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 you must say it ; because i want to listen it.

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MessageSujet: Re: you must say it ; because i want to listen it.   you must say it ; because i want to listen it. EmptyMar 8 Mai - 23:55

« AH ?! Encore ? Eeeh … » Ca, c’était la réaction de notre cher hôte Yûji qui venait d’apprendre que ce soir encore, et pour la énième fois, il était réservé pour l’intégralité de la soirée par une jeune demoiselle prénommée Young Il. Une apparence fragile et un jolis minois, faisant qu’au premier abord on ne se doute pas qu’une tigresse se cachait derrière ce visage si angélique. Yûji ne devait d’ailleurs pas être la première victime de la blonde, et il aurait préféré ne jamais croiser son chemin.
Pour rafraîchir un peu la mémoire de nos lecteurs, il y a quelques temps de cela maintenant, un groupe de filles avait fait une entrée fracassante dans le club d’hosts dans lequel le nippon travaillait depuis quelque temps. Parmi les filles du groupe, la fameuse Young Il. Jusque-là, c’était une soirée qui s’avérait normale pour le jeune homme : longue, harassante, à passer son temps à repousser les avances des dames avec un grand sourire, et puis la soirée finirait par se terminer aux alentours de deux heures du matin, si elles n’étaient pas tenaces. Car la devise de Yûji était de ne jamais avoir de relation plus poussée qu’une agréable soirée autour de quelques verres. S’il avait accepté de devenir host, c’était pour ne plus avoir de relations de couple, et il n’avait pas spécialement envie d’histoires sans lendemain non plus. Il s’était donc vite bâti cette réputation de l’hôte « pas très facile à obtenir ». De ce fait, il avait un franc succès auprès des clientes, non seulement parce qu’il était d’origine japonaise et que son fort accent de Tôkyô était très apprécié de ces dernières, mais de plus, elles cherchaient toutes désespérément à le dérider et à le conduire dans un lit d’hôtel. Qu’elles se battent, c’était une cause perdue.
Tout ça pour dire que ce groupe de filles avaient réservé deux hosts pour la soirée, dont Yûji. Plus confiant avec les femmes d’âge mûr – plus simples à baratiner selon lui, il était un peu embarrassé car il ne devait être guère plus âgé que ces demoiselles. Il fit pourtant maints efforts pour que la soirée se déroule pour le mieux, son supérieur ayant tendance à garder un œil discret sur lui. Mais malheureusement la soirée avait dérapé lorsque l’une des clientes, complètement saoûle, lui faisait des avances évidentes et embarrassantes. Elle se collait à lui, le touchait, et cela lui hérissait le poil. Mais le client était roi après tout, alors à part la repousser gentiment, il n’avait osé rien faire. Et elle avait fini par s’agacer du manque de répondant de Yûji et avait esquissé un geste de la main pour le gifler, ce qui se serait passé si la dénommée Young Il n’était pas intervenue pour couper court à ce geste et à la soirée par la même occasion. En effet, elle avait forcé les filles à quitter les lieux, trouvant que c’était le moment de rentrer. Au fond, il était soulagé que le scandale n’ait pas eu lieu, mais sa fierté en avait pris un coup de se faire défendre par une fille, surtout une avec des allures de poupée fragile. Il avait tort.

Peu de temps après, il l’avait aperçue au détour d’un couloir à Kirin, car évidemment comme il avait une poisse inimaginable, ils étudiaient dans le même établissement. Et qui plus est, dans le secteur universitaire, et en théâtre ! Pourtant, il ne lui aurait pas donné plus de dix-huit ans et l’aurait bien considérée comme une lycéenne. Mais elle n’aurait jamais été admise dans un club d’hosts en tant que mineure après tout. Elle avait semblé le fixer alors qu’il sortait de son cours, comme attendant quelque chose. Il avait haussé les épaules et avait suivi sa route comme s’il ne l’avait pas remarquée. Et ce fut l’erreur fatale. Car le soir-même, la revoilà dans le club, le réservant exclusivement lui pour la soirée. Mal à l’aise, il s’était dirigé vers elle et une fois assis, elle avait tout simplement passé la soirée à pianoter sur son téléphone sans lui accorder la moindre attention, répondant juste quand il se manifestait pour quelques politesses. Elle avait fait la même chose la première fois. Et ce soir-là, Yûji ne comprit pas pourquoi elle venait dans un club d’hosts, s’attirer les regards courroucés des clientes qui auraient bien voulu profiter de lui, pour rester scotchée sur son téléphone comme une adolescente prépubère. Il finit par comprendre son but au bout de sa quatrième venue consécutive. Désormais, cela faisait environ deux semaines qu’elle était là, sans faute, tous les soirs, à le réserver exclusivement lui. Elle allait finir par faire fuir les clientes à ce rythme et il allait finir par avoir des ennuis avec son boss.

Cette exclamation de lassitude qu’il avait donc poussé un peu plus tôt quand un collègue lui avait annoncé que la belle blonde accro à son portable l’avait encore réservé pour ce soir était donc très compréhensible. Si elle lui faisait perdre son boulot, elle allait passer un sale quart d’heure. Yûji avait beau avoir la tête du japonais boute-en-train et pacifique, il était capable de s’énerver méchant si on le poussait dans ses retranchements, et c’était ce que Young Il était en train de faire justement. Elle attendait des remerciements ? Mais qu’elle rêve ! Il aurait bien pu se débrouiller seul, elle se donnait vraiment de l’importance pour peu. Il devrait aller voir comment elle jouait la comédie, il était persuadé qu’elle se débrouillait à merveille, et mieux que lui. Même s’il parvenait parfaitement à dissimuler ses émotions, ce qui l’aidait beaucoup dans son travail ici.
La blonde ne tarda donc pas à arriver, et Yûji avait cru bon de l’attendre directement à la place où il passait systématiquement sa soirée depuis deux semaines. Un sourire complètement neutre dénué de sincérité, une petite inclinaison de bienvenue, et elle vint s’installer près de lui. Elle ne tarda pas à attaquer d’ailleurs, lui demandant s’il comptait le lui dire ou non. Elle le snoba la seconde d’après pour pianoter sur son téléphone comme à son habitude, avant de reposer le regard sur lui. Regard qu’il soutint fermement. « Tu sais que j’aurais très bien pu me débrouiller sans toi, j’espère. Dans ces conditions, je ne vois pas ce que j’ai de spécial à te dire. » Pourquoi la provoquait-il ainsi, il n’en savait trop rien. Un simple « merci » et elle lui fichait la paix, il le savait pourtant. Il était en train de risquer sa place dans ce club ainsi que de perdre patience à cause de sa fierté mal placée. Mais c’était comme ça, c’était Yûji tout craché. Et après ce qu’il avait vécu avec son père, autant vous dire que c’était un tenance. « Dis-moi plutôt pourquoi tu t’acharnes autant sur mon sort ? Tu perds ton temps ici, tu pourrais très bien envoyer des mails ailleurs, alors pourquoi tu t’obstines ? » Il connaissait la cause de l’entêtement de la jeune fille, elle l’était sans doute tout autant que lui, si ce n’était pas plus. Avec ça, ils n’étaient pas sortis de l’auberge … Mais sans doute qu’elle aussi avait sa fierté de femme et qu’elle trouvait qu’un remerciement pour avoir aidé, même si c’était un concours de circonstances, était normal. Leur petit cinéma pouvait durer encore longtemps comme ça. Ganbatte kudasai, mina !

HJ – je crois que c’est la 1ère fois que je ponds un rp de 1236 mots en 25 minutes … xD J’étais trop inspirée, les mots venaient tous seuls, j’ai vécu la scène et tout XD J’espère que ça te plaira !
Koizumi Yûji
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♫ DC : Kang Jae Sun ─ Yoon Min Ho
♫ AVATAR : Mukai Osamu
♫ ÂGE : 27 ans
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MessageSujet: Re: you must say it ; because i want to listen it.   you must say it ; because i want to listen it. EmptyJeu 10 Mai - 19:02

Bien qu’en deux semaines environ il se soit habitué au nouveau rythme de ses soirées de travail, à cette impression d’être seul ou de parler à un mur, à boire seul, à scruter sa montre de manière presque excessive par ennui, Yûji n’était jamais bien ravi de cette sorte de routine qui s’était installée. D’ordinaire, il changeait régulièrement de cliente d’un soir à l’autre, et même s’il y avait des habituées à l’établissement, il ne les voyait pas pendant quatorze soirées consécutives. Surtout que la jeune blonde ne faisait strictement aucun effort pour lui rendre son job plus simple, déjà qu’il n’en était pas fan. Ce n’était pas vraiment par choix ou gaieté de cœur qu’il travaillait dans ce club d’hosts, il aurait sûrement mieux fait de rester dans son ancien restaurant où il était un simple serveur – où il était tout aussi adulé par les clientes qui étaient sous son charme, mais où il n’était pas contraint de les louer à longueur de temps. Ou encore, préfèrerait-il se trouver un emploi un peu plus glorieux, parce qu’être host entachait vraiment son image en tant qu’homme. Quelle femme voudrait avoir un petit ami qui allait passer du bon temps avec des inconnues tous les soirs, et gagnait un salaire grâce à ses prouesses séductrices ? Très peu, c’était bien pour cela que Yûji s’était résigné à accepter l’offre qu’on lui avait faite de venir travailler dans ce club à mi-temps, en parallèle de ses études. Histoire qu’aucune fille ne vienne l’importuner pour une quelconque platonique relation, que ce soit une inconnue croisée dans Séoul ou une camarade de fac. Qu’on le laisse en paix. Mais malheureusement, Im Young Il, la cliente avec laquelle il se trouvait en ce moment-même et qui semblait avoir plus d’affinités avec son téléphone portable qu’avec tout autre être humain présent dans cette pièce, en avait décidé autrement, choisissant de mettre fin à son semblant de libertés. Bien qu’elle ne semble nullement intéressée par l’apparence physique de Yûji, ni l’envie de le mettre dans son lit, ni rien d’autres qui justifiait sa présence ici, elle était venue troubler son petit quotidien tranquille en venant squatter au club tous les soirs depuis qu’elle lui avait sauvé la mise, attendant ses remerciements. Yûji aurait très simple pu accéder à sa demande, mettant fin au calvaire et coupant court avec les jeux sordides et ennuyeux de cette gamine. Gamine qui avait pourtant l’âge d’être en fac et de fréquenter un établissement douteux comme celui-ci. Elle reconnaissait au moins le fait qu’il aurait pu s’en sortir sans son intervention, et que de ce fait c’était normal pour lui de ne rien trouver à redire, bien qu’il sache qu’elle ne s’en tiendrait pas là. Mais cependant, elle semblait avoir d’autres choses à dire. Il n’avait pas raté une miette de son petit manège, ses changements incessants de positions qui lui avaient donné le tournis, que ce soit son repli de ses jambes sur son corps, le fait qu’elle ait eu le culot d’enlever ses chaussures –jamais personne ne se serait permis cela au Japon, et remarque, personne non plus en Corée, ce devait être une spécialité de la demoiselle. Il n’avait pas raté non plus le fait que, suite à ses remontrances concernant son attitude très intime avec son téléphone, la jeune blonde ait décidé de ranger ce dernier au fond de son sac et ait résisté à l’envie de regarder le nouveau mail qui venait d’arriver. A quoi pensait-elle en agissant de la sorte ? Qu’il allait être plus conciliant parce qu’elle faisait des « efforts » ? Comprenait-elle seulement que lui comme elle étaient en train de perdre leur temps depuis deux semaines ? A cause d’une fierté mal placée, qui plus est. Les gens aussi têtus que lui agaçaient Yûji. Et pourtant, il la laissait encore marcher sur ses platebandes.

Yûji écouta la suite du discours avec patience. Il avait raison, elle avait des choses à dire. Et en plus, ce n’était pas encore des choses qui lui faisaient perdre son temps. Il était vrai qu’il n’avait pas envisagé cette hypothèse, dans laquelle la jeune fille serait allée tout balancer à son cher paternel dans l’espoir que celui-ci intervienne dans son opération de vengeance. Il n’y avait certes pas pensé, mais il ne laissa perler aucune pointe de désarçonnement dans son regard, il était tout simplement hors de question qu’il montre ne serait-ce qu’une once de faiblesse dans son raisonnement face à cette fille aux allures de gamine. Qu’avait-il à répondre à ce genre de révélation, qu’il savait comment ça se passait ? Il n’avait nullement besoin d’apprendre à cette Young Il qu’il était lui aussi issu d’un milieu aisé, et qu’il connaissait cet univers impitoyable de gens fourbes qui ne savent pas se débrouiller seuls. Il était inutile de toute façon que cette fille apprenne quoi que ce soit sur sa vie personnelle, elle paraissait tellement fourbe et calculatrice que la moindre information qui filtrait pouvait lui servir pour menacer les gens. Elle devait sans doute faire partie de ce groupe de personnes qui aimaient voir les gens patauger dans la choucroute, comme on dit, jubilant de voir les personnes à sa merci. Dommage pour elle, Yûji serait un adversaire coriace. Il n’avait pas dit son dernier mot dans cette affaire, après tout, et même si Young Il espérait sans doute que ce dernier mot serait « merci », il n’était pas certain d’avoir envie de prononcer ce dernier, vu l’attitude qu’elle employait avec elle.
Mais elle poursuivit son raisonnement, qu’elle trouvait sans doute infaillible. Elle mit en avant le fait qu’elle au moins elle ne le collait pas, ne le draguait pas, n’essayait pas délibérément de le mettre dans son lit. Elle renchérit en ajoutant qu’elle n’essayait pas non plus de le toucher pour provoquer un quelconque effet chez lui. Ce qu’elle oubliait, c’était que ce qu’elle décrivait-là était le principe même d’un club d’hosts. Satisfaire la cliente, quoi qu’il advienne. Bien que Yûji se soit formé sa petite réputation de japonais réservé qui ne voulait pas aller plus loin que quelques verres. Cela donnait du charme à son personnage, après tout. Et elle, elle oubliait cela. Se contentant d’avancer des arguments qui n’effleuraient même pas le jeune nippon. C’était à peine s’il prêtait une once d’attention à son discours, plus concentré sur ses nouveaux changements de position. Elle était un coup penchée vers lui pour le fixer et le détailler, il n’y avait pas échappé, un coup les jambes pliées, et maintenant, elle les avait croisées. « Joli discours, ma chère. Tu oublies cependant que ce tu décris, tentant de te faire passer pour une sainte sans défaut, est le principe même d’un club d’hosts. Les femmes viennent ici pour se détendre en charmante compagnie, avoir l’impression qu’elles sont encore désirables, qu’elles peuvent plaire. Elles ne viennent pas ici pour parler de la pluie ou du bon temps, ça, elles peuvent le faire avec leur mari. Elles ne viennent pas non plus écrire des mails à longueur de temps. », ajouta-t-il en insistant bien sur ce dernier détail pour montrer qu’il la visait bien à travers ses propos, bien qu’elle ait ce soir-là rangé son téléphone. « Ces femmes viennent ici avec des intentions bien précises en tête, dont nous sommes conscients en tant qu’hosts. Et nous sommes là pour satisfaire leurs envies. De nous tous ici, la seule personne qui fait un peu tache dans le décor, c’est toi. » C’était la seule effectivement qui n’avait rien à voir avec cet univers d’hommes et de femmes qui se tournaient autour pour le plaisir de plaire. Bien sûr, il aurait pu employer une autre métaphore qu’une tache dans le décor, et pourtant il avait insisté pour l’enfoncer un peu, histoire de lui montrer qu’elle n’était pas la seule à savoir raisonner un tant soit peu sur quelque chose. Elle semblait se croire invincible, elle finirait bien par voir que ce n’était pas le cas. « Ah, et, vu comme tu as l’air d’avoir la bougeote, au lieu de perdre ton temps ici, pourquoi ne fais-tu pas du sport ? C’est très efficace pour se défouler tu sais. ». Provocation, quand tu nous tiens, tu ne nous lâches plus.

Il aurait pu s’en arrêter là, et la laisser un peu encaisser ce qu’il venait de lui envoyer dans la figure. Dans quelques secondes elle serait en proie à un questionnement intérieur, sans doute frustrée de se faire moucher aussi facilement par un pauvre type qui vendait son corps – bien que ce ne soit pas le cas de Yûji. Elle chercherait un moyen de le contrecarrer sans s’humilier, comme elle avait failli le faire en manquant de perdre l’équilibre quand elle avait rangé son cellulaire dans son sac. Elle serait peut-être agréablement surprise d’avoir un adversaire « à sa taille ». Mais Yûji ne se considérait pas comme tel. Il ne se laissait tout simplement pas embobiner par les plans machiavéliques de la blonde. Il n’était pas du genre à plier devant quelqu’un, surtout pas une peste comme elle. Ce n’était même pas divertissant pour lui, juste épuisant et significatif d’une grosse perte de temps. Il n’aimait pas parler pour rien dire, et c’était ce qu’il avait l’impression de faire depuis quelques minutes. Au moins, les autres soirs où elle était restée silencieuse étaient plus reposants. C’était limite comme s’il ne bossait pas, comme s’il prenait du bon temps comme quand il était au campus de la fac. Un verre d’alcool, un bon sofa, bien plus confortable que son 10m² d’ailleurs. Mais ce soir, il fallait se creuser la tête, placer les bons mots au bon endroit, comme on place la bonne pièce sur l’échiquier avant d’annoncer « échec et mat ». Mais la partie n’était pas finie, il avait encore un atout à sortir. « Tu sais, avec l’attitude que tu as, je pourrais presque t’attaquer pour harcèlement moral. Tu m’empêches de travailler correctement, tu nuis à l’ambiance de ce club, parce que tu es une enfant frustrée de ne pas avoir été remerciée. Impressionnant, cette ténacité. Mais t’as de la chance, les procédures sont trop longues et coûteuses pour que j’aille perdre mon temps là-dedans. »

HJ – O.O 1705 mots, si tu savais depuis combien de temps je n’avais pas autant écrit pour un rp !!! J’espère que tu aimeras, j’ai pris plaisir à écrire et ça m’a guère pris plus de 40min =P
Koizumi Yûji
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MessageSujet: Re: you must say it ; because i want to listen it.   you must say it ; because i want to listen it. EmptyMar 15 Mai - 1:22

Au moins pour le coup, ce soir-là ces deux têtes de mules avaient ce qu’on pourrait appeler une discussion. Ou plutôt une joute verbale, vu le contenu. Ils semblaient prendre un malin plaisir à s’envoyer des sortes de piques afin de se clouer le bec mutuellement. Enfin, peut-être que ce petit jeu malsain amusait la blonde, mais il épuisait les nerfs de Yûji. Il n’avait d’ordinaire pas cette patience avec les gens et prenait sur lui pour ne pas se lever, aller signaler à son patron que la cliente voulait partir, et terminer par la même occasion son service. Etant donné que la jeune femme le réservait à chaque fois pour la soirée entière et ne quittait jamais les lieux au même moment, une fois qu’il en avait fini avec elle il pouvait considérer que sa soirée de boulot était terminée, puisque que les autres clientes intéressées par lui se rabattaient sur d’autres collègues.
Pourquoi s’acharnait-il à lui répondre alors ? C’était peut-être stupide, mais le jeune homme prenait légèrement la cliente en pitié. Il avait très bien compris que son passe-temps favori était de manipuler les gens et de tout diriger, il n’était pas dupe et il fallait être sacrément myope pour ne pas s’en rendre compte. Il se demandait un peu pourquoi elle arrivait à devenir aussi mesquine, ce comportement l’intriguait. Il était cependant bien trop fier pour lui poser la question de but en blanc, préférant lui montrer qu’il était un adversaire redoutable. Peut-être que de cette façon, il la cernerait un peu mieux selon les réponses qu’elle lui fournirait et qu’ils pourraient en finir avec cette lutte stupide qui durait déjà depuis deux semaines.

Il avait d’abord commencé par la sermonner à propos du métier de host, n’hésitant pas à lui faire comprendre qu’il pensait qu’elle n’avait rien à faire dans ce monde. C’était un monde d’adultes et elle était encore une gamine, lui-même était également encore jeune mais, à travers ses expériences personnelles, il avait grandi plus vite que d’autres et donc était plus ou moins mature. Lui en tout cas n’avait jamais perdu son temps à s’attarder sur les faiblesses des gens pour mieux les exploiter et se les mettre dans la poche. Disons que les autres personnes l’entourant n’intéressaient guère le jeune nippon. Peu de choses étaient susceptibles de retenir son attention d’ailleurs, ces dernières années, il trouvait tout d’un ennui mortel. Hormis peut-être le théâtre, la comédie, son seul échappatoire. Après tout c’était cette passion qui lui avait permis de passer outre la dictature assassine de son père et de quitter définitivement le Japon pour ce pays inconnu qu’était la Corée du Sud à ses yeux. Désormais il ne l’était plus, puisque cela faisait environ trois ans qu’il vivait ici, et s’était accoutumé à la vie. Cependant, il n’aimait pas spécialement les mœurs des coréens, ni les séoulites en général, et la vie tokyoïte avait tendance à lui manquer. Il n’était pas retourné au pays depuis son départ précipité, se contentant d’échanges épistolaires avec sa mère. Car même s’il avait rassemblé beaucoup de courage et de témérité pour quitter son père et ses attentes, il n’était pas encore vraiment prêt à affronter sa colère si jamais il se pointait à Tôkyô. Parce que, même s’il voyait sa mère en dehors de la maison familiale, ou qu’il ne la voyait pas tout court, son paternel était assez influent pour savoir que son fils ingrat et déshérité était dans les parages. Il attendrait donc le moment propice.

La suite des événements avait conduit que Yûji avait dit à Young Il qu’il pourrait la poursuivre pour harcèlement moral, bien que les procédures soient trop longues et onéreuses pour lui, qui galérait déjà à payer ses études à Kirin, sa chambre sur le campus et le reste des dépenses quotidiennes. Parce que ne croyez pas qu’au campus on vous servait le petit-déjeuner sur un plateau tous les matins ! Soit il avait le temps de faire des courses, soit il déjeunait au sein du réfectoire de l’école.
Elle semblait passablement troublée par ce qu’il venait de débiter, mais semblait tout aussi douée que lui pour le dissimuler, car son désarçonnement ne fut apparent que durant une fraction de seconde. Mais comme Yûji fixait souvent les gens quand il s’entretenait avec eux, il n’avait pas pu échapper à la passagère faiblesse dans le regard de la jeune fille. Mais il fit comme s’il n’avait rien vu. Aucun intérêt pour lui, de toute façon. Elle se décida d’ailleurs à réagir à ses paroles. Il l’écouta, et répliqua aussi sec : « C’est toi qui voit ça comme des menaces, je ne pense pas avoir annoncé ça comme tel, ton interprétation est tout de même intéressante ! ». Il écouta assez patiemment la suite du discours – plutôt long de Young Il, prenant ses aises en s’enfonçant contre le dossier du sofa et en étalant ses bras de part et d’autre de son corps sur le haut du dossier, comme chez lui. Plus la jeune fille parlait, plus un rictus étrange se dessinait sur les lèvres de Yûji. Il commençait à se divertir, mine de rien, ce qui était rare ces derniers temps. On ne pouvait nier que cette fille n’était pas du tout une cliente habituelle. Elle reconnaissait ne pas avoir sa place ici, tout en soulignant le fait qu’elle était inhabituelle, comme Yûji le pensait déjà. Bien sûr que son intérêt n’était pas de chercher des hommes pour se divertir, ou un jouet quelconque avec lequel s’amuser un temps. Cela s’était vu dès le premier coup d’œil. Etrangement, comme si un aura vengeresse planait autour de la coréenne, dès qu’il l’avait vue mettre un pied dans le bar à hosts le lendemain de l’incident, il avait compris que les ennuis ne faisaient que commencer, alors qu’il s’était cru sauvé.
Elle avait l’air d’avoir le métier d’host dans le collimateur. Remarque, Yûji n’était pas ici par choix non plus, alors bon, il était assez d’avis avec ce qu’elle disait, sans cependant le montrer, car il n’avait aucune envie de dévoiler à la blonde les raisons de son contrat ici. Une inconnue aussi peste qu’elle n’avait pas besoin de savoir un millième de sa vie, surtout quand elle venait de lui faire comprendre qu’elle trouvait qu’il avait un balai dans le cul. Une gifle, voilà ce qu’il avait envie de lui mettre dans l’immédiat. Non mais c’est vrai, qui avait envie de supporter une seule seconde de plus une telle plaie de la société ? Pourtant, c’était bien ce qu’il allait faire, et pour combien de temps encore ? « Tu sais, ton point de vue sur ce job n’est pas totalement erroné, mais bon. Et j’avais compris tout seul quel genre de diablesse tu étais, cependant tu as mal interprété le surnom que je t’ai donné : quand je parlais de sainte, c’était parce que tu clamais que tu n’étais pas là pour me violer du regard et me toucher pour me donner des sensations … » Oui, depuis son arrivée en Corée du Sud trois ans plus tôt, Yûji avait un peu relâché son langage, et il se demandait quelle tête ferait sa mère si elle l’entendait parler ainsi un jour. Mais bon, à quoi bon mâcher ses mots avec une fille qui venait de vous dire que vous aviez un balai dans le cul ? Elle voulait voir peut-être ? tsh.

Cependant, la situation prit rapidement une autre direction. Alors qu’un peu plus tôt, elle affichait un regard assuré et franc, montrant à quel point elle s’assumait dans son quotidien et à quel point elle savait qui et comment elle était, son regard avait soudainement changé et elle affichait désormais une mine plus calme. Yûji n’aurait pas su expliquer ce revirement de situation, enfin, avant qu’elle ne se mettre à parler, bien évidemment. Elle débita tout un flot de paroles auxquelles le nippon ne prêta pas tout de suite attention, plus occupé à se servir une coupe de champagne. Mine de rien, parler autant lui avait donné soif, il lui fallait un remontant alcoolisé pour supporter les enfantillages de Young Il. Bien que la discussion ait largement dérivé du sujet principal pour lequel la coréenne était toujours au rendez-vous, soir après soir. Cependant, en entendant la sincérité dans sa voix, son étonnement quant à ce métier sordide et dégradant, son regard croisé entre de l’inquiétude et de la curiosité, il crut bon d’écoute ce qu’elle racontait. Elle semblait vraiment vouloir comprendre l’intérêt de ce métier, le but de devenir un jouet auquel on jouait pour se divertir un temps, puis le laisser par terre une fois qu’on avait fini. Elle parlait de perdre son humanité … Peut-être que Yûji ne travaillait pas encore ici depuis assez longtemps, mais il ne ressentait pas encore cela. D’un autre côté, il savait que les arguments qu’elle avançait n’étaient pas faux et il partageait souvent ce sentiment de doute. Au final la question qu’il voulait à tout prix éviter tomba comme un cheveu sur la soupe : Pourquoi était-il un host ? … Yûji avala sa coupe de champagne d’un trait, signe qu’il était embarrassé de la tournure que prenaient les événements, et la coréenne ne manquerait pas de s’en rendre compte, observatrice qu’elle était. Second signe de faiblesse, il soupira bruyamment après avoir reposé son verre sur la table et mira le plafond pendant un moment, sans rien dire, réfléchissant. Troisième faiblesse, il se passa une main dans ses cheveux comme à chaque fois qu’il était gêné, de façon très énergique, et se mettant à râler en japonais, car le faire en japonais plutôt qu’en coréen était plus un réflexe pour lui. Il fallait qu’il s’exerce souvent dans sa langue natale pour ne pas l’oublier, car ici, quasiment personne ne parlait japonais et ça lui manquait. Vous le verriez étudier minutieusement ses kanji tous les soirs … « Pour parler franchement, je n’en sais pas vraiment grand-chose moi-même. Et si moi je ne sais pas, alors qui peut le savoir pour moi ? »

C’était vrai après tout, bien qu’il se soit convaincu de le faire pour dégoûter les filles de son choix, éviter une relation stable et construite, car peu de filles supporterait l’idée que son petit ami fasse des louanges à longueur de soirée des inconnues souvent plus vieilles que lui pour gagner son pain. Bien qu’il pense que c’était surtout à cause de cela, ce n’était pas une motivation assez grande pour se tourner vers ce genre de métier dégradant et spécial. Alors, pourquoi ? Il n’y avait jamais vraiment réfléchi. Du jour au lendemain, il avait rendu son tablier dans le petit restaurant dans lequel il était employé, et avait accepté l’offre d’emploi du directeur de ce bar, faites quelques mois plus tôt. Et le patron avait apparemment misé gros sur lui, car même après de longs mois, il avait semblé ravi de pouvoir enfin compter Yûji parmi ses employés. Peut-être était-ce dû à ses origines nippones ? Allez savoir. « De toute façon, pourquoi cherches-tu à savoir cela ? On s’en fout de ce que je fais, et du pourquoi, je suis là et c’est ainsi. Ca ne changera pas. Parce que ….. Je n’ai pas envie de changer. » Il était las de toutes les déceptions que la vie lui avait fait endurer jusque là. Bien sûr qu’il y avait pire que lui, bien sûr que des gens mourraient tous les jours de maladies très graves, et qu’à côté ses conflits avec son père, son déshéritement, ce boulot ingrat, ses études, son ex petite amie qui avait laissé des marques au fer blanc dans son cœur, pouvaient paraître anodins, mais que voulez-vous, il ne pouvait que se concentrer sur son vécu, alors pour lui, ça pesait lourd, quand même.

Au bout d’un long silence, et après avoir hésité, il lâcha : « Tu veux pas aller autre part qu’ici ? J’ai l’impression d’être espionné, et tu n’aimes pas plus que ça ce bar. Allons marcher. Cela fera partie de mes services de ce soir. Ou alors … Compte ça pour un bonus ? Comme tu veux. » Il ne savait pas vraiment pourquoi, si soudainement, il avait proposé ça à Young Il. Mais il sentait que le champagne lui tournait la tête, il avait bu sans manger, il avait chaud ici, et il avait besoin de se dégourdir les jambes. Sachant que la coréenne ne lâcherait sans doute pas prise quant à son cas, autant l’embarquer avec elle, non ? Marcher pouvait faire du bien après tout. C’était peut-être le léger ton de sincérité de Young Il qui l’avait convaincu, au final ? Même s’il risquait de le regretter par la suite, quand le démon referait surface …

Hj – 2129 *O* J’espère que t’as aimé ! Désolée du retard, j’avais envie de répondre mais ce week-end aucune motivation pour écrire. Maintenant que je suis en vacances, ça va mieux o/
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