Mars 2014.
- Bonjour Hei Yung, vous venez d'intégrer la Kirin Art School c'est bien cela ?- En effet, après une deuxième audition, j'ai réussi à rejoindre cette école dont je rêve depuis tout petit.
- Pour quelles raisons rêviez-vous de cette école ? - Parce que depuis tout petit, je suis passionné par la danse. J'ai été attiré par celle-ci en voyant des breakdancers et j'ai voulu commencer là-dedans à cette époque et cette envie ne m'a jamais quitter. Kirin est donc pour moi l'école rêvée pour développer encore ma passion et me permettre de réaliser mon rêve. Puis, cette école est la plus renommée non ? Qui ne voudrait pas y aller quand il a des projets aussi ambitieux que les miens ?
- Pourquoi vous avez choisi le chant plutôt que la dance en matière principal, alors que êtes si passionné par la danse ?- Parce que je suis ambitieux - et probablement aussi narcissique- , je ne veux pas être un simple figurant dans un clip. Je compte être sur le premier plan, parce que je sais que j'en suis capable et je ferais tout pour concrétiser cela.
- Vous avez l'air sûr de votre talent, vous vous êtes déjà produit en spectacle ?-
*rire nerveux* Oui... Malheureusement... Ma mère m'a fait suivre des cours de danse classique quand je lui ai dit que j'étais désireux de faire de la danse... Elle m'a dont inscrit en danse classique... J'ai suivi ces cours et je me suis produit plusieurs fois en spectacle... Mais le mieux, le summum, c'est le breakdance. La danse de rue comme certain, l'appel. La rue est ma scène depuis longtemps maintenant.
- Quels sont vos atouts qui peuvent vous démarquer des autres danseurs ?- Ça ne se voit pas ?
*rire* Je me démarque, par mon style, ma personnalité. Je suis un excentrique comme on aime à me le dire.
- Les excentriques sont loin d'être en pénurie dans le milieu. Je parle de vos compétences, pas de votre apparence.- Je dirais mes bonnes bases en danse classique. Après tout, vous connaissez beaucoup de rappeurs qui savent faire un ballet ?
- La haute exigence de l'école vous fait-elle peur ?- Non, pas réellement, parce que je suis moi-même très exigent. Je sais ce que je veux et tant que je n'obtiens pas le résultat désiré, je continuerais de m'entraîner.
- En parlant de votre apparence, ne risque-t-elle pas de vous confiner dans un seul type de dance/chant ?- L'apparence peut être modifiée, je n'ai pas peur de changer de couleur de cheveux ou même simplement de coiffure. Je trouve même cela plus amusant... Puis au final, n'est-ce pas le risque de tout le monde d'être confiné dans un style particulier ? Viser la célébrité ne change rien à cela.
- La célébrité n'appelle que quelques élus, avez-vous prévu un plan B en cas d'échec ?- Non, car cela signifierait que j'accepterais l'idée d'échec. C'est une chose que je ne peux pas tolérer. Les autres peuvent rater, mais pas moi. Car j'ai des choses à prouver à certaines personnes.
- Qu'avez-vous à prouver ?- Que j'en suis capable déjà. Mais également que l'on n'a pas besoin d'être monsieur tout le monde pour réussir dans la vie. On m'a toujours reproché ma différence, mes goûts, ... Alors, je compte bien montrer à ces personnes que j'ai réussies mieux qu'elles.
- Votre famille accepte-t-elle ce plan d'avenir ?- Ah Ah Ah... Non... Absolument pas... Ma mère est totalement contre, pour elle s'est trop fantaisiste. Elle n'attend en réalité qu'une seule chose... Que je rentre à la maison en ayant raté. Par contre, j'ai tout le soutien de ma petite sœur. C'est d'ailleurs ma première fan, je crois.
- Pourtant, c'est elle qui vous a inscrit au cours de danse classique non ?- En effet, mais c'est uniquement parce qu'elle aime cela. Ma mère à des goûts assez coincée à mes yeux. Elle est très raffinée dans ses goûts et donc, ce que je suis ne lui convient pas du tout... Elle aimerait que je lui ressemble, que je me fonde dans la masse. C'est juste quelque chose que je ne peux pas. Je suis désireux d'être unique.
- Et votre père dans tout ca ?- Mon père... C'est juste un homme banal et sans avis... Il suit les décisions de ma mère en permanence. Il est trop effacé, trop soumit. Puis, il est souvent absent, donc au final, il n'a jamais vraiment eu quoi que ce soit à dire dans le ménage.
- Comme quoi le dicton "tel père, tel fils" ne se vérifie pas, d'ailleurs pourquoi aller à l'encontre de l'avis de tes parents ?
- Parce qu'il s'agit de ma vie, de la profession que je veux faire, alors ils n'ont pas leurs mots à dire là-dessus. C'est ma vie, mes choix, ... Puis, je me vois mal chercher à faire un métier choisit par ma mère... Quitte à faire quelque chose de ma vie, autant que cela soit quelque chose que j'aime.
- Sinon, pour continuer sur les sujets réjouissants, vous avez dû passer deux auditions. Qu'est-ce qu'il s'est passé à la première ?- Je pourrais prétexter une excuse, telle que la musique que j'ai choisie n'était pas la bonne... Mais en réalité, l'année passée quand j'ai passé la première audition, je n'étais pas prêt... J'ai mal géré mon stress, mon angoisse et donc je me suis planté, mes mouvements ne ressemblaient à rien... C'était horrible... Cette année, j'y suis allé de façon plus relaxe, après tout, j'ai connu l'échec donc je sais ce que ça fait et je n'ai plus réellement peur de celui-ci... Je pouvais donc tout donner sans avoir peur de tomber... Même si le risque est encore là... C'est probablement ça qui a joué aussi... Puis ils acceptent un nombre minimum d’élève boursier… La prise de risque, l'année passée je n'avais rien osé pour me démarquer réellement, il n'y avait alors que mon apparence d'atypique... Alors l’année passée, je n’avais aucune chance de réussite au final.
- Passons à la vie quotidienne, ça ne vous fait rien d'être loin de votre ville natal ? - Il est encore un peu tôt pour dire que je me sens mal, mais c'est sûr que ça me fait étrange d'être ici... Je n'ai pas encore l'habitude de ne pas voir ma frangine ou mes potes dans la rue... Et j'ai encore tendance à me perdre... Ce n'est pas demain que j'irais dans le centre-ville tout seul *
rire*
- Pour un danseur de rue, s'y perdre, c'est cocasse. Votre physique ne pose pas de soucis dans la vie de tous les jours ? D'ailleurs d'où ça vient ?- Les rues d'ici ne sont pas celles d'Incheon. Ce n'est pas comparable. Ensuite, j'assume mon style, c'est sûr que je ne passe pas inaperçu que j'entends souvent les gens parler de moi ou me pointer du doigt. Mais plutôt que de prendre dans le sens d'une critique, cela me fait sourire. C'est la preuve que j'ai déjà réussi à m'éloigner de ma mère et cela ne peut que me faire plaisir, car au fond, ce qui me fait le plus peur, c'est de finir comme mon père. Sinon, de base, c'est le signe de ma rébellion contre ma mère est son style trop classique... Vous pouvez qualifier ça de crise d'adolescence pas encore finie si cela vous chante d'ailleurs, mais j'estime avoir finie celle-ci depuis un bon moment.
- Vous dites danser dans la rue. C'est rare de voir un danseur de rue vouloir entrer dans une école d'art et laisser filer sa liberté pour devoir se mettre à la discipline. Ça ne vous dérange pas ?- Pour moi la danse, c'est ma liberté, ma façon de m'évader. C'est une véritable passion et si réellement, j'ai moyen d'en faire un métier, je compte bien le faire... C'est d'ailleurs pour ça que je suis ici. C'est sûr que ce n'est pas la même chose, mais à mes yeux, la liberté est toujours là. Quand je danse, je suis libre, peu importe l'endroit où je suis.
- Mais quand on vous dit comment et quoi danser, c'est restreindre votre liberté non ?- D'une certaine façon, mais ça ne retire en rien le plaisir que je retire de danser. Du moment que le cœur y est n'est-ce pas le plus important ?
- On a bien compris que vous êtes passionné par la danse, mais qu'en est-il du reste ? Avez-vous d'autre passion ? Loisir ? Quels sont vos goûts ?- Je dois bien avouer que je n'ai pas réellement autre chose que la danse et mes projets d'avenir pour m'occuper... Mais j'aime bien me plaquer dans les hauteurs pour réfléchir, sur un toit par exemple. J'aime le calme et la solitude en quelque sorte. Ça me permet de me poser. Mais si je dois parler de mes goûts, j'avoue que j'ai toujours eu du mal à dire non aux glaces... C'est un peu mon péché mignon... J'adore ça, peu importe la saison... Ensuite...
*réfléchit* On peut partir dans le superflu, tel que mes couleurs préférés sont le bleu et le vert, mon légume préféré la carotte, ... Mais bon, je pense que ça n'apportera rien de plus.
- En effet, je n'ai plus d'autres questions à vous poser. Je vous souhaite donc bon courage.