❝Did you miss me ?❞ ft Kim Jae Duk

❝Did you miss me ?❞

De sa démarche féline, Ye Jin suivait tranquillement le directeur dans les couloirs de Kirin. Ce matin serait son premier jour de cours pour elle. Son prédécesseur n’étant pas spécialisé dans la matière avait pris la poudre d’escampette le jour même où Ye Jin avait été engagée. Comme par hasard il avait fallu que ça arrive juste avant les examens, soit la période de l’année la plus agitée de l’école. De plus elle n’avait actuellement aucune idée de ce qui avait été accompli dans ses classes et de si le programme avait été suivi. Ye Jin soupira doucement d’exaspération, elle allait avoir beaucoup de travail à faire à peine arrivée.

Docilement, Ye Jin entra dans la salle que lui avait indiquée le directeur. Bien sûr avec son caractère, elle n’appréciait pas de se faire mener ainsi, elle aurait très bien pu trouver la classe toute seule mais elle était bien obligée de suivre le protocole. Tous les nouveaux professeurs devaient être présenté le premier jour, alors elle se força un sourire semblant très naturel et fit ce qui lui était demandé. Il fallait bien que ses talents d’actrice servent à quelque chose.

Pendant que le directeur l’introduisait, elle scrutait la grande salle devant elle d’un œil critique. Elle observa un à un chacun des visages des étudiants assis simplement sur des chaises comme elle l’avait demandé. L’un d’eux attira particulièrement son attention, forçant Ye Jin à ne montrer aucune expression suspecte sur son visage. Si elle s’était laissée allée, elle se serait mise à rire nerveusement. Après tout elle ne savait pas comment prendre le fait que son seul et premier amour se trouvait dans SA classe. Devait-elle se mettre à paniquer ou bien sauter de joie ? Elle n’était pas vraiment sure, il fallait qu’elle réagisse à tout à ça et pourtant c’était ça son boulot. Pour le moment, elle se contenta d’adopter une attitude neutre. Elle ne pouvait que le traiter comme le restant de ses étudiants, malgré qu’il ait le statut d’idole aujourd’hui. D’ailleurs ce dernier détail compliquait toute l’histoire.

- Bonjour, je serai à partir d’aujourd’hui votre professeur principal d’expression corporelle. J’espère que nous travaillerons bien ensemble. Veuillez prendre soin de moi, ajouta t-elle à la suite de l’introduction du directeur tout en s’inclinant légèrement.

Elle devait faire une bonne impression pour l’instant, inutile de chercher à les terrifier. Le directeur quitta la salle et Ye Jin put commencer son cours. En premier lieu, elle fit l’appel pour connaitre le nom des autres mais aussi confirmer que le garçon en question était la bonne personne et pas quelqu’un qui lui ressemblait trait pour trait.

- Kim Jae Duk…

Ye Jin ne put cette fois ci empêcher un autre sourire de se dresser sur ses lèvres. Elle devait être complètement folle – ce qui était le cas – mais elle était heureuse de le revoir. Ayant fini l’appel elle s’enquit des avancées de la classe, pour ainsi adapter son programme. Ye Jin n’allait pas les coller dès leurs premiers examens, surtout que ceux-ci étaient déjà presque là. Elle opta finalement pour une séance de révisions ou plutôt d’évaluation des talents de chacun. Un à un, ils passèrent pour faire le même exercice : ils devaient apprendre un texte en cinq minutes et le présenter à la classe.

Ye Jin ne s’attendait pas à une excellente performance, mais l’exercice s’avéra plus encore raté que prévu. Cela l’ennuyait tellement qu’elle ne se rendait même plus compte qu’elle ne cessait de jeter des coups d’œil furtifs vers l’emplacement de Jae Duk. Le jeune homme était réellement devenu très beau avec le temps. Elle ne savait si c’était l’effet de la chirurgie esthétique, ou le fait d’être idole qui le rendait comme ça. Après tout, ça pouvait tout simplement être le fait d’être devenu un homme qui le rendait aussi viril. Ye Jin se mordit l’intérieur des joues pour se contenir avant d’exploser. Cet environnement n’était peut être pas très bon pour elle.

- Bien, bien. Monsieur Jae Duk c’est à vous !

Ye Jin attendit qu’il se lève et s’approche d’elle – profitant par la même occasion pour le reluquer de la manière la plus discrète possible des pieds à la tête – pour lui donner son exercice.

- Puisque vous êtes une idole, vous ferez un autre exercice pour moi, lui dit elle avec un petit sourire machiavélique se dressant sur ses lèvres. Vous allez essayer de me communiquer une émotion à partir d’actions et d’expressions uniquement. Vous n’avez pas le droit de parler. Pour éviter toute tricherie, vous allez écrire l’émotion que vous voulez faire passer sur un papier qu’un des élèves gardera et j’essayerai de deviner de quoi il s’agit. Si je trouve du premier coup, l’exercice sera considéré comme réussi. J’imagine que ça ne devrait pas être difficile pour vous puisque vous êtes une idole, n’est ce pas monsieur Jae Duk ?

Elle avait dit ça en s’asseyant sur son bureau tout en croisant les jambes. Ye Jin attendait beaucoup de la prestation de son étudiant préféré.

Les cours à Kirin s'annonçaient amusants. Cela faisait seulement quelques mois que j'étais revenu et j'avais déjà des amis. C'était parfait. Jusqu'à ce que j'aille en cours d'expression corporelle. Tout aurait pu bien se passer, évidemment. Si la remplaçante de notre ancien professeur n'était pas la dernière personne que j'espérais voir. Je ne faisais pas réellement attention lorsqu'elle entra, préférant admirer mes ongles manucurés. La veille, Sae Hee m'avait traîné dans un centre de manucure où j'avais réussi à ne pas avoir les ongles vernis. Je ne fis pas attention à son nom mais ce fut sa voix qui me tira de ma transe.

Je redressais brusquement la tête, les yeux légèrement écarquillés. Elle était là, face à moi. Après tout ce temps loin de Séoul, elle était enfin là...Elle n'avait pas tant que ça changer, maintenant que j'y pensais. Alors qu'elle parlait, je me plongeais accidentellement dans mes souvenirs. Son sourire me hantait, ses réprimandes lorsque je me trompais, son doux rire, tout me revenait et mon cœur s'accéléra de lui-même, sans que je ne puisse l'en empêcher.

- Kim Jae Duk…
Je la regardais.
- Hein ? Ah, oui !
Je devais avoir l'air stupide mais je m'en fichais. Comment avais-je pu passer autant de temps sans l'entendre prononcer mon prénom. J'avais presque les larmes aux yeux. Je ne savais cependant si c'était par bonheur ou tristesse. Si j'avais su qu'elle reviendrait, je n'aurais pas choisi un métier pareil...

Elle nous donna un exercice et je me préparais mentalement au moment où je serais face à elle. Lorsqu'elle m'appela, je me levais lentement, heureux de constater que mes jambes me portaient toujours. Elle changea l'exercice et j'écarquillais à nouveau les yeux. Pardon ? Confus, je réfléchis. Lui montrer une émotion ? Et pourquoi n'arrivais-je pas à détester ce sourire machiavélique ? Pourquoi semblais-je totalement perdu en elle ?

Je pris le temps de réfléchir avant de prendre une feuille et d'y inscrire un mot : « amour ». Mon cerveau me criait que c'était une mauvaise idée mais mon cœur semblait tout contrôler. Je fis un clin d’œil à l'élève à qui je donnais le papier et il ricana doucement. Ouf, personne n'allait croire que j'étais sincère...L'étais-je ?

Je me retournais vers notre professeur, imitant son sourire et m'approchais.
- Avant de commencer, mademoiselle, j'aimerais que vous sachiez que je ne suis pas un si bon acteur que ça...
Si elle se souvenait bien, elle saurait que j'étais incapable de mentir. Et saurait que peu importe ce que je comptais faire, ça viendrait du fond de mon cœur. Qu'allais-je faire, au juste ?

Je hochais la tête, lui signifiant que je commençais et fermais les yeux, réfléchissant. Encore une fois, mon cœur et mon cerveau me criait deux choses différentes. Je cherchais dans mon corps une voix supplémentaire pour décider. Mon entrejambe décida et je faillis sourire.

Doucement, je m'approchais de la professeur assise, ne pouvant empêcher mon regard de se glisser sur ses cuisses, caressant avec douceur ses belles formes. Je m'extirpais de ma transe et le regardais droit dans les yeux. Je faillis pleurer alors que je mis à genoux, la fixant. Pourquoi ne me rendais-je compte que maintenant à quel point elle m'avait manqué ? Pourquoi me rendais-je compte que maintenant que je ressentais toujours la même chose pour elle qu'avant ?

Je pris une de ses mains et, lentement, hésitant, je m'avançais. Je fermais les yeux à quelques centimètres de son visage, continuant cependant d'avancer. Lorsque nos nez se touchèrent, j'ouvris les yeux et ils se remplirent de larmes que je chassais rapidement, clignant plusieurs fois des yeux. Nos lèvres n'étaient qu'à quelques millimètres l'une de l'autre et j’hésitais une dernière seconde avant de bouger à nouveau, mes lèvres frôlant sa joue droite avant de finalement l'embraser.

J'étais sur le point de me briser en deux et personne ne le savait. Personne ne pouvait le savoir à part elle. Mais il fallait qu'elle cherche à savoir.

Spoiler:

Il me répliqua avec un sourire semblable au mien. Je n’avais pas besoin de plus pour savoir ce qu’il allait faire et deviner ce qu’il avait écrit sur son bout de papier. Je pouvais lire dans ses yeux qu’il ressentait toujours la même chose qu’il y a huit ans.

- Avant de commencer, mademoiselle, j'aimerais que vous sachiez que je ne suis pas un si bon acteur que ça...

Je me contentais de hocher la tête attendant qu’il agisse ce qui me mit pas beaucoup de temps à arriver. Sans surprise je le vis s’approcher de moi, et malgré que mon expression ne laisse rien transparaitre, les battements de mon cœur ne trompaient pas. Pourquoi est ce que je me sentais ainsi à chaque fois qu’il était près de moi ? Je détestais ça et en même temps je ne pouvais m’empêcher d’en vouloir plus. Je réprimais un frisson lorsqu’il toucha ma main. Je ne bougeais pas pendant qu’il approchait son visage du mien. Je devais me maitriser mon corps à tout prix même si mon esprit divaguait complètement. Pendant une fraction de seconde je faillis me laisser aller et fermai les yeux. Un geste aurait suffi pour lui voler un baiser. Un moment de faiblesse qui ne dura qu’une fraction de seconde, mais je me repris assez vite pour ne pas commettre une erreur fatale. Ses lèvres vinrent juste effleurer ma joue, laissant à cet emplacement une sensation de douceur et de brulure intense. Je me rendis compte à quel point cela pouvait être dur pour lui aussi. Il avait les yeux humides mais ne laissa aucune larme couler. Il était vraiment devenu un homme aujourd’hui un homme beau et fort mais je ne pouvais m’empêcher de revoir le petit adolescent qui faisait plein de fautes. J’attendis qu’il s’écarte pour faire mon commentaire au sujet de son exercice. Un rictus moqueur se plaqua sur mon visage.

- Essayiez-vous de me montrer votre amour Monsieur Jae Duk ?

Je vis l’élève qui tenait sa feuille me confirmait que j’avais vu juste. J’émis un petit rire avant de me lever pour m’éloigner de lui. Il valait mieux garder une distance de sécurité avec lui en cours.

- Et bien je dois vous dire que même si j’ai trouvé juste, cet exercice est simplement un échec. Veuillez retourner à votre place maintenant.

Je ne pus m’empêcher d’observer son dos pendant qu’il repartait s’assoir. Ce cas était désespéré, il me fallait une solution sinon je ne supporterais pas de l’avoir dans ma classe et me contrôler en même temps.

- Pour vous répondre je vous dirai qu’en effet vous êtes un très mauvais acteur monsieur Jae Duk, et encore un moins un séducteur. Je doute qu’avec un jeu aussi médiocre vous puissiez faire tomber une fille.

Cela provoqua aussitôt un fou rire général dans toute la salle.

- Néanmoins, les autres peuvent rire mais vous n’êtes pas le seul dans ce cas. Cette classe a encore beaucoup de lacunes mais je suis là pour y remédier.

A cet instant, la sonnerie annonçant la fin du cours se mit à retentir.

- Bien nous y travaillerons la prochaine fois. Vous pouvez disposer, avais-je ajouté en retournant derrière mon bureau.

Je m’assis tout en gardant la tête penchée sur quelques feuilles que j’avais prises sur mon bureau. Je refusais de la relever pour ne pas apercevoir Jae Duk partir. Je risquais de me sentir mal après tout ça. Je n’étais pas ce genre de femmes, mais vraiment pas le genre à tomber amoureuse stupidement et encore moins d’un garçon plus jeune que moi. Il valait mieux que je l’évite…

Spoiler:

Elle avait deviné. Je me redressais en me retenant de pleurer. Sa peau était plus douce que n'importe quoi mais j'avais la sensation que mon jugement était biaisé. Elle sourit d'une façon moqueuse et je me retins de fondre en larmes en comprenant ce qui allait se passer. Pourquoi semblait-elle vouloir me faire du mal ? N'avais-je pas assez souffert pendant toutes ses années ? N'avais-je pas assez souffert depuis qu'elle était entrée dans cette salle ?

Les mots durs et brutaux de la professeur me transpercèrent le cœur d'une horrible et curieuse façon. J'avais l'impression de connaître cette sensation mais n'arrivais pas à retrouver d'où. Elle continua de parler, de me ridiculiser et de me mettre le cœur en pièces alors que je retournais à ma place. Il fallait qu'on parle. Il fallait que je lui pose des questions. Et que je parvienne à lui parler sans fondre en larmes ou la gifler.

Les autres élèves se moquaient gentiment de moi. Ils savaient que même si j'étais élève à Kirin, je restais une idole. Compter le nombre de mes fans dans cette salle serait inutile. Lorsque la sonnerie sonna, mon cœur sembla se figer et disparaître de mon corps. Pause de midi. Génial.

Je rassemblais très lentement mes affaires, désirant rester seul avec Ye Jin. Lorsque la porte se ferma sur le dernier élève, je me levais pour la rejoindre et abandonnais mon sac près de mon bureau, ne pouvant empêcher la colère m'envahir.
- Ça t'amuse de te moquer de moi comme ça ?! Ça ne t'a pas suffi de partir aussi longtemps, il faut en pus que tu me ridiculises encore plus ??!!

J'avançais en même temps et me retrouvais face à elle en finissant. Elle était là. Devant moi. Si proche et si éloignée à la fois.
- Pourquoi ?
Ma voix se brisa sur la dernière syllabe et je clignais des yeux, chassant des larmes que je n'avais pas senti monter.
- Pourquoi es-tu partie, nuna ? J'avais besoin de toi. Pourquoi ne pouvais-tu pas rester ?
J'avais chuchoté, n'arrivant plus à parler plus fort. J'avais l'impression que si j'essayais de parler plus fort, ma voix allait se briser et j'allais fondre en larmes. Je n'étais plus ce gamin qui l'aimait passionnément et stupidement. J'étais une idole et un homme, maintenant. Je me souvenais avec précision de la façon dont elle criait mon nom dans la maison lorsqu'elle rentrait de ses cours et que je n'étais pas prêt. Je pouvais presque entendre l'écho de son rire alors que je racontais une énième stupidité en anglais sans m'en rendre compte.

Ce fut sans doute cet écho qui me poussa à m'avancer à nouveau, rapprochant nos visages. Je fermais momentanément les yeux mais les rouvrais juste à temps. Nos lèvres étaient toujours séparées. Seuls quelques millimètres les empêchaient de se toucher.
- Réponds-moi, nuna...Pourquoi ne pouvais-tu pas rester avec moi ?
Sans attendre de réponse, je penchais la tête en avant, fixant le sol alors que je tentais de me retenir de pleurer, à nouveau. J'étais heureux de la retrouver mais je souffrais, en même temps. Peut-être était-ce réellement de l'amour, après tout. Peut-être qu'au fond de moi, j'avais continué à l'aimer, attendant avec patience qu’elle revienne sans m'en rendre compte. Je profitais du silence pour respirer et me calmer. Finalement, je relevais la tête, nos fronts se touchant à nouveau.
- Que voyez-vous, mademoiselle ? Que vous dit mon corps, selon vous ?
J'ouvris les yeux et plongeais mon regard dans ses yeux bruns. Elle était encore plus belle que dans mes souvenirs.

Lorsque le dernier étudiant fut sorti, j’avais senti qu’on se rapprochait de moi. Je savais pertinemment de qui il s’agissait mais je refusais de lever la tête pour voir son visage. Je serrais nerveusement la mâchoire comprenant qu’on était seul et que je n’allais pas pouvoir éviter la confrontation cette fois. Il devait profondément me détester après ce que je venais de lui faire.

- Ça t'amuse de te moquer de moi comme ça ?! Ça ne t'a pas suffi de partir aussi longtemps, il faut en plus que tu me ridiculises encore plus ??!!

Le ton de sa voix confirma ma pensée. Je refermais mon poing me blessant au sang presque en enfonçant mes ongles dans ma chair. Je ne supportais pas de le voir souffrir ainsi. Je ne tins pas plus longtemps et finit par me tourner vers lui. Mon cœur se brisa en mille morceaux en le voyant dans cet état. Jae Duk se mit à me poser des questions auxquelles je n’avais pas la force de répondre. Plus son visage s’approchait du mien plus j’avais mal, c’était beaucoup trop dur pour moi. Il devait bien être l’obstacle le plus insurmontable de ma vie, j’avais beau chercher une solution mais j’en avais pas. En réalité j’arrivais à peine à réfléchir à cause de la proximité entre nos lèvres. Lorsqu’il posa son front sur le mien, j’arrêtais de chercher une réponse ou une excuse. Cela ne rimait à rien de me justifier. J’effleurais doucement sa joue glissant ma main derrière sa nuque. Je la tins fermement tout en me relevant de mon siège. Ma nature dominatrice reprenant le dessus, j’esquissais un sourire avant de combler l’espace entre nous. N’attendant plus, je pris possession de ses lèvres douces et chaudes. J’avais complètement perdue la tête mais c’était plus fort que moi. Son corps tout entier était un objet de tentation. Je m’étais collée contre lui passant mon autre main dans son dos pour le tenir à ma merci. Je le fis légèrement pivoter et le poussai contre mon bureau pendant que mes pressions sur ses lèvres se faisaient plus brulantes. Les battements de mon cœur allaient si vite que j’en avais la tête qui tournait. Posant mes deux mains contre son torse, je m’écartais lentement en le regardant droit dans les yeux.

- Idiot… Ne sais tu pas à quel point je tiens à toi… ? Répondis-je en caressant ses lèvres de mon pouce.

A vrai dire je me sentais presque autant perdue que lui. Je ne savais plus du tout quoi faire pour remédier à ça, ma volonté de le fuir s’était littéralement envolée. Peu m’importait son âge aujourd’hui, j’avais envie de rester avec lui même si pour cela je devais me détruire. De toute façon je venais de le faire en lui volant notre premier baiser.

Je priais pour que personne n'arrive dans la salle ou nous serions grillés et fichus. En particulier elle. Car si je perdais mon titre d'idole, ce n'était pas grave mais elle...Elle elle perdrait son emploi et serait poursuivie par mes fans. Il lui ferait du mal et je refusais qu'il lui arrive quelque chose comme ça. En plus, si je pouvais espérer retrouver du travail plutôt facilement, elle n'en retrouverait sans doute jamais. Ou en tout cas pas en tant que professeur. Mais notre position était-elle réellement compromettante ?

Sans que je ne comprenne ce qu'il se passait, elle s'approcha un peu plus et m'embrassa. J'écarquillais d'abord les yeux avant de me laisser faire, sa main dans mon cou me brûlant presque. Je fermais les yeux, sentant malgré tout des larmes couler sans que je puisse les en empêcher.

Aussi stupide que ça puisse paraître, j'avais souvent imaginé comment ce serait de l'embrasser. Mais jamais je n'avais pensé que ce serait ainsi. J'avais beau être un homme, j'étais totalement dominé par elle et ça ne m'effrayait même pas. La façon dont elle faisait ça me donnait l'impression qu'elle l'avait souvent fait mais je m'en fichais. Elle était auprès de moi et m'embrassait enfin et c’est tout ce qui comptait.

Mon cœur battait à des millions de kilomètres à l'heure, j'en étais certain. Si quelqu'un nous surprenait, nous étions fichus. Mais je refusais de laisser la peur m'envahir. Elle m'avait totalement possédée. Sa main dans mon dos me donnait envie de pleurer encore plus fort. Je sentais tout son corps contre le mien et c'était parfait.

Mes mains se posèrent sur ses hanches alors qu'elle continuait de m'embrasser et de me plaquer contre son bureau. Mes larmes s'étaient enfin taries, semblerait-il, mais je sentais que j'étais toujours trop sensible. Elle était dangereuse pour moi mais je m'en fichais. J'aimais trop ça pour pouvoir m'arrêter.

Lorsque nos lèvres se séparèrent, elle parla à nouveau et la colère monta en moi, encore une fois. Je saisis ses mains et utilisais toute ma force pour la pousser contre le tableau, lui faisant toujours face alors qu'elle avait le dos contre le tableau.
- Alors pourquoi es-tu partie ?!

J'étais furieux, maintenant, j'en étais sûr. Elle réapparaissait à peine dans ma vie qu'elle s'amusait déjà avec moi, jouant avec mon cœur comme s'il était entre ses belles mains. Je ne supportais pas ça.

Sans attendre de réponses, je scellais à nouveau nos lèvres, refusant de laisser ses poignets s'échapper. Peut-être aurait-elle une marque demain, mais je m'en fichais. Qu'elle souffre. J'en avais assez d'être le seul à souffrir. Je bougeais mes lèvres contre les siennes, gardant les yeux fermés pour ne pas être distrait. Je voulais m'assurer de pouvoir me souvenir de tout ça, si jamais elle disparaissait à nouveau.

Je voulais me souvenir à jamais de son corps chaud contre le mien, de nos cœurs battant à l'unisson à un rythme trop rapide pour être normal. Je voulais me souvenir pour toujours de la douceur de sa peau, de ses lèvres ainsi que de cette sensation de perfection, nos corps semblant faits pour être collés ensemble.

Je séparais nos lèvres au bout de quelques minutes, ma poitrine se soulevant et s'abaissant à un rythme trop rapide pour que ce soit sain, n'ayant pas eu assez d'oxygène alors que je l'embrassais. Je la regardais enfin et il suffit que je vois ses yeux bruns pour que je me remette à pleurer, lâchant ses poignets alors que je la serrais contre moi.

La colère avait disparue, remplacée par une peur omniprésente.
- Je t'en supplie, nuna, ne repars pas, s'il te plaît. Reste avec moi, murmurais-je contre son cou, déposant de légers baisers sur sa peau nue, espérant que ça pourrait la convaincre à ne pas m'abandonner à nouveau.

Je ne pus m’empêcher de rire lorsqu’il me repoussa contre le tableau. Il était extrêmement furieux et pour une raison complètement folle je m’en réjouissais. Je jubilais presque de savoir qu’il avait souffert qu’il ressentait toujours la même chose pour moi. J’avais peut être l’air sadique sur le coup mais c’est une manière comme une autre de connaitre ses sentiments à mon égard. Bien sur j’en avais pas d’autant, un simple regard m’a permis de le déchiffrer mais j’avais cette mauvaise habitude d’en vouloir toujours plus jusqu’à être pleinement satisfaite. J’étais horrible…

Cette fois ci ce fut lui qui prit l’initiative de m’embrasser. Je me laissais faire appréciant même la douleur que je ressentais, elle ne faisait que me prouver encore qu’il m’aimait et qu’il avait souffert à cause de moi. J’oubliais tout dans la fureur de son baiser et profitais de chaque précieux contact. J’aurai voulu que ce moment dure éternellement, j’aurai voulu ne plus le quitter mais il finit par rompre le baiser. Des larmes coulaient de ces jolis yeux que j’aimais tant, tout ça par ma faute. J’en avais perdu complètement la voix, il me serra contre lui et je fermai les yeux pour mieux le sentir près si près de moi. Son odeur me rendait folle.

- Je t'en supplie, nuna, ne repars pas, s'il te plaît. Reste avec moi, me murmura t-il.

Voilà, j’avais définitivement le cœur brisé par ses paroles. Je détestais cet idiot car il avait le moyen de me détruire, et encore pire de me rendre prisonnière sans que je ne puisse m’échapper. Ca me rendait malade, mais je n’y pouvais rien. Je finis par m’écarter de lui à contre cœur et me déplaça assez loin pour mettre une distance de sécurité entre nous. A ce train là, quelqu’un finirait par nous trouver dans une situation très embarrassante. Je pris un moment pour réfléchir à ce que j’allais lui dire.

- Jaeduk ah… Pardonne-moi… Je suis vraiment désolée d’être partie ainsi mais je n’avais pas le choix.

Je le regardais droit dans les yeux avant de continuer.

- Mais je te le promets, je ne repartirais plus jamais. Peu importe ce qui arrivera, je resterai avec toi.

Qu’est ce que j’étais en train de dire moi ? Ce genre de choses ne sortait jamais de cette bouche de pécheresse. Il manquerait plus que je lui dise que je l’aimais en face pour me faire envoyer dans un hôpital psychiatrique.

- Je t’aime…

Oh non… Je l’avais dit ! Je devais vraiment être devenue folle !

Lorsqu'elle me repoussa, je sentis comme des flèches lancées sur les morceaux de mon cœur. Est-ce que ça l'amusait, de me faire autant souffrir ? Je me forçais à me calmer malgré tout, séchant mes larmes et respirant doucement et régulièrement. Et j'attendis. J'attendis qu'elle parle ou fasse quelque chose. Qu'elle s'excuse ou pas, je voulais qu'elle parle, qu'elle dise quelque chose, que je sois sûr qu'elle n'allait pas m'abandonner comme ça. Et elle parla.

Elle s'excusa et j'écarquillais légèrement les yeux. Elle ne m'avait donc pas menti ? Voulait-elle réellement rester auprès de moi ? Vraiment ? Nos regards se croisèrent et mon cœur sembla se réveiller, battant à nouveau à une vitesse folle. Elle parla à nouveau et je m'appuyais légèrement sur le bureau près de moi, voulant m'assurer que je ne rêvais pas, que c'était bien réel. J'allais parler mais elle m'en empêcha à nouveau.
- Je t’aime…

Mes yeux s'écarquillèrent d'eux-mêmes et je refermais ma bouche, mon cerveau tournant à une vitesse folle. Pour la première fois de ma vie, mon cerveau et mon cœur était en réel conflit. Lui avouer que moi aussi je l'aimais serait très dangereux. J'étais une idole et étais donc surveillé nuit et jour par journalistes, fans et mon CEO, que ça me plaise ou non. Lui avouer que moi aussi je l'aimais me rendrait son petit-ami, normalement. Mais que lui arriverait-elle si d’autres personnes l'apprenaient ? Qu'allait-elle devenir ?

Rien que cette Song An Hi serait capable de lui faire énormément de mal à elle toute seule alors tout mon fanclub...Non, je ne pouvais pas. Nous ne devions pas sortir ensemble, c'était trop dangereux et je ne voulais pas qu'elle souffre autant voire plus que j'avais pu.
- Nuna, je...
Vas-y, Jae Duk, dis-lui que tu ne peux pas l'aimer, que c’est trop dangereux, que vous ne pouvez pas être ensemble, dis-lui qu'elle vit un amour à sens uni-

- Sors avec moi, nuna.
...Pardon ? Ouaouh, t'as fumé quoi, crétin ? Fais-moi le plaisir de retirer immédiatement ce que tu viens de dire, abruti !!
- Puisque tu m'aimes et que moi aussi alors sors avec moi, nuna.

Mes jambes bougèrent d'elles-mêmes et m'approchèrent de Ye Jin, mes bras se tendant pour que mes mains saisissent ses douces mains alors que je la regardais droit dans les yeux.
- Sois mienne et uniquement mienne.
Je venais de signer mon arrêt de mort.

J’attendais qu’il réponde, espérant presqu’il me rejette après la bêtise que je venais de faire. J’en aurais au moins le cœur léger et aurait pu être enfin libre de cette histoire. Je n’aurais plus été la responsable, celle qui l’avait fui pendant si longtemps.

- Sors avec moi, nuna. Puisque tu m'aimes et que moi aussi alors sors avec moi, nuna.

Etait-il devenu aussi stupide que moi ? Ou tout simplement aveugle ? Ne se rendait pas compte du risque qu’il prenait en voulant être avec moi ? J’avais oublié que cet idiot était tout simplement incapable de mentir même s’il le voulait de tout son cœur. C’était beaucoup plus désespérant que ce que je pensais, j’étais coincée de tous les côtés. Tous mes espoirs s’étaient envolés malgré qu’une horrible partie de moi mourrait d’envie de dire oui. Je ne devais pas non, c’était stupide. Je n’arrêtais pas de me répéter à quel point ça pouvait l’être mais j’avais promis de ne plus jamais le laisser. Ca sonnait comme une bonne excuse pour profiter de l’occasion mais je n’y pouvais rien, c’était lutter contre moi-même. Inconsciemment, un petit sourire se dressa sur mes lèvres alors qu’il s’était approché de moi pour tenir mes mains. Je relevais la tête et plongeais mes yeux dans la profondeur obscure de ses prunelles.

- Sois mienne et uniquement mienne.

Cette proximité était trop tentante, chaque petite parcelle de son corps était abusivement désirable. Ces lèvres immondes me hurlaient de les embrasser, de les mordiller, de les posséder. Cédant à mes pulsions, je couvrais la distance qui nous séparait pour lui voler un autre baiser. Au diable les autres, peu m’importait que quelqu’un arrive à ce moment. Ses lèvres étaient d’une douceur presque criminelle, je me devais de les faire miennes. Je m’écartais un moment pour respirer et afin de lui répliquer :

- Tu m’appartiens désormais.

Mon esprit de femelle dominante avait momentanément pris le contrôle, mais c’était officiel maintenant nous étions ensemble.

Nous étions trop près, c’était trop dangereux mais je n’arrivais pas à me détacher d’elle. Elle était trop proche mais trop loin à la fois. Je voulais qu’elle soit entièrement mienne, que nos corps ne fassent qu’un mais je devais me contenter de ses magnifiques lèvres touchant les miennes, les caressant alors que je lui rendais son baiser, n’arrivant pas à me détacher. Mon cerveau me criait de me détacher d’elle, de m’éloigner avant qu’on ne nous surprenne en flagrant délit mais mon cœur me hurlait d’aller plus loin, de chercher à faire plus et pourtant je savais que ce ne serait pas assez.

Lorsqu’elle détacha nos lèvres, je ne pus empêcher ma gorge de laisser un son de protestation passer mes lèvres. J’ouvris les yeux et vis ses lèvres rouges qui m’appelaient. Je refermais les yeux alors qu’elle me répondait et me rassurait, m’annonçant que j’étais sienne. Sans réfléchir, je lâchais ses mains et la saisis par ses cuisses, la portant pour avoir son visage légèrement plus haut que le mien, son dos appuyé contre le dos. Je lui souris alors que je plaquais mon corps contre les siens, ses jambes autour de moi.
- Je suis à toi et toi seule, maintenant…
Je l’embrassais à nouveau, faisant tout pour me souvenir du goût de sa bouche et de la texture de ses lèvres alors que je savais qu’il allait falloir qu’on se sépare. Les cours allaient reprendre et les autres allaient s’inquiéter si je ne me montrais pas rapidement.

J’eus du mal à la lâcher mais le fis, la reposant avec douceur avant de frôler ses lèvres des miennes.
- Je dois y aller, nuna…Désolé.
Je lui souris avant de saisir un stylo et une feuille de papier sur son bureau, inscrivant rapidement mon numéro de portable. Je lui tendis le papier, en profitant pour lui caresser la main avant de récupérer mes affaires rapidement.
- Vous pouvez m’appeler quand vous voulez, mademoiselle Park. Mais ne tardez pas trop, d’accord ?
Je lui fis un clin d’œil, quittant sa salle en tentant de cacher le sourire qui étirait mes lèvres.

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