, d’un passage, d’une émotion. Chacun s’appropriait ce qu’il devait jouer. Il y mettait de son vécu, bien souvent, et il était donc appréciable de voir plusieurs fois une même pièce avec une distribution différente. C’était ça, l’art du théâtre. L’effet n’était pas le même au cinéma. On ne s’attardait pas tant dans les dialogues, sauf dans les films comiques ou burlesques. On attendait le spectaculaire, le rebondissement, le suspense, le romantisme. Alors qu’au théâtre, les mots étaient la seule arme dont disposait le comédien pour saisir son public. Les décors n’étaient que secondaires, juste une légère illustration pour mettre dans le contexte. En général, un arbre suffisait à se représenter une forêt. Une table et deux chaises, comme en ce moment, suffisait au spectateur pour se représenter la cuisine. Et l’imagination faisait le reste. Chacun visionnait la pièce à sa guise. Pour sa part, Yûji imaginait la pièce légèrement dans la pénombre, faiblement éclairée par une lampe de plafond. La décoration était discrète et sobre, et les vitres avec un peu de buée dure à la fraîcheur extérieure. Une petite pièce qui malgré le côté exigu était chaleureuse et accueillante, tout autant que la femme qui y passait le plus clair de son temps. Voilà ce qu’imaginait le jeune homme en regardant le jeu sobre et juste de Su Jin.

Le dialogue était saisissant, même si elle était seule à le mettre en vie. C’était impressionnant comme, malgré l’absence d’un second comédien sur la scène, la chaise vide et une seule partie du dialogue, il était aisé de s’imaginer l’autre moitié du dialogue, ainsi que les mimiques que le mari devait faire, de l’autre côté de la table. Les silences étaient bien placés, et lorsqu’il devait y avoir le déplacement du mari vers le réfrigérateur, assez longs. La scène qui marqua le plus le nippon fut celle où le mari avait annoncé comme s’il avait lancé un boulet de canon qu’il n’aimait pas les olives alors qu’il y en avait pour tous les plats que la pauvre femme avait passé la journée à faire mijoter. Lorsqu’elle s’était retrouvé au fond de la scène, dos au public, le sentiment de solitude qu’elle devait véhiculer se faisait ressentir plus que jamais. Franchement, elle était douée. Oui, douée. Yûji était bluffé, pour la première fois. Enfin non, il y avait déjà plusieurs fois qu’elle avait su montrer son talent de comédienne face aux yeux surpris du jeune homme. C’était si rare que cet être égoïste et vaniteux réussisse à admettre que quelque chose ou quelqu’un le touchait. Il semblait si désintéressé de tout après tout, si las de tout ce qui lui arrivait. On l’avait pourtant connu plus joyeux ! Et il n’avait pourtant rien vécu de tragique, juste l’abandon d’un père et une violente histoire amoureuse. Rien de dramatique voyez-vous. Et pourtant, il s’était forgé cette carapace de froideur, gardant une distance de sécurité avec les gens, aussi gentils soient-ils. Il savait que pour ne pas être blessé il ne fallait pas s’attacher. Alors il travaillait dur pour garder cette enveloppe de glace. Et en se forgeant cette attitude taciturne et désagréable, sans vraiment s’en rendre compte ou fait le rapprochement, il avait progressé en théâtre. Parce qu’il avait développé quelque chose plus profond dans son être. Il avait mûri, et pouvait porter un regard plus mature sur les personnages qu’il devait incarner. Il ne les imaginait plus avec sa frustration d’adolescent, ou son cœur meurtri du jeune homme trahi dans ses sentiments sincères. Il ne voyait plus le mal dans toute relation amoureuse qu’il devait jouer au théâtre, il n’éprouvait plus de répugnance à jouer cela. Et même s’il était totalement indifférent aux autres, son regard sur ses personnages et son jeu était tellement agrandi.

Mais pour revenir à la scène présente, le mari venait de dire à la femme de se taire. Elle parlait trop. Le mari était agacé de tant de paroles. Yûji comprenait ce sentiment en un sens, il était lui-même ainsi. Las des discussions futiles des gens, surtout lorsque cela portait sur la pluie et le beau temps. Soupirant quand on lui disait qu’il n’était pas attentif et finissant par détourner le regard et s’occuper à autre chose. Mais le mari ne comprenait pas l’amour que sa femme lui portait, l’intensité et la pureté de ce sentiment. Il ne voyait là qu’une femme qui recherchait de l’attention en racontant n’importe quelle anecdote de sa journée banale qu’elle pourrait raconter. Bien sûr qu’elle chercher à attirer son attention. Elle se sentait ignorée, bafouée, esseulée. Parce qu’elle se tuait chaque jour à la tâche pour son mari qui ne comprenait aucune de ses attentions envers lui. Oui il était fatigué de sa longue journée de travail, oui il aimerait sans doute le calme, mais il fallait parfois faire des efforts, des concessions pour l’être aimé. Mais peut-être n’aimait-il pas tellement sa femme, ou du moins pas autant que l’amour qu’elle, lui portait. Peut-être lui était-il infidèle.

Yûji avait envie de jouer ce personnage.

Il était déjà debout, et quelques mètres à peine le séparaient de l’estrade. Ces quelques mètres, il les parcourut rapidement, ses chaussures cirées claquant sur les escaliers qu’il dévalait. Il ne fit même pas attention aux regards surpris et courroucés des autres étudiants, se demandant qui était cet homme qui se dirigeait d’un air déterminé sur la scène. Il n’accorda pas non plus un regard au professeur. Il se dirigea directement vers les marches permettant d’accéder à la scène, et rejoignit la table devant laquelle était assise la jeune fille. C’était la première fois qu’il lui faisait face, et de si près. Son regard surpris face à son intervention fortuite avait perdu l’éclat qu’il avait il y a quelques secondes à peine, lorsqu’elle jouait encore son rôle. Dommage. Bon, c’était normal de perdre le fil de son rôle quand un tel imprévu se pointait. Mais elle était encore amatrice. C’était là l’art de l’improvisation, savoir faire avec quelque chose qui n’était pas prévu dans le script. Et plus tard elle saurait rester de marbre face à un comédien qui se pointait soudainement sur scène comme Yûji venait de le faire.
Il s’assit en face d’elle, sur la chaise vide qu’occupait le mari imaginaire. Maintenant il serait en chair et en os, enfin, si le professeur le voulait bien. Car maintenant qu’il avait bluffé tout le monde avec son petit effet de surprise, il lui faudrait quand même l’approbation de l’enseignant. Yûji était provocateur et joueur, mais pas insolent ni irrévérencieux. Il lança donc un regard inquisiteur envers l’enseignant, signifiant très clairement « puis-je poursuivre ? ». L’approbation obtenue, il détourna le regard du public et revint à Su Jin. Il n’était pas déstabilisé pour un sou, alors qu’il brûlait depuis des semaines de pouvoir lui donner la répliquer. « Tu parles trop. » Ces trois mots, prononcés distinctement et fort, résonnèrent dans l’amphithéâtre. Première prise de position de ce mari qui trop souvent se terrait dans son silence au lieu de s’exprimer. Il lui disait ce qu’il pensait. En serait-elle heureuse ? En serait-elle blessée ? Logiquement, vu comment elle avait présenté le personnage, il dirait qu’elle serait offensée par les paroles du mari. Le visage de marbre, complètement ancré dans son personnage qui lui ressemblait tant qu’il n’en était pas si difficile à incarner, il fixait l’assiette invisible qui se trouvait devant lui. Il n’y toucha point. Il était de mauvaise foi. Elle lui avait donné un plat sans olives, mais comme c’était un emmerdeur, il n’y toucherait point.

HJ – ça faisait longtemps que j’avais pas écrit de tels pavés ! C’est fou ce que le théâtre me manque, faudrait que j’en refasse. Ca me fait penser à une scène que j’avais joué en plus x) J’espère que ça te conviendra !
Koizumi Yûji
Koizumi Yûji
♫ DC : Kang Jae Sun ─ Yoon Min Ho
♫ AVATAR : Mukai Osamu
♫ ÂGE : 27 ans
♫ POINTS : 146
Théâtre

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MessageSujet: Re: OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)   OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI) EmptyDim 13 Jan - 17:14

Le personnage qui s'était emparée de mon corps et de mon esprit était une épouse et une femme au foyer, qui devait avoir la trentaine, voir la quarantaine. C'était une femme douce et aimante, serviable et généreuse, qui faisait tout pour faire plaisir à sa famille. Jour et nuit, ses gestes quotidiens consistaient à s'occuper de son jeune fils, des tâches ménagères, de veiller à la propreté de la maison et bien évidemment, à apprendre et à améliorer ses compétences en cuisine. Elle était douée pour préparer de bons petits plats et était souvent admirée par ses voisines pour ce talent. Elles lui demandaient souvent quelques conseils sur tel ou tel plat pour mieux le réussir, et elle se faisait un plaisir de les aider. C'était pratiquement sa seule relation sociale qu'elle entretenait en dehors de sa famille. Elle ne s'en rendait pas compte car elle s'en contentait très bien. Pour elle, c'était son rôle, et elle se sentait utile chaque jour en se réveillant. Elle savait que son fils aurait besoin d'aide pour ses devoirs, elle savait qu'elle devait s'occuper de la maison pour la rendre impeccable, c'était presque une manie follement exagérée de rendre son intérieur parfait. Et elle savait également que son mari, après avoir travaillé toute la journée, aurait besoin d'un bon repas chaud et de toutes ses attentions pour le détendre de son travail éreintant.

Ce jour-là, comme tous les autres jours, elle avait préparé un bon repas, elle avait même travaillé toute l'après-midi pour préparer quelque chose d'un peu plus recherché, plus original. Elle aimait essayer de nouvelles recettes, c'était un plaisir pour elle et elle espérait faire aussi plaisir à celui qui allait partager ce repas. Elle avait couché leur petit garçon plus tôt aujourd'hui, il était à l'étage et dormait profondément. C'était le soir où son père rentrait le plus tard. Ils s'étaient installés tout deux autour de la petite table du salon, l'un en face de l'autre. D'habitude, leur petit garçon était au milieu, silencieux, jouant avec sa nourriture. Ce soir-là, cela faisait bien longtemps, ils étaient seuls, tous les deux. Elle s'attendait à une bonne soirée, ou tout du moins à un petit moment agréable avec son mari. C'était si rare. J'imaginais le mari très silencieux, d'ailleurs on pouvait se demander ce que pouvait cacher ce silence. Du bon ou du mauvais, on ne saurait le dire. Alors, j'avais imaginé l'épouse, toujours avec un petit sourire poli, engager un peu la conversation. Mais avant toute chose, elle attendait une réaction par rapport à l'entrée qu'elle avait préparé, juste quelque chose, même un petit « C'est bon », lui aurait suffit ! Mais rien, sa mine fatiguée restait plaquée sur son visage. Alors, elle lui arracha une petite affirmation selon laquelle, oui c'était bon et qu'il appréciait. Pendant un bref instant, elle était contente, un si petit sentiment de joie juste parce-qu'elle avait fait plaisir à quelqu'un. Avoir un peu de reconnaissance. C'était simple mais ça lui faisait terriblement du bien. Si il savait. Mais voilà, elle avait fait une erreur, ses plats étaient truffés d'olives, et lui n'aimait pas les olives. Depuis quand, se questionna t-elle. Elle ne se souvenait pas qu'il lui ait dit un jour cela. Elle s'est excusée, et n'a pas cherché plus loin. Il a préféré prendre de la salade, le seul plat qui ne lui avait pris que dix minutes de préparation. Tanpis, elle allait manger son plat seule. Pourtant, c'était bon.

Le silence s'était de nouveau installé et elle commençait à avoir la hantise du silence. Il venait trop souvent s'immiscer entre le couple, et il commençait à lui peser sur le cœur. Et comme son mari ne faisait guère d'efforts pour le briser, elle tentait sans cesse de le chasser. Elle ne savait même pas si il remarquait ses tentatives ou non. J'ai frissonné en repensant à tout ce que je faisais pour plaire ou attirer l'attention de mon ancien amant, même si lui me regardait davantage que le mari de cette femme. Les seuls sujets de conversation qu'elle avait c'était la maison, les gens du voisinage, les gens qu'elle rencontrait en faisant ses courses ou alors sa famille, quand on lui téléphonait. Elle n'avait pas vraiment d'amis, elle s'entendait juste avec ses voisines, on peut donc dire qu'elle avait des connaissances. Seulement des connaissances. C'était triste, mais elle ne s'en rendait pas vraiment compte. Son mari opinait toujours d'un signe de tête ou d'un « Hum » discret, mais l'écoutait-il vraiment ? Elle ne se posait même pas la question. Je me demandais si le fait de s'intéresser à lui, allait le faire un peu plus parler. Alors, j'ai demandé à la chaise vide qui se trouvait devant moi si il avait passé une bonne journée. Et comme l'épouse voulait que son mari réagisse, lui réponde enfin, participe un peu à la conversation, ses phrases se faisaient de plus en plus longues, comme si elle essayait d'accumuler autant de mots possibles, peut-être que l'un d'entre eux allait attirer son attention et lui délier la langue. Alors elle continuait, encore et encore, jusqu'à ce qu'enfin, il dise quelque chose. Mais elle n'avait pas bien compris ce qui lui avait dit, enfin elle espérait avoir mal compris. Il ne venait pas de lui de se taire n'est-ce pas ? Après son attente presque désespérée de le voir répondre, il lui avait dit ça ? Que ça ? Il y avait tellement de choses à dire, tellement de choses à lui répondre, et c'est tout ce qui lui était venu ? Tais-toi ?! L'émotion et la surprise commençait à m'envahir, mon visage restant figé, face à l'espace vide.

Un bruit m'a un tantinet interpelé, en contrebas de la scène. Quelqu'un allait monter, quelqu'un était entrain de monter. J'ai tourné les yeux vers les marches, m'attendant à voir mon professeur qui allait peut-être me corriger sur quelque chose. Mais non, c'était Koizumi Yûji qui montait sur scène. L'étonnement qui venait de s'afficher sur mon visage n'avait malheureusement plus rien à voir avec mon personnage que je venais de quitter, pendant ses quelques secondes où il s'était assis en face de moi. Il se tourna vers le professeur et je fis de même. Qu'est-ce qui se passe ? Celui-ci, d'un geste de la main me somma de continuer. Quoi quoi ? Je devais l'inclure dans mon jeu ? Il voulait jouer avec moi ? Mon regard se reposa sur celui du Nippon, qui me fixait aussi intensément. « Tu parles trop. » Mon personnage venait de reprendre les rênes, et j'avais en face de moi, en chair et en os, son mari, ce personnage froid, silencieux et mystérieux qui venait de se dessiner en la personne de Yûji. Cette réplique me confirma qu'il n'était pas là pour me corriger ou me critiquer, car j'avais toujours ce doute sur ses intentions quand il venait me voir en répétition. Pourquoi venait-il si ce n'était pas pour critiquer ou me donner des conseils ? Il était un mystère et là, d'un seul coup, il venait jouer avec moi, alors qu'il n'était jamais monté sur scène pendant mes répétitions ? J'avais une petite appréhension, j'avais attendu tellement de choses sur lui, l'élève si talentueux de la section théâtrale. J'allais le voir à l'œuvre, j'allais enfin pouvoir donner mon avis sur ces rumeurs qui circulaient sur lui. Etait-il si doué ? Et puis surtout, était-il monté sur scène pour me donner un leçon ? Peu importe pourquoi il avait décidé de me rejoindre, je n'allais pas m'écraser face à lui, au contraire j'allais en profiter. Quoi de mieux que de se mesurer à un autre comédien pour connaître la valeur de son propre jeu ? Je relève le défi.

« Tu parles trop. » Ces paroles sonnaient en boucle dans ma tête... comme celles de mon ex, après avoir reçu une gifle de sa part... Avait-elle fait une erreur ? Avait-elle commis une faute ? J'incarnais un personnage qui me ressemblait, pourquoi avais-je choisi quelqu'un que je voulais plus que tout oublier ?

« Excuse-moi.... » Ces mots étaient sortis tout seuls de ma bouche. Ma bouche ou sa bouche ? Il me semble que j'avais prononcé les même mots ce jour-là... Je m'écrase et laisse ma place au personnage. Je ne dois pas lui donner mes propres sentiments. Elle était comme ça cette femme, elle avait tellement été dominée toute sa vie qu'elle ne pouvait s'empêcher de s'excuser pour tout et pour rien. Pourtant, elle savait que ce qui venait de lui dire l'avait blessé. Terriblement. Alors, après quelques minutes, de sa petite voix, elle osa lui dire quelque chose, elle osa pour la première fois de sa vie avec lui, le remettre un peu en place. Elle se redressa légèrement, un peu de courage commençait à lui monter dans la gorge « Mais... je parle trop... peut-être, parce-que j'ai toujours l'impression que... quand je suis avec toi, je parle pour deux... ». Allait-il saisir le message ? Comment allait réagir Yûji, lui qui venait de s'emparer de mon mari, qui devenait de plus en plus chaque jour, un inconnu à mes yeux ? Allait-il un peu se livrer à moi ? Je ne te connais plus, parle-moi de toi...


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MessageSujet: Re: OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)   OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI) EmptyVen 25 Jan - 18:35

Yûji avait presque l’impression de ressembler à ce personnage, ou que ce dernier lui ressemblait, il ne saurait le dire. C’était peut-être pour cela qu’il avait tant été poussé à vouloir monter sur scène, quitte à s’attirer les foudres de l’enseignant. Ce n’était pas comme s’il faisait partie intégrante de ce cours, c’était un cours d’année inférieure à la sienne. Yûji, lui, avait presque achevé ses études. Bientôt, dans un mois ou deux, à la fin des examens passés à Kirin au mois de février, le jeune étudiant en théâtre, du haut de ses vingt-trois ans, quitterait les murs de cette école. Le regretterait-il ? Il n’en savait rien, mais il en doutait. Il ne s’était jamais vraiment senti à sa place ici, hormis pendant ses cours de comédie bien évidemment. Et encore. Il avait un niveau supérieur à celui des gens de sa classe, enfin il se plaisait à le croire. Mais ce n’était pas totalement dénué de sens, son professeur le complimentait souvent sur son travail abouti et le mettait souvent en avant lors de représentations. Mais en dehors de ces cours-ci, que faisait-il à Kirin ? Les gens avaient des passions différentes ici, ils ne se battaient pas pour les mêmes choses. La plupart d’entre eux rêvait des paillettes sur la scène, devant un public en délire. D’autres voulaient connaître la notoriété en montrant leurs talents musicaux, en faisant des prestations. Quant à lui, il voulait briller, mais derrière le petit ou le grand écran, ou sur les planches … Qu’importe, mais le chant, l’idoling et tout ce qui s’ensuivait, très peu pour lui. Alors il était heureux de quitter cette école avec son diplôme en poche très bientôt, même s’il avait dû intégrer un groupé déjà formé au sein d’une agence formant ce qu’il détestait tant : les idoles.

Mais pour l’heure, il vivait pour sa passion, sa passion le consumait à petit feu, et il était monté sur scène, bravant le regard interloqué des étudiants, étouffant un rictus en constatant que sa future partenaire de jeu n’était pas encore assez expérimentée pour conserver son personnage quel que soit l’élément perturbateur qui survienne, et demandant implicitement l’autorisation d’aller jusqu’au bout de sa pensée au professeur. Ce professeur connaissait bien Yûji, il avait déjà eu affaire à lui, et donc c’était sans doute parce qu’il savait qui il était et ce qu’il valait qu’il n’avait pas bronché. Parce qu’après tout, tout cela pouvait se révéler fort intéressant. Yûji le savait, il jubilait presque de savoir qu’il était assez doué pour corrompre un exercice d’entraînement sans se faire disputer. Incroyable, n’est-ce pas ?

Il avait endossé le rôle du mari silencieux, tourmenté, glacial, et complètement désintéressé de son épouse. Pourquoi cela ? Ce n’était pas clair. Peut-être le surplus de travail à l’entreprise qui l’épuisait et ne lui donnait aucune envie de devoir supporter les jérémiades de sa femme encore après. Il était plus dociles les jours de congé, car il se levait à l’heure qu’il désirait, prenait tranquillement son café sans avoir à consulter sa montre toutes les cinq minutes. Il était tout sauf pressé, alors il avait du temps à consacrer à sa femme. Sans doute. Yûji ne savait pas vraiment comment Su Jin avait imaginé en profondeur le personnage qu’il s’évertuait maintenant à interpréter. Que vouliez-vous qu’il en sache ? Mais comme désormais c’était à lui qu’incombait la tâche de jouer ce rôle, il le jouait à sa guise, comment il le ressentait. Et c’était ainsi qu’il percevait les choses.
Il lui avait dit qu’elle parlait trop. Il savait que, comme d’habitude, son épouse soumise et surtout soucieuse de ne pas entrer en conflit se confondrait en excuses banales. La routine était largement installée entre eux deux, surtout depuis qu’ils avaient leur enfants. Mais ça, Yûji ne le savait pas, que le couple avait un enfant, puisque c’était la jeune femme qui avait émis cette hypothèse dans sa tête sans l’évoquer. Tout ce que Yûji savait, c’était que le mari était quelqu’un d’extrêmement las. Las de son quotidien morne et ennuyeux.
Et pourtant … Bien qu’elle se soit –comme prévu- excusée platement, laissant presque sourire en coin le mari, elle avait poursuivi dans sa lancée et allait jusqu’au bout de sa pensée. Elle parlait trop parce que lorsqu’ils étaient ensembles, elle avait l’impression qu’elle parlait pour deux. Si c’était Yûji qui avait fait face à ça, il aurait soit haussé les épaules avant de changer de pièce, soit renvoyé l’ascenseur avec une pique acérée. Mais Yûji n’était pas ce mari quadragénaire. Non. Il fallait penser comme le mari. Allait-il se mettre en colère face à la prise de position de son épouse ? Pourquoi pas. Le nippon imaginait bien un mari en colère, montrant soudainement une émotion distincte alors qu’il s’était muré dans le silence pendant presque toute la durée du repas. Il le voyait bien se lever brusquement, faisant grincer les pieds de la chaise sur le sol, repoussant son assiette encore pleine de salade jusqu’à ce qu’elle tombe et se brise. Oui, il le voyait bien agir ainsi, alors c’est ce qu’il fit. Yûji se leva brusquement, le regard fermé et sérieux. Le mouvement sec entraîna la chaise loin derrière lui, elle tomba presque. Cela aurait été intéressant qu’elle tombe réellement. Puis il fit un geste montrant qu’il envoyait valser l’assiette au sol. Cela aurait été mieux si le fracas de la porcelaine s’était fait entendre à travers tout l’amphithéâtre, mais à ce moment-là ce ne serait plus du théâtre mais du cinéma, n’est-ce pas ?
Il avait repoussé l’assiette, effondré au sol, et ses deux mains étaient à présent plaquées sur la table, les bras tendus, tout autant que les traits de son visage. Il était énervé, de voir que sa femme ne comprenne rien. « Parler pour deux ? Intéressant. Est-ce par égoïsme que tu me noies de paroles à chaque fois que je rentre du travail, épuisé ? Tu es égoïste. » Une bien longue tirade pour un homme fatigué et agacé. Mais il fallait bien mettre l’idée en place, et illustrer la colère ressentie à travers ses précédents gestes. Alors oui, il avait fallu parler. Que le mari explique le fond de sa pensée, puisque sa femme s’évertuait à croire qu’il ne faisait aucun effort. Mais il n’en avait pas envie, lorsqu’elle l’ennuyait de ses histoires dénuées d’intérêts chaque soir, inlassablement. Et toujours avec ce sourire rayonnant aux lèvres. Finalement, n’était-ce pas à cause de ce sourire qu’il l’avait épousée ? Mais peut-être que s’il avait su que la routine s’ancrerait si aisément dans leur petite vie tranquille de citadins de Séoul des années cinquante, il ne se serait pas marié avec elle. Peut-être. Ou peut-être pas.

HJ – bon c’est pas terrible mais comme je l’ai dit dans ma réponse pour Taiki je reprends doucement le rp après mon blocage et je fais au mieux ><
Koizumi Yûji
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MessageSujet: Re: OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)   OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI) EmptyDim 3 Fév - 18:47

Comment faisait-il pour être déjà, en quelques secondes, dans la peau du personnage que je venais tout juste d'inventer ? C'était vrai, je n'avais fait que parler à une chaise vide, seule l'épouse commençait à bien se dessiner dans l'esprit des spectateurs, l'époux était encore à définir selon sa propre manière de voir les choses. Mais lui, avec ses simples trois mots, j'en avais eu des frissons. C'était lui, c'était ma vision, ma propre vision de mon personnage qui était en face de moi ! C'était exactement ça, ce côté cassant, froid, terriblement fermé dans sa posture et dans ses gestuelles bloquées et figées. C'était comme cela que je l'avais imaginé me répondre pendant mes tentatives de conversations avec lui... C'était lui et mon personnage était devenu son personnage. L'intensité de son regard me foudroya, si bien que j'en perdis le fil pendant quelques secondes, mais l'épouse s'accrocha à moi et ressortit aussitôt. Maintenant, qu'il se trouvait en face de moi, en chair et en os, je sentais la peur me gagner. Mon personnage avait peur. Ou était-ce moi ? Je me persuadais que c'était elle, mon émotion s'était renforcée, je sentais à quel point la tension était soudainement beaucoup plus tendue que lorsque j'étais seule sur scène. Il avait une telle présence, et je voulais en faire de même, je ne voulais pas le laisser me dominer. Je le confrontais donc, à ma manière, me laissant envahir par l'épouse qui cherchait le moyen de faire comprendre à son mari à quel point elle était seule. Mais les trois mots qu'elle avait reçu l'avaient frappé en plein cœur, là où ça faisait mal comme on dit. Mais les personnes comme elle, avec ce caractère doux, chaleureux et compréhensif, lorsqu'on les pique, ils ne disent rien et se laissent faire. C'était malheureux mais c'était ainsi. J'étais encore comme ça, peut-être moins aujourd'hui, heureusement pour moi. Pourtant, c'était encore un réflexe que je gardais, de laisser passer les choses au lieu de les remettre en place directement et clairement. Mais je me montrais plus ferme désormais ou j'évitais lâchement les ennuis, de peur de sombrer à nouveau dans ce caractère si effacé et faible que je commençais parfois à détester. Il fallait qu'elle dise quelque chose, des excuses étaient sorties toutes seules, mots habituels de politesse, qui sortaient à chaque fois comme par magie, même si ce n'était jamais sa faute. Quelle idiotie, non mon personnage mais moi, qui étais comme ça et je l'étais encore... Elle avoua enfin le fond de sa pensée, juste quelques mots, pas tout à vrai dire... elle n'était pas prête et pourtant, elle savait qu'un jour elle allait devoir tout lâcher, sinon elle allait finir par mourir dans cette solitude qui lui tordait le ventre chaque soir, dans ce lit froid, si froid...

Je regardais Yûji, cherchant de la compassion ou un quelconque signe de compréhension. Comprenait-il ? Comprenait-il que je n'en pouvais plus de ses silences ? Que je n'en pouvais plus d'entendre mes propres mots raisonner dans notre maison, d'imaginer ses réponses, de le regarder sans que lui ne me regarde vraiment, de penser aux autres mais de n'avoir rien en retour, de faire les même gestes jour après jour et de ne jamais voir la moindre nouveauté, je n'en pouvais plus de ne plus le voir sourire, de ne plus l'entendre parler, de ne plus l'entendre me dire « je t'aime » en retour... Pourquoi était-il si effacé ? Elle avait envie qu'il lui dise davantage, elle n'était pas idiote, elle pouvait entendre ses soucis, il pouvait se confier à elle ! Une épouse servait aussi à cela ! Je le regardais en silence, essayant de lui faire passer par mon regard tout ces mots qui me tirailler la gorge... Les entends-tu ? Ils sont coincés mais regarde mes yeux, regarde, je suis là... Tu comprends ? Je suis là !

L'épouse attendait certainement à un sourire chaleureux, ou à des excuses, elle s'imaginait toujours le meilleur mais pas souvent le pire. Elle était trop positive, pourtant c'était cette part d'elle qui avait plu en premier chez son mari, il y a de ça 20 ans... Moi, je savais que cette réaction aurait été trop simple, ça n'aurait pas été drôle à travailler. Bon évidemment, je voulais le meilleur pour elle, mais il fallait que cela éclate complètement et elle n'avait pas encore tout dit. Si son mari s'était tout de suite excusé de son comportement, on aurait pas su le fin mot de l'histoire. Le pourquoi de ce comportement et leurs vraies pensées à tous les deux ! Et comme elle s'y attendait, Yûji joua la carte de la colère, sortant le mari de son silence et de sa rigidité habituelle.

J'ai subitement sursauté en le voyant se lever tout d'un coup, imaginant très bien le bruit sec de sa chaise tombée sur le sol derrière lui. Il me regardait, je le regardais. J'avais peur, mon cœur s'agitait à tout rompre, qu'allait-il me faire ? Me frapper ? Me crier dessus ? Au lieu de cela, il envoya au loin d'un geste rapide l'assiette, qui se fracassa au sol, dans un bruit retentissant. Je pouvais entendre la porcelaine se briser en petits morceaux, comme notre couple et mon cœur qui reprenait son souffle. Sur le coup de son geste violent, j'avais fermé les yeux, sans doute de peur que ce bras qui s'était soudainement élevé ne vienne me frapper de plein fouet. Et je n'avais pas bougé, j'étais restée dans mon personnage, j'avais peur d'éviter le geste, comme je l'aurais fait si cela avait été moi. Il était hors de question que cela puisse m'arriver à nouveau... J'avais réouvert les yeux, le regard dans le vide, je n'osais bouger, qui sait, il allait peut-être attaquer de nouveau. Qui était-ce ? Elle ne connaissait pas ce mari si brutal et impétueux... Je voyais la table tremblée, il venait de poser abruptement ses mains de part et d'autre de la table, et je savais qu'il me regardait toujours. La tension venait d'atteindre un nouveau niveau. J'avais l'impression que j'allais pleuré, il me faisait peur, il lui faisait peur, n'avait-elle pas dit une simple vérité ? Pourquoi s'était-il emporté ? Elle ne voulait pas qu'il se fâche, au contraire elle voulait qu'ils se réconcilient. Mais je n'osais bougé, j'avais peur qu'il frappe aussi vite que la foudre. Yûji me mettait dans tous mes états, mais j'aimais être mis dos au mur, ça faisait ressortir ma force et la meilleure part de moi-même.

« Parler pour deux ? Intéressant. Est-ce par égoïsme que tu me noies de paroles à chaque fois que je rentre du travail, épuisé ? Tu es égoïste. »

Sa voix déchira à nouveau le silence qui s'était installé, le silence après la tempête comme on dit, mais celle-ci n'était pas encore fini... elle ne faisait que commencer. Mes yeux s'étaient agrandis, fixant intensément mon verre renversé sur la table, en tout cas c'était ce que j'imaginais regarder. Égoïste ? J'étais égoïste ? Non, elle ne pensait pas être égoïste... elle faisait tellement de choses pour lui, pour leur fils et puis, pour cette maison, jour après jour... En quoi était-ce de l'égoïsme ? C'était tout sauf être égoïste ! Elle se donnait corps et âme pour eux, si bien qu'elle se perdait totalement, elle ne savait même plu quels étaient ses goûts, elle avait de plus en plus l'impression d'effacer une part d'elle-même, pour la remplacer par une image totalement soumise et parfaite. Affreux. J'avais petit à petit relevé mes yeux vers lui, croisant ce regard méprisant qu'il me lançait.

« C'est... c'est moi que tu traites... d'égoïste ? C'est... vraiment moi ? » lui dis-je, toujours assise.

Une larme coulait sur ma joue, une larme coulait vraiment sur ma joue. J'étais facilement émotive et je savais en jouer, surtout si mon personnage l'était aussi. Elle était comme ça, tout la touchait facilement, c'était une qualité et un défaut. Pour moi, c'était une qualité, d'après Mr Kim mon premier professeur, c'était très utile au théâtre, en tant que comédien. Mais là, je ne mettais pas forcée. C'était venu tout seul, et j'en étais sûre que Yûji en était pour quelque chose. Cherchant une quelconque réponse sur son visage qui n'avait toujours pas changé d'expressions, je m'étais levée à mon tour, mais pas avec autant de violence que lui. J'avais encore cette retenue, pourquoi était-elle toujours là ? Pourquoi ? Je le regardais, cherchant mes mots, retenant bêtement les larmes qui commençaient à monter.

« Est-ce moi qui suis égoïste et qui me laisse me sentir si seule alors qu'il se trouve à mes côtés ? Est-ce moi qui suis égoïste et qui me laisse me noyer dans mes propres paroles ? Car on est deux dans ce cas-là... »

Ma voix s'arrêta. J'avais tant bien que mal dégluti, ravalant l'émotion qui montait dans ma gorge. Mes lèvres tremblaient légèrement, je n'arrivais pas à les arrêter, mais c'était mon mari, je n'avais aucune honte à le laisser me voir dans cet état. C'était son compagnon depuis tant d'années, il la connaissait par cœur, tout comme elle. Était-ce mal de se connaître autant ? S'étaient-ils perdus au cours de ces années, en oubliant que leur conjoint avait encore pleins de surprises à lui faire découvrir sur lui-même ? Je le regardais toujours, le suppliant d'adoucir son regard qui me mutilait. Pourtant, c'était toujours celui qu'elle avait connu.

« Savais-tu que... ta voix m'avait manqué ? Non, bien sûr il ne le savait pas, il l'ignorait... et lui en retour en avait marre de l'entendre, mais elle... elle s'en lassait de l'entendre. Même en colère, je ne peux pas m'empêcher d'être heureuse de te voir enfin dire quelque chose... »

Elle se sentait bête, elle était blessée parce-qu'il avait osé lui dire, et pourtant elle était si bonne, si gentille, et ce côté-là ressortait toujours en premier. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'espérer, d'espérer que cette discussion ne les éloigne pas plus l'un de l'autre... non elle ne voulait pas cela. Sa main gauche tremblante sur la table, l'autre chassant une larme qui menaçait de tomber à nouveau. Je baissais les yeux, j'étais si faible, je montrais mes faiblesses si facilement, mais elle ne voulait plus lui cacher, elle voulait qu'il voit ce trou noir qui l'avait envahi... et elle voulait savoir si lui aussi, qui au contraire d'elle s'était prostré dans le silence, éprouvait la même chose au fond de lui. Au fond, elle l'aimait toujours cet homme, même si sans le savoir, il la brisait un peu plus chaque jour, et tout cela, sans rien faire.


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MessageSujet: Re: OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)   OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI) EmptyVen 8 Fév - 11:04

Il avait été si simple pour Yûji de s’imprégner de ce personnage d’une noirceur assez profonde. Ils avaient de nombreux points en commun dans le caractère et l’attitude. La différence était que le jeune homme ne savait pas vraiment si, comme lui, le mari se servait de son arrogance et de sa froideur comme d’un masque, pour cacher ce qu’il était intérieurement. Car lui, c’était son cas. Il n’était pas aussi distant avant, il avait même des amis. Il y avait eu Koji, cet ami qu’il connaissait depuis le collège et avec qui il avait joué de la musique, joué ses premiers accords de guitare. Il y avait aussi eu Chin-Hwa, un élève fan de son talent de comédien qui aujourd’hui lui reprochait follement de l’avoir « abandonné ». Et aussi cette gamine, Aiko, il se souvenait très vaguement d’elle depuis qu’elle lui avait rafraîchi la mémoire, récemment. Il y avait donc des gens qui avaient pu prétendre avoir connu un Yûji sociable, gentil et souriant. Quelqu’un d’avenant, de serviable et de présent pour son entourage. Comment était-il devenu aussi froid ? Plusieurs facteurs s’ajoutaient au mélange : la trahison de son père, le fait qu’il ne voyait en son fils qu’un successeur pour son business, son histoire désastreuse avec une fille à son arrivée à Kirin, le fait qu’il ne se sente pas à sa place dans cette école pour idoles tandis qu’il voulait devenir un véritable comédien, pas un faux-semblant engagé uniquement pour faire de la pub à un drama. Ce genre de choses avaient fait de lui quelqu’un de renfermé, de froid, de solitaire et de taciturne. Et c’était ainsi qu’il pouvait aussi aisément se mettre dans la peau de ce personnage noir, parce qu’il le comprenait, dans un sens. Il comprenait sa lassitude, et son agacement. Mais ce qu’il ne comprenait pas, c’était comment il avait pu se lasser d’un sourire aussi radieux que celui de sa femme. En fixant la jeune fille en face de lui, Yûji ne savait plus trop si c’était le mari qui observait sa femme en silence ou si c’était lui, Koizumi Yûji, qui fixait impassiblement Yoon Su Jin, l’élève qui lui avait tapé dans l’œil par sa prestance scénique. Ce n’était pas le moment de se perdre, il fallait réagir. Une improvisation ne devait pas avoir de temps mort, sinon toute l’ambiance risquait d’être perdue. Les spectateurs semblaient captivés et respectait le silence qu’intimait la scène du repas.

Il avait fait bouger son personnage. Il l’avait fait réagir de façon plutôt violente face à sa femme et à son flot de paroles incessant. Il avait fait se lever le mari, avant d’envoyer valser la vraie chaise sur l’autre bout de l’estrade et la fausse assiette sur le sol. Il avait posé vivement ses deux mains sur la table, la faisant trembler au risque de faire tomber tout ce qui était posé dessus. Et pour la première fois depuis le début de la scène, il avait vraiment parlé. Jusque-là, ses interactions étaient composées de longs silences agacés, en disant long sur sa pensée, ou alors de quelques bref mots comme lorsqu’il avait dit « tu parles trop ». C’était d’ailleurs la réponse à cette phrase si brève qui avait mis le mari hors de lui, contre toute attente. Ou pas. Il avait traité sa femme d’égoïste. Egoïste de lui imposer sa journées, ses petites histoires ennuyeuses de son quotidien, à lui qui travaillait pour faire tourner la maison et ramener de l’argent pour qu’ils puissent continuer d’y résider. Lui qui était celui qui permettait le confort de leur petite vie. Que faisait-elle, elle, hormis taper la discussion aux voisins ? Il ne le savait pas, il n’était pas là pour en témoigner. Il travaillait, lui. Voulait-elle échanger sa position avec lui ? Peut-être qu’ainsi elle comprendrait sa fatigue et sa lassitude après une longue journée à travailler dans son entreprise, et qu’elle réduirait son taux de paroles inutiles au strict minimum. Peut-être que la passion reviendrait. Il y avait quand même trop d’hypothèses là-dedans.

Une larme avait coulé sur la joue de Su Jin. Une fois de plus, Yûji se demanda si c’était la femme ou la comédienne qui pleurait. Peut-être qu’il était allé trop loin, et qu’il lui avait fait peur. Ou alors elle était vraiment bien imprégnée de son personnage, parce qu’il était vraiment difficile de pleurer sur commande au théâtre. Au cinéma c’était différent, il y avait plusieurs prises pour réaliser une scène triste et on prenait la meilleure, celle qui prenait le plus aux tripes, pour la diffuser dans le film. Au théâtre, tout était instantané, et il était parfois possible qu’à la répétition générale tout soit parfait, et que les larmes ne viennent pas le jour de la première. C’était bien plus compliqué. Et pourtant elle y parvenait à merveille. Et même si c’était elle et non son personnage qui pleurait, les deux se voyaient confondus en ce moment même.
Elle lui avait demandé si c’était elle qu’il traitait d’égoïste. Qui d’autre ? Voyait-elle quelqu’un d’autre dans cette pièce ? Pas lui. Il n’avait rien ajouté. Il l’avait seulement observée se lever lentement, avec cette retenue qui la caractérisait tant. Elle ne savait donc pas s’énerver, même après s’être fait hurler dessus avec violence et sans raison apparente. Elle se remit à parler, une fois de plus, annonçant que de son point de vue, ils étaient deux égoïstes à ce moment-là. Elle l’accusait de la laisser se sentir seule, et se noyer dans ses paroles. Sur la forme, elle n’avait pas tort. Sur le fond, ils étaient tous deux responsables. Ils s’éloignaient l’un de l’autre et le temps n’arrangeait pas les choses. La routine était définitivement installée, ne laissant aucune place pour la passion d’antan, celle qui les animait il y a déjà vingt années de cela. Et elle ajouta, naïvement, croyant réveiller une lueur d’amour chez son mari, que sa voix lui avait manqué. Que même lorsqu’il était en colère, elle ne pouvait s’empêcher d’être heureuse de l’entendre s’exprimer de nouveau. Que c’était devenu rare. Mais restait-il encore une once d’amour sincère dans son cœur ? Ou continuait-il sa vie d’homme marié, par habitude, par flemme de vouloir y mettre un terme, par peur de perdre quelque chose qu’il avait chéri ? Parce que même s’il se sentait las, c’était toujours quand on perdait les choses que l’on se rendait compte à quel point on y tenait. Alors peut-être que le m ari réalisait cela quelque part au fond de lui, et donc il restait aux côtés de sa femme, en devenant le pire des goujats. Alors oui, il était égoïste. Surtout pour ce qu’il allait répondre. « Je vais me coucher. Une longue journée m’attend demain. » Cela donnait l’impression qu’il n’avait rien écouté des aveux de sa femme, de son ressenti. Il ne pensait qu’à son repos et sa prochaine journée de labeur. Il ne fallait pas qu’il veille trop tard. Et s’il était trop énervé, il ne pourrait pas dormir paisiblement. Cette simple phrase montrait toute l’étendue de l’égoïsme de cet homme. C’était juste, impressionnant. Il fallait tôt ou tard mettre un terme à cette improvisation, il ne fallait pas que cela dure trop longtemps, car ce n’était ni l’acte d’une pièce de théâtre, ni une pièce dans son intégralité. Il tourna donc le dos à sa femme, sans un mot, sans un « bonne nuit », sans rien. Il la laissait seule avec le ménage de la cuisine à faire, ne se sentant pas concerné par les dégâts qu’il avait cependant causé tout seul. Et il se dirigeait vers le bord de l’estrade, pour montre significativement qu’il quittait la scène.

HJ – Je me suis permis de finir la scène, parce que ça fait longtemps qu’elle dure et qu’il faut être réalise =3 Mais je me suis trop éclatée à l’écrire cette réponse ! ♥
Koizumi Yûji
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MessageSujet: Re: OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)   OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI) EmptyMar 12 Fév - 3:01

La sensibilité était mon point fort. Au début, je ne le savais pas. Je trouvais même que c'était un défaut. J'étais facilement émue par quelque chose, par de simples mots et parfois par les gens. C'était Mr Kim qui me l'avait appris, appris à m'en servir et à en faire une arme. Les larmes sont ton arme, me disait-il. Au théâtre, tout est dans l'instant, pleurer en quelques secondes est très difficile et tu n'as droit qu'à une seule chance devant ton public. Et toi, tu as cette aisance, d'où te vient-elle ? D'où me venait-elle hein... Moi-même je n'en savais pas grand chose. Même si la situation n'était pas dramatique, j'étais capable, avec n'importe quelle phrase, de verser quelques larmes. Mais je ne m'en servais que très rarement, étant plus frillante des scènes comiques, voir burlesques ! Pourtant, j'aimais tout autant les scènes énergiques et joyeuses, qui partaient dans tous les sens, que les scènes intenses, jouant sur les silences, les regards et les respirations des comédiens. Comme celle que je jouais actuellement. D'où venait ma sensibilité ? Peut-être de ma peur, de mes peurs qui me tourmentaient de temps en temps, qui travaillaient mon émotivité à fleur de peau. J'étais moins à fleur de peau qu'avant, j'avais réussi à me calmer, à gagner en confiance. Gagner en confiance avait réussi à diminuer mes peurs, la peur de l'autre, la peur d'être dominée à nouveau, la peur d'être sans défense, la peur de ma propre fragilité. Je me permettais de montrer toute mon âme sur scène, les larmes coulaient sans honte, sans crainte, je pouvais crier et je n'avais aucune appréhension. Car c'était moi, sans être moi. J'étais un personnage et je lui donnais tout ce qu'il lui fallait pour vivre, toute la force que j'avais du mal à utiliser pour me défendre moi-même. C'était jusque là qu'allait ma sensibilité, offrir mes émotions à mon personnage, jusqu'à me perdre totalement en lui. J'avais peur de trop m'y abandonner parfois. Si on incarnait un personnage vraiment très intensément, même si ce n'était pas pendant des heures, c'était difficile de se retrouver tout de suite. Le comédien se mettait presque à nu devant les spectateurs, il se mettait à nu pour incarner le personnage.

Aujourd'hui encore, je m'étais mise à nue, laissant place à l'épouse aimante, terriblement blessée par les propos de son mari envers elle. Mais depuis l'apparition de Yûji sur scène, l'émotion de mon personnage s'était décuplé. Il avait réussi à installer une telle intensité de jeu, son regard, non simplement sa présence, avait suffi à me donner des frissons. Comment faisait-il ? C'était troublant, j'avais l'impression d'être parfaitement guidé. C'était un peu comme en danse : avec quelqu'un de notre niveau, bon il faisait les même erreurs que nous et on apprenait au fur et à mesure, mais quand on dansait avec quelqu'un qui avait davantage d'années de pratique que vous, on se laissait emporté par l'aisance de la personne. Et cette aisance hypnotisante, était devenue mienne pendant quelques instants et je me sentais bien. Je me sentais bien car j'aimais avoir cette pression sur les épaules, je dirais même être oppressé par le jeu d'une personne. Enfin, j'aimais cela tant que je pouvais encore m'en sortir, tant que je pouvais garder la tête hors de l'eau.

L'épouse était pourvue d'une jolie naïveté qui, à leur rencontre la rendait tout bonnement adorable, mais aujourd'hui la rendait insupportable aux yeux de son mari. Mais elle ne s'en était absolument pas aperçue, elle voyait qu'ils s'éloignaient l'un de l'autre, puisqu'il ne s'adressait presque plus à elle, mais elle ne pensait pas qu'elle l'ennuyait autant, alors qu'elle ne cherchait juste qu'à attirer son attention. Alors, toujours aussi franche et honnête, laissant parler son cœur, mon personnage avait osé dire que la voix de son mari lui avait manqué, malgré le ton colérique et froid qu'avait prise sa voix, autrefois sucrée de mots doux aux oreilles de la jeune femme... Elle s'en souvenait encore... Il était impossible qu'elle n'aime plus cet homme. Non, elle était sûre qu'elle avait toujours de l'affection pour lui, et elle essayait surtout de se convaincre qu'elle éprouvait toujours de l'amour. En fait, elle ne s'était jamais posée la question, malgré les hauts et les bas de leur couple, si elle l'aimait toujours. C'était une évidence pour elle. Si ils étaient et restaient ensemble, c'était qu'ils s'aimaient non ? Alors elle essayait, de sa petite voix, d'animer les yeux autrefois pétillants de son mari, de faire naître un sourire sur son visage fatigué et impassible, y cherchant une réponse positive à ses questions.. Mais il ne fît rien, il la regarda droit dans les yeux, et pourtant on aurait dit qu'elle était transparente et c'était ça qui lui faisait le plus de mal. Être transparente, être ignorée. Yûji m'observait, je me demandais si il allait craquer, si le mari allait s'excuser, se radoucir et se rapprocher enfin de sa femme. Mais au lieu de cela, il coupa court à la conversation. « Je vais me coucher. Une longue journée m’attend demain. » Elle s'attendait à tout sauf à cela. Et elle espérait toujours, la pauvre... A mes yeux, il était si lâche, pourquoi ne lui disait-il pas tout ? Pourquoi en rester là si il était malheureux ? Un jour, il allait bien falloir qu'il le fasse car elle n'était pas prête pour cela. Elle n'était pas encore aussi consciente que lui de la distance qui s'était installée entre eux. Elle ne la voyait pas ou faisait semblant de ne pas la voir, qui sait ? Cette simple réplique avait stoppé l'élan de l'épouse qui avait tendu une fois de plus une perche vers son mari, en lui parlant désespérément du besoin d'entendre sa voix. Et lui, avait repoussé la main qu'elle lui tendait ou avait tout simplement fait semblant de ne pas l'apercevoir... Yûji venait de montrer en une phrase quel égoïste il était, lui qui venait tout juste de traiter sa femme de la même manière. Il me laissa seule sur scène, et se posa sur le bord de l'estrade pour montrer que son personnage avait quitté la pièce. Je l'avais suivi du regard, jusqu'à sa sortie, continuant à fixer la porte qu'il venait de passer. Mon personnage essayait de reprendre contenance, retenant quelques larmes qui menaçaient à nouveau de couler. Je détournais mon visage au ralenti, comme si il tremblait. Mon regard se posa au sol, là où il avait renversé tout ce que j'avais si bien préparé toute l'après-midi. Je m'étais déplacée lentement sur le côté afin de m'accroupir pour tout ramasser. Puis je m'étais relevée, face au public, fixant pendant quelques instants l'assiette entre mes mains. Puis, j'avais redressé petit à petit ma tête vers les spectateurs, plantant mon regard sur le mur blanc au fond de la salle. Puis, comme pour me sortir de mon silence, je secoua légèrement ma tête, avant de me diriger vers la cuisine, à l'arrière de la scène. J'avais posé le plat dans l'évier, puis délicatement mes bras de chaque côté, quand soudain je laissa ma tête et mon corps s'affaisser contre le meuble, la seule chose qui pouvait encore me soutenir à ce moment-là. C'était comme si je venais d'expirer une grande bouffée d'air, comme si une énorme pression venait d'être posée sur mes épaules et que je venais tout juste d'accepter son poids, ou d'en prendre conscience.

Les applaudissements avaient finalement mis une fin définitive à notre improvisation, pourtant j'étais encore restée accrochée à l'espace de solitude de l'épouse, pendant de longues secondes, avant de finalement relever la tête et de soupirer un bon coup. La sonnerie de la fin du cours retentit et j'avais mis à nouveau quelques instants à comprendre ce que cela signifiait. Je m'étais retournée donc promptement, cherchant du regard mon professeur. Je voulais qu'il me dise ce qu'il en avait pensé, vite, je voulais savoir ! Avais-je réussi à suivre Yûji ? M'étais-je assez accordée avec sa propre vision du personnage ? M'étais-je fait dominée ? Mon professeur venait de sommer les élèves de se taire pendant quelques instants.

« Bon, vu l'heure, je n'ai pas trop le temps de te dire toutes mes impressions, mais en deux trois mots, ta prestation avait très bien commencé, ton texte et tes silences étaient très bien placés, on voyait clairement le personnage du mari. Mais quand Yûji est monté sur scène, aaah tes personnages venaient soudain d'atteindre un nouveau niveau ! »

A l'évocation du japonais, j'étais surprise de le voir à nouveau sur scène à mes côtés.

« Quelle intensité ! Pas étonnant que tu sois l'un de nos meilleurs élèves à Kirin, Koizumi Yûji. Regarde dans quel état tu as réussi à la mettre ! Mais il faut bien reconnaître qu'elle a bien tenu face à ton jeu. Je devrais te faire monter sur scène chaque semaine avec nous, tu fais du bien à mes élèves ! Plaisanta-il. Allez tout le monde, dehors, j'ai d'autres cours moi, après vous ! »

A ces mots, tout le monde s'était précipité pour ranger ses affaires et s'apprêtait enfin à sortir, après ces trois heures de cours intenses. Et moi, un peu idiote, j'étais toujours au même endroit, sur scène à regarder tout le monde s'agitait dans un brouhaha incessant. Il fallait peut-être récupérer mes affaires moi aussi, j'avais encore cours après ! Mais je voulais dire quelque chose à l'élève de 7ème année qui semblait attendre que tout le monde s'en aille pour avoir la salle pour lui tout seul. Je voulais lui dire à quel point ça m'avait plu de me confronter à lui mais également le fait qu'il m'ait permise de partager sa scène et son expérience de comédien beaucoup plus expérimenté. Ou tout simplement que j'avais été impressionné par sa facilité à avoir incarné mon personnage totalement imaginé en cinq minutes pour mon improvisation. Mais au lieu de cela, rien ne voulait sortir, j'étais vidée ou quoi ? J'avais peut-être vidée toute ma réserve de mots ! Il m'intriguait sans doute toujours par sa présence, je ne savais pas si c'était lui ou son personnage que je voyais encore en le regardant. Finalement, je m'étais stoppée dans mon élan de partir sans un mot et m'étais arrêtée de profil devant lui.

« Merci », lui avais-je dit droit dans les yeux, un sourire léger aux lèvres.

C'était tout ce que j'avais réussi à sortir ! Après l'improvisation qu'on avait faite, voilà en quoi étaient résumées toutes mes impressions, en un simple merci... Mais il était trop simple ce merci, et je voulais lui en dire plus, mais où était donc parti mon courage hein ? L'actrice, où était-elle partie, elle était déjà partie à son prochain cours ? D'ailleurs, je m'étais empressée de descendre les escaliers qui longeaient la scène, pour attraper à la hâte mes affaires afin de ne pas arriver en retard pour la suite. J'avais remonté l'allée principale à grands pas, et me retourna pendant quelques secondes pour l'apercevoir une dernière fois, avant de passer la porte.

J'aurais bien voulu que cette scène dure plus longtemps... Jusqu'où aurait-il pu m'emmener ?


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MessageSujet: Re: OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI)   OK, PLAY TOGETHER ! (FEAT KOIZUMI YÛJI) EmptyJeu 28 Mar - 23:37

Après l’intensité de la scène qui venait de se jouer entre les deux étudiants, voilà que le calme retombait petit à petit. Les applaudissements avaient retenti et résonné à travers tout l’amphithéâtre, puis le silence avait repris ses droits une fois que l’enseignant l’eut réclamé. Il fallait bien qu’il puisse faire ses commentaires sur la prestation qui venait de se jouer, sinon quel intérêt de faire un cours ? Yûji n’avait pas bougé de son emplacement, c’est-à-dire sur le bord de l’estrade, là où il s’était arrêté afin de signifier la sortie du personnage de la scène.
Le professeur venait donc de donner ses impressions concernant la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux et ceux des autres étudiants de deuxième année ici présents. Ce qu’il venait de décréter dut sans doute faire très plaisir à la jeune femme qui se faisait complimenter sur son jeu d’acteur. Il y avait de quoi tout de même, elle avait vraiment un talent qu’on ne pouvait nier, et pour avoir réussi à déstabiliser Yûji et lui avoir donné envie de se joindre à l’improvisation sans y avoir été invité, c’était qu’il y avait quelque chose. Yûji n’était pas professeur, mais avec l’expérience qu’il avait accumulé au fil des années, il était devenu capable d’analyser les capacités de ses cadets, comme il avait pu aisément le faire aujourd’hui. Il était plutôt d’accord avec les dires de l’enseignant, d’ailleurs. Et se contenta d’esquisser un léger sourire en coin lorsqu’il précisa qu’avec l’intervention de Yûji, son jeu s’était amélioré. C’était normal, il avait plus d’expérience qu’elle, il avait donc pu lui donner des pistes, la guider, l’aider à se fondre davantage encore dans son personnage.

Puis il avait ajouté qu’il faudrait que Yûji intervienne plus souvent dans ses cours pour motiver ses élèves, sur le ton de la plaisanterie bien sûr. Il n’était pas forcément contre, il pratiquerait plus encore sa passion, puis il pourrait revoir Su Jin … Il ne savait pas trop pourquoi mais quelque chose chez elle l’attirait d’une manière ou d’une autre, le captivait, qui sait. « Je n’aurais pas dit non, mais la fin de l’année approche et je quitte Kirin d’ici peu. » lança-t-il avec un léger sourire.
Puis le professeur somma les élèves de se dépêcher de quitter la salle car il avait d’autres cours à la suite. Il n’avait par contre par cours ici puisque Yûji savait les horaires où l’amphi était libre. Il comptait d’ailleurs s’entraîner un peu pour le monologue qu’il présenterait à l’examen de fin d’année.
Finalement la salle se vida rapidement, ne laissant bientôt plus que Yûji qui s’était enfin décidé à descendre les marches de l’estrade pour que Su Jin puisse descendre également. Celle-ci était encore là d’ailleurs, pourquoi ? Elle se dirigea d’ailleurs vers lui, et bien qu’elle semblait chercher ses mots depuis un moment, il pouvait le voir à son visage un peu crispé, elle lui lâcha un simple merci, récupéra ses affaires et s’enfuit en dehors de la salle. En se retournant une fois.
Yûji fut quelque peu surpris de ce qui venait de se passer, il fallait l’avouer. Il se demandait pourquoi ce « merci », mais bon, il ne s’attarda pas plus longtemps dessus. Il devait travailler. Il lui poserait la question quand il la recroiserait ….

HJ – Bon comme je devais clôturer j’ai fait court, surtout que j’ai presque 2 mois de retard u_u

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