‡ Gourmande ‡ Energique ‡ Souriante ‡ Peureuse ‡ Obstinée ‡ Solitaire ‡ Sûre d’elle ‡ Grosse Dormeuse ‡
-Tu ne t’arrête donc jamais de manger ?
-J’ai pensée à ce steak toute la journée.
-Tu ne vois donc pas déjà assez de sang à l’hôpital comme ça ?
-Règle N°1 : Ne jamais comparer ces patients à de la viande, au risque de finir cannibale.
Je n’avais qu’une seule amie, telle une tâche d’encre sur une copie impeccable cette fille était la tâche de ma vie. C’était la fille biologique de ma famille d’adoption, copie conforme de ses deux riches et puissants parents. Elle est également une star montante de la vague « Hallyu », je passe donc naturellement ma vie à raconter la sienne, tellement « plus formidable » selon les autres. Inutile donc de raconter que j’ai vécue ma vie avec un statut social encore moins élevé que celui d’une ombre.
Mais aujourd’hui je dois parler de moi, de cette ombre surnommer « Cendrillon ». Je suis née d’une union dite « illégitime » , je suis la fille biologique du père de la maison et d’une femme qu’il a connu il y a maintenant vingt-six années. D’après ce qu’on m’a raconter ma belle-mère à insister pour m’éduquer, n’en voulant pas plus que ça à son maris, elle
était stérile et avait enfin la chance d’élever un enfant. Mon père, étrangement, ne me supporte pas, il dit que j’aurais pu ruiner son mariage, que je suis une erreur, « La tâche sur sa copie impeccable ».
J’avais six ans lorsque que ma belle-mère est tombée miraculeusement enceinte, malgré sa maladie. Neuf mois après naissait Min Do, et là se fut la fin de ma belle existence.
Mon école était à six arrêts de bus, la sienne à deux minutes en voiture. Impensable que j’aille dans son école et qu’il soit révélé que le patron d’une grande firme international avait une fille illégitime.
Malgré tout j’appréciai cette sorte d’attention inverser. Ma famille était obligée de penser encore plus à mon existence cherchant sans cesse comment me cacher encore. Je n’ai jamais pu ramener une amie à la maison, j’en avais l’interdiction et de toute façon je n’en avais pas. Au collège j’étais déjà considérée comme une recluse car mes parents ne se montraient jamais aux événements et que je ne participais pas aux voyages.
Mais j’étais heureuse, c’était surement ça le plus étrange, ma bulle me convenait parfaitement.
C’est en entrant au lycée que j’ai compris que je pouvais prendre avantage de la situation.
Grâce au chantage.
Au début je demandais surtout de l’argent, je n’étais plus invisible pour les filles du lycée avec un manteau de grand designer sur le dos. J’étais passée de ma petite chambre au troisième à un salon réaménager pour moi au premier. Même si je n’étais redevable en rien je travaillais avec acharnement en classe, prouvant que j’étais assez intelligente pour vivre moi-même au plus vite.
"-Je veux aller à Séoul et vous ne pouvez pas refuser, dès que je partirais nous n’aurons plus rien en commun sauf le sang et cela nous arrange tous."
Et je m’étais donc envolée pour la capitale, rejoignant les rangs d’une prestigieuse école de médecine et déterminée à montrer au monde que je ne resterais pas cachée derrière quelqu’un d’autre.
J’étais diplômée. Et mieux encore, première de ma promotion, inutile de préciser que les offres d’emploies fleurissaient sous mes pieds.
J'avais passée des dizaines d'entretiens, des grands hôpitaux jusqu'aux grandes universités en passant par des services de renom « Que font vos parents ? », « Dans quelle école êtes-vous allée ? », deux questions suffisaient à ces grands patrons pour assurer votre avenir à votre place. J'avais franchi les portes de Kirin sans grandes attentes, encore une grande école de renom regardant le reste du monde avec hauteur.
Et pourtant.
« -Pourquoi ici plutôt qu'ailleurs ? »
Ce fut cette question, celle-ci plutôt que la profession de mes parents, celle-ci avant même de me demander mon nom. Et c'est donc celle-ci qui me fit me sentir bien pour la première fois.
En y repensant je n’avais pas de quoi être fière de ma vie. Je n’avais pas eu d’enfance, pas d’adolescence et je n’avais vécu que pour prouver au monde, c’est surement pourquoi j’ai finalement décidée de travailler dans une école comme infirmière, pour être au contact des gens, ces gens à qui j’aurais dû ressembler, ces gens auxquels j’ai encore le temps de ressembler.
« Bienvenue à Kirin »