❝Hey, would you like some tea?❞ ft Lim Soo Min

❝Hey, would you like some tea?❞

Le cours commença et je préparais mon stylo, prête à noter les diverses informations à retenir. Les cours de japonais étaient chiants au possible mais nécessaires. Et toujours plus simples que le chinois. Pour avoir porté intérêt -très court, l'intérêt, hein- à des groupes chinois, je peux vous promettre que c'est compliqué au possible...Et dire que le japonais avait pris du chinois...

Je soupirais et tentais de suivre le cours malgré la fatigue qui résultait de mon manque de sommeil la nuit précédente. Je m'étais enfin décidée à rendre à Soo Min son classeur et n'avais pu m'empêcher d'étudier une dernière chanson la veille. Étude qui s'était prolongée jusqu'à presque quatre heures du matin...

Je me retins de justesse de m'effondrer sur mon bureau et me forçais à me réveiller, observant les caractères japonais inscrits au tableau. Wow, depuis quand le japonais est aussi illisible ? OK j'avais besoin de dormir. Ou plutôt de me réveiller. Voire les deux. L'un après l'autre.

Je soupirais à nouveau et saisis avec plus de force mon stylo, faisant tout pour me réveiller totalement. Je pouvais le faire !

La cloche sonna et je sortis avec bonheur, mes deux heures de japonais étant enfin finies. Liberté ! Ou presque. Il fallait encore que je finisse les cours de l'après-midi. Heureusement, j’avais une pause et pouvais profiter d'un peu de temps libre. Que je comptais bien utiliser afin de revoir Soo Min. Quelques minutes plus tard, je repèrais la jeune fille près d'une salle avec un piano et me dépêchais de la rejoindre, heureuse de voir qu'elle était seule. Je sortis le classeur de mon sac de cours, faisant attention de ne pas perdre de feuilles.
- Unnie ! Je te rends ton classeur, je l'ai assez monopolisé comme ça, tu peux le reprendre.
Je lui souris en lui tendant son classeur. Quel dommage que je n'ai pas eu le temps de tout travailler...Mais il fallait que je le lui rende.

Une idée me traversa l'esprit et je me mordis légèrement la lèvre inférieure, discutant avec mon moi intérieur alors que je réfléchissais à cette idée. Mon regard tomba sur le piano dans la salle d'à côté et je ne pus m'empêcher de remarquer que la salle était vide. Sans réfléchir, j'entrais dans la salle et m'approchais du piano, hésitant à proposer mon idée. Finalement, mon envie dépassa mon hésitation.
- Unnie ! Je te rends ton classeur, je l'ai assez monopolisé comme ça, tu peux le reprendre.
Je lui sourie en lui tendant son classeur. Quel dommage que je n'ai pas eu le temps de tout travailler...Mais il fallait que je le lui rende.

Une idée me traverse l'esprit et je me mords légèrement la lèvre inférieure, discutant avec mon moi intérieur alors que je réfléchis à cette idée. Mon regard tombe sur le piano dans la salle d'à côté et je ne peux m'empêcher de remarquer que la salle est vide. Sans réfléchir, j'entre dans la salle et m'approche du piano, hésitant à proposer mon idée. Finalement, mon envie dépasse mon hésitation.
- Unnie, ça te dit qu'on joue ensemble ?

Qui ne tente rien n'a rien.

Ce matin là, un réveil strident vint m’extirper de mes doux rêves. A vrai dire j’avais dormi à peine deux heures, étant donné que j’avais passée la nuit entière à Kirin pour m’entrainer. Les examens approchaient et je voulais être prête dans la possibilité de devoir passer des auditions pour la White Entertainment. J’avais profité du fait que je n’avais pas cours avant treize heures le lendemain matin. J’avais donc programmé mon réveil à neuf heures, le temps de me préparer avant de retourner à l’école d’arts. A grand regret, j’abandonnais mon doux oreiller pour aller me jeter sous un jet d’eau glacial. Avec la chaleur qui venait d’arriver, cela faisait un bien fou en plus de pouvoir réveiller un homme assommé. Aussitôt sortie de la douche, je me brossai les cheveux pour les attacher en une queue de cheval et enfilai mon uniforme. Un peu de maquillage et j’étais enfin prête. Avant de sortir, je jetais un dernier coup d’œil à mon appartement cruellement vide, il fallait vraiment que je poste des annonces pour trouver un colocataire.

Ainsi je repris une nouvelle fois la route pour Kirin, en passant bien entendu par une petite boulangerie afin de m’acheter de quoi prendre mon petit déjeuner. Une Soo Min en forme était une Soo Min qui avait le ventre plein. J’entamais mes pains au chocolat en même temps que je pénétrais l’enceinte de Kirin. Les couloirs étaient vides vu que la plupart des étudiants étaient en cours. J’allais sans presser le pas, j’avais encore plusieurs heures de libre devant moi avant mon cours de chant.

Sans m’en rendre compte, j’avais commencé à me perdre dans mes pensées et je m’étais arrêtée de marcher. Une mélodie m’était venue à l’esprit et je commençais à la chantonner doucement. J’y étais tellement plongée que je ne faisais plus attention au monde autour de moi. Mon cœur rata presque un battement quand une voix m’interpella dans le couloir. Je vis alors Haeri devant moi, me tendant mon classeur avec un sourire sur les lèvres. Ce même sourire se dressa automatiquement sur mes lèvres. Je devais avouer que j’étais bien heureuse de la revoir depuis le temps. Avec les examens approchant, je n’avais pas eu une minute de répit. Sans crier gare la jeune fille me laissa et entra dans la salle devant laquelle je me trouvais pour aller se placer en face d’un piano. Je suivis ses pas instinctivement. Je fus surprise de l’entendre me demander de jouer avec elle. J’hésitais quelque peu avant de lui répondre, ne voulant pas la décevoir mais je ne savais absolument pas jouer d’aucun instrument.

- C’est que… En réalité je ne sais pas jouer d’un instrument… Je voudrais bien mais bon…

Je croisais les doigts nerveusement, je ne savais vraiment pas quoi lui dire pour ne pas la décevoir.

Spoiler:

Soo Min et moi nous étions rencontrées plusieurs jours plus tôt et, pour une raison inconnue, je n'avais pas réussi à me l'enlever de l'esprit. Pour connaître l'amour, je savais que ce n'était pas ça que je ressentais mais je restais troublée. Je n'avais pas l'habitude de m'attacher aussi facilement aux gens, étant donné que je restais seule dans mon coin. Mais là, bizarrement, depuis qu'on s'était rencontrées, je ne cessais de vouloir la voir. Et je ne parle même pas des moments où je travaillais ses morceaux !

Et voilà que de nombreux jours plus tard -ou pas- je lui reparlais enfin. Je me mordis à nouveau la lèvre inférieure, me rendant compte de mon erreur.
- Je me suis mal exprimée, désolée...
Je la dépassais pour fermer la porte, ne désirant pas que nous soyons dérangées. Puis, je me rapprochais d'elle à nouveau, lui souriant doucement alors que je me plaçais face à elle.
- Unnie, ça te dirait qu'on travaille sur un des morceaux ensemble ? Tu chantes et je fais du piano.

Je ne m'en rendais compte que maintenant mais elle m'avait réellement manqué. Nous ne nous étions pas vues depuis notre rencontre sur le toit, étant chacune très prise à cause des examens approchant. A cause de ces fichus examens, les professeurs nous donnaient encore plus de devoirs et passaient leur temps à nous mettre la pression. Si j'étais totalement confiante et ne voyais pas ces examens approcher avec crainte, ce n'était pas le cas de tout le monde.

- Mais peut-être n'as-tu pas le temps, maintenant que j'y pense...
Je me mordis la lèvre inférieur pour la énième fois. Un jour je tenterais de me débarrasser de ce tic, un jour. A ce rythme-là, ma lèvre allait finir en sang ou perce de tous les côtés et ce serait tout sauf joli.
- Si tu ne veux pas c’est pas grave, je comprendrais.
Je lui souris gentiment, me demandant depuis quand j'étais aussi bavarde. Peut-être m'étais-je déjà attachée à elle...Bon Dieu, que m'arrivait-il ?

Je me rapprochais du piano, ne pouvant m'empêcher de vouloir en jouer. Dès qu'un piano se retrouvait dans la même pièce que moi, je voulais en jouer, c'était plus fort que moi. Ma main droite se posa sur le clavier sans que je ne réfléchisse réellement et se mit à jouer ''Three Bears Song'' et je me mis à fredonner distraitement les paroles, cette comptine étant gravée dans mon esprit comme dans celui de beaucoup de coréens.

Je me tournais à nouveau vers Soo Min et lui souris.
- Tu reconnais cette chanson ?

Spoiler:

- Unnie, ça te dirait qu'on travaille sur un des morceaux ensemble ? Tu chantes et je fais du piano.

L’idée me plut immédiatement. Toutes les occasions où je pouvais chanté me mettaient de bonne humeur. Même si au départ j’étais déjà heureuse d’avoir pu revoir Haeri. Je n’avais pas senti les derniers jours passer, il me semblait que notre dernière rencontre remontait à hier. Un sourire plus joyeux que d’habitude flottait sur mes lèvres, un sourire sincère. J’allais réellement mieux en sa présence, j’en arrivais presque à oublier les cicatrices de mon passé.

- Mais peut-être n'as-tu pas le temps, maintenant que j'y pense... Si tu ne veux pas c’est pas grave, je comprendrais.

Du temps j’en avais, j’étais sortie assez tôt et jamais je n’aurai refusé une telle proposition. Je la vis se diriger vers le piano pour l’ouvrir. Elle commença du bout des doigts à entamer les notes d’une comptine qui avait fait mon enfance. Aussi quand elle me demanda si je la connaissais, j’allais

m’assoir à côté d’elle et commença à chanter la mélodie.

« Gom semari ka
Han jibe itso
Appa gom... umma gom... aegi gom...
Appa gom eun tuntun ae
Umma gom eun nalshin ae
Aegi gom eun nalmugiyowuh
U suk... u suk... jal handa. »

Quand j’eus fini je me tournais vers elle avec un sourire.

- J’ai tout mon temps si c’est pour chanter avec toi.

Je pris alors le classeur et commença à le feuilleter. Je fus surprise de voir qu’il était toujours dans le même ordre qu’au jour où je lui avais remis. En réalité, elle s’en était très bien occupée et je devais avouer que j’étais très impressionnée. Je me retournais vers elle et lui caressa le haut du crane en signe de remerciements. C’était la dongsaeng la plus mignonne que j’avais jamais eu, à vrai dire c’était la première et la seule. Je me remis à parcourir le classeur et m’arrêta sur une chanson.

- Que penses-tu de celle là ?

Il s’agissait d’une chanson de Clazziquai « She is » que j’appréciais bien. Je me mis à feuilleter de nouveau le classeur pour chercher une deuxième chanson et sélectionnai une autre. Cette fois ci c’était « What is love » de EXO-K.

- Ou celle là ? Laquelle tu préfères dis moi ?

Je souris en l'écoutant chanter, l'observant. Elle chantait vraiment bien. Quelle dommage qu'elle soit en danse plutôt qu'en chant...
- J’ai tout mon temps si c’est pour chanter avec toi.
Je me retins de sauter de joie, ne comprenant pas pourquoi j'agissais ainsi. Je ne m'étais jamais comportée ainsi, avant...Enfin si. Avant que je ne rencontre mon premier amour, j'étais comme ça. Mais c'était loin, j'étais devenue prudente. Peut-être trop, je ne sais pas. En tout cas, la Hae Ri d'aujourd'hui n'est pas comme ça.

Lorsqu'elle me caressa la tête, je ne pus m'empêcher de rougir légèrement, n'étant pas habituée à être traitée de cette façon et je souris timidement. Elle me proposa alors deux chansons et je réfléchis intensément avant que je ne décide sur une chanson.
- What Is Love, plutôt. Elle est plus amusante à jouer, je trouve.

Je lui souris avant de m'asseoir devant le piano.
- Laisse-moi quelques secondes afin de m'échauffer rapidement puis je commencerais.
Je plaçais mes mains sur le clavier et entamais un morceau de Chopin destiné à me délier les doigts et à les assouplir. Je ne jouais que quelques secondes, m'estimant assez échauffée comme ça. Je souris alors à Soo Min en plaçant mes mains au bons endroits, mon pied droit se levant au-dessus de la pédale, prêt à s'abaisser.

- 1, 2, 3, 4,..
Je donnais le rythme à Soo Min avant de me lancer, laissant mes mains se diriger presque d'elles-mêmes alors que la mélodie m'emportait à des kilomètres de là. Je ne pus empêcher un sourire étirer mes lèvres alors que les paroles de la chanson apparaissaient dans mon esprit. Je me concentrais cependant sur les notes de piano, veillant à rester régulière et à ne pas faire d'erreurs. Je n'avais pas pris la partition pour la simple et bonne raison que j'adorais cette chanson et connaissais les notes par cœur, comme beaucoup de morceaux. Il n'empêchait que je devais rester concentrée, au cas où.

Comme je le disais souvent, « Mieux vaut prévenir que guérir. ».

Je la regardais s’échauffer avant de commencer le morceau qu’elle avait choisi. Je ne pouvais m’empêcher de m’extasier devant la rapidité de ses doigts sur les touches blanches et noires. Des milliers d’étoiles devaient surement être en train de briller dans mes yeux. J’admirais beaucoup tous les gens qui savaient jouer d’un instrument quand moi je n’avais pas les mains pour ça. Lorsqu’elle s’arrêta je la fixais la bouche légèrement entrouverte et me mis à applaudir doucement. Haeri me donna alors le signal qu’on pouvait commencer. Je fermais aussitôt les yeux pour m’imprégner complètement de la musique. Lorsque je chantais, j’y mettais toujours tout mon cœur et cette fois n’échappait pas à la règle. J’écoutais la parfaite mélodie du piano s’élever dans la salle attendant le moment idéal pour me joindre à elle.

« Girl, je ne peux pas expliquer ce que je ressens.
Ouh… Ouh… Ooh ooh ooh yeah
My baby, baby, baby, baby, baby... Yeah…
Une longue journée passe comme si c'était juste une seconde
Chaque jour semble être une histoire qui a été écrite pour toi
Cette scène est une romantique histoire d'amour, la suivante est une scène d'action
J'agis comme le seul héros dans ton cœur »

J’harmonise ma voix à sa mélodie, ces moments sont précieux pour moi. C’est lorsque nous partageons une même passion que nous nous comprenons et nous ne faisons plus qu’un. La musique nous transporte vers d'autres mondes.

« Tu es si parfaite… J'ai soudainement envie de marcher vers le futur avec toi
Ne cache pas ton amour, reste dans le bonheur, aussi longtemps que tu pourras être honnête
Je perds la raison… quand je t'aperçois
Le monde entier ralentit autour de toi
S'il te plaît dis-moi si c'est de l'amour
L'amour est partout, il me laisse oublier la douleur, m'aide à chasser la tristesse, m'apprend à guérir
Je me suis battu, j'ai pleuré, mais je peux encore aimer
S'il te plaît dis-moi si c'est de l'amour »

J’ouvre doucement les yeux et jette un coup d’œil furtif à Hae Ri concentrée sur chaque note. Je la suis sans perdre le rythme mais je ne peux m’empêcher de penser aux paroles. Si seulement elles étaient vraies, si seulement l’amour faisait oublier la douleur alors j’aimerai bien le trouver. En réalité je ne pense pas qu’il n’y ait que l’amour qui puisse faire ça, l’amitié aussi. La preuve en est qu’avec Hae Ri j’ai retrouvé le bonheur que j’avais momentanément perdu. Avec la musique aussi, je me sens bien quand je chante ou quand je danse pour Soha. J’oublie juste qu’elle n’est plus là.

«Quand je tiens tes mains, le monde entier m'envie
Quand tu m'embrasses, je réalise que ce sentiment ne changera jamais
Ils disent "pour toujours", mais ça ne tient pas longtemps
Mais tu m'as cru lorsque je voulais t'aimer quoi qu'il arrive, tu comprendras doucement »

Je continue le refrain et enchaine avec le couplet suivant. Les paroles passent dans mon esprit sans que je n’en oublie aucune. J’aime beaucoup cette chanson à cause de son rythme et de sa douceur. Elle demande aussi une bonne maitrise de sa voix et c’est un excellent entrainement pour moi. Au fur et à mesure que j’avance, je me prépare pour les high notes. Je les passe bien sur sans grande difficulté. J’approche de la fin et me prépare pour la dernière partie.

« Je veux juste te laisser rire comme un innocent enfant
Je veux juste te donner le confort d'avoir un ami
My babe, baby babe, baby, baby
S'il te plaît, dis-moi ce qu'est l'amour »

Je finis la dernière phrase sur une high note plutôt réussie et reprend mon souffle pendant que Hae Ri jouait les notes finales du morceau. Je me remis à applaudir doucement pour la féliciter de sa prestation. Elle était vraiment extraordinaire.

- Tu es vraiment douée, tu arrives à jouer incroyablement bien et sans partition en plus. C’était sublime !

Maintenant que j’y pensais, je ne lui avais même pas demandé son avis. Il aurait peut être une autre chanson qu’elle aurait voulu faire au lieu de celle-ci. Je fis une moue désolée et me tourna brusquement vers elle.

- Je ne t’ai même pas demandé, ce que toi tu aurais préféré jouer. Désolée, je suis une mauvaise unnie…

J’essayais de le dire de façon mignonne pour qu’elle ne soit pas trop fâchée envers moi. J’étais douée pour ce genre de choses. Quand je m’ennuyais je passais mon temps à prendre des photos en faisant différentes expressions mignonnes.
Surement à cause de la fatigue mon esprit se mit à divaguer et je me mis à observer l’extérieur de la salle complètement fascinée.

- Il fait beau aujourd’hui n’est ce pas ? l’interrogeai-je complètement ailleurs.

Spoiler:

Lorsqu'elle se mit à chanter, je la regardais, et souris sans m'en rendre comte, laissant notre harmonie m'apaiser à nouveau. Je continuais de jouer, gardant presque tout le temps le regard fixé sur elle. J'avais beau tenter de rester concentrée sur les notes et mes doigts, sa voix m'attirait comme la lumière attire les papillons. Une petite voix me murmura que, peut-être, peut-être était-elle réellement une lumière dans ma vie mais je l'ignorais. Pas maintenant. Je ne voulais pas gâcher ce moment.

La chanson continua et prit son envol presque d'elle-même, mes doigts agissant désormais réellement sans que je ne leur demande faire quelque chose. Mon cerveau n'avait pas le temps de réfléchir, j'étais totalement en mode automatique et je me détendais, me faisant confiance. Dans ces moments-là, il fallait se laisser aller et ne pas réfléchir. C'était lorsqu'on essayait de réfléchir ou de reprendre le contrôle qu'on se perdait et faisait une bêtise. Hors, cette chanson était trop belle pour que je la rate. Et Soo Min chantait trop bien pour que je me force à réfléchir à mes gestes.

La chanson arriva à son point le plus important et Soo Min enchaîna les notes aiguës. Je la regardais, admirative. Elle était réellement douée...Finalement, le morceau se finit et je souris, levant mes mains et mon pied, un sentiment de vide m'envahissant après avoir joué aussi intensément.
- Tu es vraiment douée, tu arrives à jouer incroyablement bien et sans partition en plus. C’était sublime !

Je souris à Soo Min, ne pouvant m'empêcher de rougir légèrement.
- Merci...Tu étais géniale, aussi, unnie !
- Je ne t’ai même pas demandé, ce que toi tu aurais préféré jouer. Désolée, je suis une mauvaise unnie…
Je ris doucement et secouais la tête.
- Ne t'inquiète pas, unnie, j'aime énormément cette chanson, et tu es une parfaite unnie !

Son regard s'évada et elle observa l'extérieur, commentant distraitement la météo. Je souris à nouveau et me levais allant me place près d'elle afin de voir le ciel aussi.
- Oui, il fait très beau...
J'eus envie de me blottir contre elle mais me retins. Elle était asiatique dans l'âme, n'ayant jamais quitté les frontières coréennes. Elle ne devait donc sûrement pas trop apprécier les contacts physiques...Une pensée me vint à nouveau et je m'adressais à Soo Min, regardant toujours dehors.
- Je n'arrive pas à ne pas penser que tu devrais plutôt être en chant, unnie. Tu as une voix magnifique, c’est presque du gâchis...Je ne peux m'empêcher de me demander ce qui a bien pu se passer pour que tu désires danser plutôt que chanter...

Je me tournais vers elle pour la regarder et souris doucement.
- Mais si tu ne trouves pas que c'est le moment pour raconter une longue histoire alors j'attendrais. J'attendrais que le bon moment arrive.

Je revins sur terre en entendant la voix de Haeri. Je m’étais momentanément perdue dans mes pensées oubliant où j’étais. Ce devait être la conséquence d’une courte nuit de sommeil. Je trouverais sans doute le moyen de faire une sieste avant d’aller en cours.

- Je ne peux m'empêcher de me demander ce qui a bien pu se passer pour que tu désires danser plutôt que chanter... Mais si tu ne trouves pas que c'est le moment pour raconter une longue histoire alors j'attendrais. J'attendrais que le bon moment arrive.

Je ne savais pas si c’était le bon moment pour en parler, je ressentais toujours une certaine crainte de fondre en larmes ce qui ne m’arrivait presque jamais. J’avais peur de pleurer, j’avais peur de montrer ce que je ressentais réellement aux autres. J’avais toujours eu peur de me montrer faible, c’était bien ma seule crainte. Cependant je savais que j’étais prête à le dire à Haeri. Pourquoi elle ? Je ne savais pas mais je sentais que je pouvais me confier à elle. Je respirais profondément avant de me lancer, tout en fixant obstinément les touches du piano.

- Ma meilleure amie était danseuse. Une danseuse incroyable d’ailleurs. Elle était aussi douée et passionnée en danse que moi je l’étais en chant. En fait à l’époque c’était ma seule amie, on s’est rencontrées au primaire.

Je fis une pause. Le fait de repenser à elle me nouait légèrement la gorge.

- Elle a toujours voulu rejoindre Kirin pour devenir une idole. Elle savait que j’en avais envie aussi, elle m’avait poussé à essayer avec elle mais je ne pouvais pas à cause de mon père. Je suis fille unique et il comptait sur moi pour prendre la relève. C’était donc ce que j’ai fait au départ, je suis allée dans une école d’architecture pour lui faire plaisir.

Je pris une profonde inspiration pour retenir mes larmes du mieux que je pouvais.

- Soha est tombée malade, peu avant de passer les auditions de Kirin. Elle s’était entrainée comme une folle tous les jours pour y entrer et au final elle n’a même pas pu mettre un pied ici.

Mon regard parcourut la salle en pensant qu’elle n’avait jamais pu voir tout ça et à quel point elle aurait été heureuse d’être à ma place.

- Cela a duré deux longues années, sans que les médecins ne trouvent de cause à sa maladie. Tout ce qu’ils savaient c’était que son taux de globules rouges descendait beaucoup trop vite et ce même avec tous les médicaments qu’elle recevait. Ca a duré deux longues années… J’étais à l’hôpital quand elle est… Morte…

Ma voix s’était cassée en prononçant ce dernier mot. Mes joues étaient déjà humides. Je pris un moment pour me ressaisir. Tout ceci était dans le passé pour moi maintenant, j’allais bien aujourd’hui, encore mieux depuis que j’avais rencontré Haeri.

- C’est pour elle que j’ai tout abandonné et que je me disputais avec mon père. J’ai quitté ma maison pour pouvoir aller à Kirin. C’est pour elle aussi que j’ai choisi la danse, sans renoncer à la chanson, je voulais que son rêve s’accomplisse à travers moi. C’est pour elle que je me bats pour devenir idole peu importe les sacrifices.

Je soupirais en me tenant la tête soudainement prise d’une douleur frontale.

- J’en ai beaucoup souffert au début, mais je vais mieux maintenant.

Je finis par la regarder en face avec un sourire. Au fond je lui étais reconnaissante de pouvoir écouter mon histoire ça me permettait de me libérer et d’aller mieux.

- Merci… lui dis-je simplement avec un sourire. Je parle beaucoup trop d'un coup, ça ne me ressemble pas, ajoutai-je en riant. Elle est ennuyante mon histoire, non ?

Spoiler:

Alors qu'elle me racontait son histoire, je m'approchais un peu plus d'elle et glissais un bras autour de sa taille, instinctivement. Ma tête se posa sur son épaule sans que je m'en rende réellement compte et je fixais l'extérieur, n’osant regarder son visage. Elle devait être réellement bouleversée. J m'en voulais presque de l'avoir fait parler mais Hae Joon disait souvent que parler de ses souffrances ou de ses problèmes allégeait le poids sur nos épaules. Il ne nous débarrassait pas de ce poids mais l'allégeait.

Plus elle avançait dans son histoire et plus je me sentais mal. Je la lâchais et me redressais, osant enfin la regarder. Qui étais-je pour lui faire revivre tout ça ? Lorsqu'elle eut fini, elle me sourit et je lui rendis son sourire.

- Merci…Je parle beaucoup trop d'un coup, ça ne me ressemble pas. Elle est ennuyante mon histoire, non ?
Je secouais la tête en lui souriant doucement.
- S'il y a bien une chose que j'ai apprise c'est qu'aucune histoire n’est ennuyeuse. Elles sont toutes différentes mais jamais ennuyeuses.
Je lui tournais le dos, hésitant à reprendre la parole. Elle avait été honnête avec moi, avait fait remonter son passé, peut-être était-il bien que je lui fasse confiance et que je lui explique à quel point j'étais malsaine et horrible. Mais que dirait-elle ? Que penserait-elle de la démone que j'étais ? Me rejetterait-elle ou bien m'accepterait-elle comme je suis ? Aurait-elle peur que je ne tombe amoureuse d'elle et lui fasse Dieu sait quoi ?

- J'ai aussi appris que peu importe à quel point on a souffert, peu importe à quel point on désire retourner en arrière et changer les choses, on ne peut pas. On est obligés de vivre avec un passé parfois douloureux et horrible. On aura beau avoir envie de changer notre passé, on ne pourra pas. Même si parfois on trouve impossible de vivre comme ça, on a pas le choix.

Je respirais calmement, des souvenirs indésirables resurgissant. J'avais beau vouloir oublier, effacer tout ça, je ne pouvais pas. Devenir amnésique semblait être une si bonne idée, d'un coup...Mais cela voudrait dire que j'oublierais tout le monde. Mes parents, mon frère, Ji Hwan, Soo Min, Nam Hyun,...Tout le monde. Et c'était hors de question.

Spoiler:

Je séchais mes larmes avec le bord de mon uniforme. Ca faisait longtemps que je n’avais pas autant pleuré mais ça m’avait fait du bien. En entendant ses paroles, je me dis que peut être Haeri avait expérimenté une situation semblable à la mienne lorsqu’elle parlait de mauvais souvenirs à Londres. Enfin elle avait dit que toutes les histoires étaient différentes, peut être voulait elle dire que son histoire l’était aussi. J’hésitais à lui demander, en ce qui était d’être curieuse, je n’étais pas très courageuse mais l’envie me rongeait. Après tout c’était le fait de se confier des secrets qui faisaient de nous de vraies amies, j’avais peur que ça soit seulement un peu trop tôt…

- Et toi… ? Osais-je timidement avec une petite voix. Que t’est il arrivé à Londres pour que tu y gardes de mauvais souvenirs ?

Je glissais ma main dans la sienne timidement pour lui donner du courage.

- Mais si tu ne veux pas en parler maintenant je comprendrais très bien.

Je cherchais vite un autre sujet de conversation.

- On peut faire une autre chanson ou aller ailleurs si tu veux. Que penses-tu d’aller manger quelque chose ? Ca sera moi qui invite, pour rembourser le sandwich que tu m’avais offert.

Je parlais vraiment beaucoup plus en sa présence, je n’étais plus du tout timide.

- Alors que veux-tu faire ?

J’essayais de lui faire une petite moue mignonne tout en gardant ma main dans la sienne. Je voulais lui montrer que j’allais bien et que tout ça était du passé pour moi. Et que si elle voulait toujours se confier, le passé resterait le passé et il ne viendrait rien changer au présent.

Spoiler:

Je l'observais s'essuyer les yeux, restant tournée vers la fenêtre, la peur me rongeant. Qu'allait-il se passer ? Allait-elle me demander de lui expliquer ce qui m'était arrivé ? Je n'arrivais pas à savoir si j'espérais qu'elle soit curieuse ou non...Je n'eus pas réellement le temps de réfléchir à ça alors qu'elle parla à nouveau. Ma gorge se serra alors que mes doutes se confirmaient. Elle voulait savoir. C'était logique. Et donc prévisible.

Sa main glissa dans la sienne et je me rendis compte que je tremblais légèrement. Je me forçais à respirer lentement et profondément. Soo Min me proposa des arrangements pour éviter que je ne remue le passé. Mais il fallait que j'y parvienne. Je libérais ma mai net retournais m'asseoir devant le piano, caressant les touches d'un doigt tremblant et faible. Je pris une inspiration encore plus tremblante.

- J'ai un frère jumeau, Kim Hae Joon. Petits, on était inséparables, toujours ensemble, tout le temps. Jusqu'à ce que nos parents ne se séparent. Ma mère avait ma garde et a été mutée à Londres. Je l'ai donc accompagné. Mais tu le sais, non ?
J'avais l'impression de le lui avoir dit, avant...Mais peut-être que non, je ne savais plus.

- Là-bas, j'ai été inscrite dans une école pour jeunes filles. Même en grandissant, j'ai continué à ne fréquenter que des écoles pour jeunes filles. C'est là que ça a dérapé...
Je fermais les yeux et me forçais à inspirer et expirer lentement.
- J'avais une amie, une fille fantastique. Elle était drôle, généreuse, un brin têtue et tête en l'air mais tellement gentille...Et jolie.
Je regardais Soo Min, gardant en moi des larmes qui n'avaient aucune raison de couler.

- Je suis tombée amoureuse d'elle, tout simplement. J'étais complètement folle d'elle. Mais c’est anormal, comme amour. Les humains sont créés pour aimer des personnes du sexe opposé. Et je suis humaine, comme toi. Depuis toute petite, j'ai appris que les homosexuels sont malsains, dangereux. Pour eux-mêmes et pour les autres. Je suis malsaine.

J'évitais son regard, fixant mes doigts sur le clavier du piano, mon cœur se serrant. Je venais sans doute de perdre ma première amie depuis des siècles.

J’écoutais Hae Ri se confier. Mon cœur se serrait au fur et à mesure qu’elle me parlait de son histoire. Lorsqu’elle me parla de son amie à Londres, j’eus un instant peur qu’elle me raconte qu’elle était morte elle aussi mais ce ne fut pas le cas. Elle m’expliqua qu’elle était tout simplement amoureuse d’elle. Bien sur j’étais surprise, je m’attendais à tout sauf à ça. C’était la première fois que je rencontrais une personne homosexuelle, mais je n’étais pas du genre à crier au scandale ou à me mettre à fuir en sachant ça. J’étais surtout choquée de l’entendre parler d’elle de la pire des manières, et se voir un être dangereux. Tout ce que je voyais moi c’était une fille fragile qui avait besoin qu’on prenne soin d’elle. Je m’étais approché d’elle sans m’en rendre compte, elle était dos à moi et je m’étais penché pour la prendre dans mes bras la serrant aussi fort que je pouvais pour lui montrer que je tenais à elle. Je n’avais pas l’habitude de faire le premier pas avec les gens et encore moi de les caliner parce que j’étais trop timide mais cette fois ci c’était différent. J’avais posé ma tête sur son épaule et lui avais murmuré quelques mots.

- Tu n’as pas le droit de dire ça. Tu es la fille la plus gentille que je connaisse et en plus tu es mon amie alors comment pourrais tu être malsaine ? Tu as le droit d’aimer qui tu veux, ça ne changera jamais rien pour moi.

J’avais relâché mon étreinte pour m’assoir à côté d’elle. Je gonflais les joues et tapotai la sienne de mon index pour l’obliger à me regarder.

- Je t’interdis de redire que t’es malsaine et dangereuse ! Sinon je ne te payerai pas de déjeuner en ma compagnie et la nourriture c’est sacré !

J’avais presque oublié à quel point j’étais fatiguée ce matin là, et que j’avais un cours dans les heures qui venaient avec tout ça. Je jetais un rapide coup d’œil sur ma montre pour regarder l’heure, je devais déjà bientôt partir mais je ne voulais pas la laisser maintenant. Puis je me rappelais que la dernière fois j’avais eu du mal à la contacter, alors je sortis un stylo et une feuille de mon sac pour noter mon numéro de téléphone. Je lui glissais dans la main et lui ébouriffais les cheveux en souriant.

- Comme ça t’auras plus aucune excuse pour ne pas me revoir ! Et je te pardonnerai pas si tu ne me contactes pas, je suis sérieuse. C’est pas tous les jours qu’on trouve quelqu’un qui vous offre un sandwich.

Je regardais encore l’heure, et fis une petite grimace mais je ne voulais vraiment pas la laisser maintenant. Tant pis le cours attendrait, elle était plus importante.

Peut-être Hae Joon et Ji Hwan avaient-ils raison. Peut-être avais-je réellement tort en pensant que j'étais un monstre. Peut-être. Mais je ne pouvais m'empêcher de le penser. C'était ce qu'on m'avait appris, répété encore et encore. J'étais consciente d'avoir été légèrement lobotomisée mais je ne pouvais m'en empêcher. Qu'est-ce qui me disait que ces gens avaient tort ? Je connaissais plus de personnes pensant ainsi plutôt que des personnes qui pensaient comme Soo Min, Ji Hwan ou Hae Joon.

La réaction de Soo Min me donnait envie de pleurer mais je n'en avais pas le droit. Je n'étais pas en position de pleurer. Je n'avais pas autant souffert qu'elle, j'étais juste née différente. Elle était si gentille...Elle méritait d'être heureuse, elle. Elle méritait de passer le reste de sa vie heureuse, d'avoir un mari aimant et d'adorables enfants, plus tard. Elle méritait même plus que tout ça.

Elle s'assit à côté de moi et toucha ma joue, me forçant à la regarder. Mes mains tremblaient, j'étais sur le point de pleurer mais me retenais. Je n'avais pas le droit. Je ne le méritais pas. Je baissais le regard alors qu'elle me réprimandait, en quelque sorte. Elle semblait tenir à ça mais je ne pouvais m'empêcher de penser qu'elle avait tort, quelque part. J'étais réellement malsaine.

Mon corps le disait : il n'était pas fait pour que j'aime une femme mais un homme. Elle pouvait dire ce qu'elle voulait, je le savais, je n'étais pas normale et saine.

Soo Min écrivit alors quelque chose sur un papier et me donna la feuille. Je l'observais et y vis un numéro, sans doute le sien. Elle m'ébouriffa les cheveux et je ne pus m'empêcher de les remettre en place lorsqu'elle retira sa main. Mon amie parla à nouveau et je levais la tête, la regardant pour lui montrer que je l'écoutais. Je lui souris timidement alors qu'elle me forçait presque à la contacter, plus tard.
- D'accord, murmurais-je.

Je la vis consulter sa montre et remarquais que ce n'était pas la première fois. Je vis l'heure et soupirais.
- Tu as cours, hein ? Moi aussi...
Je me levais, récupérant mes affaires.
- Je t'enverrais un sms ce soir, si j'y pense...Si jamais tu n'as rien eh bien...
Je pris une feuille au hasard dans mon sac ainsi qu'un crayon et écrivis mon propre numéro, lui tendant le papier une fois les chiffres notés.
- Tiens. Si jamais je ne t'envoie rien, envoies-en moi un. Ça voudra juste dire que je travaille trop et doit faire une pause, si je t'oublie.

J'hésitais quelques secondes puis la pris dans mes bras, la serrant fort, inspirant profondément pour me calmer avant de la lâcher. Je l'embrassais rapidement sur la joue, murmurant un léger « merci » puis la poussais vers la porte.
- File, je voudrais pas que tu sois en retard à cause de moi.
Je lui souris gentiment avant de me diriger moi-même vers ma salle de cours, toujours légèrement tremblante mais mon cœur bondissant de joie.

J'avais toujours une amie.