Jang Eun Sil

Eun Sil est la définition parfaite du loup solitaire. Peu à l’aise avec les gens, pas très bavarde et pas franchement souriante. Elle est juste persuadée d’être incapable de pouvoir vivre en société et stresse à chaque fois qu’elle doit ouvrir la bouche. Eun Sil participe grandement à son isolement en s’imaginant que de toute façon personne ne la veut comme amie et qu’avec un caractère comme le sien elle ne ferait pas une bonne copine. Son psy pense que tout ça est grandement lié à sa mère, partie trop vite et qui ne s’occupait pas vraiment d’elle avant son départ de toute manière. En compensation Eun Sil aime énormément son père. Même si ça ne se voit pas forcément il est la personne qu’elle respecte le plus au monde et il est celui à qui elle a besoin de prouver sa valeur. D’ailleurs Eun Sil est quelqu’un d’assez ambitieux et quand elle veut quelque chose la jeune femme met toutes les chances de son côté pour réussir. Elle est un peu bornée sinon elle n’aurait pas continué de vouloir devenir une artiste solo même en étant coincée dans un groupe depuis quatre ans. Loin d’être égoïste Eun Sil est tellement dans son monde quand elle chante et danse, qu’il lui est difficile de partager la scène avec d’autres personnes. Elle est faite pour s’épanouir seule et accepte difficilement que l’on s’incruste dans sa bulle.

Sa vie se résume à la musique et à la danse. Eun Sil n’a jamais rien fait d’autre de sa vie. Il faut dire qu’avec un père musicien il était difficile de ne pas aimer cela. La chose la plus paradoxale est que sa mère n’aimait pas la musique. Eun Sil se souvient d’elle comme d’une femme froide, peu affective et qui soufflait à chaque fois que de la musique résonnait chez eux, c’est-à-dire très souvent. Pourtant Eun Sil n’a aucun autre passe-temps. Si un seul mais c’est un secret. Eun Sil écrit et pas à n’importe qui, à sa mère. Cette femme qu’elle a détestée, pleurée, regrettée puis pardonnée. Elle n’envoie pas ses lettres et les garde précieusement cachée dans un coin de son bureau. Peut-être dans l’espoir de pouvoir lui donner cette correspondance secrète. Pour l’instant maman Jang reste aux abonnés absents sans que qui ce soit sache où elle se trouve.

Eun Sil ne fait même pas les magasins ou très peu. Se sont les stylistes de l’agence qui lui sont chargées de garnir sa garde-robe sinon elle passerait sa vie en vêtements de sport et à porter ses tenues de scène. Pourtant elle a un plutôt bon sens de la mode et un amour inconditionnel pour les vêtements noirs et les jeans troués.

« Chère maman,
Je me sens tellement ridicule de t’écrire alors que je n’ai aucune adresse à laquelle t’envoyer cette lettre et même si j’en avais une je ne te l’enverrais pas. Non pas que je veuille renouer les liens, bien au contraire, mais c’est cet idiot de psy que papa m’oblige à aller voir qui m’a dit de faire cet exercice. Au début je ne voulais pas le faire parce que un, je vais très bien et je n’ai pas besoin de ces foutus consultations et de deux, quand bien même je ne serais pas si à l’aise que ça dans mes baskets ce n’est surement pas parce que t’as jamais étais là pour moi, ni pour papa d’ailleurs. Mais cet après-midi je n’ai rien à faire, je suis enrhumée alors je n’ai pas le droit de suivre de cours de chant et hier je me suis tordue la cheville, du coup me voilà assignée à résidence. Et je trouve le temps franchement long. Ça fait combien d’années que je n’ai pas eu de temps pour moi ? Je passe le plus clair de mon temps à m’entraîner à l’agence, même le dimanche.
Alors voilà, parce que je n’ai rien de mieux à faire j’ai repensé à mon crétin de psy et je me suis dit pourquoi pas. Au final ce n’est pas si désagréable que ça. Comme tu t’es barrée il y a quelques années déjà je vais te faire un petit briefing sur ma vie et celle de ton ex-mari, on ne sait jamais notre existence pourrait t’intéresser.
Saches que moi aussi j’aime la musique. Et oui dommage pour toi en plus d’avoir épousé un musicien t’en as pondu une. Les choses se sont faites tellement naturellement. Je ne sais pas si tu te souviens mais même dans mes souvenirs les plus lointains il y a toujours eu de la musique à la maison. Est-ce que tu te rappelles que petite fille je passais mon temps à chanter ? Plutôt que d’aller jouer et de me faire des amis je passais des heures assise dans ma chambre à chanter. Chanter s’est toute ma vie. Petite je rêvais les yeux ouverts en regardant les prestations des chanteurs à la mode. Ils avaient l’air tellement heureux sur scène, ils passaient un moment qui n’appartenait qu’à eux. Moi aussi je voulais vivre ça. Quand je chante ou que je danse j’ai l’impression d’être seule au monde. C’est juste moi et la musique. »

« Maman, aujourd’hui je les ai encore entendu murmurer dans mon dos. Tous les trainees me regardent de travers parce que je suis la fille du président. Selon eux je ne mérite pas ma place à l’agence. Pourtant je me suis battue pour en arriver là. Justement parce que mon père est le président je travaille le double des autres pour être reconnue. Je ne veux pas être traitée de fille sans talent qui joue sur ses relations. Quand j’aurais fait mes débuts je leur montrerais à tous que ce n’est pas mon nom qui m’a portée jusqu’ici. Connaissant papa si je n’avais eu aucun talent il ne m’aurait pas prise dans son agence et il m’aurait obligée à faire des études. »

«  En fait t’es un monstre, un vrai de vrai ! J’ai toujours cru papa et toi aviez divorcés mais non ! WOW. Alors t’as disparues de notre vie, tu t’es évaporée dans la nature sans jamais nous donner de nouvelles dans le but de ne jamais revenir mais t’es partie sans signer de papier de divorce. Bien joué. Tu as donc enchainé papa à toi, il ne peut pas passer à autre chose pendant que toi tu dois t’éclater quelque part sur la planète. Je suis donc née dans un foyer où les parents ne prennent jamais en compte les besoins et les désirs de leur enfant. Non parce que je ne pense pas que tu aies pensé à moi en partant. Rassure toi papa n’est pas mieux.
Aujourd’hui aurait pu être le plus beau jour de ma vie. Je vais enfin faire mes débuts. Je voudrais m’en réjouir mais ce n’est pas vraiment ce que je voulais. Mon rêve à moi est de devenir chanteuse SOLO pas de jouer à la figurante dans un groupe de six personnes. KLUV. Le nom n’est pas terrible en plus… Papa m’a annoncé ça comme une fleur. Apparemment je manquerais d’expérience pour pouvoir débuter en solo, ce qui en soit est logique puisque je ne peux pas avoir d’expérience si mon père refuse de me faire débuter ! Et plus important encore, à ses yeux, j’aurais besoin d’apprendre ce qu’est le travail d’équipe. Allo la terre ici Jang Eun Sil. Bien sûr que j’ai des lacunes en la matière, mais ce n’est pas par pur égoïsme ou parce que je ne m’intéresse pas aux gens c’est juste que je ne suis pas faite pour vivre en société. Je suis tout simplement incapable de me mêler aux autres, je préfère observer de loin. Je suis une solitaire et faire partit d’un groupe n’y changera rien.
Et puis mon rêve ce n’est pas ça. Je me suis crevée au travail pour être reconnue comme danseuse et chanteuse de talent. Est-ce que c’est trop demandé à mon père de reconnaitre enfin mes capacités ? Je voudrais qu’une fois dans sa vie papa arrête de me regarder comme une petite fille. Je sais que mon côté solitaire ne lui plaît pas trop et qu’il aimerait que je m’ouvre aux autres. Seulement il a besoin de comprendre que c’est ce que je suis et que des séances de psy hors de prix ne feront pas de moi un modèle de sociabilité. Je ne ris pas aux éclats, je souris peu, je ne parle pas beaucoup mais je m’entraine sans relâche pour me donner les moyens de réussir. Parfois je me dis que je ne suis pas la fille dont papa rêvait. »

« Je ne vais pas te mentir, ça fait longtemps que j’ai arrêté d’aller chez un psy mais je continue de t’écrire. J’ai pris gout à ces lettres que j’accumule au fil du temps, et puis ça fait quelqu’un avec qui parler. Les choses se passent plutôt bien avec le groupe, on a pas mal de succès. Pour faire plaisir à papa je fais des efforts pour m’intégrer mais comme on dit : chassez le naturel il revient au galop. Je ne suis définitivement pas faite pour vivre en groupe. Enfin ce n’est pas une raison pour ne pas m’investir musicalement dans KLUV. Je ne me suis toujours pas faite au nom… Je travaille encore plus qu’avant. Il n’est pas question que je lésine sur mes activités au sein du groupe, je ne veux pas jouer à la fille à papa égoïste qui fait sa crise de nerf parce qu’elle n’a pas eu ce qu’elle voulait. Je me dis que si je donne tout ce que j’ai papa finira par reconnaitre mes talents. Je continue de rêver du jour où il m’annoncera que mes efforts au sein  de KLUV auront portés leurs fruits et que je pourrais avoir mon solo. C’est un peu égoïste de ma part mais je veux la scène pour moi toute seule. »

« Les critiques et les reproches n’ont pas changés. Les gens continues de dire que je n’ai aucun talent et que c’est parce que je suis la fille du président que j’ai pu faire mes débuts. Je crois que dans KLUV je suis celle qui a le plus d’anti. Quoi que je fasse les gens n’arrêteront jamais de dire la même chose et je sais que si je commence un solo ce sera pareil. De toute évidence il y aura toujours des personnes prêtent à me descendre et à me rappeler que de toute façon je ne suis rien sans mon père. Dans mes grands moments de doute je me surprends à penser qu’ils ont raison. Peut-être que je ne suis pas si douée que ça, peut-être que papa n’est pas si objectif que je veux bien le dire. Toutes ces histoires me mettent dans une position difficile alors que le groupe s’apprête à sortir son premier album japonais.
D’après He Ran je me prends la tête pour rien. Selon elle je serais suffisamment talentueuse pour faire partit du groupe et être chanteuse. Lee He Ran est ce qui doit se rapprocher le plus d’une amie. Quatre-vingt-dix pourcent de notre relation est basé sur le fait qu’on ne soit pas hyper sociable l’une comme l’autre. Et j’aime bosser ma danse avec elle, c’est quelqu’un de travailleur. En fait personne ne se laisse aller dans le groupe, tout le monde bosse et ça c’est vraiment génial. »

« Hier soir j’ai confectionné deux poupées vaudous, l’une à l’effigie de papa et l’autre à celle de Yoo Min Ho. Je n’ai rien contre lui, ce n’est pas un mauvais bougre mais j’apprécie beaucoup moins le fait que sa petite idylle nous ai valu un allé simple pour Kirin. Je suis ravie. Pour mon premier jour de cours papa était aux anges. Il m’a mitraillée de photos et j’ai bien cru qu’il allait se mettre à pleurer. Tous les membres du groupe parlaient de cette école avec des trémolos dans la voix et des étoiles dans les yeux, alors forcément il n’y a que moi qui fais la gueule.
A l’école je passe le plus clair de mon temps avec He Ran quand nous avons cours ensemble, le reste du temps je suis seule. J’ai surpris plusieurs conversations des autres élèves à mon sujet. Pour une fois on ne dit pas que je n’ai aucun talent mais leurs messes-basses ne sont pas plus élogieuses. Apparemment on me trouverait arrogante. Très sincèrement je tombe des nues. Je sais que je suis froide mais je ne pensais pas être arrogante. Je n’ai pourtant pas d’orgueil surdimensionné et je ne me crois pas supérieur aux autres. Je dois dégager quelque chose de désagréable et ça ne me rassure pas. Est-ce que le reste du groupe me voit comme ça aussi ? Je devrais peut-être faire des efforts pour changer cela. »

«  Sans que je m’en rende compte ce qui au départ était des lettres adressées à maman sont devenues une sorte de journal intime. J’ai grandi maman, je me fiche bien que tu sois partie, que tu nous aies abandonnés. Peut-être au final avais-tu tes raisons pour ne plus vouloir rester avec nous. J’aimerais tout de même savoir où est-ce que tu es, ce que tu fais, comment tu vis désormais. Tu restes tout de même ma mère alors je suis naturellement curieuse à ton sujet. J’espère que tu vies bien.
Ma vie à moi à repris son cours normal. Je suis toujours un membre des KLUV mais je ne m’en plein pas. Je sais que mon tour viendra alors j’attends patiemment et je continue de travailler dur pour m’améliorer et pour que papa me donne ce que je veux depuis tant d’années. Je ne me suis pas plus ouverte aux gens mais je vies toujours aussi bien ma condition de loup solitaire. Le calvaire Kirin est enfin terminé. Calvaire, j’abuse peut-être un peu car je dois bien l’avouer mon passage là-bas n’aura pas été si terrible que ça. Je ne me suis pas fait d’amis, de toute façon ce n’est pas comme si je cherchais à en avoir.  Mais j’ai appris beaucoup de choses en cours et j’ai même fait de gros progrès dans plusieurs domaines. »

« Par moment je comprends et j’approuve la raison pour laquelle tu as quitté papa, vraiment. Comme ce truc un peu bizarre qui vient de se passer avec l’école. Je ne vais pas lui en vouloir de souhaiter se concentrer plus sur l’agence, avec ce qui s’est passé avec la Stardust… C’est étrange de se dire qu’il n’est plus le directeur de Kirin. Enfin, avec toute cette histoire de nouvelles opportunités se présentent à moi. Les rumeurs à l’agence parlent d’une possible dissolution de KLuv ou d’un remaniement de tous les groupes. Hier soir à la maison papa a laissé entendre que les rumeurs pouvaient être vraies et que je pourrais avoir mon solo. Je souris maman. Je souris comme une idiote depuis hier. Ça fait combien de temps n’ai-je pas été aussi heureuse ?  J’ai envie de le crier sur tous les toits. C’est tellement bon de savoir que mes efforts ne sont pas vains !
Pour le nouveau fonctionnement de Kirin, j’hésite à aller y faire un tour. Juste pour voir. Je ne sais pas. Je pourrais apprendre de nouvelles choses. J’avais fait beaucoup de progrès pendant mon année là-bas. Je devrais peut-être arrêter d’être aussi bornée et ne penser qu’à ma carrière. »